lundi 31 octobre 2011

Jour 1633

7 milliards

RFI, le 26 octobre 2011 :

"Le 31 octobre 2011, la population mondiale franchira officiellement le cap des 7 milliards d'humains, selon un rapport des Nations Unies. Par certains aspects, ce chiffre record peut être perçu comme une réussite pour l'humanité : il témoigne d'une espérance de vie plus longue (68 ans en moyenne, contre 48 en 1950) et d'un meilleur accès à la santé. Mais, pour l'Organisation des Nations-Unies pour la population (UNFPA), il soulève la question des moyens mis en oeuvre pour lutter contre les disparités et pour préserver les ressources de la planète."

La question est soulevée, poussez-vous le temps qu'elle retombe dans l'oreille des sourds.

dimanche 30 octobre 2011

Jours 1631 & 1632

Tout est bon dans l'électeur

Le Figaro, 25 octobre 2011 : 

"Le budget de la Sécurité sociale arrive en débat à l'Assemblée. Autres points sensibles : la taxation des congés parentaux et la baisse des indemnités d'arrêt de travail. [...] Parmi les thèmes principaux: l'assujettissement des indemnités de congé parental (CLCA) à la CSG, la diminution des indemnités d'arrêt de travail [...] le nouveau mode de calcul des indemnités d'arrêt maladie, qui réduit leur montant d'environ 6%"

vendredi 28 octobre 2011

Jour 1630

La beauté de la presse

L'Acrimed, 27 octobre 2011 :

"Sur la question des dettes publiques il est difficile d’être plus sévère que Le Figaro et Le Figaro Magazine qui titrent jour après jour ou semaine après semaine sur la gabegie budgétaire, sur l’État dispendieux et sur « Les folles dépenses de nos élus » (Le Figaro, 15 octobre 2011). Et en bon patriote soucieux de l’intérêt général, Le Figaro Magazine du 21 octobre n’est pas avare de conseils lumineux pour rétablir la situation du pays : inciter les particuliers très particuliers qui lisent cet élégant hebdomadaire à payer moins d’impôts. [...] La menace principale pour Le Figaro Magazine, ce ne sont pas les réductions des dépenses publiques mais les augmentations d’impôts. L’urgence, c’est de « se protéger contre le matraquage fiscal » et de « faire fructifier son épargne ». « Matraquage », vraiment ? Mais de qui ? « Épargne » ? Soit. Mais laquelle ? [...] Le Figaro Magazine défend une orientation – réduire les dépenses publiques sans (trop ?) augmenter les impôts des plus fortunés –, et c’est sont droit. C’est sa conception de l’intérêt général. Mais Le Figaro Magazine défend une orientation éditoriale, et surtout des intérêts très particuliers : ce n’est pas une surprise, mais il est rare que cela s’expose avec une telle clarté et un tel cynisme. En pleine crise financière et alors que les dettes publiques sont menaçantes, Le Figaro Magazine, hebdomadaire patriotique, n’a rien trouvé de mieux à faire que de conseiller ses lecteurs afin qu’ils contribuent à accroître cette dette – des lecteurs qui ont les moyens de s’acheter le joli lingot d’or signé Jean-Paul Gaultier de la page 154. Alors, vous avez des amis riches ? Passez l’info. Qu’une revue comme Le Cri du contribuable conseille ses lecteurs en stratégie d’évitement fiscal, c’est sa raison d’être, même si on peut avoir peut-être – comment dire ? – des réserves sur sa vocation sociale. Mais Le Figaro Magazine se présente comme un hebdomadaire généraliste et agit comme une société de conseil en placements des plus fortunés. Or est-ce le rôle d’un média qui bénéfice des aides publiques à la presse ? Et puisque, selon Le Figaro Magazine, il convient de réduire les dépenses publiques, suggérons qu’il donne l’exemple en se privant de cette aide."

jeudi 27 octobre 2011

Jour 1629

Le club du suicide

Un excellent texte à lire dans son intégralité sur ce blog du Monde Diplomatique : Régime d'Opinion, le 24 octobre 2011 :

"Il est une opinion que les sondages n’auront pas enregistrée, c’est celle d’une professeure de mathématiques qui s’est immolée par le feu le 13 octobre 2011. Une opinion ? Leurs adeptes justifient les sondages en prétendant qu’ils combattent les extrémismes. [...] Comme s’il n’existait d’extrêmes que dans les actions et les pensées politiques. Machines à écrêter les émotions les plus vives, les grandes détresses, mais aussi les grandes joies, les sondages n’entendent que des opinions moyennes, pour ne pas dire faibles. [...] les sondages sont devenus une métaphore de l’écoute dans nos sociétés : on n’entend que ce qui ne dérange pas. Il fut un temps où la quête de dignité soulevait le peuple. Cela arrive encore ailleurs, mais plus en France. Ce pays longtemps considéré comme un laboratoire politique du monde l’est peut-être resté, mais pour des raisons inverses : en devenant celui où le parti de l’ordre a trouvé les formules les plus douces de l’étouffement. Comme ses ministres proposent leurs panoplies répressives aux dictateurs depuis la fin des guerres coloniales, il existe aussi un savoir-faire plus subtil que les grenades anti-émeutes, les gaz paralysants et autre gadgets sordides des régimes policiers : retourner la révolte contre soi-même. Après l’immolation par le feu de Lise Bonnafous dans la cour de son collège, on a appris qu’en 2009, 54 enseignants s’étaient suicidés sur leur lieu de travail — « dans les murs », selon un jargon qui ne joue pas sur les mots. Autant de gestes éloquents dont les médias ne nous disaient rien… [...] Pourquoi un suicide, plutôt qu’un autre auparavant, a-t-il un peu dessillé les yeux ? Le temps de tenter d’en faire un geste tragique de malaise psychique. Si l’on en croit le ministre de l’éducation nationale, l’enseignante était fragile et soignée. En décembre 2010, en Tunisie, Mohamed Bouazizi était forcément fragile pour s’immoler par le feu parce qu’une simple policière l’avait giflée. L’humiliation retournée contre soi, telle est la perfection de la répression. Il n’est même plus besoin de frapper les rebelles, il suffit que les victimes deviennent malades au point de retourner la violence contre elles. Pas de barricades, la dépression plutôt que la répression. La médecine du travail — fort maltraitée elle aussi — enregistre aujourd’hui la protestation des corps : dépressions, cancers et suicides remplacent la contestation. Il n’y a bien sûr aucun rapport entre le suicide d’une professeure et la situation faite au corps professoral en France : suppression des postes, pas de remplacements, salaires parmi les plus faibles d’Europe et surtout, peut-être, mépris au sommet de l’Etat. Alors qu’on demande à l’enseignement de corriger les tares d’une société en crise, comment les enseignants pourraient-ils affronter la difficulté d’une mission impossible au moment où ils sont les plus méprisés ? Ils sont beaucoup à avouer s’être trompés de métier. Dans le monde du fric et du toc, de l’inculture triomphante, il faut beaucoup de force ou d’illusion pour croire encore que l’éducation des enfants peut être une vocation. Alors, peut-être les plus fragiles, pas les moins courageux, si les mots ont encore un sens, lancent-ils un dernier message avant leur mise à mort. Un ministre pourra soutenir que cela n’a pas de sens pour de pauvres raisons d’opportunité, sans savoir, sans réfléchir, juste en service commandé, et des journalistes de reprendre le refrain moderniste des résistances au changement. Dépolitiser, pour les uns, en ramenant le suicide à un fait singulier et pathologique ; politiser, pour les autres, en le rattachant au manque de courage ou de réalisme des faibles ; mais toujours déposséder les morts du sens de leur dernier geste. Une indécence si banale qu’elle se voit à peine. Au cours de la semaine qui a suivi les primaires socialistes, six mois avant l’échéance, quatre sondages ont été publiés sur les intentions de vote à l’élection présidentielle. Une semaine ordinaire."

