mercredi 30 septembre 2009

Jour 874

Dépense publique, profits privés

La Ligue des Droits de l'Homme, le 30 septembre 2009 :

"Le vote de la loi CARLE est un nouvel exemple de l’obstination avec laquelle les gouvernants actuels cherchent à détruire ou à fragiliser les bases du vivre ensemble démocratique que sont la laïcité, les services publics et le réseau de proximité des collectivités territoriales.

Obliger les communes à financer la scolarisation d’élèves dans le secteur privé en dehors même de leur territoire, c’est un nouveau cadeau à l’enseignement privé, une négation de toute différence entre service public pour tous et entreprise privée d’éducation, un pas vers le chèque éducation destructeur d’école publique et, pour couronner le tout, un « contre-transfert » vers les ménages et les collectivités qui en ont le moins besoin.

La Ligue des droits de l’Homme constate que même la faillite du tout-marchand ne décourage pas les démolisseurs de service public et que les préférences religieuses affichées jusqu’au sommet de l’Etat continuent à heurter frontalement le principe constitutionnel de laïcité de la République.

La LDH appelle la représentation nationale à revenir au respect des règles et des valeurs qu’elle a pour mission de protéger."

mardi 29 septembre 2009

Jour 873

Justice pour tous ?

Encore Maitre Eolas, le 29 septembre 2009, encore une fois je recommande la lecture de la totalité du billet :

"Et le voici [Roman Polanski] qui goûte la paille humide des cachots helvètes, où il est en cellule individuelle, confiné 23 heures par jour. Ça vous choque ? À la bonne heure. Les prisonniers en France sont traités de la même façon en maison d’arrêt, sauf qu’en plus, ils sont dans une cellule surpeuplée. Pensez-y aux prochaines élections. [...] Je trouve honteux d’entendre des artistes qui il y a quelques semaines vouaient aux gémonies les téléchargeurs et approuvaient toute législation répressive et faisant bon cas de droits constitutionnels pour sanctionner le téléchargement illégal de leurs œuvres crier au scandale quand c’est à un des leurs qu’on entend appliquer la loi dans toute sa rigueur. Quand on sait que pas mal de téléchargeurs ont dans les treize ans, on en tire l’impression que les mineurs ne sont bons à leurs yeux qu’à cracher leur argent de poche et leur servir d’objet sexuel."

lundi 28 septembre 2009

Jour 872

Justice sélective

Le Syndicat de la Magistrature, 26 septembre 2009 :

"Le 1er septembre, six ouvriers de l’usine CONTINENTAL de Clairoix ont été condamnés à des peines de 3 à 5 mois d’emprisonnement avec sursis par le tribunal correctionnel de Compiègne pour « destructions de biens d’utilité publique en réunion ». [...] Le gouvernement nous avait pourtant habitués à une réelle mansuétude, tant pour les « patrons voyous » - en dépit de quelques effets de manche médiatiques - que pour les auteurs de véritables saccages appartenant il est vrai à son électorat traditionnel… Cette indignation à géométrie variable de la majorité au pouvoir est réellement insupportable, en ce qu’elle alimente la séparation sociale et la désespérance populaire. Il est vrai que les idéologues de la « loi du marché » sont naturellement peu sensibles à l’insécurité salariale et à ses effets dévastateurs. Une fois de plus, cette approche dominante des rapports sociaux n’a pas manqué de se traduire par une instrumentalisation consentie de la justice. Comment analyser autrement le contenu surprenant des réquisitions du parquet suggérant de punir plus sévèrement les prévenus qui contestaient leur participation aux faits ? De même, comment ne pas s’étonner de condamnations si sévères, manifestement inspirées par une logique politique d’exemplarité ? Tout se passe comme si cette juridiction très appliquée, en parfaite harmonie avec l’air du temps, avait anticipé le vote imminent de la loi Estrosi sur les bandes (résurgence aggravée de la loi anti-casseurs) qui prévoit rien moins qu’une responsabilité collective en matière pénale. Le Syndicat de la magistrature, le Syndicat des avocats de France et la Ligue des droits de l’Homme dénoncent ce nouvel épisode de la pénalisation du mouvement social et partagent l’émoi des organisations syndicales et politiques qui ont marqué leur solidarité avec « les CONTI »."

samedi 26 septembre 2009

Jours 870 & 871

Fuck la gendarmerie aussi ?

