lundi 30 avril 2012

Jour 1815

Même les riches...

Si même François Pinault s'y met... Le 28 avril 2012, dans le Monde :

"Le milliardaire tire ses salves en direction du président sortant, dont il moque la dernière formule : "Présomption de légitime défense, c'est comme au Far West, il faut dégainer le premier ! Il perd les pédales. Les gens proches de lui pensent qu'il pourrait encore gagner. Il est cuit ! C'est comme dans le bunker de 1945.""

dimanche 29 avril 2012

Jours 1813 & 1814

Fiers de... Quoi ?

Le Monde, 29 avril 2012 :

"Devant les plusieurs milliers de personnes réunies à Toulouse dimanche 29 avril, Nicolas Sarkozy a appelé ses concitoyens à "être fiers d'être Français"."


George Carlin - Tire et pars par littlehorn

vendredi 27 avril 2012

Jour 1812

Le conseil des juges


"Depuis cinq années, celui qui prétend vouloir rapprocher la justice du peuple pour la guérir, l’affaiblit pour mieux s’en servir. Nicolas Sarkozy annonçait une « République irréprochable » ; le président sortant n’a fait que bafouer l’indépendance de la justice, mener une politique partisane de nomination des magistrats et délégitimer les contre-pouvoirs ainsi que les institutions en charge de la probité publique. L’imposture sécuritaire qui sévit en France depuis une décennie a gravement entamé nos droits fondamentaux : renforcement effréné de l’arsenal répressif, explosion de la surpopulation carcérale, régressions juridiques et philosophiques majeures telles que les « peines planchers » et la « rétention de sûreté » dont l’abolition s’impose impérieusement, acharnement à l’encontre des étrangers, stigmatisation des plus faibles : les enfants, les démunis, les malades mentaux… Alors que le discours de Grenoble et le « débat » sur « l’identité nationale » avaient déjà entaché de brun ce quinquennat marqué par la peur et le rejet de l’autre, et que l’extrême droite a fait un score très inquiétant au premier tour de l’élection présidentielle, le candidat Nicolas Sarkozy a choisi de sortir définitivement du front républicain en misant sur la stratégie indigne du « Front compatible ». Le Syndicat de la magistrature a combattu avec constance et conviction ces pratiques et cette idéologie destructrices. Fidèle aux valeurs démocratiques et républicaines, défenseur des libertés et porteur d’un projet novateur pour une justice indépendante et équitable, au service de citoyens véritablement libres et égaux en droit, il appelle chaque électeur à s’opposer par son vote à la politique du pire et à rendre possible le changement qui s’impose."

jeudi 26 avril 2012

Jour 1811

Depuis le temps qu'on vous le dit...
 

mercredi 25 avril 2012

Jour 1810

Un petit résumé pour le futur Président

Le Monde, 24 avril 2012 :

"Au 1er mars 2012, la France a battu un nouveau record : celui de la surpopulation carcérale. On compte aujourd'hui 66 445 détenus pour 57 213 places opérationnelles en détention, 740 personnes dormant sur un matelas posé à même le sol. Prétendant répondre au sentiment d'insécurité des français, la politique du "tout carcéral" menée depuis 2002 a fait croire qu'il suffisait de réprimer et d'incarcérer pour mettre fin à la délinquance et à la récidive. Les lois se sont accumulées sans évaluation des dispositifs existants et aux préconisations largement contradictoires. Cette politique n'a pas été seulement inefficace ; elle s'est traduite également par une hypocrisie majeure. Les juges correctionnels aujourd'hui se trouvent contraints d'incarcérer toujours plus (notamment du fait des peines planchers) tandis qu'il est demandé aux juges d'application des peines d'aménager les peines d'emprisonnement de moins de 2 ans et aux Procureurs d'opérer des libérations anticipées sans cohérence et sans projet personnalisé. Le système français d'exécution des peines est enfermé dans une logique schizophrénique qui conduit ainsi à faire sortir discrètement par l'arrière cour ceux qu'on a prétendu faire rentrer massivement par la grande porte. En outre, les peines alternatives à l'emprisonnement, lorsqu'elles sont prononcées, ne sont, dans de trop nombreux cas, pas exécutées ou trop tardivement. La lutte contre la récidive est aujourd'hui uniquement pensée à partir de la peine d'emprisonnement alors même que toutes les études nationales et internationales établissent que, quelle que soit l'infraction commise, la récidive diminue lorsque la personne bénéficie d'un aménagement de peine. Lutter contre la récidive implique une refonte globale de notre système pénal reposant en priorité sur la restauration du sens de la peine."

mardi 24 avril 2012

Jour 1809

ça commence à brunir...
 
Le Monde, 24 avril 2012 :

"La percée de Marine Le Pen et la droitisation de Nicolas Sarkozy ont suscité de vives réactions en Europe, lundi 23 avril. Sur fond de montée en puissance de l'extrême droite chez les Vingt-Sept, les responsables européens s'inquiètent de la force du Front national et de l'énergie déployée par le président sortant pour tenter de séduire cet électorat, afin de combler son retard sur M. Hollande. "La rhétorique antieuropéenne et nationaliste de Sarkozy a amené de nombreux électeurs à soutenir Marine Le Pen", a déploré Hannes Swoboda, le chef de file des socialistes au Parlement européen. "Ses arguments anti-européens ont été extrêmement inquiétants. Les annonces sur la remise en question de Schengen et la réintroduction des contrôles aux frontières ont révélé ce qu'il pense vraiment", a expliqué le député européen autrichien. [...] Fait rare, les résultats du premier tour ont été très commentés en marge d'une réunion des ministres des affaires étrangères à Luxembourg. Le Luxembourgeois Jean Asselborn ne s'est pas privé, lui non plus, d'accuser M. Sarkozy d'être en partie responsable du succès de la candidate du Front national. "Si on répète tous les jours qu'on doit changer Schengen, qu'on doit avoir une politique dure en matière d'immigration, qu'on doit parler de l'exception française pour les entreprises, tout cela, c'est de l'eau au moulin du FN", a estimé ce membre du gouvernement de Jean-Claude Juncker. [...] "Je suis inquiet de ce sentiment que nous constatons contre des sociétés et une Europe ouvertes. Cela me préoccupe, et pas seulement en France", a estimé le ministre suédois des affaires étrangères, Carl Bildt. Certains de ses homologues, dont le Belge Didier Reynders, proche de M. Sarkozy, ont parlé d'un phénomène "inquiétant". Jusqu'ici plutôt discrète à propos de la campagne française, la Commission européenne est sortie de sa réserve. Elle a appelé "les dirigeants politiques à faire attention à la menace populiste et à la propagation d'idées contraires aux idéaux de la construction européenne". Au-delà du succès de Mme Le Pen, la droite extrême ou populiste est bien implantée en Autriche, en Finlande, en Suède, au Danemark, en Suisse ou encore en Hongrie. Elle connaît une forte progression en Belgique, dans la région flamande."