mercredi 26 octobre 2011

Jour 1628

Avant on devenait indépendant, maintenant on est libéré

Le Monde Diplomatique, 24 octobre 2011 :

" toutes les informations en provenance de la Libye ne peuvent qu’inquiéter. Les organisations de droits de la personne ont publié des rapports accablants, non seulement sur le traitement raciste des travailleurs africains, mais aussi les arrestations arbitraires, l’usage de la torture, etc. [...] Parmi les sujets d’inquiétude, la situation des femmes, qui a souvent servi de prétexte aux interventions occidentales, notamment en Afghanistan. La décision du CNT de faire de la charia la principale source de la juridiction, d’autoriser la polygamie (la Tunisie est le seul pays arabe à l’avoir abolie, avec la Libye jusqu’à présent), rappelle les incertitudes d’aujourd’hui, mais aussi les acquis du passé : le régime du colonel Kadhafi a connu un moment, à l’origine, où, de la nationalisation du pétrole à l’amélioration de la situation des femmes, il a joué un rôle progressiste que l’on tend à oublier [...] l’exécution de Kadhafi évitera un procès qui aurait pu faire la lumière sur le soutien que divers pays, dont la France et le Royaume-Uni, lui ont apporté depuis 2003."

mardi 25 octobre 2011

Jour 1627

Les faux flics se prennent au sérieux

Le Monde, 24 octobre 2011 :

"Le procureur de la République du tribunal de Nice, Eric de Montgolfier, a dénoncé, lundi 24 octobre, "la dérive" du fonctionnement de la police municipale de la cinquième ville de France, accusée d'intervenir trop souvent sans en informer au préalable la police nationale. [...] Le procureur de Nice vient de poursuivre pour blessures involontaires un policier municipal qui avait provoqué un accident dans le nord de la ville en septembre 2010 et qui sera jugé en décembre. Le policier, qui voulait se rendre sur les lieux d'une agression, avait roulé sur les voies du tram avec son gyrophare allumé avant de percuter une voiture arrivant d'une voie perpendiculaire. L'accident avait blessé un piéton. Eric de Montgolfier rappelle au passage que "l'usage de gyrophares sur la voie publique doit correspondre à une situation d'urgence et ne donne pas un droit absolu"."

lundi 24 octobre 2011

Jour 1626

Des gens petits

Le Monde, 24 octobre 2011 :

"Jean-Paul Huchon [...] Le président PS de la région Ile-de-France a en effet été arrêté, dimanche 23 octobre, sur l'A13, alors qu'il roulait à 171 km/h, largement au-dessus des 130 km/h autorisés [...] M. Huchon n'est pas le premier homme politique à être pris en flagrant délit d'excès de vitesse. "Durant la campagne présidentielle de 2007, des journalistes d'Auto Hebdo avaient suivi les candidats à l'élection, rappelle Le Figaro. Nicolas Sarkozy avait été suivi à 190 km/h sur une autoroute, Jean-Marie Le Pen, à 185 km/h, tandis que François Bayrou avait été surpris à 120 km/h sur une voie limitée à 70 km/h. Ségolène Royal s'était elle fait prendre à 158 km/h sur une double voie limitée à 110 km/h. Le dernier homme politique en date à s'être fait pincer était Xavier Bertrand. Il avait été flashé de nuit à 144 km/h sur une voie limitée à 90 km/h entre Pornic et Nantes en 2010. L'affaire avait fait du bruit car M. Bertrand et son chauffeur avaient pu repartir sans procès verbal, après que le ministre se fut rapidement présenté."

Une classe politique qui n'a plus beaucoup de rapports avec vous.

dimanche 23 octobre 2011

Jours 1624 & 1625

Tiens une bonne nouvelle

Le Figaro, 19 octobre 2011 :

"Adoptée il y a une semaine à l'Assemblée, la proposition de loi d'Eric Ciotti sur l'encadrement militaire des mineurs délinquants a en revanche peu de chances d'être validée par la nouvelle majorité de gauche du Sénat. Le texte a été retoqué ce mercredi par la commission des Lois de la Haute Assemblée. Les sénateurs ont voté, par 25 voix contre 21, une «question préalable» - ce qui équivaut à un rejet du texte -, qui était présentée par la présidente du groupe communiste, Nicole Borvo Cohen-Seat. «C'est une nouvelle loi d'affichage dont la visée électoraliste n'échappe à personne et qui se situe dans la droite ligne des lois sécuritaires de Nicolas Sarkozy», a assuré la sénatrice. [...] Le résultat risque d'être bien différent, mardi prochain, lors du vote en séance plénière au Sénat, le vote en commission laissant augurer un rejet. Pas de quoi inquiéter outre mesure la majorité. La Constitution confère en effet à l'Assemblée le dernier mot si le désaccord entre les deux chambres persiste après la réunion d'une commission mixte paritaire. Afin de perdre un minimum de temps, le gouvernement a engagé la procédure d'urgence, qui limite l'examen du texte à une seule lecture par chambre."