Le Figaro, 26 septembre 2009 :

"six gendarmes, qui appartiennent à l'un des huit escadrons du groupement blindé de la gendarmerie mobile (GBGM) de Satory, ont «depuis leur arrivée été régulièrement victimes de propos racistes tout comme ils font l'objet de discriminations», affirment-ils dans leur saisine. «Les blagues racistes sont coutumes à l'escadron, il ne faut pas les prendre mal, il faudra faire avec», leur confie le capitaine dès leur premier jour. Un de ces gendarmes assure avoir été «maintes fois» appelé «bougnoule» par ce commandant, selon l'avis de saisine. Ce commandant lui aurait également rappelé qu' «il était le quota du secrétariat»."

vendredi 25 septembre 2009

Jour 869

Les loups entre eux

Le Figaro, 24 septembre 2009 :

"Dans le cadre d'une collaboration entre police et gendarmerie pour travailler sur l'interpellation de nationalistes basques, le commissariat de Pau accueille dans ses locaux un jeune officier de la section de recherches (SR) de la gendarmerie. [...] Or, ce capitaine s'amuse à porter, durant deux jours, un t-shirt noir [...] sur lequel sont inscrits plusieurs slogans, dont l'un dit : «fuck la police». Le vêtement incriminé comporte en fait toute une série de «fuck» : «fuck la guerre», «fuck le pétrole», «fuck les lois», «fuck les banques»... [...] le t-shirt ne plaît pas du tout aux policiers du commissariat. [...] Mais la hiérarchie de la gendarmerie ne l'entend pas de cette oreille. Elle explique n'avoir aucune intention de sanctionner le capitaine en question, qui a été muté, depuis, au bureau de lutte antiterroriste à Paris."

jeudi 24 septembre 2009

Jour 868

Taxe malade

Le Monde, 24 septembre 2009 :

"le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, a annoncé, dans un entretien aux Echos, que les indemnités journalières versées aux salariés en cas d'accident du travail seraient désormais fiscalisées. [...] François Fillon a confirmé son "accord". Le soir, depuis New York, Nicolas Sarkozy a, à son tour, avalisé, la proposition. [...] Le premier à s'être ouvertement exprimé est le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, qui ne mâche pas ses mots. Pour lui, "c'est nul". Il ne "comprend pas qu'on puisse s'en prendre à ceux qui souffrent déjà dans leur chair"."

mercredi 23 septembre 2009

Jour 867

3615 Poulet

Sur le blog de Maitre Eolas, 20 septembre 2009 :

"la Direction Départementale de la Sûreté Publique [...] a mis à disposition des citoyens une adresse e-mail pour dénoncer les infractions dont ils ont connaissance, avec invitation à joindre photos et vidéos pouvant servir de preuve. Confidentialité garantie [...] C’est une promesse qui ne peut être tenue. Si la dénonciation débouche sur des poursuites, c’est un droit fondamental de la défense que d’être confronté à son accusateur, c’est-à-dire de savoir qui est à l’origine de la dénonciation (cela peut d’ailleurs avoir des conséquences sur la régularité de la procédure). [...] si la personne filme des faits se passant dans un lieu privé, comme l’appartement du voisin, il commet le délit d’atteinte à la vie privée (art. 226-1 du code pénal : 1 an de prison et 45000 euros d’amende). La loi ne prévoit aucune exception si les images sont réalisées afin de servir de preuve en justice. Bref, un bon moyen de faire d’une pierre deux coups : la dénonciation permet de poursuivre un délit (un bâton pour les stats) ET de poursuivre le dénonciateur (un deuxième bâton dans la case)."

mardi 22 septembre 2009

Jour 866

Qui vaccineras les vaccinateurs ?

Le Monde, 21 septembre 2009 :

"Selon un sondage IFOP publié lundi 21 septembre par le Quotidien du médecin, seuls 42 % des médecins libéraux seraient prêts à se porter volontaires pour être vaccinés contre le virus H1N1. Une adhésion faible pour une catégorie professionnelle désignée comme prioritaire par le ministère de la santé. Même son de cloche du côté des infirmiers. Selon les résultats d'une consultation menée par le Syndicat national des professionnels infirmiers, 26 % seulement des infirmières seraient disposées à recevoir le vaccin. [...] Même résultat à Hong Kong, où une étude publiée dans le British medical journal révèle que 48 % des personnels de santé refuseraient l'injection. [...] Le ministère de la santé américain a récemment accepté d'accorder une immunité juridique aux laboratoires pharmaceutiques produisant le vaccin contre le virus H1N1. Une décision aussitôt interprétée par les lobbies anti-vaccination comme une preuve de la dangerosité du produit."

lundi 21 septembre 2009

Jour 865

Les temps sont difficiles...

