jeudi 30 juin 2011

Jour 1511

République des consommateurs

Le Monde, 30 juin 2011 :

"L'Assemblée a adopté, mercredi, en commission, une proposition de loi UMP visant à instaurer une nouvelle carte d'identité électronique. Déjà adopté le 31 mai par le Sénat, le texte devrait être discuté en séance publique la semaine prochaine à l'Assemblée. [...] Cette nouvelle carte intégrera deux puces. La première contiendra les informations d'identité de son propriétaire (état civil, adresse, taille et couleur des yeux, empreintes digitales, photographie). Une seconde puce, facultative, permettra au titulaire de s'identifier sur Internet et "de mettre en œuvre sa signature électronique". [...] Serge Blisko (PS) a dénoncé "la création d'une immense base de données concernant plusieurs dizaines de millions de Français" qui ne peut "pas passer par le biais d'une PPL sans étude d'impact ni avis du Conseil d'Etat". Delphine Batho, également PS, a, elle, évoqué une "logique du fichage généralisé"."

mercredi 29 juin 2011

Jour 1510

Apprentis sorciers

Le Monde, 29 juin 2011 :

"C'est l'histoire d'un cheval de Troie qui tente, depuis des années, de se frayer un passage dans la scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans. "Clipa", "Dima", "apprentissage junior"… depuis plus de trente ans, les dispositifs se succèdent pour sortir du collège les élèves en difficulté et les placer en apprentissage dès 15 ans, voire avant. Dernier exemple en date, la proposition de loi "pour le développement de l'alternance et la sécurisation des parcours professionnels", adoptée par l'Assemblée nationale le 21 juin, par le Sénat le 27 juin. Défendue par trois députés UMP, Gérard Cherpion, Bernard Perrut et Jean-Charles Taugourdeau, elle doit permettre, dès septembre, de réduire à 15 ans l'âge minimum d'entrée en apprentissage, à condition d'avoir terminé la classe de troisième. Des jeunes de 14 ans qui fêteraient leur quinzième anniversaire au second semestre de l'année de signature du contrat pourraient aussi être autorisés à entrer en apprentissage."

Un témoignage dans ce même n° du Monde :

"Je suis professeur d'atelier dans un lycée professionnel, après avoir été chef d'entreprise. Je connais donc les deux côtés de l'alternance. L'apprentissage à 15 ans est pour moi un moyen de se débarrasser des élèves dont on ne sait plus quoi faire. Tout le monde est gagnant : l'éducation nationale profite de la baisse des effectifs pour réduire le nombre de postes, et l'employeur paye moins de charges patronales. Mais les jeunes, en entreprise, ne sont pas formés. Bornés à des tâches subalternes, ils sont condamnés à rester dans leur condition d'ouvrier non qualifié, voire illettré. Au lycée, ils n'attachent aucune importance aux enseignements théoriques. Leur patron leur répète que l'école ne sert à rien, et l'évaluation des connaissances théoriques compte peu dans la moyenne générale. Or, à ce niveau de formation, c'est la catastrophe. C'est à peine si mes élèves savent écrire et compter !"

mardi 28 juin 2011

Jour 1509

Guéant est un menteur

Libération, 27 juin 2011 :

"Affaire Guéant, suite et fin. C'est désormais officiel, le ministre de l'Intérieur dit n’importe quoi. Après un mois d’une bataille de chiffres assez surréaliste, l’Insee a enfin délivré un communiqué de presse en forme de mise au point. On y lit que contrairement à ce que Guéant avait affirmé le 22 mai, en se basant sur une étude de l’Insee datant de 2005, les enfants d'immigrés ne représentent pas deux tiers des élèves sortant sans qualification du système scolaire, mais environ 16%. [...] L'Insee écrit donc noir sur blanc que Guéant s’est trompé. On le savait déjà. Mais au moins, on est sûr qu'il ne dira plus le contraire."

lundi 27 juin 2011

Jour 1508

Des médias complices

Le blog La Mouette du Monde, le 27 juin 2011 :

"Jeudi dernier, le 13h de TF1 diffusait un reportage sur le bilan du contrat de responsabilité parentale. Initié par le Conseil Général des Alpes-Maritimes, le dispositif consiste notamment à sanctionner les parents d’élèves absentéistes en leur supprimant les allocations familiales. Patatras. Il y a quelques jours, un élu local révélait que l'une des femmes interrogées dans le reportage est l'attachée de presse d’Eric Ciotti, président de l'Assemblée départementale, également chargé des questions de sécurité à l’UMP. [...] Faux témoignages, vrais enjeux. "Ce n’est pas la première fois qu’une chaîne est accusée d’avoir en partie "bidonné" un sujet. Des reportages exclusifs qui n’en sont pas vraiment, des témoins qui sont présentés pas tout à fait comme ils devraient l’être... C’est évidemment déjà arrivé" écrit Danièle Ohayon sur le site de France Info. La journaliste fait explicitement référence à l’affaire Chatel tout en demeurant discrète sur le reste même si on a en mémoire les castings de l'Elysée pour les visites d'usines ou Nadine Morano avec un client inconnu qui était en fait un élu UMP... [...] la manipulation politique a pris sous le mandat de Nicolas Sarkozy une nouvelle ampleur . Les mensonges proférés effrontément par le Chef de l’Etat constituent une incitation aux petits accomodements entre amis."