vendredi 21 octobre 2011

Jour 1623

Mission Impossible

Le Figaro, 19 octobre 2011 :

"Alors que s'amorce, parallèlement à celui des Américains, le retrait des soldats français d'Afghanistan, quel bilan peut-on dores et déjà tirer de dix ans d'intervention militaire au «Royaume de l'Insolence» ? Quel pays laisserons-nous derrière nous ? Mission accomplie ou non ? [...] les Occidentaux n'ont pas réussi à ramener la sécurité dans le pays, après qu'une insurrection eut gangrené le pays à partir de 2005. Ce réveil des talibans s'appuie sur deux grands atouts : un discours simple - «chassons ces soldats étrangers de chez nous» - alimenté par les inévitables bavures militaires occidentales, et le territoire pakistanais comme sanctuaire stratégique. Face à ce défi, la classique stratégie anti-insurrectionnelle a échoué. Faute de proximité culturelle, l'Otan n'a réussi ni à conquérir les cœurs et les esprits de la population rurale, ni à convaincre l'entourage du président Karzaï de renoncer à la corruption, ni même à former une armée afghane capable de se battre toute seule."

jeudi 20 octobre 2011

Jour 1622

La police roule un gros STIC

Bug Brother, le 20 octobre 2011 :

"[...]en 2009, je me faisais l'écho du calvaire vécu par Philippe Pichon, un commandant de police que le ministère de l'Intérieur voulait expulser de ses effectifs, au motif qu'il avait osé dénoncer les dysfonctionnement du "système de traitement des infractions constatées" (STIC), ce méga-fichier policier qui, fichant plus de 5 millions de suspects, et plus de 28 millions de victimes -soit plus de la moitié de la population française- est par ailleurs truffé d'erreurs. [...] le juge d'instruction chargé de son dossier a pourtant dressé une saisissante compilation de ce pourquoi tout le monde, de son supérieur hiérarchique aux plus hautes instances de la police nationale, en passant par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), reconnaît que Pichon a... raison. [...] En 2008, la CNIL constata un taux record de 83% d'erreurs dans les fiches STIC qu'elle fut amenée à contrôler. Et, au terme d'une enquête approfondie de plus d'un an, la CNIL estima que plus d'un million de personnes, blanchies par la justice, étaient toujours fichées comme suspectes dans le STIC..."

mercredi 19 octobre 2011

Jour 1621

Mesures contre la pauvreté

Le Monde, 19 octobre 2011 :

"Lundi 17 octobre, jour de solidarité mondiale décrété par les Nations unies pour le refus de la misère, la mairie de Marseille s'illustrait en publiant un arrêté anti-mendicité. Il porte sur la quasi-totalité de son centre-ville, du Stade Vélodrome à la gare Saint-Charles en passant par le Vieux-Port, dès lundi et sans limite de temps. Cet arrêté fait suite à l'interdiction de mendier sur les Champs-Elysées décrétée par la préfecture de police de Paris le 14 septembre dernier, à la demande du ministre de l'intérieur Claude Guéant, ainsi qu'à des arrêtés du même type publiés récemment par les maires de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne) et de La Madeleine (Nord). Les associations de lutte contre la pauvreté dénoncent unanimement "l'inutilité" de ces mesures qui visent à "déplacer la misère, à l'expulser du centre-ville" selon les mots d'Alexandre Le Clève, directeur des programmes nationaux de la Cimade. [...] Avec la Ligue des droits de l'homme, d'autres associations comme le Droit au logement et la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale se sont régulièrement essayées à faire annuler ces mesures au milieu des années 1990 puis en 2002 et 2003, avec plus ou moins de succès, en tentant de contrer des vagues d'arrêtés anti-mendicité pris, souvent sans réelle préparation, par les maires."

mardi 18 octobre 2011

Jour 1620

Une sonde dans votre c...

Le Monde Diplomatique, le 17 octobre 2011 :

