mardi 8 mars 2011

Jour 1397

Pendant ce temps à puerto... Euh, à Kaboul

Une news qui est passée plutôt inaperçue... (lue sur MSN actualités) :

""Au nom du peuple afghan, je veux que vous arrêtiez de tuer des civils", a déclaré le président Hamid Karzaï au général américain David Petraeus au cours d'un conseil des ministres auquel assistait le commandant de la force de l'Otan en Afghanistan (Isaf).

"Les excuses du général Petraeus ne sont pas suffisantes", a-t-il également déclaré, soulignant que "les victimes civiles sont la cause principale de la détérioration des relations entre l'Afghanistan et les Etats-Unis".

"La population en a assez et ni les excuses ni les condamnations ne suppriment la douleur" des familles de victimes, a-t-il conclu.

L'Isaf est accusée d'avoir tué de nombreux civils à deux reprises dans la province de Kunar (est), bastion taliban situé à la frontière du Pakistan, relançant une polémique récurrente entre Kaboul et son alliée internationale.

Selon les autorités afghanes, l'Isaf a tué mardi dernier neuf enfants qui ramassaient du bois, alors qu'elle était déjà accusée d'y avoir tué 65 civils dix jours plus tôt. M. Karzaï a dénoncé ces deux incidents, en appelant l'Otan à cesser ces "meurtres" qui jettent, selon lui, la population dans les bras de la rébellion menée par les talibans.

La mort des neuf enfants a eu un tel retentissement que le président américain Barack Obama a exprimé jeudi ses "profonds regrets" à M. Karzaï. La veille, le général Petraeus, avait présenté des excuses pour cette "tragédie", ajoutant en assumer la responsabilité.

Selon l'Isaf, qui a diligenté une enquête, les victimes ont été tuées par erreur par un hélicoptère de combat appelé en renfort après que des rebelles eurent attaqué une base militaire américaine."

lundi 7 mars 2011

Jour 1396

Apolitique(s)

Le Figaro, 1er mars 2011 :

"Savoie pour tous», «Union pour la Loire», «13 en action» ou encore «Un département fort pour tous»… Autant de listes de candidats aux élections cantonales, de gauche comme de droite, qui masquent délibérément leur appartenance à leur parti. [...] le site internet des candidats de droite, baptisé Ensemble pour la Sarthe, ne mentionne nulle part l'appartenance politique de ses candidats, fussent-ils maires ou conseillers généraux départementaux. [...] En Côte-d'Or, le site internet des candidats de la majorité présidentielle, baptisé «Initiatives Côte-d'Or», n'affiche pas le logo de l'UMP, ni du Nouveau centre, alors même que leur leader François Sauvadet est le patron des députés NC. [...] après la débâcle des régionales, les candidats de droite préfèreraient masquer leur appartenance au parti majoritaire pour éviter d'être associés à la faible popularité du chef de l'Etat."

dimanche 6 mars 2011

Jours 1394 & 1395

Expulsion fatale

Ligue des Droits de l'Homme, le 4 mars 2011 :

"Nous lançons la campagne « Un mot, des morts »[2] pour sauver le droit au séjour pour soins des étrangers gravement malades résidant en France. Ce droit est menacé par le projet de loi sur l’immigration qui sera examiné en deuxième lecture à l’Assemblée Nationale à partir du 8 mars prochain. Depuis 1998, un étranger gravement malade résidant en France est protégé contre toute mesure d’expulsion et peut obtenir une carte de séjour s’il ne bénéficie pas d’un « accès effectif » au traitement dans son pays d’origine. Ce dispositif actuel concerne 28 000 personnes (chiffre stable depuis 2006), soit 0,8 % des étrangers vivant en France.

Aujourd’hui, une partie des députés, soutenue par le gouvernement, veut remplacer cette notion d’« accès effectif » au traitement par celle de « disponibilité ». Ils prétendent qu’il s’agit d’une simple précision alors que cela remettrait fondamentalement en cause ce droit.

En effet, ce n’est pas parce qu’un traitement est « disponible » dans un pays qu’il y est « accessible ». Ruptures de stocks, inexistence de couverture maladie, insuffisance de l’offre quantitative et qualitative de soins, prix prohibitifs des traitements ou encore manque de personnel soignant peuvent entraver l’accès effectif aux soins.

Alors que le Sénat a rejeté l’amendement en première lecture, le gouvernement s’obstine.

S’il est retenu, ce texte forcera les étrangers à rester dans l’irrégularité, mettant leur santé en péril, avec un risque de recrudescence des maladies infectieuses telles que le VIH, les hépatites ou la tuberculose. Ces personnes vivront dans l’angoisse d’une expulsion, synonyme de condamnation à mort dans leur pays où elles ne pourront se soigner. Par ce seul mot inséré dans la loi, « indisponibilité », la vie de milliers de personnes sera mise en danger.