Le Blog Secret Défense, 20 septembre 2009 :

"Selon nos informations, l'état-major des armées travaille actuellement sur le retour des hommes du Commandement des opérations spéciales (COS) en Afghanistan. Cette décision s'inscrit dans la vaste réorganisation du dispositif français, qui doit donner naissance, à partir du mois de novembre, à la brigade Lafayette. Les premiers élements du COS partiraient en octobre, avec la perspective de créer un Groupement de forces spéciales (GFS) au début de 2010."

Le Monde, 21 septembre 2009 :

"Le général américain Stanley McChrystal, le plus haut gradé américain en Afghanistan, prévient que sans augmentation des moyens militaires dans le pays, la coalition court à l'échec. [...] Le militaire estime aussi que "la faiblesse des institutions afghanes", la corruption, ainsi "que nos propres erreurs (...) ont donné très peu de raisons aux Afghans pour soutenir leur gouvernement". "Les insurgés ne peuvent pas nous battre militairement (...), mais nous pouvons nous battre nous-mêmes", écrit-il."

On voit mal comment plus de soldats vont changer la donne politique du pays.

samedi 19 septembre 2009

Jours 863 & 864

Internet DTC

Sur l'excellent blog des Actualités de la Recherche en histoire visuelle, 19 septembre 2009 :

"Sous le gouvernement le plus à droite de la Ve République, avec des contre-pouvoirs réduits comme peau de chagrin, un parlement au pas cadencé, une opposition évaporée, un syndicalisme en phase terminale, des médias aux ordres, le despotisme, c'est internet. La fin de la démocratie, c'est le web. Le danger totalitaire, c'est la vidéo amateur. On connait la loi de Godwin, selon laquelle, plus une discussion en ligne s'allonge, plus on a de chance de voir surgir la comparaison avec le nazisme ou la reductio ad hitlerum. Je propose de la compléter par la loi de Duhamel, qui veut que plus le sujet de la controverse est grave, plus grandes sont les chances d'en incriminer le web. [...] Il y a pourtant une leçon non-duhamélienne à retenir de cette rencontre. Si pour les élites politiques et médiatiques, internet est cet empêcheur de dominer en rond qu'il ne coûte rien d'invectiver, pour des millions de Français, le web est une présence familière, un outil quotidien, un média apprécié. Ce n'est que pour nos responsables qu'il y a encore deux mondes, l'un considérable, l'autre négligeable. Pour tous les autres, le dérapage d'Hortefeux n'a rien à voir avec un totalitarisme de la transparence, mais est simplement une information révélée par un quotidien en ligne. Quant au site 1.0 de Ségolène, il apporte un témoignage éloquent d'absence de professionnalisme, qui est jugé à l'aune de l'évolution des pratiques politiques récentes, et notamment de l'exemple américain. On opposait naguère internet et "la vraie vie". Pour ceux qui pensent avoir quelque chose à dire, et qui veulent qu'on les écoute, il va falloir assimiler que le web fait désormais partie de "la vraie vie". Vite. Et arrêter de dire n'importe quoi, parce que ça devient simplement insupportable."

vendredi 18 septembre 2009

Jour 862

Bienvenu au village

L'Observatoire International des Prisons, le 17 septembre 2009 :