"Laurent Joffrin dénonçait « l’obscurantisme antisondages » sur France Info (15 septembre 2011), Thomas Legrand, les « critiques démagos et faciles » dans un édito des Inrockuptibles (« Sondages, halte au feu », 12 octobre 2011) après l’avoir fait sur France Inter (10 octobre 2011). Il reste une chose de l’ancienne stratégie : le cimetière. La critique des sondages ne vient jamais que de politiciens mauvais joueurs, comme si elle ne pouvait venir d’autres que de personnages malhonnêtes. On ne saura donc jamais qui sont ces critiques des sondages qui s’expriment pourtant publiquement — mais peu dans la grande presse — et inspirent les politiciens mauvais joueurs puisqu’ils semblent avoir le don de ne fréquenter que les perdants. Pourquoi ce revirement ? La proposition de loi sur les sondages lancée par le Sénat a inauguré la colère. Après deux vetos élyséens sur une commission d’enquête parlementaire, le vote unanime du Sénat pour une nouvelle législation des sondages a modifié la situation. Ses mesures ont été jugées inacceptables par l’unanimité des sondeurs, à quelques nuances près. Cette fois, ils sont sortis du bois et ont fait savoir leur hostilité radicale à tout changement. Du coup, la loi précédente, qu’ils avaient jugée « mauvaise », était devenue « suffisante ». Ayant une petite idée du discrédit dans lequel les sondages sont, au point de se transformer aisément en victimes, les sondeurs appelèrent à l’aide des renforts extérieurs. Devant les députés, le grand argument fut donc la défense de la liberté de la presse. Et la crédibilité dépendait évidemment de la confirmation de gens de presse. L’opération de lobbying fut donc entreprise auprès de tous les députés concernés dans ces lieux de lobbying que sont les dîners en ville. On se doute que ce ne fut pas l’affaire de journalistes ordinaires mais des plus connus et souvent puissants de la profession, les éditorialistes. Une deuxième étape de l’implication directe de ces éditorialistes a été la primaire socialiste. L’intervention massive des sondages, sans les normes habituelles et reconnues de leur fabrication, sans même parler des infractions aux impératifs scientifiques minimaux, a nourri des critiques définitives sur la taille réduite des échantillons, sur la valeur des déclarations (sympathisants ? certains d’aller voter ?), sur la représentativité même des sous-échantillons et l’absence de correction possible (faute de précédent et de simple connaissance des sondés). Si on considère que la représentativité est au fondement même de la définition du sondage, les sondeurs n’ont pas fait de sondages. C’est en même temps dire la dérive de la technique et de la profession. Mais voilà, il y avait des intérêts à fabriquer ces « sondages bidon ». Au lendemain même du premier tour, on peut comprendre les sondeurs qui expliquaient qu’ils ne s’étaient pas trompés puisque c’est devenu leur attitude systématique quoi qu’il se passe : démentez, il en restera toujours quelque chose selon un cynisme politique bien dans les principes des spin doctors qu’ils sont aussi. Que les éditorialistes reprennent ce refrain était moins prévisible. Thomas Legrand, dont on ne savait pas qu’il avait une compétence scientifique quelconque pour intervenir sur ce registre, ânonnait : « Les sondages ne se sont pas trompés », alignant les points successifs de justesse. « Ils ont donné la bonne participation. » 2,6 millions d’électeurs, c’est sans doute beaucoup et conforme à ce qu’assuraient les chiffres des sondeurs à partir de projections de la proportion de sondés assurant « certainement » aller voter. Pour s’en tenir aux derniers sondages, Gaël Sliman de BVA annonçait 4 millions d’électeurs (L’Express, 15 septembre 2011). 4 millions et non 2,6, ce n’est pas tout à fait exact mais on sait que les sondeurs ne visent qu’à l’approximation. Et donc, 60% de trop, ce ne doit pas être si mal pour une mesure approximative. De toute façon, cela a-t-il un sens puisque le pronostic de 4 millions était fait après une correction du sondeur à partir d’un chiffre non redressé de 6,5 millions. Méthode de redressement : le doigt mouillé. A en croire l’éditorialiste, les sondages « ont eu raison sur le nom des deux qualifiés pour la finale et sur l’ordre : ils ont perçu la dynamique Montebourg et prédit la faiblesse de Royal ». Les sondeurs assurent qu’ils ne font pas de prédictions, leurs alliés sont zélés. Sans doute était-il nécessaire d’avoir des sondages pour connaître les deux finalistes et ne pas placer Jean-Michel Baylet ou Manuel Valls en tête. Et surtout ne pas piaffer d’impatience en attendant les résultats du scrutin. Ont-ils eu raison sur l’ordre ? Aucun n’a pourtant placé Arnaud Montebourg devant Ségolène Royal mais — soutient l’éditorialiste —, ils allaient le faire car « ils l’ont perçu ». « Les sondages sont des photos de l’opinion à un instant T », reprend encore l’éditorialiste décidément bon répétiteur des lieux communs. Et donc ils ont des excuses s’ils se trompent car « l’électorat est forcément changeant ». Pourquoi invoquer cette excuse puisqu’ils ont raison ? Enfin, on apprend que les partisans de l’une ne détestent pas les partisans de l’autre et inversement, ce qui rendrait les débats entre socialistes déterminants. Encore une fois, où l’éditorialiste a-t-il trouvé ce savoir qui va à l’encontre des constats les plus constants de la science politique, selon lesquels les jugements de performance s’ajustent assez étroitement aux préférences antérieures ? Pour avancer avec autant de certitude sur terrain inconnu, il faut des raisons. L’une est sans doute l’arrogance des éditorialistes, qui, au nom d’une compétence politique statutaire, croient qu’ils ont réellement quelque chose à dire. Si on les a mis là, c’est forcément parce qu’ils sont compétents. Ils feraient mieux de chercher du côté des intérêts à les placer là et sur les implications sur leur espèce particulière de compétence que cela suppose. Elle n’est pas intellectuelle. La compétition démocratique suppose l’incertitude, mais on comprend que bien des gens en aient horreur et s’efforcent de la réduire pour peu qu’ils en aient les moyens. Partout, l’argent sert normalement ce but. Et les moyens existent, même s’ils ne sont pas absolus, ne serait-ce que pour ne pas détruire l’impression d’incertitude nécessaire à toute compétition : les médias et les sondages opèrent comme autrefois les grands électeurs pour guider le vote. Les sondages comme les éditorialistes ont un rôle prescriptif. En l’occurrence, ils s’additionnent quand les uns et les autres entrent dans une relation de complémentarité. Il ne s’agit pas de revenir ici sur les effets prescriptifs des sondages, mais sur la connivence nouée entre sondeurs et éditorialistes. Affaire d’échange d’abord entre médias et sondeurs, il faut revenir au fondement de la relation. Les médias ne paient pas les sondages qu’ils publient. Au mieux, ils partagent les frais de quelques enquêtes, mais pas ces sondages électoraux qui font le feuilleton médiatique. Une sorte d’échange marchandise, dans le jargon, ou plus banalement de troc. Les sondeurs paient avec des soutiens plus ou moins apparents — on a vu que ce pouvait être l’Elysée — en contradiction avec la loi puisque le nom de l’organe de presse qui figure comme commanditaire ne l’est pas. L’intérêt du sondeur est évident : il paie sa publicité. Quand on sait que 95 % de son chiffre d’affaires est apporté par les entreprises, il ne faut pas croire que les 5 % de chiffre d’affaires générés par les enquêtes d’opinion sont une sorte de danseuse. Elles confèrent la notoriété utile pour emporter les marchés de sondages commerciaux et l’expertise pour le conseil politique que les mêmes sondeurs font payer très cher aux partis et aux gouvernants, l’Elysée, les différents ministères et surtout le service d’information du gouvernement (SIG) pour leurs dépenses dites de communication. La Cour des comptes vient de relever l’opacité de ces opérations payées par l’Etat et donc le contribuable. Personne n’est dupe. L’intérêt des médias n’est pas moindre. Leur pauvreté interdit de payer les sondages, pourrait-on plaider sans doute. Cela entraîne donc une externalisation du travail journalistique. Ce sont les sondeurs qui fournissent la copie en donnant des chiffres et même les commentaires puisque le journaliste ne fait guère que reprendre les indications qui lui ont été données. Cela crée des liens de gratitude. Le prix en est la misère du journalisme politique, cette forme de commentaire insipide d’une course de chevaux. Le journalisme politico-hippique (horse race journalism, dit-on outre Atlantique) représente un degré zéro de la pensée. Cela intéresse, assure-t-on. Comment le savoir ? Par sondage ? Par le tirage, l’audimat, répliquerait-on. Sans doute, la diffusion d’un feuilleton, même terne, finit-elle par engendrer un intérêt puisqu’il s’agit tout de même de compétition démocratique — bien qu’organisée dans une forme caricaturale et parodique. Comme on regarde la télévision en justifiant qu’« il n’y a que ça ». Cette addiction est d’abord celle des éditorialistes, dont on se demande ce qu’ils seraient capables de dire sans sondages. Il est vrai qu’ils ont d’autres sources, les confidences des personnalités politiques glanées par l’investigation... dans les dîners en ville et les bavardages de leurs pairs rencontrés d’un studio à l’autre ou tout simplement entendus sur les ondes ou lus dans les colonnes. La classe bavarde est d’autant plus dépendante des sondages que l’ubiquité oblige à dire quelque chose et que l’autorité du chiffre est bienvenue pour donner son opinion. Car que disent ces éditorialistes sinon leur opinion, sans le dire, et donc en l’abritant derrière l’opinion publique. Echange de services et de légitimité avec les sondeurs qui permettent de parler peu ou prou pour le public, le peuple et les auditeurs. L’affinité du journalisme d’opinion, sans science, sans enquête et ghettoïsé a nécessairement besoin des ressources de l’opinion publique. On peut donc dire que la corruption des médias est double. L’une est systémique et renvoie aux cadeaux offerts par les sondeurs. Une suggestion pour une prochaine réforme : obliger les médias à payer les sondages et à communiquer les factures à une instance de contrôle. L’autre corruption est intérieure, c’est celle du journalisme politique et spécialement celle des éditorialistes aux sondeurs. La cure de sevrage par la baisse du nombre de sondages, par la limitation des interventions médiatiques (il faut laisser la place à d’autres journalistes dans une profession touchée par le chômage) risque fort d’être insuffisante tant la concentration du pouvoir de parler au bénéfice de quelques éditorialistes dociles obéit à des intérêts plus puissants."