dimanche 26 juin 2011

Jours 1506 & 1507

Prohibitoire

LibéToulouse, le 25 juin 2011 :

"Se promener place Wilson à Toulouse une canette à la main fait désormais de l'assoiffé moyen un contrevenant.

Il est en effet interdit depuis vendredi 24 juin de consommer de l'alcool «sur l'espace public dans tout l'hyper-centre». Toulouse ville étudiante, au régime nord-américain depuis la Garonne jusqu'aux boulevards et du palais de justice jusqu'à la place Arnaud Bernard.

La maire PS Pierre Cohen n'est pas un «sécuritaire». Il dit à qui veut l'entendre que la répression, c'est pas son truc. Il vient pourtant de signer cet arrêté."

vendredi 24 juin 2011

Jour 1505

Crevez-tous, merci bien

Libération, le 21 juin 2011 :

"La Commission européenne coupe les vivres aux plus pauvres : elle a annoncé hier une réduction drastique, l’an prochain, de l’allocation au programme d’aide alimentaire destiné aux plus démunis (PEAD). L’enveloppe sera ramenée de plus de 500 millions d’euros, cette année, à 113 millions seulement en 2012. Cet oukase pourrait priver au moins 2 millions d’Européens de l’aide alimentaire dont ils ont besoin."

jeudi 23 juin 2011

Jour 1504

Un peu de franchise (maçonne)

Libération, le 23 juin 2011 :

"«Les modes de gestion politiquement imposés à de nombreux pays pour résorber l’endettement public sont d’une sévérité telle qu’ils compromettent le maintien de la démocratie en Europe.»

Le Grand Orient première obédiance maçonnique de France, hier"

mercredi 22 juin 2011

Jour 1503

La pilule qui ne passeras pas

Le Figaro, le 21 juin 2011 :

"Pas de mesurettes mais un véritable tremblement de terre. Les propositions de réformes du système du médicament proposées par l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) ne font pas dans la demi-mesure. Et elles ne sont pas tendres avec le système actuel.Elles préconisent notamment de mettre fin à la visite médicale [...] Selon l'Igas, «de graves défaillances globales des politiques et autorités publiques du médicament au général, du système français de pharmacovigilance au particulier révélées par l'affaire du Mediator - et même si ce cas est paroxystique - existent et elles résultent à la fois d'un affaiblissement du rôle de l'État depuis la fin des années 1990, et d'un retard pris par rapport aux pays comparables». Outre les «défaillances» du système, il faut souligner l'incohérence des décisions prises par les différents acteurs du système actuel. Comment expliquer qu'un médicament proposé plusieurs fois au déremboursement (en 1999 et 2006) en raison de son service médical rendu jugé «insuffisant» soit resté remboursé à hauteur de 65% par la sécurité sociale, soit le taux maximal autorisé? L'Igas propose donc de simplifier et d'épurer le système. Aujourd'hui, plusieurs organismes coexistent. La Commission de la transparence accorde les autorisations de remboursement et le Comité économique des produits de santé «agit de façon isolée, sans contact réel et formalisé avec la Commission de la transparence, et fixe les prix des médicaments de façon opaque et sur des fondements discutables», déplore l'Igas.[...] Le rapport de l'Igas s'est également penché sur le financement d'événements par les laboratoires pharmaceutiques. L'Inspection générale propose d'instaurer «la transparence de l'action promotionnelle subsidiaire des firmes» en affichant «toutes les contributions des firmes pharmaceutiques aux parties prenantes de la politique de santé, quelle qu'en soit la nature». [...] Dans la même veine, l'Igas préconise de mettre fin à la pléthore de médicaments que connaît notre pays. Il est indispensable de faire le ménage dans «l'encombrement thérapeutique»."

mardi 21 juin 2011

Jour 1502

Au revoir l'école

Le Monde, 21 juin 2011 :

