mercredi 29 février 2012

Jour 1754

C'est à devenir fou


"Le 23 février, la Cour européenne des droits de l’Homme a condamné la France à l'unanimité pour avoir infligé un traitement inhumain et dégradant à Z.G. L'intéressé, souffrant d'une « psychose chronique de type schizophrénique » avait été maintenu en détention pendant quatre ans, de 2005 à 2009. Selon la Cour, « la gravité de la maladie dont est atteint [Z.G.] est incontestée » et il aurait dès lors dû faire l’objet de « mesures aptes à ne pas aggraver son état mental (…) ce que n’ont pas permis les nombreux allers-retours de celui-ci entre la détention ordinaire et ses hospitalisations ». De 2005 à 2009, Z.G. est incarcéré à la maison d'arrêt des Baumettes à Marseille, avant d'être déclaré pénalement irresponsable lors d'un procès en appel devant la Cour d'assises des Bouches-du-Rhône et hospitalisé d’office le 22 septembre 2009. Durant sa détention, il a fait l’objet de sept hospitalisations d’office et effectué douze séjours de quelques semaines au Service Médico-Psychologique Régional (SMPR) de l'établissement. La cour qualifie de « vaine » cette alternance de courts séjours à l’hôpital psychiatrique et de retours en établissement pénitentiaire, « les premiers étant trop brefs et aléatoires, les seconds incompréhensibles et angoissants pour le requérant ». Ces va-et-vient incessants ont, selon la Cour, « fait obstacle à la stabilisation de l’état de l’intéressé, démontrant ainsi son incapacité à la détention ».Examinant les conditions de prise en charge au sein de ce service, les juges de Strasbourg se réfèrent à un rapport de décembre 2011 dans lequel la Cour des Comptes décrit le « délabrement » et « l’insalubrité » du lieu, considérant que « cette situation inacceptable en soi, [l’était] plus encore pour ces cas de maladie mentale ». Partant, la Cour a considéré que « combinées à la rudesse du milieu carcéral, ces conditions n’ont pu qu’aggraver son sentiment de détresse, d’angoisse et de peur ». La décision du 23 février condamne de fait la pénalisation croissante des personnes atteintes de troubles psychiques. Se référant à deux affaires dans lesquelles elle s’était déjà prononcée sur le maintien en détention des personnes souffrant de pathologies psychiatriques graves, dont l'une condamnait déjà la France, la Cour rappelle que le placement « dans un établissement inapte à l’incarcération des malades mentaux » pose « de graves problèmes au regard de la Convention ». Les juges insistent sur l’importance de tenir compte de la « vulnérabilité » des personnes et « de leur incapacité, dans certains cas, à se plaindre de manière cohérente ou à se plaindre tout court des effets d’un traitement donné sur leur personne ». Or, l'envoi et le maintien en prison de telles personnes est une pratique récurrente en France, résultant des évolutions conjointes de la psychiatrie et de la justice pénale, qui aboutissent à un transfert de prise en charge des personnes les plus marginalisées et atteintes de troubles psychiques sévères de l'hôpital vers la prison. Dans un communiqué du 7 février dernier, l'OIP a rendue publique la situation d'une personne atteinte d'une psychose schizophrénique, et cependant incarcérée le 20 janvier 2012, plus de dix mois après sa condamnation à quatre mois de prison ferme. Les faits mineurs pour lesquels il avait été condamné remontent au mois de novembre 2010 et avaient été commis sous l'empire d'une décompensation psychotique. En 2006, la responsable du SMPR de Fresnes avait fustigé « ces erreurs patentes d’orientation ». Pointant la nécessité croissante d’hospitaliser des « arrivants », elle interpellait les juges « qui les envoient en prison en précisant : ce sont des malades mentaux, totalement suicidaires, mais qui (les y) envoient quand même ! ». L' « incarcération de malades mentaux est devenue une alternative banalisée à l'hospitalisation », déplore l'Association des secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire. Dans l'affaire jugée par la CEDH, le requérant avait été condamné en cour d'assises à dix années de réclusion criminelle pour le décès de son co-détenu après qu'il eut mis le feu à leur cellule du centre pénitentiaire de Toulon la Farlède (Var) le 16 août 2005. Il venait d'être incarcéré le 21 mai 2005, « à la suite d’une dégradation commise dans l’hôpital psychiatrique » où « il venait demander son hospitalisation ». Comme le disait le président de la République en 2008, « des malades en prison, c’est un scandale »."

mardi 28 février 2012

Jour 1753

Quel hasard...