"Saluée comme une "considérable avancée" par Jean-Paul Garraud (rapporteur de la commission des lois), l'affirmation dans la loi que "l'Administration pénitentiaire garantit à toute personne détenue le respect de sa dignité et de ses droits" se révèle à l'image de la discussion en cours, une mascarade. En effet, outre que l'article D. 189 du code de procédure pénale prévoit déjà que le "service public pénitentiaire assure le respect de la dignité inhérente à la personne humaine", l'affirmation contenue dans le projet de loi apparaît purement déclamatoire dès lors qu'elle est suivie de deux phrases qui en annihilent toute la portée : "L'exercice de ceux-ci ne peut faire l'objet d'autres restrictions que celles résultant des contraintes inhérentes à la détention, du maintien de la sécurité et du bon ordre des établissements, de la prévention de la récidive et de la protection de l'intérêt des victimes. Ces restrictions tiennent compte de l'âge, de l'état de santé, du handicap et de la personnalité de la personne détenue." Comme l'avait déploré la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH), est ainsi privilégiée "la consécration des restrictions aux droits en tant que principes à celles des droits eux-mêmes". Ce faisant, le projet de loi "consacre dans le cadre d'une réforme à droit constant la possibilité laissée à l'administration pénitentiaire de restreindre de manière discrétionnaire les droits des personnes détenues". Un pouvoir d'autant plus discrétionnaire que la "personnalité" des détenus est considérée comme un critère désormais valable pour autoriser l'administration à restreindre l'exercice des droits. Comme si cela ne suffisait pas; le chapitre censé consacrer au sein de la loi les droits des personnes détenues est désormais rebaptisé "des devoirs et des droits des personnes détenues" à l'initiative du député Christian Vanneste (UMP), qui en a appelé à la Constitution de l'An III. Outre ce dernier texte, qui a assurément marqué une étape décisive dans la définition des rapports entre l'individu et l'Etat public ("Nul n'est bon citoyen s'il n'est bon fils, bon père, bon ami, bon époux"), la majorité aurait également pu convoquer utilement la Constitution soviétique promulguée par Staline le 5 décembre 1936, qui, de la même manière, tempère immédiatement les droits qu'elle proclame par l'affirmation des devoirs des citoyens. Ce "glissement sémantique et symbolique", ainsi que l'a noté le député Jean-jacques Urvoas (PS), témoigne de l'incapacité de la réforme portée par le gouvernement à affirmer la personne privée de liberté comme un sujet de droit."

jeudi 17 septembre 2009

Jour 861

J'aime pas les enfants

Ligue des Droits de l'Homme, le 16 septembre :

"le gouvernement poursuit à sa manière la préparation du 20e anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant : il envisage tout simplement… la suppression de l’institution du Défenseur des enfants, créée par la loi du 6 mars 2000.Sans doute l’actuelle Défenseure des enfants a-t-elle déplu en prenant au sérieux la défense des enfants et de leurs droits, comme la Commission nationale de déontologie des forces de sécurité avait eu le tort de reconnaître l’existence de violences policières, ce qui lui avait valu naguère une tentative d’étranglement budgétaire. La punition sera donc la même pour ces deux Autorités trop indépendantes : elles disparaissent au profit du Défenseur des droits prévu par la récente révision constitutionnelle, institution généraliste et donc moins gênante. Dans le projet débattu en Conseil des ministres, on ne trouve pas même une référence, fût-elle symbolique, au respect de la Convention internationale des droits de l’enfant. La France, si ce projet devait être adopté, se singulariserait une fois encore tristement parmi les démocraties européennes. Et pour que la forme soit digne du fond, le gouvernement a soigneusement évité de consulter la Défenseure des enfants et même de répondre à ses demandes de concertation : la « rupture » avec la tradition républicaine concerne le respect des contre-pouvoirs et du dialogue institutionnel autant que la garantie des droits fondamentaux."

mercredi 16 septembre 2009

Jour 860

Tom Cruise et Nicolas

Le Monde, 16 septembre 2009 :

"Le gouvernement cherche à se sortir du mauvais pas où l'a placé le vote de la loi du 12 mai interdisant de prononcer la dissolution de personnes morales condamnées pour escroquerie. Cette initiative parlementaire entraîne l'impossibilité de dissoudre une secte condamnée pour escroquerie. Or, le parquet de Paris avait requis le 15 juin la dissolution des principales structures françaises de la Scientologie dans un dossier d'escroquerie. Le tribunal doit se prononcer le 27 octobre. Les deux principaux syndicats de magistrats s'interrogent sur les conditions dans lesquelles la modification législative interdisant la dissolution d'une secte pour escroquerie a pu passer "inaperçue". Dans un communiqué publié, mardi 15 septembre, le Syndicat de la magistrature "demande l'ouverture d'une enquête parlementaire pour que les conditions dans lesquelles cette disposition a pu passer inaperçue soient établies. Au-delà, il dénonce l'absence de véritable contrôle démocratique et citoyen sur le fonctionnement des institutions républicaines". L'Union syndicale des magistrats demande aussi au gouvernement "de faire toute la lumière sur ce qui pourrait bien être un scandale d'Etat". [...] Pour Mathieu Bonduelle, secrétaire général du Syndicat de la magistrature, il faut s'interroger sur les différentes versions proposées pour expliquer le dysfonctionnement [...] La chancellerie plaide l'inattention et " l'erreur matérielle ", poursuit M. Bonduelle. Mais entre le dépôt de la proposition de loi par le député UMP Jean-Luc Warsmann, le 22 juillet 2008 et ses différents examens, en avril 2009, les services du gouvernement ont eu le temps de l'examiner. La thèse du vice technique ne tient pas non plus, estime le syndicat, qui se rapporte aux déclarations de Jean-Luc Warsmann sur la simplification du droit et du président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer."