"Le "gel" des fermetures de classes en primaire, annoncé par le chef de l'Etat mardi 21 juin, n'est pas un "gel" des coupes budgétaires. Le gouvernement continuera bel et bien dans le budget 2012 à ne pas remplacer la moitié des départs en retraite d'enseignants. Il supprimera encore une fois 16 000 postes, compte tenu des prévisions de départs en retraite. Et s'il ne ferme aucune classe, c'est parce qu'il récupérera plusieurs milliers de postes de maîtres du premier degré qui ne sont pas à temps plein devant une classe. [...] Bernard Toulemonde, inspecteur général honoraire de l'éducation nationale et ancien recteur, la mission devient d'autant plus difficile que les coupes les moins douloureuses ont déjà été faites en quatre ans. "On a ciblé les postes de remplaçants, les postes dégagés pour la formation des enseignants, les conseillers pédagogiques, les animateurs en langues ou en informatique, les enseignants chargés des élèves en difficulté…", précise-t-il. "On est arrivé à l'os ; désormais, il s'agit de s'attaquer à l'os.""

lundi 20 juin 2011

Jour 1501

Une tâche de Guaino

La rubrique desintox de Libé, le 18 juin 2011 :

"«Les gens qui étaient protégés par le bouclier ne finançaient pas le RSA»…

«Si, puisque c’était hors bouclier fiscal.»

Henri Guaino le 12 juin sur BFMTV

[...]

Et pourtant. La mémoire du conseiller de l’Elysée a quelque trou. Au moment de mettre en place le RSA, l’exécutif choisit de le financer via une surtaxe de 1,1%, appliquée sur tous les revenus du capital et de placement. Une question épineuse se pose alors : cet effort en faveur des plus démunis, qui va être réclamé à l’ensemble des Français, doit-il aussi être exigé des bénéficiaires du bouclier fiscal, qui sont, de facto, protégés de chaque nouveau prélèvement supplémentaire ? En clair : la contribution de solidarité doit-elle être intégrée dans le calcul du bouclier, ou en être sortie, afin que tout le monde la paye ? A l’époque, Martin Hirsch, haut-commissaire aux Solidarités actives et père du RSA, plaide pour que la taxe soit sortie du bouclier. Mais l’arbitrage donné par l’Elysée, contrairement à ce que dit Guaino, est allé dans le sens inverse : les Français qui bénéficiaient du bouclier fiscal avant la création du RSA n’ont pas payé un kopeck de plus."

dimanche 19 juin 2011

Jours 1499 & 1500

Taisez-vous

Syndicat de la Magistrature, le 15 juin 2011 :

"Pour des faits que la loi française ne punit pas, une citoyenne française est sous le coup, depuis plus de six mois, d’une arrestation, d’une incarcération et d’une remise par la France aux autorités judiciaires d’un pays où elle encourt douze ans d’emprisonnement. Elle a déjà été détenue pendant huit jours à la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses, avant d’être placée sous contrôle judiciaire. Judiciairement, son sort paraît scellé : la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Pau puis la Cour de cassation ont validé le mandat d’arrêt européen dont elle fait l’objet.

Aurore Martin a décidé de « se cacher ». Qu’a-t-elle fait au juste ? Dans le mandat qu’il a délivré à son encontre le 13 octobre 2010, un magistrat espagnol vise sa participation, en 2006 et 2007, à six réunions publiques – quatre en Espagne, deux en France – et la rédaction d’un article dans le journal Gara en tant que membre du parti indépendantiste basque Batasuna. S’y ajoutent ses relations avec le Parti communiste des terres basques (Ehak). Ce juge a retenu la qualification de « participation à une organisation terroriste », car Batasuna est illégal en Espagne depuis 2003 et Ehak depuis 2008 (soit postérieurement aux « faits »...) et ce, en raison de leurs liens supposés avec ETA. En France, une telle activité, qui relève du militantisme politique, est bien entendu parfaitement licite ; Batasuna présente d’ailleurs des candidats aux élections locales. Et il n’y a strictement rien d’autre dans le dossier : ni arme, ni contact avec ETA, ni appel à la violence, ni quoi que ce soit pouvant entrer dans la définition française – pourtant très large – du terrorisme. Uniquement ces réunions, cet article, cet engagement, au grand jour. Pourtant, la justice hexagonale a entériné la demande espagnole au titre des quatre réunions publiques auxquelles Aurore Martin a participé de l’autre côté des Pyrénées... Comment cette situation, aussi absurde qu’inique, a-t-elle été rendue possible ?

Il ne nous appartient pas de porter un jugement sur la cause indépendantiste, ni de comparer les justices espagnole et française, aucune n’ayant de leçons à donner à l’autre. Ce qui est ici en jeu, c’est l’abandon par un Etat de ses principes les plus essentiels – et accessoirement de ses citoyens – au nom des nécessités de la coopération avec d’autres Etats.