Le Monde, 28 février 2012 :

"Elle était dans le panel de Français qui a interrogé François Hollande, lundi 27 février. A l'issue de l'émission "Parole de candidat" diffusée par TF1, Sophie Poux, agricultrice dans le Tarn-et-Garonne s'est dite "un peu délaissée" et a assuré ne pas avoir "trop aimé la réponse du candidat socialiste à sa question". Le Lab d'Europe 1 rapporte que le président de la République s'était rendu dans l'exploitation de Mme Poux, début 2011 et qu'il l'avait décorée de l'Ordre national du mérite à la fin de la même année."

TF1 une chaine aux pratiques généralement irréprochables...

lundi 27 février 2012

Jour 1752

Le retour d'un grand classique

Nouvel Observateur, 26 février 2012 :

"La porte-parole du candidat Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, s'est trompée sur le prix d'un ticket de métro, l'évaluant à "4 euros", au lieu de 1,70 (tarif parisien), vendredi sur Europe 1. NKM répondait à une question d'un auditeur lui demandant: "Vous, la porte-parole du 'candidat du peuple' (qualificatif utilisé par Nicolas Sarkozy, ndlr), pouvez-vous dire quel est le prix d'un ticket de métro?" Après avoir hésité, elle a répondu "4 euros et quelques". Alors qu'on lui faisait remarquer que c'était "1,70" euro (pour le métro parisien), elle a admis: "raté"."

dimanche 26 février 2012

Jours 1750 & 1751

Sous le soleil de Mayotte

La Cimade, le 23 février 2012 :

"Chaque année, des milliers de familles sont enfermées dans le centre de Pamandzi, dans des conditions déplorables. Alors qu’en métropole, 356 enfants ont été enfermés en centre de rétention, plus de 6000 enfants sont passés dans celui de Pamandzi. La condamnation, le 20 février 2012, de l’administration pour enfermement inhumain et dégradant des familles dans ce centre, est donc une première retentissante. Le tribunal administratif a libéré un père et ses deux enfants de 2 et 8 ans qui y étaient enfermés en estimant que les conditions d’enfermement « (…) sont de nature à porter atteinte au droit au respect de la dignité, non seulement des enfants mineurs concernés, de fait, par la mesure de placement en rétention administrative visant leur(s) parent(s), mais également de la famille entière ». Et que, dès lors, l’enfermement dans ce centre de rétention constitue un traitement inhumain et dégradant contraire à la Convention européenne des droits de l’Homme. Cette décision précise que « (…) les conditions de rétention administratives subies par les requérants ont été à maintes fois dénoncées, depuis plusieurs années, non seulement par diverses associations de protection des droits des étrangers en situation irrégulière, mais surtout par de nombreuses autorités administratives indépendantes (…) ». Le tribunal souligne enfin les conditions totalement illégales de ce lieu de privation de liberté qui ont cours en toute impunité depuis des années : Surpopulation récurrente conduisant chaque personne enfermée à ne disposer que d’1,47 m² ; Bâtiment vétuste, toilettes nauséabondes ; absence de climatisation dans une région très chaude ; Adultes et enfants dormant généralement à même le sol, et disposant dans le meilleur des cas de quelques nattes ; Manque total d’intimité, les femmes et les hommes étant répartis dans deux grandes salles ; Impossibilité d’accéder à un espace extérieur ; Aucun aménagement spécifique pour les enfants. La Cimade demande au gouvernement français la fermeture immédiate du centre de rétention de Mayotte qui est contraire à la dignité de tout individu y étant enfermé, en particulier lorsqu’il s’agit de familles."

vendredi 24 février 2012

Jour 1749

Voyou un jour...