mardi 15 septembre 2009

Jour 859

Lettre morte

Le Syndicat de la Magistrature, le 14 septembre :

"L’état catastrophique des prisons françaises, de même que l’adoption, en janvier 2006, de nouvelles « règles pénitentiaires européennes » rendaient indispensable le vote en France d’une loi pénitentiaire d’envergure.

Après de multiples reports, un projet a été déposé au Sénat en juillet 2008 et examiné à partir de février 2009 dans le cadre d’une soudaine procédure d’urgence imposée par le gouvernement. Ce texte - indigent s’agissant des droits des détenus et décevant en matière d’aménagement des peines - a été partiellement amélioré en mars 2009 par le Sénat, qui a notamment consacré :

- le principe de l’encellulement individuel pour les détenus provisoires ;

- le droit pour toute personne condamnée à une peine inférieure ou égale à deux ans d’emprisonnement ferme (au lieu d’un an auparavant) de voir sa situation examinée en vue d’un aménagement.

Les débats doivent reprendre aujourd’hui à l’Assemblée nationale sur la base d’un texte qui a été vidé de toute substance par la commission des lois, où les amendements de l’opposition ont par ailleurs été systématiquement rejetés. Outre l’abandon des quelques avancées introduites par le Sénat, cette nouvelle version entérine le « régime différencié » qui permet à l’administration pénitentiaire de déroger à l’encellulement individuel dans les établissements pour peine. Ainsi, la surpopulation carcérale ne concernera plus seulement les maisons d’arrêt, mais l’ensemble des établissements pénitentiaires…

Ce grand bond en arrière, inacceptable au regard de la situation des prisons en France, est le fruit d’un intense lobbying idéologique complaisamment relayé par la frange la plus sécuritaire de l’UMP.

L’un des groupes de pression à la manœuvre est « l’Institut pour la Justice », une officine diffusant des thèses simplistes sur la sécurité, manifestement inspirées par le discours de l’extrême-droite. Cet organisme, qui milite pour l’élimination sociale des « multirécidivistes », ne cesse en effet de fustiger les alternatives légales à la détention et le prétendu laxisme de la justice pénale.

Comment ne pas faire également le rapprochement entre ces graves reculs et la propagande diffusée ces dernières semaines par Synergie Officiers ? En particulier, dans un courrier adressé le 1er septembre 2009 au ministre de l’Intérieur, ce syndicat de policiers n’hésite pas à présenter le texte amendé par le Sénat comme un « renoncement sans précédent », rédigé « au mépris de tous les principes de morale, de bien et de mal ». Ces subtils « arguments » semblent avoir suffi à convaincre la Direction centrale de la police judiciaire, laquelle, oubliant son devoir de neutralité, se serait sentie obligée de rédiger une note établissant un lien de causalité fantaisiste entre l’aménagement des peines et la hausse de la délinquance…

Ces prises de position ont trouvé un écho auprès de personnalités de la majorité. Eric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes et nouveau fer de lance du sécuritarisme, a ainsi exprimé sa crainte « que ce texte ne se traduise par un message de clémence adressé aux délinquants ».

