lundi 30 juin 2008

Jour 420

Serrez les fesses

Le Syndicat de la Magistrature, le 26 juin 2008 :

"Le 13 juin dernier la Direction des affaires criminelles et des grâces du Ministère de la Justice a publié une note à destination des parquets afin de faire face à « la multiplication d’actions violentes commises sur différents points du territoire national susceptibles d’être attribuées - ça n’est donc même pas sûr - à la mouvance anarcho-autonome », notion dont il convient d’observer l’absence de contours précis.

On y apprend que, « outre des inscriptions sur des bâtiments publics (en clair, des tags), cette mouvance s’est manifestée par la commission d’actions violentes en différents points du territoire national au préjudice de l’Etat et de ses institutions » et que « c’est aussi à l’occasion de manifestations de soutien à des prisonniers ou d’étrangers en situation irrégulière (nous y voilà) que ses membres s’expriment, parfois avec violence ».

Le zèle développé à cette occasion par la Chancellerie prêterait presque à sourire s’il n’était ensuite demandé aux magistrats « d’informer dans les plus brefs délais la section anti-terroriste du parquet de Paris pour apprécier de manière concertée l’opportunité d’un dessaisissement à son profit » et, par voie de conséquence, de permettre une extension quasi illimitée d’une législation d’exception.

Cette manière de procéder devrait ainsi permettre – au prétexte bien commode et très consensuel de lutte contre le terrorisme – de renforcer la répression à l’encontre des différents acteurs du mouvement social.

A n’en pas douter, la philosophie générale de cette note singulière est à rapprocher des propos récemment tenus par le porte-parole de l’UMP à l’encontre du Réseau Education Sans Frontières et autres collectifs « faiseurs de provocations » et « semeurs de désordre » qui - bientôt suspects d’appartenir à cette fameuse « mouvance anarcho-autonome » - pourront bénéficier d’un traitement judiciaire de faveur.

Le Syndicat de la magistrature dénonce avec force ce procédé et invite les magistrats à faire preuve du plus grand discernement dans la mise en œuvre de cette scandaleuse dépêche."

(mon emphase)

samedi 28 juin 2008

Jours 418 & 419

Entre cousins

Le Monde, 28 juin 2008 :

"Le projet, envisagé et désormais acté dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP), de déconcentration des décisions de naturalisation vers les préfectures suscite de vives inquiétudes, et pas chez les seuls agents concernés. [...] Pour tous, la réforme conduira à une rupture du principe républicain d'égalité. [...] une étude réalisée par la SDN [sous-direction des naturalisations] à la demande même du ministère de l'immigration témoigne de la très grande hétérogénéité des avis aujourd'hui émis par les préfectures : ainsi, dans les Deux-Sèvres, le risque d'avoir un avis négatif s'élève à 69 %, tandis que dans les Côtes-d'Armor il ne dépasse pas 15 %. "Si les préfectures deviennent décisionnaires, cette grande disparité deviendra la norme, s'alarme Mme Cerisier-Ben Guiga [sénatrice PS]. Or, ne peut y avoir en France 95 manières différentes d'attribuer notre nationalité mais une seule." [...] Pour ses détracteurs, cette réforme ne peut s'expliquer que par un objectif inavouable : freiner les naturalisations."

vendredi 27 juin 2008

Jour 417

Darcos Vadoros

Libération, le 27 juin 2008 :

"Pour justifier ses réformes, le ministre de l’Education nationale use et abuse des statistiques pour démontrer que le système français marche mal, qu’il est l’un des plus coûteux au monde et que les résultats des élèves sont malgré tout médiocres, souvent en queue de peloton.

[...]

«Nous avons un des meilleurs taux d’encadrement au monde : 1 professeur pour 11 élèves»

En réalité personne, ou presque, n’a jamais vu de classe à 11 élèves. Et pour cause. Le ministre utilise le taux d’encadrement, qui est le nombre total d’enseignants divisé par celui des élèves. Sont donc inclus les professeurs qui ne sont pas en permanence devant des classes [...] Le chiffre significatif, qui exprime la réalité des classes, est en fait celui de la taille, c’est-à-dire le nombre d’élèves moyen par «division». La France est l’un des pays les plus mal classés : 28 élèves par classe en lycée général, 19 en lycée pro. Selon l’enquête Eurydice de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) portant sur les élèves de 15 ans, avec des classes de maths en moyenne à 26,6, elle est même la lanterne rouge.