lundi 23 avril 2012

Jour 1808

Empêcher les débordements (de l'autorité)

Le Monde 23 avril 2012 :

"Un arrêté anti-mendicité pris à l'été 2011 par la commune de La Madeleine, dans la banlieue de Lille, a été annulé par le tribunal administratif de Lille. L'arrêté municipal, pris dans la foulée d'autres villes et traduit en roumain et en bulgare, invoquait un "climat de tension" créé par la présence d'un camp de Roms près de la commune. Dans son arrêt, le tribunal estime notamment que le contenu de l'arrêté, qui "ne circonscrit pas avec précision le champ d'application de l'interdiction", est sujet à interprétation et susceptible d'étendre cette interdiction "au-delà de ce qui est nécessaire"."

dimanche 22 avril 2012

Jours 1806 & 1807

Pour plus de clarté 

vendredi 20 avril 2012

Jour 1805

Quelques brèches

Le Monde, 20 avril 2012 :

"Le Conseil constitutionnel a censuré vendredi 20 avril deux dispositions issues de la loi de 2011 sur les soins psychiatriques sans consentement, concernant les "irresponsables pénaux" et les personnes placées en unité des malades difficiles (UMD), mais donne un délai au législateur "pour remédier à cette inconstitutionnalité". Pour les personnes jugées irresponsables par un juge, la censure vise ceux dont l'hospitalisation sans consentement a été décidée par un préfet et non directement par le juge. Jugeant que "l'abrogation immédiate de ces dispositions aurait eu des conséquences manifestement excessives", le Conseil constitutionnel a reporté au 1er octobre 2013 la date de l'abrogation des dispositions en cause. Le Conseil répond ainsi à une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) posée par une association de défense des droits des patients en psychiatrie, le CRPA, sur la conformité à la Constitution de quatre articles ou alinéas du code de la santé publique. Le Conseil constitutionnel admet qu'"en raison de la spécificité de la situation des personnes ayant commis des infractions pénales en état de trouble mental ou qui présentent, au cours de leur hospitalisation, une particulière dangerosité, le législateur pouvait assortir de conditions particulières la levée de la mesure de soins sans consentement dont ces personnes font l'objet". "Toutefois, il appartient alors au législateur d'adopter les garanties contre le risque d'arbitraire encadrant la mise en œuvre de ce régime particulier", expliquent les Sages dans un communiqué."

jeudi 19 avril 2012

Jour 1804

Encore un contrôle de raté

Le Monde, 19 avril 2012 :

"Le Comité européen pour la prévention de la torture, des peines ou des traitements inhumains ou dégradants (CPT) a rendu jeudi 19 avril son rapport sur la France [...] c'est sur les conditions de détention qu'il est le plus sévère, et que le gouvernement, dans ses réponses, reste le plus flou. Le Comité note, même dans les commissariats les plus récents comme à Lille ou à Rouen, des "locaux d'une saleté repoussante (flaques de sang coagulé au niveau du sol, vomissures séchées sur les bat-flancs, etc.)", "un froid ambiant et l'impossibilité d'obtenir une couverture, voire un matelas". Dans les plus anciens, le CPT souligne "la taille réduite (4,5 m2), et même très réduite (2,5 m2) de certaines cellules". [...] La majorité des détenus sont menottés et entravés lors des extractions médicales. L'un d'eux, à Poissy, "a fait l'objet d'une coloscopie [une exploration du rectum], menotté et (contre l'avis du médecin) en présence de quatre membres des forces de l'ordre", un autre "d'une échographie des testicules" dans les mêmes conditions. Pire : à Poissy, deux détenus sont handicapés, dont un sur une chaise roulante, qui passe "vingt-quatre heures sur vingt-quatre au lit ou en fauteuil roulant". Il ne peut pas sortir de sa cellule, "les portes étant trop étroites pour permettre le passage d'un fauteuil roulant et les cellules étant trop petites (8 m2) pour qu'un détenu puisse s'y mouvoir en fauteuil roulant"."

mercredi 18 avril 2012

Jour 1803

On ne change pas

Libération, le 18 avril 2012 : 

"Retour au péché originel. En cette fin de quinquennat, Nicolas Sarkozy s’offre une ultime caricature de «président des riches». Dimanche, jour de son grand discours à la Concorde, une cinquantaine de membres du Premier Cercle - ces donateurs les plus généreux de l’UMP - se sont retrouvés pour un déjeuner au Crillon… à quelques encablures du Fouquet’s. Argent, luxe, réseaux d’influence : difficile de brouiller davantage le message politique de celui qui, dans cette campagne, s’est autoproclamé «candidat du peuple» contre les «élites».  [...] comme l’a aussi révélé hier le Canard enchaîné, deux étages au-dessus du salon Marie-Antoinette où se régalaient les riches convives UMP, le couple Balkany, Isabelle et Patrick, venait de s’offrir une nuit à 9 500 euros, dans la plus grande suite (245 m2) de l’hôtel. Ah, «l’ami Patrick», ses condamnations judiciaires, son absentéisme légendaire à l’Assemblée nationale, son goût pour les armes à feu… Ce vieux copain des Hauts-de-Seine que le chef de l’Etat - toute honte bue - a embarqué avec lui sur quantité d’estrades lors de ses déplacements internationaux au motif qu’il l’amusait. La dernière facétie de Balkany, ou l’art de boucler la boucle d’un quinquennat, du grand restaurant des Champs-Elysées au palace de la Concorde."

mardi 17 avril 2012

Jour 1802

Chambre à coucher dehors

Bug Brother, le 15 avril 2012 :

"Nombreux sont ceux qui nous serinent que "seuls ceux qui ont quelque chose à se reprocher ont quelque chose à cacher", et qui ne voient donc aucun problème à ce genre de traçabilité généralisée. Admettons : dans la mesure où la majeure partie des viols ont lieu dans des chambres à coucher, comme l'avait opportunément rappelé Anastassia Tsoukala, juriste, criminologue, et maître de conférences à Paris XI, il serait donc dès lors logique de "vidéosurveiller les chambres à coucher" [...] Je doute fort que ceux qui se targuent de n'avoir "rien à cacher" acceptent de vidéosurveiller leurs chambres à coucher. Cela aiderait pourtant notablement à faire condamner ces maris, amants ou pseudo-"prétendants" qui violent celles qui ne voulaient pas "forcément" faire l'amour avec eux... ainsi que ces femmes qui accusent, à tort, leurs "ex'" de les avoir violées.