Pire, Michèle Alliot-Marie, ministre « … des libertés », a préféré céder à ces gesticulations populistes plutôt que défendre devant la commission des lois les maigres progrès enregistrés au Sénat. Elle a même affirmé par ailleurs, en total décalage avec la réalité, que « le meilleur cadre pour protéger la société, pour sanctionner et pour la réinsertion est la prison »…

Le Syndicat de la magistrature appelle les parlementaires à refuser cette instrumentalisation en faisant de ce texte ce qu’il aurait toujours dû être : une grande loi permettant de restaurer la dignité des détenus et de prévenir la récidive par un meilleur aménagement des peines."

lundi 14 septembre 2009

Jour 858

Les morts de la guerre économique

Les Échos, 14 septembre 2009 :

"Renault et PSA aussi. France Télécom n'est pas le seul groupe français confronté à des cas dramatiques de suicide de salariés. Entre 2006 et 2007, les constructeurs automobiles Renault et PSA ont enregistré une vague de suicides. [...] L'inspection du travail avait envoyé un « avertissement » au groupe dirigé par Carlos Ghosn au sujet de « harcèlement moral institutionnel » envers les salariés du Technocentre. [...] Le site de PSA à Mulhouse n'a pas été épargné. Selon une étude du cabinet d'évaluation et de prévention des risques Technologia, 30 % des 6.000 salariés interrogés à Guyancourt présentaient une « forte probabilité de troubles pathologiques dus à leurs conditions de travail ». Pour Michel Debout, professeur de médecine légale et président de l'Union nationale pour la prévention du suicide (UNPS)[...] estime que « vu la crise, le nombre de personnes à risque va beaucoup augmenter »."

dimanche 13 septembre 2009

Jours 856 & 857

Ventes en rafale

Défense en ligne, le 9 septembre 2009 :

"La promesse du président brésilien Lula Da Silva de privilégier l’offre du constructeur français, pour le renouvellement d’une partie de son aviation de chasse, ouvre enfin au chasseur Rafale les portes de l’export, après une série de déboires face aux constructeurs américains ou européens. Mais ce déblocage s’est payé… plutôt cher ! [...] Les transferts de technologie exigés par le Brésil – et auxquels n’a pas voulu consentir le gouvernement américain, qui proposait les chasseurs F18-E/F « Super Hornet » de Boeing, pourtant moins chers – donneraient même la possibilité, à terme, à l‘industrie brésilienne, de livrer des Rafale à d’autres pays latino-américains. [...] au titre des « compensations » ou du partenariat, une dizaine d’avions de transport tactique et de ravitaillement en vol KC 390 – un biréacteur moyen-lourd à ailes hautes, à long rayon d’action – seront achetés par la France au constructeur brésilien Embraer, qui bénéficiera d’une aide française pour le développement de cet appareil (attendu pour 2015) [...] L’ampleur des transferts de technologie annoncés a déjà commencé à susciter des interrogations, notamment côté syndical, où on s’inquiète de la pérennité des emplois dans l’Hexagone. Le président Sarkozy, fortement impliqué dans la défense des marchés français d’armement, a assuré qu’il « ne fallait pas avoir peur des transferts », semblant parier sur la conviction que les pays à très haute technologie garderont toujours une longueur d’avance. Mais, dans certains milieux politiques, on l’accuse de « brader la défense nationale » pour une poignée de milliards d’Euros. Pour Dassault, unique constructeur privé d’avions de combat en France, mais entièrement dépendant de la commande publique, et adossé politiquement à la Vème république et à la droite, c’est un peu l’opération sauvetage. Le groupe – propriétaire par ailleurs du quotidien Le Figaro – est l’objet de toutes les sollicitudes du président Nicolas Sarkozy qui l’a aidé l’an dernier à prendre le contrôle de l’électronicien Thalès, et cherche donc avec constance à lui ouvrir les marchés militaires à l’export, notamment dans le Golfe."

jeudi 10 septembre 2009

Jour 855

Tous à la télé

Le Figaro, 9 septembre 2009 :

"À Nice, Christian Estrosi développe la vidéoprotection la plus moderne de France, avec plus de 500 caméras, un PC truffé d'électronique qui localise les patrouilles de la police municipale mais aussi de la police nationale. Ses ordinateurs analyseront même les mouvements suspects, comme un poing levé ou une approche trop brusque contre une vitrine. Coût total du dispositif : 15 millions d'euros. [...] Mercredi, Brice Hortefeux se voulait rassurant : «Si vous n'avez rien à vous reprocher, disait-il, vous n'avez pas à avoir peur d'être filmé.»" (mon emphase)

ça va être tendu pour chanter l'Internationale maintenant...