L’idée générale ayant présidé à la création, en 2002, du mandat d’arrêt européen (MAE) était de mieux lutter contre la criminalité transfrontalière en supprimant les procédures d’extradition entre Etats membres de l’Union européenne, au profit d’un contrôle exclusivement juridictionnel de la validité des mandats. La logique de confiance mutuelle qui devait prévaloir allait jusqu’à permettre la « remise » par un Etat de ses propres nationaux. A priori, rien de scandaleux. On pouvait même y voir un moyen efficace de contrer le crime organisé, la corruption, le blanchiment..., dans la droite ligne de « L’Appel de Genève » et du « Manifeste de Strasbourg » signés en 1996 et 2000 par des magistrats de plusieurs pays. Autre avantage apparent : alors que l’extradition était soumise à l’arbitraire de l’exécutif, le MAE devait être examiné par des juges indépendants.

Très vite cependant, la manière dont les gouvernements de l’UE ont conçu le MAE s’est révélée totalement biaisée, dans la mesure où l’invention de ce nouvel outil coercitif ne s’est pas accompagnée de ce qui en était le corollaire indispensable : la constitution d’un véritable espace judiciaire européen, impliquant un corpus juris d’incriminations communes, un parquet européen, des garanties élevées et partagées de protection des droits et libertés. Pire, une longue liste d’infractions a été d’emblée exclue du principe de « la double incrimination des faits reprochés », selon lequel les faits visés dans le mandat doivent être sanctionnés tant dans le pays requis que dans le pays d’émission. Comme par hasard, il en va notamment ainsi du terrorisme, qualification pourtant éminemment politique et variable. Cette dérogation, qui figure à l’article 695-23 du Code de procédure pénale, recèle un grave abandon de souveraineté et transforme le juge en alibi : dès lors que l’Etat d’émission du MAE a qualifié tel ou tel acte (n’importe lequel !) de « terroriste », les magistrats de l’Etat d’exécution ne peuvent pas vérifier s’il s’agit bien de terrorisme au regard de leur propre loi. Ils peuvent donc être conduits à autoriser cet Etat à livrer une personne, y compris l’un de ses ressortissants, pour des faits qu’il ne saurait lui-même réprimer dès lors qu’ils relèvent, par exemple, de la liberté d’opinion et d’expression. A charge de revanche bien sûr ! Ou comment les Etats de l’UE ont érigé le reniement de leurs lois en échange de mauvais procédés...

Ainsi conçu, le mandat d’arrêt européen devient une dangereuse hérésie. Il est d’autant plus urgent de le dénoncer que la jurisprudence s’est soudainement durcie : la Cour de cassation considère désormais que la possibilité prévue par la loi de s’opposer à l’exécution d’un MAE « si les faits pour lesquels il a été émis ont été commis, en tout ou partie, sur le territoire français » doit être écartée lorsque les faits n’ont pas tous été commis en France…

Aurore Martin devrait jouir partout, en France ou ailleurs, de la liberté d’opinion et d’expression, qui constitue l’un des biens les plus précieux des démocraties. Si, en l’occurrence, l’Etat espagnol a choisi d’en restreindre l’usage bien davantage que l’Etat français, il n’en demeure pas moins qu’Aurore Martin n’a pas enfreint la loi française : elle devrait donc pouvoir vivre et s’exprimer librement en France."

vendredi 17 juin 2011

Jour 1498

Justice à 35 euros

Le Figaro, 17 juin 2011 :

"À l'avenir, pour saisir la justice, il faudra d'abord s'acquitter d'une forme de droit de timbre de 35 euros. C'est ce que prévoit un article du «projet de loi de finances rectificatif» qu'ont voté in extremis les députés dans la nuit de vendredi à samedi dernier. L'instauration de cette «contribution» pour reprendre les termes pudiques du texte de loi, est dictée par un impératif: financer la réforme de la garde à vue. Depuis le 15 avril dernier, à la suite des décisions du Conseil constitutionnel puis de la Cour de cassation, les avocats sont présents auprès des personnes mises en cause lors des interrogatoires policiers."

jeudi 16 juin 2011

Jour 1497

Mélange des genres

Ligue des Droits de l'Homme, le 16 juin 2011 :

"Au moins un de ceux et de celles qui prétendent parler en notre nom considère même qu’en refusant le mariage homosexuel, il fait œuvre de protection des femmes que le mariage protégerait de leur faiblesse…

Nous voilà en plein obscurantisme, sous le règne de toutes les peurs et de tous les stéréotypes, de l’invasion des barbares à l’apocalypse prochaine, de la pollution des esprits enfantins par l’enseignement du genre, au risque de dissolution des bonnes vieilles mœurs patriarcales.

Qu’une union librement choisie entre deux êtres humains, quel que soit leur genre, soit d’une nature unique, en même temps qu’un droit qui ne doit supporter aucune discrimination, est étranger à leur conception du monde.