Nouvelles d'Orient, un blog du Diplo :

"Le quotidien étant devenu, comme le dénoncent certains de ses propres journalistes, un organe de propagande au service de Nicolas Sarkozy, je ne résiste pas à la tentation de signaler l’article sur une page entière titré « Ces 313 bandes qui écument la France », et qui rappelle les campagnes de peur lors de la présidentielle de 2002, avec les résultats que l’on sait — la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour. Les membres de ces bandes sont, bien évidemment, « plus jeunes et plus violents ». Déjà, L’Express avait publié un reportage sur le même sujet : « Quelque chose éclate dans leur voix : une espèce de haine de classe, une haine contre les tricheurs, contre les flics. Haine souterraine, grondante… » Et l’un des jeunes lance : « Vous verrez dans cinq ans. Ceux qui ont 13 ou 14 ans, ils sont encore plus pires [sic] que nous. On est des enfants de chœur à côté. » Ils s’appellent Le Blond, Jojo, Charlie, Pépère et Nanard, ils sont plombier, typo, photograveur, tourneur, déménageur, etc. C’était un reportage de Jean Cau, du 30 juillet 1959"

jeudi 23 février 2012

Jour 1748

Les pompiers pyromanes de la République

Syndicat de la Magistrature, le 10 février 2012 :

"Le 10 février 2011, tous les professionnels de Justice et les syndicats de policiers SNOP/SCSI, SCPN et UNSA police s’unissaient pour dénoncer les attaques scandaleuses et injustifiées faites au plus haut sommet de l’Etat. Dans un mouvement sans précédent dans l’histoire de notre pays, la quasi totalité des juridictions judiciaires françaises cessaient de fonctionner et magistrats, avocats, greffiers, fonctionnaires de justice et policiers défilaient ensemble le 10 février 2011 à Nantes, puis le 29 mars 2011 à Paris, pour défendre une conception d’une police Républicaine et d’une justice indépendante, dotée des moyens de fonctionner et exempte d’ingérences politiques hasardeuses. Lorsqu’est commis un crime tel que celui perpétré à Pornic, personne ne conteste la légitimité d’un examen objectif, impartial et serein des causes afin d’en prévenir le renouvellement. Sauf à mépriser l’Etat de droit, cet examen doit se faire dans le respect des institutions, des fonctions, des femmes et des hommes qui les servent. Il ne doit pas conduire à rechercher systématiquement des responsabilités là où l’acte commis peut s’inscrire dans cette part de la criminalité intrinsèque à l’Homme qu’aucune société ne pourra jamais prévoir et endiguer. Si toute faute appelle une sanction, sa recherche doit échapper à toute instrumentalisation des faits divers à des fins électorales, celle-ci ne pouvant servir de cap à une politique pénale. La réaction interprofessionnelle unanime de l’année dernière et son écho dans l’opinion publique ont permis d’expliquer combien la recherche de boucs émissaires, initiée par le pouvoir politique, était injuste et contreproductive. Les professionnels de Justice, par leur mobilisation, ont montré qu’ils n’accepteront plus de telles immixtions. L’indépendance de la Justice, garantie démocratique fondamentale, suppose que ses agents travaillent à l’abri de toute pression politique et de tout risque de mise en cause personnelle à raison de dysfonctionnements qui ne leur sont pas imputables. En effet, le second enseignement de cette mobilisation a été de faire prendre conscience du dénuement dans lequel se trouvent l’institution judiciaire et les services de l’Etat qui oeuvrent à ses côtés. Le service de l’application des peines et le service pénitentiaire d’insertion et de probation nantais ont été significativement renforcés : le SAP par l’augmentation de 3 à 5 juges de l’application des peines, et le SPIP par un renfort de 9 postes (+ 3 pour l’ouverture de la nouvelle maison d’arrêt) et des locaux supplémentaires. Ces renforts, qui correspondent partiellement aux conclusions des Inspections diligentées par le Ministère de la Justice, démontrent a posteriori la légitimité de nos attentes et le bien fondé de nos revendications exprimées avant même l’affaire de Pornic. Mais cette satisfaction trouve immédiatement sa limite en constatant que les effectifs ainsi renforcés restent très en deçà des besoins réels. Ainsi, le renfort du Service pénitentiaire d’Insertion et de Probation n’a permis que d’absorber les mesures en attente au SPIP et au SAP ; les conditions de travail, la charge par Travailleur Social (90 mesures par TS), le manque de moyens pour financer des places d’hébergement ou de chantier d’insertion sont toujours criants. Il en va de même si on élargit l’étude au reste des services nantais ou au niveau national. Ainsi au tribunal de grande instance de Nantes, tous les autres services connaissent des manques de moyens criants les contraignant à déterminer des priorités dans le traitement des situations qui leur sont soumises. Jusqu’à quand ? Au niveau national, la situation de la justice française continue de se dégrader selon divers observateurs internationaux. Ainsi la France, précédemment classée au 35ème rang sur 43, recule à la 37ème place pour le budget annuel alloué au système judiciaire rapporté au PIB par habitant. Alors que la moyenne européenne est de 10.4 procureurs pour 100 000 habitants, la France en possède 3 et alors que la moyenne européenne est de 20.6 juges professionnels par habitant, la France culmine à 9.1[1] ! C’est dans ces conditions qu’a été particulièrement insupportable la mise en cause de personnels de Justice au titre de prétendus dysfonctionnements qui ne sont dus qu’au manquement persistant du pouvoir politique dans son obligation d’affecter à ses services les moyens propres à assurer leurs missions. L’accès au droit et le respect de l’indépendance de la Justice passent aussi par sa dotation en moyens lui permettant de remplir efficacement sa mission. C’est pourquoi l’ensemble des organisations professionnelles de Justice et de la police nationale reste vigilant sur le positionnement des responsables politiques à l’avenir, et se tient prêt à se mobiliser de nouveau en cas d’attaques de nature à menacer l’équilibre des institutions, garant du fonctionnement démocratique."