«Un lycéen français coûte 22 % de plus que la moyenne des pays européens»

Contrairement à ce que l’on peut croire, la France n’investit pas si massivement dans l’éducation. Si l’on observe les dépenses de l’Etat dans ce domaine rapportées au PIB (la richesse du pays), elle se situe dans la bonne moyenne, sans plus.

«Pourtant, trois ans plus tard, la moitié des lycéens n’a aucun diplôme du supérieur»

Pourtant, une fois n’est pas coutume, tous les experts s’accordent : la France s’en sort ici mieux que les autres. Si l’on prend les derniers chiffres de l’OCDE (2004), 21 % des étudiants qui démarrent une formation de niveau universitaire sortent du système sans aucun diplôme. Au total, 79 % en décrochent donc un"

jeudi 26 juin 2008

Jour 416

QFT

André Gunthert du Laboratoire d'histoire visuelle contemporaine de l'EHESS :

"Comme un polichinelle qui pendouille hors de sa boîte. Se souvient-on encore des joutes fiévreuses, du "casse-toi pauv'con", des analyses pour contrer l'adversaire? Ces derniers temps – je le note au passage –, j'ai l'impression que le ressort est cassé. [...] Ses phrases, ses sauts, ses tics – Sarko ne m'amuse plus. Non qu'il m'ait jamais beaucoup fait rire. Mais le goût de l'ironie ou de la caricature pouvait encore, il y a peu, atténuer l'amertume. Là, non. Même plus exaspéré. Je suis juste fatigué, dégoûté, honteux. [...] Ce que je sens confusément, c'est que cet abattement va de pair avec la démonstration de l'inutilité de toute contradiction, la ruine de toute forme d'argumentation, la perversion systématique du dialogue par le mensonge. Que fait-on, en politique, lorsqu'il n'y a plus de porte de sortie – juste le mur qui s'élève, chaque jour un peu plus? L'avenir le dira. Pour aujourd'hui, noter ce sentiment d'impuissance nauséeuse, qui me renseigne mieux que tout autre sur la nature véritable du régime. En dernière analyse, le ressort qui a cassé n'est pas celui de la machine Sarkozy, mais celui du formalisme démocratique. Ce qui est autrement plus grave."

mercredi 25 juin 2008

Jour 415

Etranges additions

Les Echos, 25 juin 2008 :

"Il n'y a pas que la Commission européenne à s'inquiéter des comptes publics de la France. La Cour des comptes aussi. [...] les Sages de la rue Cambion estiment que les hypothèses du gouvernement pour un retour à l'équilibre des comptes publics en 2012 paraissent très incertaines."

Le Monde, 25 juin 2008 :

"François Fillon a lancé, lundi 23 juin, une campagne de communication gouvernementale sur le thème : "Pouvoir d'achat : vous êtes impatients? Nous aussi!" [...] l'Etat va dépenser 4,3 millions d'euros pour diffuser 1630 fois les spots publicitaires"

mardi 24 juin 2008

Jour 414

Sarkofric

La cellule Françafrique, le 22 juin 2008 :

"Le nouveau secrétaire d’Etat à la coopération, Alain Joyandet, refuse le terme "Françafrique" au motif qu’il daterait des années 60. [...] Interrogé par un journaliste africain, il répond sans ambage : "Je porte le message d’une France attachée à la démocratie et à la transparence. Mais est-ce que cela doit être notre seule préoccupation ? Il ne faut pas faire de ces valeurs notre seule expression." [...] Sur France 24, quelques heures après, le secrétaire d’Etat Alain Joyandet nous offre un florilège de sa pensée et de ses projets pour l’Afrique. [...] "le détournement d’argent public en Afrique ? Ce sont vraiment des sujets qui ne me semblent pas devoir être au cœur de (...) notre expression" [...] "je souhaite plus d’influence française, j’ose le mot, plus d’influence française""

Libération, 24 juin 2008 :

"En janvier, Jean-Marie Bockel, le prédécesseur de Joyandet à la Coopération, avait affirmé vouloir signer «l’acte de décès de la Françafrique». Il a été muté aux Anciens combattants en mars, à la grande satisfaction des proches d’Omar Bongo."