Citoyennes et citoyens, ressaisissez-vous : il est grand temps de changer de scénario et de rappeler aux tenants de l’ordre moral que tous les êtres humains naissent libres et égaux en droits."

mercredi 15 juin 2011

Jour 1496

Tout arrive

Le Figaro, 15 juin 2011 :

"Le tribunal de police d'Evry a condamné mardi l'enseigne de grande distribution Carrefour à 3,66 millions d'euros d'amendes pour non-respect du Smic auprès d'environ 1.200 salariés en France, a-t-on appris de source judiciaire.

Carrefour Hypermarchés a été déclaré coupable de "paiement par un employeur de salaire inférieur au minimum mensuel garanti", ce qui constitue une infraction. Douze magasins sont concernés dans l'Essonne, la Seine-et-Marne, le Gard, les Bouches-du-Rhône, les Alpes-Maritimes et le Rhône."

mardi 14 juin 2011

Jour 1495

Des sushis à l'horizon

Le Figaro, le 14 juin 2010 :

"À partir de ce mardi 14 juin, les poissons sur les étals seront d'origine étrangère. C'est en tout cas ce qu'affirme une étude publiée par l'ONG Océan2012 et la Nef (New economics foundation). Baptisée «Dépendance croissante de l'UE par rapport aux poissons venus d'ailleurs», cette enquête affirme que dès ce mardi, «nous partons à la pêche aux poissons des autres» car les réserves dans les eaux de l'Union européenne sont épuisées."

lundi 13 juin 2011

Jour 1494

Le facteur

Libération, le 13 juin 2011 :

"L’affaire de Claude Guéant et de ses statistiques bidons sur l’échec scolaire des enfants d’immigrés prend un tour surréaliste. Coupable d’une lecture très approximative d’une étude de l’Insee, le ministre de l’Intérieur avait assuré que les deux tiers d’élèves sortant du système scolaire sans qualification étaient des enfants d’immigrés… avant d’affirmer dans la foulée que deux tiers des enfants d’immigrés sortaient sans qualification du système scolaire.

Libération avait consacré au sujet deux articles (ici et là) en rubrique «Desintox». Piqué, le ministre nous a envoyé un droit de réponse. Que nous avons publié, sur un mode ironique : le ministre y livrait un raisonnement bancal pour tenter de retomber sur ses pieds.

Mais Guéant ne lâche pas. Vendredi, deux motards de la police sont arrivés à Libération pour livrer un nouveau courrier. Signé Guéant, qui persiste. Il faut croire que le gouvernement souffre de carences mathématiques. Luc Chatel, ministre de l’Education, a lui aussi échoué la semaine dernière sur RMC à résoudre un problème de maths de niveau CM2."

Utilisé les motards de la police pour livrer son courrier perso, la classe ou la crasse (ignorance) surtout ?

dimanche 12 juin 2011

Jours 1492 & 1493

Les raccourcis de la pensée

Le Monde Diplomatique, juin 2011 :

"Quiconque vilipende les privilèges de l’oligarchie, la vénalité croissante des classes dirigeantes, les cadeaux faits aux banques, le libre-échange, le laminage des salaires au prétexte de la concurrence internationale se voit taxer de « populisme ». Il fait, ajoute-t-on, « le jeu de l’extrême droite ».

Aussi, quand la justice new-yorkaise refusa de concéder un traitement de faveur au directeur général du Fonds monétaire international (FMI), accusé de viol dans un hôtel de luxe de Manhattan, un commentateur au diapason de la caste dirigeante française, politique et médiatique, s’offusqua de la « violence d’une justice égalitaire »… Il ajouta presque mécaniquement : « La seule chose dont on soit certain est que les sentiments anti-élite alimentés par ce scandale vont accroître les chances du Front national de Marine Le Pen lors de la prochaine élection. »

Protéger les « élites » et leurs politiques face à une foule de gueux en colère est ainsi devenu une forme d’hygiène démocratique… La crainte de l’islamisme en Tunisie avait favorisé le régime prédateur de M. Zine El-Abidine Ben Ali ; celle du « marxisme », les victoires de M. Silvio Berlusconi en Italie. La même mécanique mentale pourrait permettre qu’au nom de la peur (légitime) du Front national toutes les politiques auxquelles celui-ci s’oppose deviennent ipso facto sacralisées afin d’éviter « un nouveau 21 avril ». Le peuple se rebiffe contre un jeu politique verrouillé ? On lui réplique que les protestataires sont des fascistes qui s’ignorent.