Identification et surveillance des individus... par Bpi_Centre_Pompidou

lundi 16 avril 2012

Jour 1801

Aidez la recherche sur Google

Le Monde, 16 avril 2012 :

"Sergueï Brin, le cofondateur de Google, se dit, dans une interview au Guardian, très inquiet pour l'avenir de l'Internet libre et ouvert. "Des forces très puissantes se mettent en ordre de bataille contre l'Internet ouvert de tous côtés et partout dans le monde", affirme-t-il. [...] M. Brin a toutefois réservé ses critiques les plus vives à l'industrie du disque et du film. "Elles se tirent une balle dans le pied", juge-t-il, visant les propositions de lois visant à bloquer les sites de téléchargement illégal. Pour le cofondateur de Google, les projets de loi SOPA ou PIPA, pour l'instant repoussés suite à une mobilisation sans précédent d'internautes, auraient conduit les Etats-Unis à utiliser le même type de technologies que la Chine ou l'Iran.

Et la France ? Elle voulait déjà aidé la police Tunisienne au moment du printemps arabe...

dimanche 15 avril 2012

Jours 1799 & 1800

Le beau pays de la Liberté

Libération, 13 avril 2012 :

"La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné jeudi la France pour violation de la liberté d'expression après une perquisition menée dans les locaux du quotidien Midi libre en 2006 pour des motifs «pertinents mais non suffisants». Les requérants sont quatre journalistes du Midi libre qui avaient rédigé en 2005 plusieurs articles sur la gestion de la région Languedoc-Roussillon en reprenant des extraits d'un rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC) mettant en cause la gestion de la région. Sur une plainte de Jacques Blanc, alors président du Conseil régional, pour violation du secret professionnel et recel de violation du secret professionnel, le juge d'instruction avait perquisitionné les locaux du journal le 5 juillet 2006 et saisi divers documents dont une copie du rapport de la CRC. Mis en examen pour recel de violation du secret professionnel, les journalistes avaient obtenu un non-lieu en 2007. «Il y a eu ingérence dans la liberté des journalistes de recevoir ou de communiquer des informations», a souligné la CEDH qui s'est interrogée sur le bien-fondé de la perquisition. «Respect de la déontologie» «La Cour se demande si d'autres mesures que la perquisition au siège de la rédaction du journal n'auraient pas pu permettre au juge d'instruction de rechercher s'il y avait eu violation du secret professionnel», ont relevé les juges siégeant à Strasbourg. Dans son arrêt non définitif, la Cour a noté par ailleurs que les journalistes avaient «fait une présentation claire de la nature du rapport en cause et démontré ainsi leur bonne foi et un souci du respect de la déontologie de leur profession». La CEDH a ajouté que le gouvernement n'avait «pas démontré que la balance des intérêts en présence, à savoir d'une part la protection des sources et d'autre part la prévention et la répression d'infractions, a été préservée». Elle en a conclu «que la perquisition litigieuse est à considérer comme disproportionnée et a violé le droit des requérants à la liberté d'expression». Elle a condamné la France à verser 5 000 euros à chacun des quatre journalistes pour dommage moral."

vendredi 13 avril 2012

Jour 1798

Un peu d'avance sur les politiques françaises

Le Figaro, 13 avril 2012 :

"Le Figaro.- Comment le thème de la dépénalisation de la drogue s'est-il imposé au sommet de Carthagène? Juan Gabriel Tokatlian [directeur du département de sciences politiques et des études internationales de l'université argentine Di Tella]. -Ce sujet a fait l'objet de nombreuses prises de position ces derniers mois de la part des autorités régionales. Juan Manuel Santos, qui est l'hôte du sommet ce week-end, a déclaré en novembre dernier auGuardian: «Une nouvelle approche doit être choisie pour en finir avec les profits générés par le trafic de drogue… Si cela veut dire légaliser et que le monde pense que c'est la solution, je suis d'accord.» Son objectif est d'ouvrir un débat à Carthagène pour dresser le bilan de quarante ans de lutte contre le trafic de drogue. Cette guerre a eu un impact très négatif sur les populations. Le crime organisé n'a jamais été aussi puissant grâce à la prohibition. Pour un résultat nul: la consommation n'a fait que progresser pendant les dernières décennies. Le président guatémaltèque Otto Perez, élu sur une politique de droite de mano dura, a expliqué en février vouloir discuter de la légalisation des drogues. Il est frappant que ce soient les présidents de droite et de centre droit, traditionnels alliés de Washington, qui lui demandent des comptes et l'ouverture du débat sur la question."

jeudi 12 avril 2012

Jour 1797

Un résumé des épisodes précédents

Le Figaro, 12 avril 2012 :

"Affaires Bettencourt et procès Chirac, "désenchantement démocratique", "concentration des pouvoirs asphyxiante" et "névrose obsessionnelle de l'étranger" : la Ligue des droits de l'homme (LDH) dénonce dans son rapport annuel "les tares qui minent la République". Dans ce rapport 2012 paru aujourd'hui, la LDH juge sévèrement "le bilan" des cinq années sous la présidence de Nicolas Sarkozy, mais aussi "l'endogamie" de la classe politique en général. "La sortie du présidentialisme sans responsabilité ni contrôle, la garantie d'une indépendance plus effective des contre-pouvoirs (juges constitutionnels, magistrats judiciaires, autorités indépendantes), la fin du cumul des mandats" devraient notamment "être considérés comme de véritables mesures de salut public démocratique", y prônent Stéphane Hessel, ancien grand résistant et auteur du best-seller "Indignez-vous", et Jean-Pierre Dubois, président d'honneur de la LDH. Le bilan du président-candidat Nicolas Sarkozy est très critiqué. "Les promesses - qu'elles concernent les retraites ou les impôts - ont surtout alimenté colère, frustration et distance vis-à-vis d'un 'système' perçu comme organisant le 'lâchage' des catégories ouvrières et populaires par les couches moyennes et supérieures", dénonce le président de la LDH Pierre Tartakowsky. La LDH se montre également très virulente avec les "affaires" qui ont touché l'exécutif. "Au cours de ce quinquennat (...) 'la France qui se lève tôt' a découvert avec effarement, au fil des aventures de la famille Bettencourt, une société fin de race où l'on s'offre des îles, où l'on embauche la femme d'un ministre des Finances pour mieux frauder le Trésor public, où les chèques valsent au rythme des 'candidats méritants', lesquels, sous forme de bouclier fiscal, renvoient élégamment l'ascenseur", a déploré M. Tartakowsky."

mercredi 11 avril 2012

Jour 1796

Résistant un jour...