Dans son interview, Alain Joyandet précise :

"Ne pas avoir peur de dire aux Africains qu’on veut les aider, mais qu’on veut aussi que cela nous rapporte."

lundi 23 juin 2008

Jour 413

Garde des sots

Le Monde, 23 juin 2008 :

""Explosive." Telle est la situation dans les établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM), d'après le Syndicat de la magistrature, le Syndicat des avocats de France, la Ligue des droits de l'homme et deux syndicats d'éducateurs de la Protection judiciaire de la jeunesse (SNPES-FSU et CGT). Et un an après l'ouverture du premier établissement de ce genre, ces syndicats lancent un appel à leur fermeture. [...] selon les syndicats, un an après, le compte n'y est pas. Les actes de violence sont en nombre croissant, les règlements de compte entre bandes rivales se poursuivant notamment au sein de ces établissements. Et rien ne prouve que le taux de récidive à la sortie de ces EPM soit réellement plus faible. D'autant que, d'après les syndicats, tout chiffre tentant de rendre compte de l'efficacité de ces centres serait sujet à caution, les mineurs incarcérés dans ces établissements étant les moins difficiles – ceux qui posent davantage de problèmes sont envoyés dans les quartiers pour mineurs. [...] Forts de ce constat, les syndicats dénoncent la politique répressive de gouvernement. "Envoyer un enfant en prison est toujours un échec", pense Hélène Franco, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature. Pour elle, la répression n'a jamais prouvé son efficacité [...] Autre inquiétude : le sort des hébergements classiques en milieu ouvert pour mineurs délinquants, alors que la politique répressive tend à favoriser le recours à l'incarcération (+ 6 % entre 2007 et 2008). Les syndicats s'inquiètent de voir s'effriter les moyens consacrés à ces solutions non-carcérales, sachant que plus de 90 millions d'euros ont été dépensés pour bâtir les six EPM actuellement en service."

dimanche 22 juin 2008

Jours 411 & 412

A l'Ouest, rien de nouveau

La CIMADE :

"Le Parlement européen, en adoptant, sans y ajouter le moindre amendement, le texte de la « directive retour » négocié par les ministres de l’Intérieur et de l’Immigration des 27 Etats membres, a perdu une grande part de sa crédibilité quant à sa capacité à tenir son rôle d’instance démocratique chargée notamment de la protection des citoyens en Europe.

En prévoyant l'enfermement de migrants non communautaires pour une durée
maximale de 18 mois, en autorisant l'expulsion d'enfants, qui plus est hors de leur territoire d’origine, en instituant une interdiction du territoire européen de 5 ans, cette directive porte atteinte aux libertés publiques et fait de l'enfermement un mode de gestion courant des populations migrantes.

Sourds aux appels des ONG, sourds aux appels des Eglises, sourds aux appels de nombreux représentants d’Etats du Sud, sourds aux mobilisations citoyennes, les parlementaires européens ont, dans leur majorité, choisi de renoncer à toute velléité de résister à la logique policière qui sous-tend la politique d’immigration conduite par les ministres de l’Intérieur en Europe depuis 20 ans.

[...]

Ce texte, récemment aggravé par la le comité des représentants permanents, prévoit :
- un enfermement des étrangers pouvant atteindre dix-huit mois, pour le seul fait d'avoir franchi des frontières et de vouloir vivre en Europe ;
- la détention et l'éloignement des personnes vulnérables (femmes enceintes, personnes âgées, victimes de torture...) et des mineurs, qu’ils soient ou non accompagnés, au mépris du respect de l'intérêt supérieur de l'enfant ;
- la détention et l’expulsion forcée des mineurs isolés vers un pays tiers (autre que leur pays d’origine) où ils n’ont ni famille ni tuteur légal ; en outre, il n’est plus imposé aux Etats de fournir un titre de séjour aux personnes souffrant de maladies graves ;
- une systématisation de l’interdiction du territoire de l'UE pendant cinq ans pour les personnes expulsées, c’est à dire l'exclusion et la criminalisation de ces personnes ;
- le renvoi des étrangers vers les pays par lesquels ils n’ont fait que transiter, sans qu’ils aient un lien avec ces pays."

vendredi 20 juin 2008

Jour 410

Lagarde en pleine croissance

Le Figaro, 20 juin 2008 :

"La résistance surprenante de la croissance française au premier trimestre risque de faire long feu. L'Institut national des statistiques et études économiques (Insee) publie vendredi matin de sombres prévisions pour le second semestre 2008 : le PIB devrait stagner au troisième trimestre et progresser d'à peine 0,2 % au quatrième.[...] Ceci va grever le pouvoir d'achat des ménages et affecter lourdement la consommation des Français. [...] Selon l'institut, le salaire réel devrait stagner dans le privé et pourrait même reculer dans le public."