Laisser s’installer une telle camisole de force intellectuelle constituerait une folie politique. Car l’extrême droite française a mesuré que sa vieille idéologie thatchérienne, sa haine des fonctionnaires et son poujadisme fiscal ont été disqualifiés par le creusement des inégalités sociales et par la dégradation des services publics. Elle n’hésite donc plus à récupérer des thèmes historiquement associés à la gauche. Il y a vingt-cinq ans, M. Jean-Marie Le Pen célébrait le régime de Vichy, les généraux félons de l’Algérie française, et il jouait des coudes pour se faire photographier en compagnie de Ronald Reagan. Sa fille, elle, n’hésite pas à citer le général de Gaulle, à évoquer la Résistance et à proposer la renationalisation de l’énergie et des télécommunications. Le fond de sauce xénophobe n’a pas changé, mais ces sentiments-là sont suffisamment installés dans la société et légitimés par le pouvoir pour que désormais l’essentiel du travail de propagande de l’extrême droite se porte ailleurs.

La responsabilité de cette captation d’héritage n’incombe pas seulement à la gauche institutionnelle, embourgeoisée et acquise à la mondialisation libérale. La faiblesse stratégique de la « gauche de gauche », son incapacité à unir les chapelles qui la composent jouent aussi un rôle dans cet engrenage.

Combattre l’extrême droite, ce n’est assurément pas prendre le contre-pied des thèmes progressistes que celle-ci récupère (et dévoie), mais offrir un débouché politique à une population légitimement exaspérée. A l’écart des deux principaux partis espagnols, les manifestants de la Puerta del Sol ont-ils réclamé autre chose ?"

vendredi 10 juin 2011

Jour 1491

Délit de chomâge

Le Monde, 10 juin 2011 :

"Il faudrait donc aujourd'hui, au nom de la trop grande proximité entre le montant des revenus touchés par les allocataires de minima sociaux et les salariés au smic, exiger de la part des premiers l'exercice d'un travail gratuit de cinq heures par semaine, c'est-à-dire leur demander une "contrepartie" pour cette aide que la société leur consent.

Cette proposition, évoquée à plusieurs reprises en France ces vingt dernières années mais jamais mise en oeuvre, est le signal qu'une étape nouvelle, très importante, a été franchie dans la remise en cause de la conception française de la solidarité. Rappelons que celle-ci s'enracine notamment dans la loi de 1905 qui a institué et mis à la charge de l'Etat une obligation d'assistance, puis dans la Constitution de 1946.

Rappelons aussi que, dans le cas du revenu minimum d'insertion (RMI), le contrat d'insertion que les allocataires devaient signer ne constituait pas une "contrepartie" de l'allocation versée, mais bien au contraire une obligation faite à la société d'aider la personne en difficulté : "L'insertion sociale et professionnelle des personnes en difficulté constitue un impératif national", indiquait ainsi l'article 1 de la loi instituant le RMI.

Nous voilà aujourd'hui dans une tout autre configuration : ce n'est plus à la collectivité d'assister les personnes en difficulté, en les aidant notamment à se réinsérer, socialement et professionnellement, c'est à chacun des allocataires, ayant déjà bénéficié des "largesses" publiques, d'offrir une certaine quantité de travail gratuit. Une double punition en quelque sorte. Si cette remise en cause de notre conception de la solidarité est grave, c'est parce qu'elle risque de démultiplier les situations d'isolement, de désespérance et d'exclusion qui ont été si scrupuleusement enregistrées et dénoncées par Jean-Paul Delevoye, le Médiateur de la République, alors même que toutes ces personnes en décrochage auraient avant tout besoin d'institutions bienveillantes, capables de les aider à accéder à leurs droits, à se reconstruire, à se réintégrer dans la communauté nationale.

Ce qui est grave, c'est ce mépris terrible dans lequel est désormais tenue l'assistance, comme si le fait d'apporter une aide aux personnes constituait désormais un péché social. Ce qui est grave, c'est cette confusion générale qui laisse croire que la solidarité s'inscrit dans le paradigme du "donnant-donnant".

Ce qui est grave, c'est la manière dont on entretient (dont on fabrique de toutes pièces ?) un ensemble de préjugés que la classe politique s'honorerait pourtant de combattre : l'idée que la société française serait lasse de la compassion, fatiguée de la solidarité, en fait partie, de même qu'elle voit dans les allocataires du RMI ou du revenu de solidarité active (RSA) des gens qui ne voudraient pas travailler.

Quiconque a fréquenté les lieux dans lesquels nos concitoyens viennent demander le RSA, raconter leur détresse, se faire évaluer, se faire lire leurs droits et obligations, se faire convoquer aux entretiens, voir leur allocation suspendue en cas de non-respect des obligations, se rendre aux stages, aux forums emploi, à Pôle emploi, sait que la quasi-totalité de ces personnes veut travailler. Mais que l'emploi est rare, voire inexistant pour elles, du moins l'emploi normal, l'emploi décent, celui qui procure un revenu au moins égal au smic, et même les miettes d'emploi, désormais monnaie courante."

jeudi 9 juin 2011

Jour 1490

Vous aimez les bananes ?