Le Monde Diplomatique, 11 avril 2012 :

"Raymond Aubrac est mort. Figure légendaire de la Résistance, homme de conviction resté fidèle à ses idéaux, il fut l’objet, avec sa femme Lucie, d’une campagne de calomnies, sur la base de déclarations faites par l’ancien SS Klaus Barbie et reprises par son avocat Jacques Vergès, selon lesquelles il aurait livré Jean Moulin à la Gestapo. Libération et Serge July organisèrent le 17 mai 1997 une sorte de procès des époux Aubrac — une « détestable mise en scène », dira Lucie Aubrac, dont elle était sortie « humiliée ». [...] De Raymond Aubrac, qui nous avait fait l’honneur de participer en 2004 au cinquantième anniversaire de ce journal (voir son intervention dans la vidéo ci-dessus), on retiendra la volonté de jeter un pont entre la résistance d’hier et celle d’aujourd’hui. Le programme du Conseil national de la résistance (CNR), réuni à partir de 1943 pour préparer l’après-guerre, n’insistait-il pas sur sur les droits sociaux et l’égalité des citoyens, sur la primauté de l’intérêt général dans la gestion des ressources nationales et dans la définition d’une République nouvelle ?"

mardi 10 avril 2012

Jour 1795

Une vidéo qui m'avait échappée

 
Big Brother State (fr) par aurialie

lundi 9 avril 2012

Jour 1794

Ne pas désespérer

Le blog Chroniques Judiciaires du Monde, le 8 avril 2012 :

"C’est une sale affaire de violence et de misère. Une de celles auxquelles on rechigne à s’intéresser parce que tout cela semble trop loin, trop moche et qu’on en a bien assez comme ça. C’est ce que l’on pensait, au début. Comme sans doute les six jurés – quatre femmes, deux hommes – tirés au sort devant la cour d’assises du Nord pour juger Alexandra Guillemin, 32 ans, qui comparaissait pour le meurtre de son mari, Marcelino. Un soir de juin 2009, dans la cuisine de leur appartement à Douai, cette mère de quatre enfants a dit à son mari qu’elle voulait le quitter. Il a explosé de fureur, a cherché à l’étrangler, elle a saisi un couteau de cuisine. La plaie dans le cou mesurait 13,5cm de profondeur. Il est mort sur le coup, « dans une mare de sang », dit le procès-verbal des policiers. Voilà pour les faits. [...] Alexandra avait 17 ans, elle était en première, au lycée, quand elle a rencontré Marcelino, un gitan sédentarisé, de quatorze ans son aîné. Elle est tombée amoureuse, a claqué la porte de chez sa mère qui ne l’aimait guère et rompu avec son père qui était en colère. Quelques mois plus tard, elle s’est mariée, le premier des quatre enfants est né et Alexandra Guillemin a renoncé à passer son bac. Le reste est un long calvaire. Une épouse que l’on viole, frappe, insulte et humilie. Que l’on menace lorsqu’elle murmure des confidences à sa sœur au téléphone ou cherche à voir son père. Que l’on épie quand elle se tente de se confier à l’assistante sociale. Que l’on écrase et engloutit. Au XXIème siècle, dans une ville française, une ombre dans une caverne. [...] Luc Frémiot est avocat général [...] Il a crucifié du regard cet officier de police judiciaire concédant un « dysfonctionnement » quand on lui a demandé d’expliquer comment et pourquoi son service n’avait pas jugé nécessaire de donner suite à la plainte que voulait déposer Alexandra Guillemin contre son mari. Elle avait l’œil tuméfié, on lui a conseillé une main courante et on l’a renvoyée chez elle parce que « ça ne saignait pas ». [...] 

[Il plaide ensuite :] 

Alexandra Guillemin, nous avions rendez-vous. C’est un rendez-vous inexorable, qui guette toutes les victimes de violences conjugales. Ce procès vous dépasse parce que derrière vous, il y a toutes ces femmes qui vivent la même chose que vous. Qui guettent les ombres de la nuit, le bruit des pas qui leur fait comprendre que c’est l’heure où le danger rentre à la maison. Les enfants qui filent dans la chambre et la mère qui va dans la cuisine, qui fait comme si tout était normal et qui sait que tout à l’heure, la violence explosera. Elles sont toutes sœurs, ces femmes que personne ne regarde, que personne n’écoute. Parce que, comme on l’a entendu tout au long de cette audience, lorsque la porte est fermée, on ne sait pas ce qui se passe derrière. Mais la vraie question, c’est de savoir si l’on a envie de savoir ce qui se passe. Si l’on a envie d’écouter le bruit des meubles que l’on renverse, des coups qui font mal, des claques qui sonnent et des enfants qui pleurent. Ici, dans les cours d’assises, on connaît bien les auteurs des violences conjugales. De leurs victimes, on n’a le plus souvent qu’une image, celle d’un corps de femme sur une table d’autopsie. Aujourd’hui, dans cette affaire, nous sommes au pied du mur, nous allons devoir décider. Mon devoir est de rappeler que l’on n’a pas le droit de tuer. Mais je ne peux pas parler de ce geste homicide sans évoquer ces mots des enfants : « Papa est mort, on ne sera plus frappés ». «Papa, il était méchant ». « Avec nous, il se comportait mal, mais c’était rien comparé à ce qu’il faisait à maman ». On n’a pas le droit de tuer, mais on n’a pas le droit de violer non plus. D’emprisonner une femme et des enfants dans un caveau de souffrances et de douleur. Je sais la question que vous vous posez. « Mais pourquoi Alexandra Guillemin n’est-elle pas partie avec ses enfants sous le bras ? » Cette question est celle d’hommes et de femmes de l’extérieur, qui regardent une situation qu’ils ne comprennent pas et qui se disent : « Mais moi, je serais parti ! ». En êtes-vous si sûr ? Ce que vivent ces femmes, ce qu’a vécu Alexandra Guillemin, c’est la terreur, l’angoisse, le pouvoir de quelqu’un qui vous coupe le souffle, vous enlève tout courage. C’est sortir faire les courses pendant cinq minutes parce que celui qui vous envoie a calculé exactement le temps qu’il vous faut pour aller lui acheter ses bouteilles de bière. Et c’est à cette femme là que l’on voudrait demander pourquoi elle est restée ? Mais c’est la guerre que vous avez vécu, Madame, la guerre dans votre corps, dans votre cœur! Et vous, les jurés, vous ne pouvez pas la juger sans savoir les blessures béantes qu’elle a en elle. C’est cela être juge, c’est être capable de se mettre à la place des autres. Alexandra Guillemin, il suffit de l’écouter, de la regarder. De voir son visage ravagé. Mais un visage qui change dès qu’elle parle de ses enfants. On a beaucoup dit d'elle qu’elle était « passive ». Mais c’est une combattante, cette femme! Ses enfants, elle leur a tenu la tête hors de l’eau, hors du gouffre. Il n’y a pas beaucoup d’amour dans ce dossier, mais il y a le sien pour ses enfants, et ça suffit à tout transfigurer. Ils ont 13, 11, 8 et 6 ans aujourd’hui, ils vous aiment, ils seront votre revanche. Nous, la question que nous devons nous poser, c’est : « de quoi êtes-vous responsable, Alexandra Guillemin ? » Quelle serait la crédibilité, la légitimité de l’avocat de la société qui viendrait vous demander la condamnation d’une accusée, s’il oubliait que la société n’a pas su la protéger ? Alors, je vais parler de légitime défense. Est-ce qu’au moment des faits, Alexandra Guillemin a pu penser qu’elle était en danger de mort ? Est-ce qu’en fonction de tout ce qu’elle a vécu, subi, elle a pu imaginer que ce soir là, Marcelino allait la tuer ? Mais bien sûr ! Cela fait des années que ça dure. Alexandra a toujours été seule. Aujourd’hui, je ne veux pas la laisser seule. C’est l’avocat de la société qui vous le dit : vous n’avez rien à faire dans une cour d’assises, Madame. Acquittez la ! »."