lundi 17 octobre 2011

Jour 1619

Pendant ce temps, dans le monde réel

Le Monde, 17 octobre 2011 :

"François Fillon, a affirmé lundi 17 octobre qu'il faudrait prendre "des mesures nouvelles" d'austérité si la France n'enregistrait pas une "croissance minimale de 1,5 %" en 2012." J'ai hâte de voir ça !

samedi 15 octobre 2011

Jours 1617 & 1618

En cours

Le Blog du Monde "Libertés surveillées", le 15 octobre 2011 :

"Le président de l’USM a fait part au ministre de son « agacement » à le voir « sans cesse présenter le budget de la justice en hausse alors qu’il stagne ou même diminue ». Pour l’USM, la baisse en autorisation d’engagement de « la justice judiciaire » est de 600 millions d’euros en 2012, soit 15%, le budget de fonctionnement des services civils est amputé de 20%, celui des services pénaux de 23%, même l’aide aux victimes, « que sur les ondes, on continue à nous dire prioritaire » est de en baisse de 2,74%. « En mettant tous les moyens sur les établissements pénitentiaires, on oriente toute la politique pénale sur l’enfermement et non sur la préparation de la sortie et au suivi en milieu ouvert », a regretté Christophe Régnard. Il a aussi fait part de son « inquiétude » sur les réformes mal préparées de la garde à vue et de l’hospitalisation sans consentement, de son « incompréhension » sur celle des jurés populaires, « une folie qui va considérablement allonger les temps d’audience » et de « la honte » à voir comment sont gérées les affaires sensibles. A Paris d’abord, où les réquisitions du parquet au procès Chirac, « pour le moins surprenantes, dont toute la presse s’est gaussée », à Nanterre surtout, où l’USM défend Isabelle Prévost-Desprez, « une femme courageuse, à l’indépendance chevillée au corps », en guerre ouverte avec son procureur, Philippe Courroye. « A-t-on jamais vu un procureur adresser à un président de juridiction un courrier fondé sur des rumeurs de couloir pour demander l’ouverture d’une procédure disciplinaire contre un magistrat du siège, comme on l’a vu en décembre 2009 ? s’est inquiété Christophe Régnard. A-t-on jamais vu un procureur faire vérifier, malgré la loi sur le secret des sources, les fadettes de journalistes dans le seul objectif de démontrer l’existence de communication entre la juge en question et un journaliste ? A-t-on jamais vu un procureur, cité dans des enregistrements (de l’affaire Bettencourt) conserver le contrôle de l’enquête, sans que ni lui, ni sa hiérarchie s’en émeuvent ? A-t-on jamais lu qu’un ancien conseiller du ministre de la justice explique que le procureur n’en faisait qu’à sa tête, préférant transmettre les informations directement à l’Elysée ? A-t-on jamais pu imaginer qu’un témoin essentiel (Claire Thibout, la comptable de Mme Bettencourt) relaterait qu’avant toute signature, les procès-verbaux de ses déclarations étaient transmises par fax, notamment au parquet, et que celui rappelait pour faire changer tel ou tel mot ? » Le président de l’USM a en tous cas chaudement remercié Philippe Courroye d’avoir aussi bien montré la nécessité de ne pas supprimer les juges d’instruction sans avoir réformé le statut du parquet. « Quand je vois, dans cet état, la justice de mon pays, j’ai honte, a conclu Christophe Régnard, ces dérives détruisent notre crédibilité et nous ridiculisent à l’étranger »."

vendredi 14 octobre 2011

Jour 1616

Oops I did it again

Le Figaro, 14 octobre 2011 :