Le Monde, 9 juin 2011 :

"Le rapporteur public du tribunal administratif de Limoges a demandé, jeudi 9 juin, à cette juridiction d'annuler l'élection de Bernadette Chirac au conseil général de la Corrèze. Le rapporteur public a fondé sa demande sur la découverte, dans le bureau de vote de Meyrignac-L'Eglise, d'une quarante-neuvième enveloppe alors que la liste d'émargement des électeurs ne comprenait que quarante-huit signatures.

Un détail important alors que Mme Chirac n'a été élue au premier tour, le 20 mars dernier, qu'avec une seule voix d'avance."

mercredi 8 juin 2011

Jour 1489

Aveugle et sourd

Libération, le 8 juin 2011 :

"Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, s'est dit mercredi "absolument opposé" à une dépénalisation du cannabis, mesure réclamée par divers élus qui voient là le seul moyen de lutter efficacement contre les trafics notamment dans les quartiers sensibles.

"J'y suis absolument opposé. La drogue c'est quelque chose qui est dangereux sur le plan de la santé", a déclaré le ministre, selon lequel avec une dépénalisation "les mafias demeureraient et le péril sanitaire s'en trouverait augmenté".

"Si on dépénalise, on rend l'accès plus facile, si on rend l'accès plus facile, on augmente le péril sanitaire", a-t-il souligné.

"Par rapport à la délinquance et au phénomène de bandes, il a été observé partout où le cannabis a été dépénalisé que les bandes s'emparaient du trafic d'autres substances", a dit le ministre qui a affirmé que ses "collègues espagnols ne cessent de (lui) dire combien ils regrettent la dépénalisation du cannabis" de l'autre côté des Pyrénées.
«Société de prohibition»

La consommation de cannabis "est un élément important dans la sécurité routière et dans la hausse de la mortalité sur la route, bien que nous ayons un peu de difficulté à quantifier" ce phénomène, a poursuivi Claude Guéant.

Dans un rapport publié le 2 juin par la Commission mondiale sur la politique des drogues (Global Commission on Drug Policy), une kyrielle de personnalités, parmi lesquelles d'anciens présidents latino-américains, estiment que le combat mondial contre la drogue a "échoué" et que le seul recours est désormais la dépénalisation du cannabis.

Le maire de Sevran, Stéphane Gatignon (EELV), a récemment souhaité une telle dépénalisation dans un livre, soutenu par d'autres élus de Seine-Saint-Denis.

"Sortir de la société de prohibition, c'est (...) libérer des territoires entiers de l'emprise des trafics et de la violence", écrit dans son livre, intitulé "Pour en finir avec les dealers", Stéphane Gatignon, dont la ville est le théâtre d'importants trafics de cannabis et de violences qui en découlent."

Gégé n'a jamais lu un livre d'histoire, ça se confirme...

mardi 7 juin 2011

Jour 1488

Banlieues, police, prison

Libération, le 7 juin 2011 :

"Chercheur et journaliste, Hacène Belmessous est l’auteur de Opérations banlieue, comment l’Etat prépare la guerre urbaine dans les cités françaises (éd. La Découverte).

[...]

Vous écrivez dans votre livre que l’on crée les conditions d’une intervention militaire dans les quartiers populaires ?

Oui, car il n’y a plus de politique publique digne de ce nom dans ces territoires en termes de santé, d’économie, d’éducation, d’habitat pour répondre au défi de la relégation dont souffrent leurs habitants. Un maire comme Gatignon doit gérer cette pénurie alors que l’économie informelle est en train de se substituer à l’économie légale dans certains quartiers.

[...]

Qu’en pensent les militaires que vous avez rencontrés ?

Aucun des officiers rencontrés n’imagine intervenir en banlieue car, disent-ils - à raison -, la banlieue c’est la France. […] sur place, les gens se mobilisent pour sortir du piège diabolique de leur marginalisation dans la vie politique. Mais j’ai bien peur qu’ils ne finissent par s’épuiser, comme le maire de Sevran, parce qu’on les aura définitivement lâchés."

lundi 6 juin 2011

Jour 1487

Bonnes vacances

Le blog Voyages de Libération, 1er juin 2011 :

"Pour expliquer que près de deux Français sur dix (18%) ne partiront pas en vacances cet été, la raison la plus souvent évoquée reste le manque de moyens (63%), d'après une étude GfK-Omnibus-Tourisme. Vient ensuite les raisons professionnelles (20%) et le choix personnel (13%) pour certains qui ne souhaitent pas partir pendant la période estivale entre le 1er juin et le 30 septembre."