dimanche 8 avril 2012

Jour 1792 & 1793

Après le plombier polonais, le flic grec

Zero Hedge, le 8 avril 2012 :

"Now that the time has come to expect Greek March economic data, which will show an acceleration in the total financial collapse of a society which is merely used as an intermediary to bail out insolvent European banks, something that virtually everyone takes for granted, together with a third bailout package sometime in the late summer, we can focus on the more entertaining developments out of the country that has become a symbol of all that is broken in Europe. Such as this story from Greek Protothema that one can now hire a cop for as little as €30/hour. €20 more gives one the option of chosing between the Athenian version of Erik Estrada, together with bike and ambiguous sexual tendencies, or a K-9 option. Finally, for those who are in need of urgent transport from point A to point B in total security, the Greek police choppers can be had for as little as €1500 an hour. In other words, one can own a 24/7 full-time militia of 20 policemen for as little as €14,400 a month. Naturally, the Greek PD has stooped so low because it simply has no money, and in its attempt to protect and serve, it has to do a little paid moonlighting on the side. As to what happens when all the wealthy robber barrons and tax evaders in Greek society end up owning all the officers in circulation, leaving the rest of the country defenseless, well, we are confident the local underworld elements will be more than happy to find out just what the consequences of that particular outcome will be. But at least Greece is still in the euro. And that's all that matters."

vendredi 6 avril 2012

Jour 1791

Le Conseil des Singes de l'Audiovisuel

Acrimed, le 6 février 2012 :

"Inféodé au pouvoir politique et assujetti aux entreprises médiatiques, le CSA est un organisme-fantoche et un organisme-croupion : un simple relais du pouvoir exécutif, cantonné à la régulation de l’audiovisuel dans une définition désormais archaïque. À l’heure d’Internet, de la révolution numérique, de la multiplication des supports et du multimédia, toutes les composantes de l’espace médiatique sont plus que jamais solidaires. C’est pourquoi un Conseil national des médias (CNM), entièrement redéfini dans ses missions et sa composition, doit être institué. Quelle composition ? Un tel conseil des médias devrait être dégagé des formes de représentations politiques qui prévalent aujourd’hui et qui aboutissent, au sein de l’actuel CSA, à la prédominance absolue de l’exécutif et des majorités parlementaires qui décident de sa composition. Il devrait être composé d’élus, de professionnels des médias et de porte-voix des publics. - Quel que soit le mode de scrutin retenu pour l’élection des assemblées parlementaires et en particulier de l’Assemblée nationale, la représentation politique au sein du CNM doit être une représentation strictement proportionnelle. - Quelle que soit la part réservée aux chefs d’entreprises, privées ou publiques, la majorité de la représentation professionnelle doit revenir aux principaux acteurs des médias : les journalistes et les salariés des médias, ainsi que leurs organisations syndicales. - Quelles que soient les modalités retenues de représentation des usagers, celle-ci doit être effective, même si le risque d’une faible représentativité n’est pas négligeable : leur rôle pourrait être, du moins dans un premier temps, consultatif. En tout cas, de telles dispositions (notamment parce qu’elles distinguent la représentation politique et la représentation directe des usagers) pourraient n’être que provisoires : elles prendraient tout leur sens si tout ou partie des représentants aux conseils des médias étaient élus à la proportionnelle, sur la base de projets et selon un mode de scrutin spécifiques. De surcroît, une seule autorité publique indépendante devrait remplir ou coordonner les fonctions remplies aujourd’hui par diverses institutions cantonnées à tel domaine d’intervention et à tel type de médias. Par exemple, sous réserve des autres transformations souhaitables et sans préjuger de celles-ci : - Les organismes d’évaluation de la diffusion et des audiences ne doivent pas être sous-traités à des organismes privés et/ou dépendants. Médiamétrie et l’OJD (ex-Office de justification de la diffusion des supports de publicité) doivent être remplacés ou modifiés. Ils devraient être ou devenir des organismes publics ; - L’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (Arpp) [1] devrait remplir ses fonctions au sein du CNM ou sous son contrôle. - L’Autorité de régulation des communications électronique et postales (Arcep) devrait agir de concert avec le CNM, voire constituer avec lui une seule et même instance. Quelles missions ? Le CNM aurait pour principaux rôles, sous réserve de précisions sur la répartition entre les pouvoirs effectifs et les fonctions consultatives : 1. La définition des modalités de financement public des médias : l’allocation des montants de la redevance audiovisuelle ; l’allocation des aides publiques à la presse ; l’allocation des ressources destinées aux médias associatifs. Seul un organisme réellement indépendant permettrait d’en finir avec l’arbitraire politique et l’opacité qui règnent sur ces allocations. 2. Le contrôle de la publicité : la définition des normes des messages publicitaires ; l’établissement des règles relatives aux conditions de leur diffusion et celles relatives à leur ampleur, de concert avec l’Arpp, qui devra être refondée. La place et le contenu de la publicité dans les médias ne relèvent pas des seuls spécialistes et professionnels de la publicité : ils doivent, pour le moins, faire l’objet d’un débat public. 3. La gestion des moyens publics de production et de diffusion : la répartition des canaux et des fréquences disponibles ; le contrôle de la gestion des moyens publics d’impression ; le contrôle de la transparence des organismes de diffusion de la presse ; la prise en charge des relations avec La Poste et les Télécommunications (dont il faut souhaiter les renationalisations). 4. Le contrôle des mesures d’audience et de diffusion : la redéfinition des organismes d’évaluation de la diffusion et des audiences ; la réévaluation de leurs critères et le développement des enquêtes qualitatives sur les usages des médias, dégagées des présupposés mercantiles de celles, trop rares, qui existent actuellement... 5. Le contrôle du pluralisme médiatique et de la législation sur les concentrations, en particulier par l’instauration d’un droit de saisine des juridictions compétentes en cas de transgression des dispositions législatives. 6. La protection de la liberté sur Internet et de sa neutralité et, en particulier, la mise en œuvre de dispositions qui protègent les droits d’auteur sans recourir à la répression aveugle et absurde qui est le lot de la loi Hadopi. Dans le cadre de l’actuelle Constitution, c’est au Parlement que revient le vote du budget alloué aux médias et des lois qui les concernent, tandis que le gouvernement – la direction des Médias et le ministère des Finances en particulier – sont chargés de l’application des dispositions législatives. C’est beaucoup, c’est beaucoup trop, si leurs compétences ne sont pas strictement circonscrites, et surtout si n’existe aucun contre-pouvoir. Dans ce but, deux mesures complémentaires doivent être envisagées. D’abord, le rôle désormais rempli par les régions et le poids grandissant, actuel et à venir, des médias locaux rendent indispensable le transfert des compétences nécessaires à des conseils régionaux des médias, indépendants des conseils régionaux proprement dits. Ensuite et surtout, sur le plan national, le CNM, tel que nous l’avons défini, pourrait être inscrit dans la Constitution : la notion confuse de « quatrième pouvoir » recevrait ainsi un sens précis."