Nous vous renvoyons à ce court billet pour bien saisir l'absurdité de la chose.

mercredi 9 septembre 2009

Jour 854

Élève modèle

L'Observatoire des inégalités, le 8 septembre 2009 :

"Longtemps critique vis-à-vis du modèle français, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) se veut aujourd’hui "pragmatique" et salue les effets bénéfiques des amortisseurs sociaux face à la flambée du chômage. Extraits de l’entretien avec le secrétaire général de l’organisation internationale publié dans la revue Acteurs publics.[...] n temps de crise extrême, le modèle français est plus adapté qu’un autre modèle qui, en période de prospérité économique, marchait très bien. En d’autres termes, quand la croissance est là, la France est plutôt en retard sur la productivité, sur la concurrence, mais en période de crise, le modèle français est performant."

mardi 8 septembre 2009

Jour 853

La justice se grippe

Le Monde, 8 septembre 2009 :

"Un seul magistrat, faire juger les mineurs par les tribunaux pour majeurs, prolonger automatiquement les délais de détention provisoire… tel est le visage que pourrait prendre la justice en cas de pandémie de grippe A(H1N1) selon le Syndicat de la magistrature, qui affirme avoir eu connaissance de projets de textes modifiant l’organisation et le fonctionnement de la justice et circulant "dans le plus grand secret". [...] Michèle Alliot-Marie a assuré qu'il n'y a "aucun plan secret". "On a demandé aux ministères de prévoir tous les cas de figure et notamment le cas où quasiment l'ensemble de la France serait bloquée par une épidémie", a affirmé la garde des Sceaux devant des journalistes dans les couloirs de l'Assemblée, soulignant que "ces mesures n'ont même pas encore été arbitrées", refusant toutefois de détailler les mesures en question. [...] Pour sa part, le Syndicat de la magistrature dénonce un "dispositif liberticide" concernant les mesures d'exception envisagées par le gouvernement et adresse mardi 8 septembre une lettre à la Chancellerie pour appeler à un dialogue autour de cette question. Emmanuelle Perreux, présidente du syndicat, critique les atteintes aux libertés individuelles suscitées par une série de dispositions qui concernent principalement la justice pénale. [...] La présidente du Syndicat de la magistrature juge inacceptable "qu'une pandémie grippale conduise à accepter une justice d'exception" par ordonnances gouvernementales." (mon emphase)

lundi 7 septembre 2009

Jour 852

Un monde plus sûr (?)

Les Echos, le 7 septembre 2009 :

"Avec l'annonce officielle aujourd'hui de la finalisation des contrats de sous-marins au Brésil, la France peut sans grand risque tabler sur un très bon millésime 2009 en ma­tières d'exportations d'armement. [...] A fin juin, les prises de commandes de matériel militaire s'élevaient déjà à 2,2 milliards d'euros, selon des proches du dossier. Si l'on ajoute les 4,8 milliards de part française du contrat brésilien, on dépasse les 7 milliards. Soit 400 millions de plus que le chiffre total atteint l'année dernière (6,6 milliards d'euros), qui marquait déjà un net rebond par rapport aux années précédentes."

dimanche 6 septembre 2009

Jours 850 & 851

Petit bonus entre amis

Le Monde Diplomatique, septembre 2009 :

"Un an après le krach du libéralisme, la (petite) panique des oligarchies s’est dissipée ; le jeu politique semble gelé à leur profit. De temps en temps, un opérateur plus véreux — ou plus malchanceux — qu’un autre atterrit derrière les barreaux ; on psalmodie alors les mots magiques : moralisation, éthique, réglementation, G20. Puis tout recommence. Interrogée sur les primes colossales des traders de BNP Paribas, Mme Christine Lagarde, ministre française de l’économie et ancienne avocate d’affaires à Chicago, a refusé de les condamner : «Si on dit “interdisons les bonus”, qu’est-ce qui va se passer : les meilleures équipes de traders iront simplement s’installer ailleurs. Nichés dans un système politique qui les protège — et qu’ils protègent —, profitant du cynisme général et du découragement populaire, les traders et les assureurs médicaux ne peuvent que persévérer dans leur fonction de parasites. L’«abus» n’est pas une déviation de leur commerce, mais son essence. Ce n’est donc pas une «réforme» à laquelle ils pourraient consentir qui s’impose, mais leur mise hors d’état de nuire.»