C’est pour cette raison que, nous, associations de malades, de migrants, de médecins, de défense des droits des étrangers, de lutte contre le sida, nous unissons autour de la campagne « Un mot, des morts ». Nous nous opposons à cette restriction et demandons le maintien de la loi dans ses termes actuels."

vendredi 4 mars 2011

Jour 1393

Lagarde et ses problèmes avec l'arithmétique

Libération, le 2 mars 2011 :

"Pôle Emploi prend en compte certains chômeurs que l’Insee, plus restrictif, laisse en dehors de ses statistiques : l’Insee, pour qui le chômeur doit avoir entrepris des démarches actives de recherche d’emploi, ne considère pas que l’inscription à Pôle Emploi constitue, à elle seule, un acte suffisant de recherche d’emploi. Ajoutons, enfin et surtout, que le chiffre de l’Insee est basé sur une enquête qui, par définition, recèle une marge d’erreur. Celle-ci, selon l’institut, est de 0,3 point, soit, précisément… le niveau de baisse relevée par Christine Largarde (de 9,6% à 9,3%).

Chacun de ces deux chiffres, construits sur ses propres critères, reflète donc deux réalités différentes. Mais Christine Lagarde, qui n’ignore pourtant rien de l’existence de Pôle Emploi, dont elle fut ministre de tutelle, s’est bien gardée d’en citer les données, préférant mettre en avant les statistiques de l’Insee. Les seules à valider son discours."

jeudi 3 mars 2011

Jour 1392

Caméra cassée

Bug Brother, le 15 février 2011 :

"Un rapport de la chambre régionale des comptes d’Ile-de-France vient par ailleurs de pointer du doigt la gabegie financière et politique du recours à la vidéosurveillance [...] Dans le cadre d’une enquête commune à la Cour des comptes et aux chambres régionales des comptes relative à la sécurité publique, il a été relevé aussi un manque de suivi dans les actions engagées, à l’exemple du contrat local de sécurité ou des six premières caméras de vidéosurveillance aujourd’hui hors d’usage, en dépit d’une installation récente et des sommes conséquentes consacrées à leur implantation. [...] Par ailleurs, en dépit des sommes importantes consacrées à leur acquisition, le fait que les six premières caméras de vidéosurveillance - bien que d’implantation récente - soient aujourd’hui hors d’usage reste difficilement compréhensible. Le manque de maîtrise de ces infrastructures par la commune et l’inertie du directeur de la prévention et de la sécurité sont regrettables ; ainsi, en dépit d’un système qui n’a jamais fait l’objet d’une réception de chantier car il a été sans cesse défectueux, l’entreprise a néanmoins été payée pour une très large partie (124 156,98 € TTC sur 149 495,90 € TTC)."

mercredi 2 mars 2011

Jour 1391

Sondez, sondez, il en restera toujours quelque chose

Le Monde Diplomatique, 23 février 2011 :

"Le jugement rendu le 16 février par la 17e Chambre du tribunal de grande instance de Paris fait plaisir. Il concerne le procès en diffamation intenté par M. Patrick Buisson, dirigeant de l’institut de sondages Publifact et proche conseiller du président de la République, à notre collaborateur Alain Garrigou, professeur de science politique à l’université de Paris-Ouest-Nanterre. Les magistrats considèrent dans leur arrêt que « l’ensemble des témoins dont il avait connaissance, ces différentes études, les réponses qu’il avait données dans le cadre de son audition par la Commission des finances de l’Assemblée nationale ainsi que sa compétence dans le domaine des sondages permettaient à Alain Garrigou de s’interroger sur les anomalies révélées par les différents documents et d’envisager, son propos relevant alors pour l’essentiel du registre politique, l’éventualité de la constitution « d’un trésor de guerre » par le demandeur, pouvant faciliter le financement ultérieur de campagne électorale de Nicolas Sarkozy. Compte tenu du sujet d’intérêt public alors abordé, du contexte politique à forte tonalité polémique dans lequel elle a été proférée, l’hypothèse envisagée n’a pas excédé les limites de la liberté d’opinion volontairement polémique. […] Il convient en conséquence de débouter Patrick Buisson de l’ensemble de ses demandes ».

Cette victoire judiciaire est importante dans un contexte où la liberté des chercheurs apparaît chaque jour plus menacée (voir dans l’édition de mars du Monde diplomatique, en kiosques mercredi 2 mars, l’article de Howard S. Becker). Elle prend aussi tout son sens sur le terrain des sondages. Le 14 février dernier, une proposition de loi a été adoptée à l’unanimité au Sénat. Elle prévoit d’instaurer une régulation du marché des sondages politiques par un véritable contrôle assorti de sanctions, par la transparence telle que la publication des chiffres bruts d’intention de vote et par l’interdiction de toute gratification aux sondés. Très significativement, le gouvernement de Nicolas Sarkozy a opposé son veto à la réforme : les sondages occupent en effet une place centrale dans la politique française. Mais leur dérive est dorénavant reconnue.