mercredi 22 février 2012

Jour 1747

"On n'est quand même pas dans un état totalitaire !"

Le Monde, 9 janvier 2012 :

"Le 11 novembre 2008, neuf personnes appartenant à la mouvance "anarcho-autonome" sont interpellées à Tarnac (Corrèze) et Paris. Elles sont accusées d'avoir posé des crochets métalliques sur des caténaires pour désorganiser les lignes de la SNCF en octobre et novembre 2008. A l'issue de leur garde à vue, quatre d'entre elles sont remises en liberté, cinq sont placés en détention provisoire. Tous sont mis en examen pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte terroriste", sauf Julien Coupat, considéré comme le leader du groupe, qui est mis en cause pour "direction ou organisation d'un groupement formé en vue de la préparation d'un acte terroriste". [...] La fragilité des éléments à charge de ce que la ministre de l'intérieur de l'époque, Michèle Alliot-Marie, avait qualifié d'"opération réussie" dans le "milieu de l'ultragauche" est assez vite apparue. Notamment les accusations d'un témoin sous X, rapidement démasqué par la presse et qui aurait subi des pressions des policiers. 

[...]

 L'affaire des écoutes, quant à elle, est antérieure aux sabotages. Tout débute en mars 2008, alors que le groupe vit tranquillement à Tarnac. Gaëtan Fussi, l'un des cogérants de l'épicerie, qui ne sera pas concerné par l'affaire des sabotages, remarque que les télédéclarations de carte bancaire, par l'une des deux lignes téléphoniques du magasin, ne sont plus effectuées. La petite équipe se tourne d'abord vers sa banque. Après une série de tests et un changement de machine, toujours rien. Le problème vient de la ligne téléphonique. Un technicien de France Télécom se rend sur place, le 4 avril. Et là, dans le local technique, surprise : un boîtier d'origine inconnue est branché, en parallèle de la ligne. M. Fussi plaisante : et si c'était la police? Le technicien répond, très sérieusement: "Ça se pourrait bien, je vais appeler mon chef, on verra bien." Après le coup de fil du technicien à son responsable, M. Fussi comprend qu'il s'agit bien d'un dispositif d'espionnage et le boîtier est débranché. Le petit groupe a donc été écouté. Ce n'est pas forcément une surprise. En 2008, la mouvance de l'ultragauche fait l'objet de toutes les attentions du renseignement français. Trois membres du groupe de Tarnac sont fichés aux renseignements généraux dès 2002, après une occupation sur le campus universitaire de Nanterre; en 2005, la fiche de Julien Coupat est modifiée pour "mise sous surveillance"; en janvier 2008, enfin, Julien Coupat et sa compagne Yldune Lévy ont été signalés par le FBI après s'être soustraits à un contrôle d'identité à la frontière canadienne. Pour autant, "aucun fondement juridique ne pouvait justifier une quelconque écoute", souligne Me Bourdon. L'enquête préliminaire pour "association de malfaiteurs à visée terroriste" n'a été ouverte par le parquet de Paris que le 16 avril 2008. Elle fait suite à un signalement du groupe au procureur par la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire. Sur quelles bases le groupe a-t-il été signalé à la justice, et donc surveillé de manière officielle, puis mis en cause dans l'affaire des sabotages de lignes SNCF? Si des écoutes illégales étaient à l'origine de ces procédures en cascade, c'est tout le dossier qui pourrait être touché. Car l'instruction de Brive vient s'ajouter à une autre information judiciaire ouverte en novembre2011 par le parquet de Nanterre pour "faux et usages de faux en écriture publique" concernant un procès-verbal policier. Le "PV104" est une pièce majeure du dossier. Il s'agit du compte rendu de la filature de Julien Coupat et Yldune Lévy la nuit des sabotages sur les lignes de la SNCF, les 7 et 8 novembre 2008. Pour la police, il prouve que le couple se trouvait à proximité d'une des lignes sabotées, en Seine-et-Marne. Selon la défense, il est truffé d'incohérences, peut-être destinées à masquer la pose illégale – là encore – d'une balise sous la voiture de Julien Coupat."