Yves COCHET, Mathématicien, ancien Ministre de l'Environnement, Député de la 11e circonscription de Paris :

"L'inertie idéologique qui allie de façon automatique croissance, progrès et bien-être est tenace. L'obstination à se complaire dans la démesure reste l'état d'esprit d'une grande majorité de citoyens et de décideurs qui veulent à tout prix « rester compétitifs », sans avoir véritablement conscience de la finalité ontologique d'un tel objectif."

jeudi 19 juin 2008

Jour 409

La défense avance

Le Figaro, 18 juin 2008 :

"Un groupe d'officiers généraux et supérieurs des trois armées terre, air, mer , tenu à l'anonymat, commente le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale présenté le 17 juin par le président de la République. [...] le modèle d'analyse présenté par le livre blanc est à notre sens déficient et, davantage, marqué par un certain amateurisme. [...] Les «avancées» qu'il présente (satellites, etc.) ressemblent à des lubies parce qu'elles ne sont pas sérieusement argumentées en termes d'arbitrage (alors qu'on voit les intérêts industriels qu'elles servent)[...] il y a comme une imposture à présenter ces résultats comme un progrès dans l'efficacité de l'instrument militaire. [...] nous abandonnons aux Britanniques le leadership militaire européen, alors que nous connaissons la nature particulière de leurs relations avec les États-Unis. [...] Le reste est affaire de communication politique, qui ne saurait masquer la réalité d'un véritable déclassement militaire de notre pays"

Au militaire qui a voté Sarkozy : bien fait pour ta gueule. C'est con mais ça soulage.

Une bonne nouvelle :

"C’est désormais officiel : l’idée de Nicolas Sarkozy de faire parrainer «un enfant juif victime de la Shoah par des élèves de CM2» est abandonnée." (Libération, le 19 juin)

mercredi 18 juin 2008

Jour 408

République bananière

Népotisme : abus d'une personne qui profite de sa situation pour avantager ses proches (source : Le Dictionnaire).

Le Figaro, 18 juin 2008 :

"La cellule diplomatique de l'Élysée, dirigée par Jean-David Levitte, compte depuis quelques semaines une nouvelle recrue. Il s'agit de Consuelo Remmert, demi-sœur de Carla Bruni et fille de Mauricio Remmert, père de l'épouse du président de la République."

Libération, 17 juin 2008 :

"A 21 ans, le fils aîné du président de la République gagne un nouveau mandat. Elu au conseil général depuis seulement trois mois, et patron de l’UMP de Neuilly, il accède à la tête d’un groupe qui domine largement le puissant conseil général (1,7 milliard d’euros de budget). [...] Patrick Devedjian a pris une profonde inspiration [...] Selon lui, «il ne faut pas y voir la main du président de la République»"

Le Monde, 18 juin 2008 :

""Jean n'a pas pris la décision d'être candidat sans en avoir parlé à son père", assurait de son côté un proche du fils du chef de l'Etat."

mardi 17 juin 2008

Jour 407

Sweet Ireland

Ligue des Droits de l'Homme, le 16 juin :

"Le « non » des électeurs irlandais au Traité de Lisbonne pose une fois de plus le problème du déficit démocratique de l’Union européenne.

Traité après traité, le même scénario se répète : là où diplomates et gouvernants sont unanimes, c’est des citoyens que vient le rejet.

Quelles que soient les appréciations portées sur le contenu de tel ou tel traité, l’Union européenne ne peut continuer ainsi à avancer soit en évitant les peuples, soit en ignorant leur opinion. Le mépris des citoyens de « petits » Etats affiché au lendemain du scrutin par plusieurs dirigeants européens de premier plan renforce encore l’image d’une gouvernance coupée de la diversité des sociétés civiles européennes. Le risque évident est que le rejet de toute solidarité européenne, le rejet de l’Union, grandisse encore dans les mois qui viennent sur tout le continent.

La démocratisation des institutions de l’Union européenne est aujourd’hui la condition de sa survie politique. Elle ne pourra être atteinte sans retour au respect du suffrage universel.
"

lundi 16 juin 2008

Jour 406

Tous en rangs

Le Syndicat de la Magistrature, le 13 juin 2008 :

Le conseil d’administration de l’ENM se réunit le 18 juin 2008 à Bordeaux pour examiner le projet de réforme du recrutement et de la scolarité voulu par le garde des Sceaux.

Cette réforme s’inscrit dans l’esprit managérial qui suppose que tout magistrat entre dans le corps judiciaire pour faire une carrière balisée, filiarisée, profilée, conforme aux attentes de la direction des ressources humaines de l’administration centrale.

La mise en place de tests psychologiques vise, sous couvert d’une approche pseudo scientifique, à profiler et standardiser la magistrature.

Loin de favoriser une culture d’humanisme et d’indépendance, le véritable dessein de cette réforme est d’imposer une uniformisation des profils de magistrats.