jeudi 5 avril 2012

Jour 1790

Privatisation partout, justice nulle part

Bug Brother, le 4 avril 2012 :

"En conclusion de son reportage, TF1 note qu'"en France, le nombre d'agents de sécurité privée devrait égaler le nombre de policiers et gendarmes en 2015; aux États-Unis, il y a déjà trois fois plus d'agents privés que d'agents publics." En l'espèce, et en France, les supplétifs de la sécurité privée ont de fait augmenté de 140% en 20 ans, et l’on dénombre aujourd’hui, souligne Sabine Blanc sur OWNI, 9 000 entreprises pour 165 000 salariés... TF1 omet par contre étrangement de préciser que les sociétés de sécurité avaient jusqu’au vendredi d'avant pour déposer un dossier de demande d’agrément ou d’autorisation, suite à l'instauration du Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps), chargé, dixit le ministère de l'Intérieur, "d’assainir le secteur de la sécurité privée, afin de favoriser l’émergence d’entreprises saines, performantes et compétitives". Interrogé par Sabine Blanc, la journaliste qui, ces derniers mois, a probablement le plus -et le mieux- enquêté sur ces questions de surveillance et de libertés, un professionnel de la profession résume bien le problème, en rappelant qu'en 1983, une loi avait été votée afin d'"encadrer et restreindre les activités de la sécurité privée", et qu'elle disait clairement "où on ne doit pas être : sur la voie publique... "Or, Sarkozy a ouvert une brèche en fermant les commissariats et en baissant les effectifs. La nature ayant horreur du vide, il a fallu combler cela… et c’est nous et la police municipale. Mais on revient moins cher et on est moins contraignant que la police municipale. Les effectifs de la sécurité privée vont bientôt être plus importants que ceux de la police nationale, de la gendarmerie et des douanes réunis. Trouvez-vous cela normal ? Moi, non. Nous, on est dans le privé. Et pourtant, on intervient avant le 17 lors de cambriolages, d’effraction ou d’intrusion. Les aéroports sont aux mains de la sécurité privée… ce n’est pas normal. On joue gros et on n’a ni les moyens, ni les formations adaptées." En résumé : le gouvernement exploite le sentiment d'insécurité pour faire passer des lois mettant l'accent sur le recours à des technologies sécuritaires, tout en ne remplaçant pas un policier (ou gendarme) sur deux; le sentiment d'insécurité ayant été exacerbé par cette instrumentalisation politique des questions de sécurité, le gouvernement prône également un recours accru aux sociétés de sécurité privée... La boucle est bouclée. Les problèmes de sécurité, eux, n'en sont pas pour autant réglés. Pis : on en arrive donc à une situation absurde où ceux qui sont censés incarner le respect de la loi se retrouvent à la violer... En matière de libertés, par contre, c'est plié : l'objectif assigné aux policiers, gendarmes et agents de sécurité privée de "faire du chiffre" ne peut qu'instrumentaliser, exploiter et augmenter d'autant le sentiment d'insécurité... une spirale infernale qui ne peut que porter atteinte aux libertés, ce que reconnaît d'ailleurs bien volontiers la délégation interministérielle à la sécurité privée du ministère de l'Intérieur : Avez-vous des exemples de dérives de la sécurité privée ? Réponse : des comportements qui pourraient porter atteinte aux libertés individuelles sont toujours possible. En assurant la sécurité des entreprises, des particuliers, les agents et entreprises de sécurité privée ont accès à des informations, à des lieux, à une intimité. Cet accès ne doit en aucune manière donner lieu à l’acquisition illégale d’informations, d’intérêts de toute sorte, ou d’abus vis-à-vis de la dignité et du respect de la vie privée des personnes. Le comportement de certaines entreprises ou de certains agents a pu être considéré comme constituant des empiétements à la fois sur les prérogatives des forces de sécurité publiques et sur le respect de la vie privée, sur le droit d’aller et venir."

mercredi 4 avril 2012

Jour 1789

Le combat des femmes (?)

Acrimed, le 28 mars 2012 :