mardi 21 février 2012

Jour 1746

La guerre ? Grösse malheur !

Le blog Défense en ligne du Monde Diplo, le 8 février 2012 :

"cette autre tendance à se lancer dans des guerres dites « préventives » (où l’on s’érige par avance en juge ou justicier) ou des croisades sociétales (pour la défense des droits des femmes, pour « remodeler le Moyen-Orient ») ce qui revient à s’engager dans une périlleuse « guerre de civilisation » — quitte, en cas de besoin, à fabriquer l’ennemi ou à le démoniser, selon le mode décrit par Pierre Conesa : — raconter une belle histoire (avec un scénario simple, opposant les bons aux méchants) ; — embarquer les médias dans l’aventure (sans images, pas de crise !) ; — identifier si possible la « révolution » grâce à une figure populaire, des héros, des symboles (une couleur, un son, des vêtements, par exemple) ; — désigner l’ennemi en inventant une menace, en élaborant un discours stratégique, en impliquant les think tanks, instituts, observatoires, services de renseignement ; — faire orchestrer la légitimation de la guerre par des intellectuels ayant accès aux médias dominants, capables de légender cette guerre « juste » et « rédemptrice », voire de présenter des défaites comme des victoires, etc. ; — mettre en scène les ONG humanitaires (en sauveurs valeureux, ou en malheureuses cibles). [...] Le tout sans véritablement se préoccuper des suites ou effets secondaires de ces engagements, rarement à la hauteur des ambitions. Ainsi, en Libye, la guerre des « démocrates » ou « révolutionnaires » aura surtout été menée au nom « d’Allah Akbar ! » ; elle se sera accompagnée d’une « chasse aux Noirs » appuyée sur des considérations racistes ; elle aura contribué à répandre le désordre dans tout le Sahel ; et débouché ces derniers mois sur des affrontements de factions ou de tribus, et des atteintes majeures aux droits de l’homme dans la Libye nouvelle. [...] On insistera aussi sur le rôle central des grands médias, notamment occidentaux, qui multiplient — à chacune de ces crises — les séquences compassionnelles, chauffent à blanc les publics, n’hésitant pas à choisir un camp, attribuant le « beau rôle » à leurs champions — quitte à oublier de rendre compte de la situation « de l’autre côté » (comme en Libye, ou plus récemment en Syrie). La difficulté de « couvrir » l’autre camp, à Tripoli par exemple, en raison de l’hostilité des autorités, ou de la persistance de dangers, ne justifie pas que ce terrain soit déserté, au point de délivrer une information unilatérale, comme ca a été le cas entre mars et septembre 2011 en Libye. Et quitte, aussi, à abandonner franchement le sujet, une fois le Diable liquidé, ou la déception venue : les effets à long terme n’intéressent plus les caméras…"

lundi 20 février 2012

Jour 1745

La vie en zone occupée

Libération, le 20 février 2012 :

"Dans les prochains jours, les comités locaux de l'association vont frapper à la porte des maires, des conseils généraux pour leur proposer ce label national intitulé «espace sans tabac» et qui, selon les besoins, sera décliné sous diverses appellations: «parc sans tabac», «jardin sans tabac», «plage sans tabac»… Un moyen d'aller au-delà de la loi actuelle qui interdit la cigarette dans les lieux publics couverts. «Rappelons que le tabagisme est responsable de plus de 60.000 morts par an dont 37.000 par le cancer. Il faut désintoxiquer la société française», souligne Gilbert Lenoir. [...] Concrètement, à Nice, la plage sera prochainement interdite aux fumeurs. Un arrêté municipal va être pris dans un délai de trois mois pour en fixer les modalités. On sait déjà que le contrevenant s'exposera à 38 euros d'amende. «Nous serons vigilants», signale Christian Estrosi, impliqué dans la lutte contre le cancer au travers de ses divers mandats politiques. Ainsi en 2003, il avait fait du conseil général des Alpes-Maritimes qu'il présidait la première collectivité sans tabac.