Tout aussi inquiétant, la réforme incite les magistrats à privilégier des objectifs de rentabilité et de carrière sur toute autre considération.

A l’instar du projet de loi constitutionnelle, cette réforme de l’ENM dénote la volonté du pouvoir exécutif de caporaliser la magistrature.

Le Syndicat de la magistrature soutient le mouvement des auditeurs de justice contre cette réforme et a déposé en leur nom un préavis de grève pour le 18 juin.

Il invite les magistrats à signer la pétition qui sera remise à Monsieur le Premier Président de la Cour de Cassation, Président du Conseil d’Administration de l’École Nationale de la Magistrature, le 18 juin.

Adresse de la pétition :

site de la lettre ouverte et accès à la pétition en ligne
http://lettreouverte.monsite.cc/

samedi 14 juin 2008

Jours 404 & 405

Bon appétit

Le Monde, 14 juin 2008 :

"Comme tous ses collègues de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, [Pierre Gosnat, député (PCF)] a reçu dans son courrier, à l'occasion de la discussion du projet de loi modernisation de l'économie (LME), la brochure d'une grande marque de distribution (Casino) vantant son "plan discount" pour le pouvoir d'achat et garantissant un repas complet pour "0,94 euro par personne". Une incitation à peine déguisée à encourager le développement de la concurrence et à autoriser la multiplication des surfaces commerciales [...] Selon [un nutritionniste, Jean-Michel Cohen], "à moins de 2,70 euros par jour, ce n'est pas possible de se nourrir correctement". [...] Diagnostic confirmé par l'étiquetage : les saucisses "pur porc" ne sont composées qu'à 70 % de viande de porc et contiennent 28 % de matière grasse pour 11 % de protéines. "On peut en faire un repas, mais manger ça tous les jours, midi et soir, c'est le cholestérol assuré, sans parler de l'insuffisance calorique" [...] "Le problème, c'est que beaucoup de gens n'ont pas d'autre choix pour se nourrir", intervient M. Gosnat. [...] Mais au lieu de favoriser la grande distribution, le gouvernement ferait mieux d'augmenter les bas revenus afin qu'ils puissent choisir de manger autre chose.""

vendredi 13 juin 2008

Jours 403

France terre d'asile

Syndicat de la Magistrature (et beaucoup d'autres), le 12 juin 2008 :

"Le Sénat a adopté la nuit dernière le projet de loi adaptant notre droit pénal à l’institution de la Cour pénale internationale. [...] La majorité sénatoriale a vidé la compétence universelle de l’essentiel de sa substance [...] en la réservant aux personnes résidant habituellement dans notre pays [...] un véritable criminel contre l’humanité pourra circuler librement tant qu’il n’a pas l’idée de s’installer durablement [...] en privant les victimes du droit de provoquer les poursuites, qui leur est pourtant ouvert pour le moindre délit de droit commun mais leur est ici retiré pour les crimes les plus graves [...]en subordonnant la compétence des juridictions françaises à la condition que les crimes soient punissables dans leur pays d’origine ; ainsi, le génocide ne serait pas punissable si la loi du pays où il est commis ne le prévoit pas [...] avec le texte voté par le Sénat, les Pinochet de ce siècle éviteront de voyager en Angleterre, en Allemagne, aux Etats-Unis et dans des dizaines d’autres pays, mais pourront trouver refuge dans notre pays s’ils veillent à ne pas y résider durablement."

jeudi 12 juin 2008

Jour 402

Le bourbier Afghan II

Nicolas fait encore des siennes, le 12 juin 2008 :

"En accord avec les autorités afghanes, nous avons donc décidé d’apporter une contribution supplémentaire à la formation de l’armée afghane et à la stabilisation du pays. [...] Cette présence militaire est nécessaire car la sécurité est la première condition du développement économique et social afghan. [...] bien-sûr, il y a des maladresses. Mais ce qui compte, ce sont les progrès accomplis depuis 2001."

Recommandations des principales ONG françaises :

"La confusion entre aide à la reconstruction et aide militaire ne peut en effet que nuire à la perception que les populations pourraient avoir des programmes de développement mis en oeuvre.[...] Les ONG françaises, dont certaines sont présentes dans ce pays depuis le début des années 80, craignent ainsi que l’envoi de nouvelles troupes françaises se traduise très concrètement par une dégradation des conditions de sécurité des équipes humanitaires.[...] Les ONG n’ont pas vocation à se déterminer sur la pertinence d’un appui militaire international, mais force est de constater que les populations afghanes semblent montrer une certaine lassitude, sinon une animosité, vis-à-vis d’une certaine forme de présence militaire étrangère. Cet essoufflement du soutien populaire s’est développé du fait de la durée même de la présence des forces internationales, mais aussi du fait des dégâts collatéraux commis."