Plus drôle, par une ironie de l’histoire, il semblerait que M. Buisson n’en ait pas complètement terminé avec la justice qu’il avait saisie avec autant d’enthousiasme. Le 22 février, on apprenait qu’un juge d’instruction venait d’être nommé pour enquêter sur les sondages de l’Elysée, attribués sans appel d’offre à Publifact…"

mardi 1 mars 2011

Jour 1390

Une histoire de fous

Libération, le 28 février 2011 :

"Trente mille personnes ont signé avec nous l’Appel contre La nuit sécuritaire, lancé en réaction au discours du président de la République le 2 décembre 2008, qui assimilait la maladie mentale à une supposée dangerosité.

A nouveau, le Collectif des 39 en appelle à l’ensemble des citoyens. Ce discours promettait un traitement sécuritaire des malades mentaux. Il a depuis largement pris corps dans la pratique quotidienne : les lieux de soins psychiatriques sont désormais truffés de caméras de surveillance et de chambres d’isolement, des grillages ont été disposés, des protocoles de neutralisation physique des patients ont vu le jour, les préfets empêchent les levées d’internements caducs. Un projet de loi propose aujourd’hui un cadre juridique à cette dérive sécuritaire. Adopté le 26 janvier 2011 en conseil des ministres, il sera discuté au Parlement le 15 mars après un simulacre de concertation.

Dans un vocabulaire relevant du code pénal, il cautionne la défiance à l’égard de citoyens souffrants.

Dans ce dispositif, seul le trouble à l’ordre public est pris en compte. Il instaure un changement paradigmatique sans précédent : l’institution des "soins" sans consentement en ambulatoire. En effet, le projet de loi n’identifie plus seulement l’hospitalisation comme contraignante, mais les soins eux-mêmes, à l’hôpital comme à l’extérieur, avec le risque majeur de la mise en place d’une surveillance sociale planifiée.

Ainsi, pour répondre à l’inquiétude légitime des patients et de leurs familles, ce projet de loi, sous couvert de déstigmatisation, va instituer une logique de dérive sécuritaire induisant un contrôle inédit de la population. Il s’appuie sur un principe de précaution inapproprié.

La mystification est totale : il ne s’agit pas d’un projet de soins, mais d’un engrenage portant atteinte aux libertés fondamentales dans un Etat démocratique. Prétendant améliorer "l’accès aux soins" et leur "continuité", ce projet propose uniquement un accès à la contrainte sans limite de durée. Il détourne la fonction des soignants vers une orientation de dénonciation, de rétention, de "soins" sous contrainte et de surveillance. Il impose aux patients d’accepter des "soins" stéréotypés, protocolisés, identiques pour tous. Ils seront sous surveillance, associée à un contrôle de leur dignité : ainsi se met en place une police de l’intime. Il instaure un fichier national, "un casier psychiatrique ?", de toute personne ayant été soumise ne serait-ce qu’une seule fois aux soins sans consentement. Il institue un mensonge en laissant penser que seuls les médicaments psychotropes administrés sous contrainte suffisent à soigner les patients gravement atteints : enfermés chez eux, malgré eux.

Une partie des citoyens a été désignée à la vindicte médiatique. Le mot schizophrène, jeté à tort et à travers, en bafouant le secret médical, n’est plus un diagnostic mais une menace, qui accable les malades et leurs familles, effraie jusqu’à leur voisinage. Penser que ce projet de loi va améliorer cette situation est une déraison d’Etat.

Bien plus, il risque de s’opposer frontalement à toute réforme sanitaire digne de ce nom, qui aurait pour principes élémentaires de reposer sur une fonction d’accueil, une logique ouverte et déségrégative, des thérapeutiques diversifiées centrées sur le lien relationnel et la confiance, dans la durée.

Ce projet va à l’encontre d’une politique de soins psychiatriques respectueux des libertés, offrant une hospitalité pour la folie au cœur du lien social, qui allierait sécurité publique et soins à la personne. Il institue la défiance envers les professionnels dans une démarche politique analogue à celle appliquée récemment aux magistrats et à la justice, comme à d’autres professions.

Nous voulons que les budgets subventionnent des soins et non des aménagements carcéraux, la formation des personnels, des effectifs conséquents, pour une conception humaine de l’accueil de la souffrance.

Nous rejetons les réponses démagogiques qui amplifient délibérément l’émotion suscitée par des faits divers dramatiques. Ces réponses ne font qu’accroître et entretenir la peur de l’autre.

Nous voulons résister, nous opposer, avec une élaboration citoyenne de propositions pour une politique de soins psychiatriques au plus proche des réalités de terrain. La psychiatrie est l’affaire de tous.

Nous soignants, patients, familles, citoyens appelons au retrait immédiat de ce projet de loi."