"Françoise Debaisieux ne savait pas. Crédule, elle pensait que les 1000 euros d'emplettes mensuels (14.000 euros au total) dépensés aux frais de la préfecture de Lozère l'étaient pour «le préfet et sa famille.» Dès lors, quoi de plus normal à ce que les policiers, lors d'une perquisition en Champagne-Ardenne au domicile de l'ex-préfète de Lozère (de 2007 à 2009), retrouvent des fauteuils Louis XVI, ou encore des chaises Napoléon III et du linge de maison ? «C'était pour moi (…), je les stockais au fur et à mesure dans la chambre fuchsia (de la préfecture, NDLR) avant de les amener en Champagne-Ardenne.» Par deux fois, elle missionnera son chauffeur pour l'emmener vers une sortie d'autoroute près de Paris avant de charger avec son mari «des valises lourdes» pleines de linges et objets achetés aux frais de la préfecture, dans sa voiture personnelle."

jeudi 13 octobre 2011

Jour 1615

Séparer le bon grain de l'ivraie

Libération, le 13 octobre 2011 :

"Emoi ce jeudi dans le milieu éducatif. Objet du courroux ? Un projet sorti des cartons du ministère de l'Education nationale, qui vise à mettre en place à partir de novembre une évaluation des enfants «à risque» dès cinq ans en fonction de leurs comportement et capacité d'apprentissage, selon un document qui a fuité hier. Ce projet, intitulé «Aide à l'évaluation des acquis en fin d'école maternelle», et présenté comme un «outil de repérage des élèves présentant des risques pour les apprentissages à l'usage des enseignants (en) grande section de maternelle», vise à classer les élèves dans trois catégories: «RAS» (rien à signaler), «risque» et «haut risque»."

mercredi 12 octobre 2011

Jour 1614

Un aperçu de l'avenir

Le Monde, évoque la Grande-Bretagne, ce pays si souvent cité en exemple par des hommes politiques à court d'arguments et de réflexion, le 11 octobre 2011 :

" Le revenu moyen au Royaume-Uni devrait baisser de 7 % entre 2009 et 2012, une chute sans équivalent depuis trente-cinq ans qui fera entrer 600 000 enfants supplémentaires dans la pauvreté, affirme une étude publiée mardi 11 octobre à Londres. [...] Selon l'institut, l'objectif fixé par les travaillistes – au pouvoir entre 1997 et 2010 – de ramener à 5 % en 2020 le taux des enfants vivant sous le seuil de pauvreté ne pourra pas être tenu, l'IFS le prévoyant à 23 % à cette date si les politiques actuelles sont maintenues."

mardi 11 octobre 2011

Jour 1613

L'école des sourds

Libération, le 11 octobre 2011 :

"Le ministre de l'Education Luc Chatel a beau dire, l'école ne va pas fort. Un mois après la rentrée, les coupes budgétaires à répétition (encore 16.000 suppressions de postes cette année) ont des conséquences désastreuses et très concrètes : fermetures de classes en pagaille, profs non remplacés, classes surchargées... Le malaise est perceptible à tous les niveaux. Nombre d'enseignants (débutants comme expérimentés) sont désabusés et seront dans la rue à nouveau ce mardi. Des parents d'élèves se révoltent et les lycéens commencent à se mobiliser ici et là. Revue des problèmes et signes de tension, dans le désordre. [...] Quant aux profs titulaires, ils se retrouvent à empiler les heures sup contraintes pour limiter les dégâts. Dans le primaire, la situation n'est guère plus reluisante. La FCPE (principale fédération de parents d'élèves) estime qu'avec la suppression de 6 000 postes de remplaçants, «75 000 enfants risquent de se retrouver sans enseignant» si leur prof tombe malade. La situation ne devrait pas s'arranger si l'on s'en tient à l'annonce du budget 2012 (14.000 suppressions de postes prévues)."

lundi 10 octobre 2011

Jour 1612

Serrez les fesses
 
Le Monde, 5 octobre 2011 :

"Le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu mercredi 5 octobre qu'il n'excluait pas une récession au niveau mondial en 2012 [...] "Un risque de récession n'est donc pas à exclure", a admis Antonio Borges, directeur Europe au FMI lors d'une conférence de presse à Bruxelles. "En conséquence, nous devons changer nos politiques économiques", a poursuivi M. Borges." On risque juste de ne pas être d'accord sur les changements à apporter.

dimanche 9 octobre 2011

Jours 1610 & 1611

Pendant ce temps, loin de Paris
Libération, le 9 octobre 2011 : 

"La situation reste tendue à Mayotte, qui entre lundi dans sa troisième semaine de lutte contre la vie chère, après la décision d'un collectif de syndicats et de consommateurs de reconduire le mouvement jusqu'à jeudi. Signe de cette tension sur les deux îles (Petite-Terre et Grande-Terre) qui composent Mayotte, 101e département français, les responsables mahorais du Parti socialiste ont annulé dimanche le scrutin de la primaire PS pour la présidentielle. Faute d'accord avec le patronat et les représentants de la grande distribution, le collectif de syndicats et de consommateurs à l'origine du mouvement a décidé samedi soir de poursuivre son action jusqu'à jeudi. [...] Le mouvement contre la vie chère avait débuté le 27 septembre, à l'initiative des deux syndicats CGT Mayotte et CFDT, rejoints par FO et la CFE-CGC. Le front s'est vite élargi à trois associations de consommateurs. Leur revendication est unique : baisse des prix des produits de consommation courante, avec alignement sur ceux pratiqués à La Réunion, l'autre département français de l'océan Indien, situé à 1.700 km au sud-est de Mayotte. Après l'accession de Mayotte au statut de département, le 1e avril 2011, les Mahorais ont revendiqué davantage d'égalité en matière de coût de la vie. "C'est pour cela que nous avons lancé l'appel à la grève", a expliqué à l'AFP Ousseni Balahachi, un responsable CFDT. En réalité, il s'agit d'un boycott des commerces que le durcissement du conflit, la semaine dernière, a contraint à la fermeture. Si la plupart des barrages routiers étaient levés dimanche, les magasins étaient tous fermés, de même que les banques où les distributeurs de billets sont hors service. Les négociations entre délégués du collectif d'une part, et représentants du Medef, de la grande distribution et des chambres consulaires d'autre part, ont enregistré quelques avancées : baisse du prix de la bouteille de gaz de 31 à 25 euros, baisse de 10% sur le riz. Quant au mabawa (aile de poulet rôti), plat favori des Mahorais, il est devenu le produit emblématique de ce conflit. Importé d'Europe, de Madagascar ou encore du Brésil, et conditionné par carton de 10 kg, le mabawa était vendu 2,69 euros le kg à la mi-septembre. La grande distribution a proposé une première baisse à 2,41 euros puis à 2,13 euros, rejetée par la "base". Avant de signer tout éventuel accord, le collectif a pris l'habitude de consulter une partie de la population rassemblée sur la place du marché de Mamoudzou, chef-lieu de Mayotte. C'est là que s'expriment, avec détermination, les "bouenis", les mères de famille mahoraises."

vendredi 7 octobre 2011

Jour 1609

Un collectif pour faire une petite différence (?)