Recommandations du Quai d'Orsay :

"La situation de sécurité sur le territoire afghan reste mauvaise, y compris à Kaboul et dans les régions proches de la capitale. Le recours aux attentats-suicides est plus fréquent. Les risques d’enlèvement à travers le pays s’accroissent et concernent les personnes de tout statut, y compris les journalistes et les membres d’ONG. [...] Aucune voie de communication n’est sure et il est déconseillé de se déplacer dans le pays, sur quelque axe routier que ce soit. Il reste absolument déconseillé de se rendre en Afghanistan dans tous les cas. [...] L’Afghanistan fait partie des pays touchés par l’épizootie de grippe aviaire."

mercredi 11 juin 2008

Jour 401

Décalée

Le Banking Times, 9 juin 2008 :

"The Bank for International Settlements (BIS), the organisation that fosters cooperation between central banks, has warned that the credit crisis could lead world economies into a crash on a scale not seen since the 1930s. [...] In its latest quarterly report, the body points out that the Great Depression of the 1930s was not foreseen and that commentators on the financial turmoil, instigated by the US sub-prime mortgage crisis, may not have grasped the level of exposure that lies at its heart. [...]According to the BIS, complex credit instruments, a strong appetite for risk, rising levels of household debt and long-term imbalances in the world currency system, all form part of the loose monetarist policy that could result in another Great Depression."

mardi 10 juin 2008

Jour 400

Alliot ? C'est la police !

M'dame Marie du ministère de l'Intérieur parle encore, le 10 juin 2008 :

"Dès septembre prochain, la France se dotera d'une plateforme automatisée qui permettra à chaque Internaute de signaler automatiquement toute forme de malversation constatée sur Internet [...] la plateforme, par le biais d'une liste noire, transmettra aux F.A.I. la liste des sites à bloquer.[...] Il vous reste maintenant à travailler et à débattre pour mieux améliorer la sécurité de nos concitoyens, et donc leur liberté."

Dénonciation, liste noire et sécurité.

Et la liberté de voir ce que le gouvernement autorisera.

Merci Marie, le fruit de vos entrailles...

lundi 9 juin 2008

Jour 399

Préfet entends-tu les cris sourds...

Lu sur le site du Réseau Education Sans Frontières, le 7 juin 2008 :

"Marc Peschanski, directeur de recherche à l’INSERM, scientifique reconnu internationalement, est intervenu auprès du préfet de l’Essonne en faveur de trois étudiants dont il demande la régularisation afin qu’ils puissent poursuivre leurs études"

Quelques extrait de sa lettre :

"Mettre dehors les étudiants étrangers, c'est rompre brutalement avec la philosophie qui a guidé les universitaires et les scientifiques de la Renaissance jusqu'à nos jours [...] Nous n'aurions plus la même légitimité, si les étudiants étrangers étaient renvoyés, à faire valoir nos structures, nos résultats et nos valeurs dans les cercles internationaux [...] Monsieur le Préfet, il y a 70 ans, ma mère arrivée en France sans papiers et étudiante alors en chimie à Caen, a été l'objet de la part du Préfet du Calvados de l'époque d'une avis de reconduite immédiate à la frontière... Auquel elle n'a pas obtempéré. Elle a été plus tard décorée -et naturalisée - pour faits de résistance. [...] [Elle est ensuite] devenu Maitre de Recherches du CNRS"

dimanche 8 juin 2008

Jours 397 & 398

Embryon, pirogue et fusée

Libération, le 7 juin 2008 :

"Mme Boutin réunissait samedi le conseil national de son Forum des Républicains Sociaux, parti associé à l’UMP qui revendique 160 élus, dont 3 députés, et 8.000 adhérents [...] Le FRS «défend la primauté de l’homme, ce que nous appelons la loi du moins fort», qui repose notamment sur «la défense du plus fragile», qu’il soit «embryon, en prison ou sans maison», a-t-elle dit. " (mon emphase).