vendredi 4 septembre 2009

Jour 849

Problème de comm'

Libération, le 4 septembre 2009 :

"Dans un entretien au Figaro Magazine, François Fillon avait assuré mercredi que la taxe carbone serait fixée à 14 euros par tonnes de CO2. Mais en fin d’après-midi, hier, le chef de l’Etat a expliqué à Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, et au représentant d’Europe Ecologie Jean-Paul Besset qu’il n’en était rien. «Il nous a dit qu’il voulait encore approfondir les consultations», rapportait hier Cécile Duflot, stupéfaite de cette confidence en forme de camouflet pour le Premier ministre. «Il nous a dit qu’il n’avait pas lu» l’interview de son Premier ministre"

jeudi 3 septembre 2009

Jour 848

Le merdier

Nouvelles d'Orient, 2 septembre 2009 :

"le président revient sur l’Afghanistan.[...]Il ne dit pas non plus un mot sur les révélations de la presse américaine concernant l’usage par les Etats-Unis de la torture dans des camps de prisonniers en Afghanistan. Ne sommes-nous pas en partie responsables de ce que font nos alliés américains dans ce pays ? Il est vrai que, contrairement à ce qu’affirme le président, nous ne pesons pas grand chose et que seuls les Etats-Unis définissent leur stratégie et celle de l’OTAN en Afghanistan.

« Imaginons, ce que signifierait le départ de la France ou des alliés : la constitution d’un véritable Etat terroriste, à côté du Pakistan qui a l’arme nucléaire et compte près de 200 millions d’habitants. Est-ce cela que le monde veut ? En tout cas, ce n’est pas ce que veut la France. Bien sûr, qu’il y a bien des choses à changer, à faire évoluer, bien des problèmes. Mais, les valeurs de la France la conduisent à aider les gens qui veulent la dignité de la femme, qui veulent la liberté et qui cheminent, si douloureusement quand on connaît ce pays, vers cet objectif. On n’a pas le droit d’être faible face à la menace. »

L’argument est étrange et rappelle celui utilisé par les Etats-Unis au Vietnam, la fameuse théorie des dominos : si le Vietnam tombe, c’est toute l’Asie qui tombera dans les mains des communistes. En réalité, c’est l’intervention américaine et occidentale en Afghanistan qui alimente les extrémismes... Et on commence à entendre des voix aux Etats-Unis pour expliquer qu’il faudrait quitter l’Afghanistan. Là aussi la France devrait donner l’exemple en se retirant... Les peuples, quels qu’ils soient, ne veulent pas être dirigés par des étrangers...

« La France restera fermement engagée, avec ses Alliés, aux côtés du peuple afghan [...] Nous voulons travailler la main dans la main avec la société civile afghane : j’inviterai dans les prochains mois des femmes afghanes engagées dans la reconstruction de leur pays pour qu’elles viennent témoigner et recevoir le soutien des Français. »

Les femmes afghanes, une fois de plus, servent de prétexte à des opérations coloniales. Nous aimons apporter la civilisation au monde... Et bombarder les populations pour mieux les libérer..."

mercredi 2 septembre 2009

Jour 847

Un jouet de moins

Le Figaro, 2 septembre 2009 :

"Les Taser ne pourront pas être utilisés par des policiers municipaux. Ainsi en a décidé mercredi le Conseil d'Etat, qui a annulé un décret datant de septembre 2008. Voici un an, Michèle Alliot-Marie, alors ministre de l'Intérieur, autorisait les forces de l'ordre des villes à arborer et employer les pistolets à impulsions électriques. Le Conseil d'Etat, saisi par l'association Réseau d'alerte et d'intervention pour les droits de l'homme (RAIDH), en a décidé autrement. Selon les Sages, «Les particularités de cette arme d'un type nouveau imposent que son usage soit précisément encadré et contrôlé». [...] les policiers municipaux, eux, ne bénéficient pas «d'un dispositif comparable suffisamment précis». Dès lors, le Conseil a annulé le décret qui leur donnait le droit de porter cette arme et de l'employer. L'annulation obéit essentiellement à des critères juridiques. Le texte annulé ne prévoyait «aucune procédure d'évaluation et de contrôle périodiques», pas plus que de «précautions d'emploi», dénoncent les Sages."

mardi 1 septembre 2009

Jour 846

Les trois petits cochons