Libétoulouse, le 5 août 2011 :

"La conseillère de l'agence Pôle-Emploi de la place Occitane à Toulouse, Isabelle de Léon n'applique pas ce que la nouvelle procédure, née de la fusion Anpe/Assedic, lui impose de faire. Elle est, de ce fait, déjà punie d'un blâme par sa direction régionale. Et est convoquée devant un conseil de discipline à Paris le 13 octobre. Mais rien ne semble pouvoir y faire: «Je revendique mon acte de désobéissance», insiste-t-elle, refusant «la dégradation du service apporté aux demandeurs d'emploi». Dégradation qui s'étendrait selon elle à «tous les secteurs des services publics», Santé, Éducation, Social, Énergie... Isabelle de Léon dénonce pour l'heure le «désengagement de l'intérêt général au profit d'intérêts particuliers». Et démarre derechef une grève de la faim comme «une alerte, un cri d'alarme». Les temps sociaux et politiques ne sont plus à la demi-mesure. Le mouvement syndical qui a entendu cette alerte soutient ainsi cet appel de Toulouse des Résistants et Désobéisseurs des Services Publics: L'appel : «Nous sommes citoyens, usagers et salariés, agents ou fonctionnaires, des services publics ou remplissant des missions de service public. Nous nous élevons ensemble contre leur destruction et la dégradation du service rendu au public. Ce gouvernement fusionne, démantèle, privatise. Il manipule ! Il organise l’inefficience des services et les rends inopérants pour remplir leur mission d’intérêt général. Il réduit les effectifs, diminue les moyens, change les métiers, réorganise, désorganise... provocant ainsi l’insatisfaction, la souffrance des usagers et des salariés. En diffusant une mauvaise image des services publics et en opposant usagers et agents, il prépare leur disparation. Les services publics sont : la Santé, l’Éducation, la Justice, les Services Sociaux, les Universités et la Recherche, les Organismes Sociaux : CAF, Sécurité Sociale, Pôle emploi.., la Police, les pompiers, les crèches municipales, les services territoriaux, l’Équipement et l’aménagement du territoire, les transports, la Poste, la SNCF…, l’accès à l’eau, au gaz, à l’électricité… Tout ce qui est légitimement accessible à tous et qui rend notre quotidien confortable. Nous avons déjà laissé beaucoup de ces secteurs échapper à la régulation de l’État, certains ont disparu, d’autres sont privatisés ou en voie de l’être... Jusqu’où allons-nous les laisser nous dépouiller de ce qui ne leur appartient pas ? Les générations précédentes avaient eu la prudence de garantir un accès gratuit et régulé à ces services de façon à ce que tous puissent en bénéficier, sur l’ensemble du territoire. De quel droit ce gouvernement s’autorise t-il à modifier des structures aussi fondamentales - et constitutionnelles - de notre société, à l’encontre des intérêts de la population qu’il est censé servir ? Il agit peut-être légalement, en votant des lois de circonstance, mais illégitimement en ne prenant en compte ni l’intérêt de tous, ni les importantes manifestations de la rue, et en instrumentalisant l’action sociale à des fins sécuritaires. Il y a un dysfonctionnement dans notre système déclaré «démocratique»; et devant ce constat beaucoup d’entre nous se sont démobilisés, invoquant une impuissance face aux politiques, eux-mêmes confrontés à leur propre impuissance face aux marchés... D’impuissance en impuissance : nous laissons faire et ce que nous redoutons se réalise. Pourtant, nous pouvons cesser de nous abriter derrière ce discours de «ça ne sert à rien», arrêter d’être fatalistes, retrouver notre capacité à nous indigner, à réagir, et à agir. Car sans nous «ils ne sont rien», qu’ils soient politiques, ou grands gestionnaires, c’est nous qui sommes sur le terrain à faire ou à subir ce qu’ils nous demandent d’accomplir contre nous mêmes tous les jours. Il est donc temps, pour nous et pour les générations à venir : • de porter un coup d’arrêt à la destruction organisée de nos droits et acquis sociaux, de nos structures de solidarité et de fraternité ; • d’arrêter de subir et de contribuer au fonctionnement de ce qui peut nous nuire ou nuire à nos concitoyens ; • de refuser de céder à la division (les vieux contre les jeunes, les travailleurs contre les chômeurs, les salariés du privé contre les fonctionnaires, les «intégrés» contre les étrangers...), à la mise en concurrence généralisée des salariés au cœur des entre- prises et des établissements publics (Les places sur le marché de l’emploi sont chères et ils s’en servent...) Il dépend de nous, une fois encore dans l’histoire, de leur rappeler qu’ils ne sont là que sur mandat, et qu’ils sont révocables... Ils nous demandent des sacrifices, exigeons des comptes... Il s’agit d’un appel, un appel à la résistance, à la désobéissance ouverte ou discrète, où que vous soyez, qui que vous soyez, vous pouvez agir pour vous et pour nous tous. Dans chaque secteur d’activité, chaque jour, nous pouvons faire différemment ou ne pas faire, pour arrêter cette déconstruction et la contrer le plus possible. C’est un appel à Tous. Nous demandons à chacun d’agir à sa mesure, nous appelons aussi les personnalités à s’engager publiquement, médiatiquement : que ceux qui savent, disent, haut et fort, seuls ou en collectifs : historiens, sociologues, juristes, économistes, intellectuels, journalistes... Retrouvons le sens de nos responsabilités : celles de citoyens actifs, celles de membres solidaires d’une collectivité, celles de parents soucieux de l’avenir de leurs enfants. » Résistants et désobéisseurs des Services Publics"

jeudi 6 octobre 2011

Jour 1608

L'intelligence n'a pas de camp, la connerie non plus

Libération, le octobre 2011 :

"François Hollande a clarifié aujourd'hui sa position en annonçant lors d'une rencontre avec le monde du cinéma qu'il n'abrogera pas la loi Hadopi et le principe de la risposte graduée. L'ancien premier secrétaire du PS rompt ainsi avec l'une des ses promesses d'avant l'été ainsi qu'avec le projet du PS censé engager les cinq candidats socialistes à la primaire."

mercredi 5 octobre 2011

Jour 1607

Une de moins...