Le Contre Journal :

"Voici résumées brièvement les conséquences désastreuses de décennies d’incurie de l’Etat à l’égard de l’Ecole en Guyane.[...]Monsieur le Président, n’avez-vous pas déclaré souvent et répété le lundi 2 juin « qu’il faut donner plus à ceux qui ont moins » ? Ne venez-vous pas d’affirmer ce même jour que « chacun, où qu’il se trouve et d’où qu’il vienne, aura un égal accès au savoir ». N’avez-vous pas fait inscrire dans la loi le droit opposable à l’éducation ? [...] Comment travailler dans des écoles fantômes quand les classes des enseignants malades sont fermées ? [...] nous ne laisserons pas passer la réforme visant à supprimer des postes[...] A l’ouest, nos enfants n’ont pas de lycées, s’ils doivent continuer leurs études, ils sont obligés d’aller sur le littoral où nous devons créer des internats de qualité pour les recevoir. A l’ouest, les élèves venant des campements peuvent passer la journée sans manger puisque nous n’avons pas de cantine. A l’ouest, les enfants peuvent s’intoxiquer dans des écoles pleines de fientes nocives de chauves-souris. A l’ouest, nous subissons tant d’aberrations que jamais nous ne laisserons passer cette grève sous silence.""

Mon conseil ? Déguisez les enfants guyanais en embryons.

vendredi 6 juin 2008

Jour 396

Récidive

Rachida, le 30 mai 2008 :

"Vous êtes engagés dans une administration qui est à l'écoute de ses personnels : elle offre de réelles opportunités de carrière à ceux qui souhaitent prendre des responsabilités. Vous disposez d'un cadre idéal. Vous avez de la chance aussi, parce que le monde pénitentiaire est aujourd'hui en pleine évolution : il se modernise, il devient un véritable outil de réinsertion. Votre métier n'en sera que plus passionnant."

Le Monde, 6 juin 2008 :

"Près d'un millier de travailleurs sociaux de l'administration pénitentiaire – le tiers des effectifs – ont manifesté, jeudi 5 juin, à Paris. Ils n'ont pas le droit de faire grève et ont pris un jour de congé pour demander une revalorisation de leur statut et de leurs salaires. [...] "Nous avons de moins en moins de moyens, explique une collègue de Paris. Les associations avec lesquelles nous travaillons ferment, faute d'argent. Le nombre de lieux d'hébergement a diminué. Les détenus doivent sortir, mais nous n'avons pas toujours beaucoup de possibilités à leur offrir."
Au centre de détention d'Uzerche (Corrèze), quatre travailleurs sociaux suivent 610 détenus. Ils ne voient les prisonniers qui le demandent qu'une fois par trimestre. "On n'a pas les moyens de préparer une vraie réinsertion. Il n'y a plus de places dans les foyers. On est obligé de faire sortir les détenus sans projet", ajoute une CIP. Or c'est dans ces cas que le risque de récidive augmente."

jeudi 5 juin 2008

Jour 395

La petite maison dans la prairie

Le Monde, 5 juin 2008 :

"Deux décisions rendues publiques, jeudi 5 juin, à Strasbourg par le conseil de l'Europe, dénoncent l'"insuffisance manifeste" de l'offre de logements sociaux en France. [...] C'est la première fois que de tels constats de violation de la Charte des droits sociaux en matière de logement sont rendus par ce Comité. Il a jugé que la France violait plusieurs dispositions de la charte, notamment celles concernant les procédures d'expulsion et leur mise en œuvre, l'offre insuffisante de logements à un coût accessible pour les plus pauvres, les modalités d'attribution des logements sociaux, manquant "d'équité et de transparence", le faible nombre d'aires d'accueil pour les gens du voyage et la construction insuffisantes de logements sociaux."

Le Monde, 7 mai 2008 :

"Une enquête du Monde 2 (samedi 26 janvier) avait montré que les 957 logements sociaux neuilléens étaient habités, pour une bonne part, par des familles aisées, voire très favorisées. Parmi les bénéficiaires figuraient même une trentaine de personnalités recensées au Bottin mondain ou au Who's who."

Les logements sociaux sont attribués par le maire.

Qui était maire de Neuilly de 1983 à 2002 ?

Je vous donne un indice : un nain

mercredi 4 juin 2008

Jour 394

Tant va la cruche à l'homme

Le Figaro, 4 juin 2008 :

"Carla Bruni [....] parle de sa relation avec le [petit Nicolas] [...] son admiration reste intacte : «C'est inimaginable ce qu'il travaille. Il est comme nous tous, un peu comme Sisyphe, il aime porter la pierre. Mais il est de bonne composition. Trois rayons de soleil et il trouve la vie magnifique.» [...] Pour son avenir, Carla Bruni se fixe deux priorités : «agir globalement sur la pauvreté dans le monde et lutter contre l'ignorance»"

Christophe Deltombe, président d'Emmaüs France dans le Monde, le 4 juin 2008 :