dimanche 5 juin 2011

Jours 1485 & 1486

Justice à deux vitesses

Le Monde, 3 juin 2011 :

"Philippe Legorjus, ancien patron du GIGN, affirme que des indépendantistes kanaks ont été exécutés en 1988 lors de l'assaut de la grotte d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie. "Je n'ai pas assisté aux exécutions mais j'ai vu des choses. Par exemple la manière dont Alphonse Dianou a été traité après l'assaut. Il est mort d'un manque de soins", déclare l'ancien militaire dans les Nouvelles Calédoniennes. "Pour les autres [deux Kanaks], les debriefings ont bien montré qu'il y avait eu exécution. Effectivement", ajoute-t-il. [...] "Il y a eu une loi d'amnistie dans le mois qui a suivi. Je trouve cela aberrant", déclare également Philippe Legorjus, qui a quitté la gendarmerie peu de temps après le drame d'Ouvéa."

vendredi 3 juin 2011

Jour 1484

La Droite c'est aussi ça...

Le Figaro, 25 mai 2011 :

"La députée UMP Brigitte Barèges, membre de La Droite populaire, a provoqué un tollé aujourd'hui en lançant, à propos d'un texte PS visant à autoriser le mariage homosexuel, "et pourquoi pas des unions avec des animaux ?", avant de se rétracter, ont affirmé plusieurs de ses collègues."

jeudi 2 juin 2011

Jour 1483

La fin d'une guerre ?

Le Monde, 2 juin 2011 :

"La lutte antidrogue a "échoué" et des changements sont "urgents" dans ce domaine, indique un rapport de la Commission mondiale sur la politique des drogues (Global Commission on Drug Policy). Plusieurs personnalités ayant participé à l'élaboration de ce rapport, dont des anciens présidents latino-américains, préconisent une dépénalisation des drogues et une légalisation du cannabis. [...] Le rapport recommande de "mettre fin à la criminalisation, la marginalisation et la stigmatisation des personnes consommant des drogues mais qui ne causent pas de dommage aux autres", en donnant la priorité à une approche "plus humaine" selon laquelle les personnes dépendantes sont considérées comme des patients et non comme des criminels. "Les initiatives de décriminalisation n'aboutissent pas à une augmentation significative de la consommation de drogues", rappelle le rapport, citant les exemple du Portugal, des Pays-Bas et d'une province australienne."

mercredi 1 juin 2011

Jour 1482

Une puce "vie quotidienne", sympathique non ?

Libération, le 1er juin 2011 :

"Le Sénat a adopté dans la nuit de mercredi à jeudi une proposition de loi UMP, soutenue par le gouvernement, visant à instaurer une nouvelle carte d'identité électronique.

Cette carte intégrera deux puces. La première contiendra les informations d'identité de son propriétaire (état civil, adresse, taille et couleur des yeux, empreintes digitales, photographie). Une seconde puce, facultative, permettra au titulaire de s'identifier sur internet et "de mettre en oeuvre sa signature électronique". Le propriétaire de la carte pourra décider quelles informations il communique sur internet. Le texte interdit que ceux qui refusent cette fonctionnalité soient évincés de certains services ou transactions en ligne.

Selon les auteurs de la proposition de loi, les sénateurs UMP René Lecerf et Michel Houel, le but est en premier lieu de "renforcer les moyens de lutte contre les fraudes à l'identité". Ils évaluent les usurpations à 200.000 par an.

"Equiper la carte d'identité d'informations biométriques sécurisées évitera ce genre de drames et renforcera la sécurité de tous en interdisant par exemple le franchissement de tous les barrages dans des lieux stratégiques comme les aéroports", a expliqué M. Lecerf.

Le texte limite l'usage du fichier biométrique à la seule lutte contre la fraude à l'identité. La commission des lois du Sénat a doublé "les garanties juridiques de garanties matérielles, afin d'en interdire l'utilisation dans le cadre des recherches criminelles. Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, au nom de l'efficacité de la lutte contre les usurpations d'identité, a tenté d'assouplir le dispositif mais il a été mis en minorité sur cette question.

Le texte a été voté par la majorité UMP et Union centriste. Les socialistes se sont abstenus et le CRC-SPG (PCF et Parti de Gauche) a voté contre. Eliane Assassi (CRC-SPG) a dénoncé "la création d'un nouveau fichier" et estimé que la nouvelle carte d'identité "ne doit pas être considérée comme un outil au service du commerce en ligne". Virginie Klès (PS) a déclaré que "ce texte nous convient, hormis sur la gestion des données contenues dans la puce "vie quotidienne".

Claude Guéant s'est félicité d'un texte qui "rendra un service efficace et sûr".

La proposition de loi doit encore être inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale pour poursuivre son parcours parlementaire."