"On ne peut évoquer la dite « presse féminine » sans passer le magazine Elle au crible d’une critique qui, bien que très incomplète sous la forme qu’on va lire ici, permet d’entrevoir les voies plus ou moins subtiles par lesquelles s’immisce aujourd’hui le sexisme dans les médias s’adressant aux femmes. Fleuron du groupe Hachette Filipacchi Médias, lui-même propriété du groupe Lagardère et premier éditeur mondial de magazines, Elle propose chaque semaine – et chaque jour sur son site Internet – un concentré de poncifs sexistes, maquillés derrière une rhétorique dont la « modernité » se résume à l’usage permanent d’anglicismes et emmitouflés dans un amas de publicités haut de gamme. On ne prendra ici que quelques exemples qui nous ont semblé révélateurs de tendances de fond. La réussite des femmes selon Elle Elle se montre attachée à la « réussite » des femmes : louable intention à l’évidence ! Mais la lecture du magazine révèle d’emblée deux dimensions de cet attachement bruyamment revendiqué. Cette réussite, en effet, se réduit pour l’essentiel à l’accès des femmes aux positions dirigeantes (dans le monde politique ou économique), au point que le sort de la majorité des femmes salariées – soumises aux contrats précaires, aux bas salaires, aux temps partiels imposés ou à la double journée – n’est que très rarement évoqué par les rédactrices de l’hebdomadaire. Nulle raison de s’en étonner : cherchant à obtenir les recettes publicitaires associées aux grandes enseignes de la mode (Chanel, Louis Vuitton, etc.), Elle multiplie les efforts pour attirer un lectorat, sinon bourgeois, du moins disposant de revenus conséquents (« CSP+ »). Que lui importe, par conséquent, les intérêts des caissières, serveuses, femmes de ménage, aides-soignantes ou autres secrétaires. Deuxième aspect marquant : Elle s’intéresse moins aux mécanismes qui assurent la persistance des inégalités d’accès aux positions dirigeantes entre hommes et femmes, qu’à la manière spécifique dont les femmes occuperaient ces positions. Or, cette spécificité, Elle la cherche dans… la garde-robe de ces femmes distinguées, forcément ! Ainsi, dans un article publié dans le magazine du 21 octobre 2011 et intitulé : « Mode in power », Elle se propose d’instruire on ne sait qui, mais on le devine, sur la manière dont « les dirigeantes imposent leur look » : « Chancelière, ministre, First Lady… les femmes sont enfin sorties de la terne imitation des hommes et osent faire passer des messages ». Pour apprendre comment elles y sont parvenues et comment il est possible d’y parvenir, l’article propose une « analyse des nouveaux dress codes féminins », qui se fonde sur les « exemples » de Michelle Obama, Nathalie Kosciusko-Morizet, Angela Merkel, Christine Lagarde, Martine Aubry et Kate Middleton. La politique du « look » selon Elle Ce n’est pas tout : sous le vocable unifiant de « dirigeantes » se trouvent placées sur le même plan deux femmes, Michelle Obama et Kate Middleton, uniquement connues en tant qu’épouses d’hommes célèbres (qui eux-mêmes le sont à des titres bien différents), et quatre autres qui ont exercé des fonctions politiques de premier plan (ministres, députées, etc.). C’est assez dire la confusion qu’Elle contribue à entretenir sur la « réussite » des femmes, puisque diriger – conjugué au féminin – peut encore et toujours consister à être la « femme de ». Considèrerait-on le mari (ou le compagnon) d’Angela Merkel ou de Martine Aubry comme un « dirigeant » ? Poser la question, c’est évidemment y répondre. Mais le principal enseignement est le suivant : si les femmes – ces femmes – sortent aujourd’hui de l’ombre dans laquelle elles se tenaient elles-mêmes (et non où les hommes les tiennent, aujourd’hui comme hier), « soucieuses de ne pas détonner dans l’univers masculin du costard-cravate », et si elles parviennent aujourd’hui à « faire passer des messages », ce n’est pas en luttant pour l’égalité entre hommes et femmes dans le monde du travail, pour un partage égalitaire des tâches domestiques dans les couples ou contre les violences masculines, mais en « inventant un nouveau dress code ». Message de gauche ou de droite, en faveur des intérêts des salariés ou du patronat, pour l’égalité entre les sexes ou sans considération pour les inégalités entre hommes et femmes ? Peu importe car, une nouvelle fois, les femmes se trouvent jugées, non sur la base de leur contribution à l’émancipation des modèles de genre ni même de leur positionnement politique ou de leur compétence, mais sur leur apparence extérieure, ici vestimentaire. Au nom de ces équations traditionnelles reléguant les femmes « dirigeantes » au rôle de figurantes, rien ne nous est donc épargné par Elle : la « sexyness de NKM » (N. Kosciusko-Morizet), la « touche créateurs de Michel Obama », le « high street de Kate Middleton », « le côté “Vis ma vie” de Martine Aubry », etc. À l’adresse du lecteur non encore convaincu, voici un florilège de ce que ce « dossier » nous réserve de meilleur : « Elle a des jambes de gazelle, alors, pourquoi s’en priver ? », « Michelle Obama est la plus moderne et la plus sympa des First Ladies », « La méthode Lagarde est simple mais fiable. Une tenue basique de power woman à l’ancienne, mais, par-dessus, un foulard ou une grosse broche graphique », « C’est l’une des révolutions les plus importantes. Les attentes du public vis-à-vis de ses dirigeantes sont passées d’un dressing iconique à un dressing sympathique ». Le partage des tâches domestiques selon Elle Une petite incursion sur le site du magazine révèle une autre dimension de la contribution de Elle au maintien des rôles sexués : sa « vision de la division du travail domestique. Sous le titre « toutes accro à l’électroménager », un dossier du 7 décembre 2011 propose ainsi cinq portraits de femmes : « Un lave-vaisselle ou un robot, c’est souvent beaucoup plus qu’un appareil qui facilite la vie. C’est aussi un ami, un allié, un objet fétiche... Cinq dingues de leur gadget high-tech se racontent ». Toutes les enquêtes sociologiques ont beau démontrer la permanence, dans tous les milieux sociaux, d’inégalités très profondes entre hommes et femmes dans la répartition des tâches domestiques (alimentation, nettoyage, éducation, etc.), Elle choisit d’entériner cet état de fait… en le passant sous silence et en valorisant le rapport de certaines femmes aux appareils qui sont le support technique de cette inégalité. Nous aurions pu évoquer l’exemple de Valia, dont le compagnon s’est vu déchargé de la vaisselle grâce à l’achat d’un lave-vaisselle, mais celui de Fleur nous paraît encore plus édifiant. Fleur a en effet découvert les joies du nettoyage en faisant l’acquisition d’un aspirateur high-tech. Pourquoi ? « Parce qu’il trône dans le salon comme une œuvre d’art, qu’il est beau, ultrapratique et, comme c’est un 2-en-1, je peux utiliser le petit ou le gros selon les besoins. C’est devenu mon meilleur ami et le troisième membre de la coloc’ ». Dans la chanson de Marylin Monroe, les diamants constituaient le meilleur ami d’une femme ; dans la version proposée par Elle, ce rôle est dévolu… à l’aspirateur. Commentaire de l’experte diligentée par le magazine : « La vie de Fleur a changé le jour où elle a pris conscience qu’un aspirateur pouvait être non seulement utile mais facile à utiliser. Pour elle, aspirer la poussière est devenu un jeu. Elle se sent valorisée par la performance et le design de l’appareil. Si bien qu’elle l’a accueilli avec autant d’enthousiasme qu’un nouveau colocataire qui serait à la fois sexy et facile à vivre ». La rhétorique de la conciliation vie professionnelle/vie privée Une autre manière de s’accommoder des inégalités de genre dans la répartition des tâches domestiques consiste à recourir au lieu commun, qui tient lieu pour beaucoup d’idéal, de la « conciliation entre vie professionnelle et vie privée ». Ce thème occupe une place non-négligeable dans le discours porté par Elle, le magazine proposant, par exemple, « dix conseils » aux mères actives « pour assurer » (27 octobre 2011). Le simple fait que ce type d’articles figure régulièrement dans la presse féminine et ne s’adresse qu’aux femmes est en soi significatif : les hommes ne sont en effet enjoints par personne à « concilier » quoi que ce soit. Les femmes se doivent quant à elles de « concilier », car c’est précisément à elles que continue à revenir en priorité de s’occuper des tâches matérielles au sein des couples. Au-delà de leur caractère purement incantatoire, les « conseils » proposés par Elle – « je gère ma grossesse au bureau », « je communique avec mon boss », « je trouve un mode de garde fiable », « je gère les imprévus » – ne visent donc qu’à rationaliser cette inégalité, pièce maîtresse du patriarcat. Ce que confirme parfaitement le cinquième conseil, qui stipule : « j’implique le père de mon enfant dans les tâches ménagères ». Ici comme ailleurs, les mots importent ; il est bien écrit « j’implique », et non « je partage ». Le conseil pour faire accepter cette « implication » aux pères réticents a de quoi laisser songeur : « Vous pouvez utiliser des phrases toutes prêtes ayant fait leurs preuves et compilées dans le livre. Un exemple : “Mon amour, toi qui a des muscles, j’aurais une mission à te confier : pourrais-tu s’il te plaît descendre la poubelle à couches ?” ». Quand on a renoncé à combattre l’inégalité, restent les arguments sexistes. On pourrait poursuivre longtemps l’énumération des exemples : la plupart montrent que les discours généraux qui prétendent lutter contre les inégalités entre hommes et femmes servent d’habillage élégant à l’aménagement du statu quo. Il suffit pour cela de considérer, en général, ces inégalités comme des survivances archaïques et de les attribuer exclusivement à des cultures ou des religions qui seraient intrinsèquement sexistes. Ce faisant, Elle participe à la légitimation et à l’éternisation de la domination patriarcale, telle qu’elle continue à s’exercer aujourd’hui dans la société française."