"Grèves de la faim, automutilations, suicides, dépressions, combien sont-ils, ces étrangers sans papiers, en France parfois depuis plusieurs années, ayant un emploi, une famille, des enfants, payant des impôts, qui se trouvent brutalement placés en centres de rétention, c'est-à-dire privés de liberté, sans procès et sans l'intervention d'un juge ? [...] L'absurdité a été poussée à son comble avec cette politique des quotas de 25 000 reconduites à la frontière par an, politique du chiffre alors qu'il s'agit d'hommes, de femmes et d'enfants, politique aveugle qui broie des vies, sépare des familles, emprisonne sans autre délit que d'avoir voulu vivre normalement dans un pays riche. "

Carla n'oublie pas d'ajouter "Je n'ai pas connu de crétins auparavant". Trouve un miroir chérie.

mardi 3 juin 2008

Jour 393

Gare à vous

Secret Défense, un blog de Libération :

"Le ministère de la Défense vient de mettre en ligne sur son site internet un reportage télé consacré à la prise d'armes présidée par le Chef de l'Etat, le 21 mai aux Invalides [...] Ce que vous ne verrez pas sur ces vidéos, c'est le cafouillage de cette cérémonie et la désinvolture avec laquelle l'Elysée a traité une partie des anciens combattants et de leurs familles. [...] Le chef de l'Etat devait ensuite remettre des décorations à d'anciens combattants. Il expédia la chose, sans un mot de sympathie. L'un d'eux - dont nous avons eu le témoignage - se demanda sur le moment "pourquoi le président lui en voulait personnellement... Je n'ai jamais croisé son regard." Il était enfin prévu que le Président aille voir les familles de morts ou de blessés dans les Opex [...] "D'un pas pressé vers la sortie", raconte un témoin, "il est passé devant elles sans un regard". Certaines familles étaient venues de province, à leur frais. Un officier de haut rang, qui assistait à cette prise d'armes avoue en est reparti "déçu et consterné". [...] Lors de son déplacement aux Glières, le 18 mars dernier, le comportement du président de la République a surpris de nombreux participants. S'adressant à d'anciens maquisards au garde-à-vous devant lui, il leur parla de son épouse Carla... Enfin, alors que la question des médailles (très délicate dans ce milieu) était évoquée par une personnalité locale qui demandait l'attribution d'une dizaine de Légion d'honneur à d'anciens résistants, Nicolas Sarkozy lâcha, souriant : "Je vous en donne quinze. Vous êtes content?""

lundi 2 juin 2008

Jour 392

Causer plus pour causer plus

Le petit Nicolas, le 26 mai 2008 :

"Je le répète, nous serons jugés sur nos résultats. Et ces résultats, nous les avons déjà : notre croissance 2007 est de 2,2%. [...] nous allons continuer à encourager les gens à travailler plus pour gagner davantage, pour créer des richesses, pour créer de la croissance, pour créer de l’emploi."

Le Monde Diplomatique, juin 2008 :

"Pour une majorité de la population, la vie quotidienne se durcit. En Italie et en Espagne, le mal est imputé à l’euro. Mais le « panier de consommation » britannique coûte lui aussi 15 % de plus qu’il y a un an. Et, dans le même laps de temps, le prix des œufs a augmenté de 30 % aux Etats-Unis ; celui du lait, des tomates, de 15 % ; celui du riz, des pâtes, du pain, de 12 %. Ni le prix des loyers, ni ceux de l’énergie n’apaisent la blessure... Une reprise — aléatoire — de la croissance ne résoudra pas le problème de fond. Inversant un propos fameux datant de 1953 (« Ce qui est bon pour General Motors est bon pour le pays »), l’ancien ministre des finances américain Lawrence Summers vient d’admettre que « ce qui est bon pour l’économie mondiale et les champions du business ne l’est pas nécessairement pour les salariés »."

dimanche 1 juin 2008

Jours 390 & 391

Fat cats

L'Expansion, 25 mai 2008 :

"Les revenus encaissés en 2007 par les patrons des 40 plus grandes entreprises françaises ont augmenté… de 58 %. [...] 161 millions d’euros en 2007, contre 102 millions en 2006. Le gain moyen par tête atteint 4 millions et provient pour une part des profits réalisés en levant leurs stock-options."

Le Monde, 31 mai 2008 :

"Les politiques, aussi, peuvent être drôles. La preuve :[...] Christine Lagarde, ministre de l'économie : "Pour faire face à la hausse du prix du pétrole, je conseille aux Français de faire du vélo.""