Le Monde, 5 octobre 2011 : 

"Vingt ans après le Crédit lyonnais, la France connaît donc son deuxième désastre bancaire. Les 6 milliards d'euros engloutis en 2008 dans le sauvetage public de Dexia l'ont été en pure perte. Etats et banques centrales sont à nouveau à son chevet pour organiser tant bien que mal une faillite ordonnée, plongeant salariés, collectivités locales et petits actionnaires dans l'inconnu. [...] En juillet, Dexia passait haut la main les "stress-tests", pour annoncer, en août, un retour aux bénéfices dès le troisième trimestre ! [...] La question s'impose aujourd'hui : n'aurait-il pas mieux valu solder le passé à ce moment-là ? Au lieu de quoi l'on a préféré les solutions homéopathiques, pensant naïvement que les choses allaient rentrer dans l'ordre d'elles-mêmes. C'est tout le contraire qui s'est passé.

Et c'est le contraire qui continue à se passer encore pour un système moribond...

mardi 4 octobre 2011

Jour 1606

Un pipeau industriel

Le Monde, 3 octobre 2011 :

"Le dernier haut-fourneau lorrain en activité a fermé, lundi 3 octobre, sur le site de Florange (Moselle). [...] Cet épisode demeure emblématique des revers industriels du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Le 4 février 2008, le chef de l'Etat se rend en grande pompe sur place. Il promet à quelque 400 ouvriers qu'il empêchera la fermeture d'un site jugé non rentable par ArcelorMittal, et qu'il sauvera les emplois [...] Un an plus tard, près de 600 emplois sont supprimés. Et la CFDT érige une stèle à l'entrée de l'usine, en l'honneur des "promesses non tenues de Nicolas Sarkozy faites à Gandrange". Avant son élection, Nicolas Sarkozy s'est positionné en adepte du volontarisme industriel. En campagne, le futur président de la République surveille de près le plan de restructuration drastique d'Airbus, Power 8, qui prévoit 4 300 suppressions d'emplois en France et la cession du site Airbus de Méaulte (Somme). Un plan qui sera mis en œuvre une fois le chef de l'Etat parvenu à l'Elysée. De même, Alcatel-Lucent a annoncé près de 1 500 suppressions de postes en 2007, 400 en 2008 et 850 en juillet 2009. Les syndicats affirment qu'avant son élection, en mars 2007, Nicolas Sarkozy s'était pourtant engagé à agir sur les suppressions d'emplois de l'équipementier télécoms. [...] D'autres échecs entachent le bilan présidentiel. Après la fermeture en 2008 de l'usine Michelin de Toul (800 salariés) en Meurthe-et-Moselle, Nicolas Sarkozy avait annoncé la création d'un "centre industriel" sur le site à l'horizon 2011, dont on n'a plus jamais entendu parler. [...] En septembre 2009, le chef de l'Etat se fâche contre l'équipementier américain Molex [...]Le président de la République a par ailleurs affirmé que "l'Etat garantirait le repreneur". En novembre, Molex est placé en liquidation judiciaire ; la maison mère refuse de continuer à payer le plan social lié à la fermeture de l'usine."

lundi 3 octobre 2011

Jour 1605

L'histoire en accéléré
Le blog C'est Classe ! de Libération, le 2 octobre 2011 :

"L'une des principales nouveautés de la première qui se met en place à cette rentrée dans le cadre de la réforme du lycée, est l'introduction d'un tronc commun aux élèves de S, L et ES. Il s'agit de 15 heures de cours au total, en français, histoire-géo, langues vivantes, EPS (éducation physique et sportive) et ECJS (éducation civique). [...] Pour illustrer les problèmes que cela pose, voici des extraits d'un courrier d'un professeur d'histoire-géographie du lycée Juliette Récamier de Lyon, Jérôme Trésallet: En début d'année, "l'élève de première sera plongé dans la guerre totale et ses remèdes pendant seize heures (c'est-à-dire un mois), de l'attentat de Sarajevo en 1914 jusqu'à la mort de Ben Laden en passant par la Seconde Guerre Mondiale. Tous ces conflits sont totaux, selon le nouveau programme. [...] Après un mois passé dans le "le sang et les larmes", la totalitarisme doit ête présenté aux élèves en mélangeant naturellement et de façon thématique les expériences fasciste, nazie et communiste. [...] Dans un manuel, on pourra même trouver sur une même page les paroles de l'Internationale, préexistante à l'URSS et les lois de Nüremberg excluant les Juifs de la société allemande. De l'aberration à la malhonnêteté intellectuelle, il n'y a qu'un pas ! [...] Mais le problème ne se limite pas aux cours. Comment concevoir des contrôles à partir de leçons qui mettent dans un même sac Hitler et Ben Laden, Nüremberg et Boris Eltsine ?"

dimanche 2 octobre 2011

Jours 1603 & 1604

Électrisant

Libération, le 28 septembre 2011 :

"Le gouvernement a approuvé mercredi l’installation à partir de 2013 de 35 millions de nouveaux compteurs électriques intelligents «Linky», en promettant que ce vaste chantier estimé à 4,3 milliards d’euros serait gratuit et bénéfique pour le client et pas seulement pour ERDF. [...] En dénonçant certaines «défaillances techniques» lors des tests et une décision «précipitée», l’UFC-Que Choisir a affirmé que «Linky n’a pas permis aux consommateurs à qui a été imposée l’expérimentation de réduire leur facture»."