mardi 3 avril 2012

Jour 1788

Les nains ont forcément envie de croissance

Le Monde Diplo, le 2 avril 2012 :

"Il y a longtemps que la pertinence du PIB en tant qu’indicateur hégémonique est remise en question par les économistes. Est particulièrement visée, dans ce « supplément de richesse » annuel produit et évalué de façon marchande et monétaire — qui fait donc le bilan de la valeur ajoutée produite par une économie —, son incapacité à prendre en compte l’inestimable des vies humaines. En mars 1968, Robert Kennedy, candidat à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle américaine, le martelait déjà : « Le PIB ne tient pas compte de la santé de nos enfants, de la qualité de leur instruction, ni de la gaieté de leurs jeux. Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l’intégrité de nos représentants. Il ne prend pas en considération notre courage, notre sagesse ou notre culture. (...) En un mot, le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut la peine d’être vécue. » [...] Reste qu’en quarante ans de domination sans partage de la vulgate libérale, rien n’a vraiment changé : la mesure de la richesse nationale est toujours majoritairement centrée sur les différents niveaux de l’activité marchande, dans une optique de « création de valeur ajoutée » que les années de reconstruction d’après-guerre ont fortement contribué à figer. Les conditions sociales de production restent un sujet virtuel. [...] Critère de mesure central, le PIB n’a, enfin, aucunement tenu lieu de radar d’alerte concernant la crise actuelle. Rien dans la structure du PIB ni dans le AAA des agences de notation, qui lui est fortement corrélé, n’a permis de comprendre, par exemple, que l’accumulation de « richesses » produites depuis trente ans au Royaume-Uni par des services financiers hypertrophiés engendrait un déséquilibre structurel, rendant toujours plus d’hommes dépendants d’une production virtuelle et parasitaire. La crise montre aujourd’hui les limites de ce pari britannique : l’économiste Patrick Artus estime que 20 % des emplois au Royaume-Uni sont liés à la finance ; si la City perd son rôle central, le pays se retrouve sans option de rechange, aucune industrie ne pouvant vraiment relancer l’économie. Le PIB, pas plus que la grille des AAA, n’était capable de refléter ce glissement. Quant aux agences de notation, leur aveuglement passé dans le drame des subprime est unanimement reconnu ; pourtant, personne ne met en discussion leur capacité à dégrader du jour au lendemain la valeur d’une entreprise — et la vie de ses salariés — ou la réputation d’un Etat — et la vie de ses citoyens — sur la base de rumeurs et d’indicateurs arbitraires. En septembre 2011, remarque La Tribune, Air France « vaut » moins en Bourse que le prix catalogue de cinq A380 ; Accor, moins que la moitié de ses hôtels. Mais nulle multinationale n’envisage sérieusement de cesser de dépendre de cotations irrationnelles. L’économie libérale demeure un artéfact religieux et, comme tel, hésite à se priver de ses faillibles augures. Tant pis si ces derniers, marché ou agences, ont régulièrement besoin de victimes pour pouvoir « lire » dans les entrailles de la croissance."

lundi 2 avril 2012

Jour 1787

Les conseils de la connasse

Le Figaro, 2 avril 2012 :

"Laurence Parisot a tout d'abord encensé le bilan du président. «On ne mesure pas assez tout ce qui a été fait ces dernières années, a-t-elle indiqué. Le bilan de Nicolas Sarkozy n'est pas un boulet mais un boulot extraordinaire. Il faut continuer le travail effectué ces cinq dernières années.» Et la patronne des patrons de rendre hommage au chef de l'État pour la «grande» réforme des retraites mise en œuvre. «Sans elle, nous serions sur le plan financier dans une situation encore plus grave», a-t-elle martelé. Mieux, le pays n'aurait pas pu rêver meilleur capitaine durant la crise pour ramener à quai le navire France. «La capacité de leadership de Nicolas Sarkozy à l'échelle internationale est exceptionnelle», a ainsi assuré la présidente du Medef."

Le bilan du nain vous lavez sur des pages et des pages ici, à vous de voir...

dimanche 1 avril 2012

Jours 1785 & 1786

Une parmi d'autres...

Le Monde, 31 mars 2012 :

"Pour la deuxième année consécutive le concours des meilleurs apprentis de France a distingué une jeune femme d'origine rom, Cristina Dumitru, qui vit en France sans papiers depuis plus de six ans. Cristina, 18 ans, a passé plus de 18 mois dans une caravane sans eau ni électricité après son arrivée de Roumanie à Nantes (ouest) en 2005 avec sa famille, avant de pouvoir accéder à des conditions de vie moins rudes. Elle reçu sa médaille le 29 mars au Sénat à Paris, où se déroulait la remise des prix. Mais comme Linda Mihai, 21 ans qui était lauréate du concours 2010, en catégorie "pressing" également, toute lauréate qu'elle est, Cristina n'a pas de papiers."