Vous allez être désintoxiqués, que vous le vouliez ou non.

dimanche 19 février 2012

Jours 1743 & 1744

La France, terre de records

Le Figaro, 17 février 2012 :

"Le nombre de détenus dans les prisons françaises a atteint le 1er février un nouveau record historique, avec 65.699 personnes incarcérées, selon les statistiques mensuelles de l'administration pénitentiaire (AP) publiées aujourd'hui. Le précédent record était de 65.262 détenus au 1er décembre 2011. Taux d'occupation de 114,8% Le nombre de 65.699 personnes incarcérées au 1er février représente une hausse de 6,4% sur un an (61.771 au 1er février 2011) et de 1,4% sur un mois (64.787 au 1er janvier 2012). Il y a au 1er février 57.213 places de prison disponibles, ce qui représente un taux d'occupation de 114,8% (113,2% au 1er janvier). Le nombre de personnes prévenues (en attente de jugement) s’élève à 16.463, soit le quart des personnes incarcérées. Les mineurs détenus sont 723 au 1er février, en hausse de 1,5% par rapport au mois précédent (712)."

vendredi 17 février 2012

Jour 1742

Electrisant

Le Monde, 16 février 2012 :

"Amnesty International a demandé, mercredi 15 février, des "restrictions plus rigoureuses" sur l'utilisation du Taser par la police aux Etats-Unis. L'organisation de défense des droits de l'homme a "appelé à nouveau à des restrictions plus rigoureuses sur l'utilisation de cette arme par la police", après la mort, lundi, en Alabama d'un homme qui a cessé de respirer peu après avoir été touché deux fois et a été déclaré mort deux heures plus tard. [...] Selon les chiffres collectés par Amnesty, au moins cinq cents personnes sont mortes aux Etats-Unis depuis 2001 après avoir été touchées par des Taser lors de leur arrestation ou leur incarcération, dont quatre-vint-douze en Californie. "Sur les centaines de décès qui ont suivi l'utilisation du Taser par la police aux Etats-Unis, des dizaines se sont révélés être liés à une utilisation sans nécessité du taser", a indiqué Susan Lee, directrice des Amériques d'Amnesty International. "C'est inacceptable, des directives plus strictes pour leur utilisation sont impératives", dit-elle."

jeudi 16 février 2012

Jour 1741

Communication en béton

Hier soir le nain annonce sa candidature à la Présidence de la République. Ce matin, on peut voir dans les kiosques :


"Oh regarde Gérard, elle aussi elle regarde NCIS ! Elle est comme nous en fait ! On n'a qu'à voté pour son mari, il est mignon, il est tout petit"

mercredi 15 février 2012

Jour 1740

Le visage de l'UMP

Le Monde, 15 février 2012 :

"Christian Vanneste, député UMP du Nord, a suscité la polémique, mercredi, après la médiatisation d'une vidéo publiée le 10 février sur le site Internet [...] Dans cette vidéo, le député affirme qu'"en Allemagne, il y a eu une répression des homosexuels et la déportation qui a conduit à peu près à 30 000 déportés. Et il n'y en a pas eu ailleurs. (...) Il n'y a pas eu de déportation homosexuelle en France". Des chiffres et des affirmations qui vont à l'encontre de toutes les études faites sur le sujet. Selon les chiffres officiels, parus dans une étude (PDF) menée par Arnaud Boulligny pour la Fondation pour la mémoire de la déportation (FMD), soixante-trois Français ont été arrêtés pour motif d'homosexualité. [...] Les déclarations du député du Nord arrivent en effet en plein débat sur le mariage homosexuel, un opportunisme souligné par les associations. D'autant plus que, interrogé par Le Monde sur la procédure d'exclusion le visant, le député UMP n'a pas hésité à réaffirmer ses propos, en pointant du doigt un "lobby gay" dont la majorité présidentielle essaierait de s'attirer les faveurs à tout prix."

mardi 14 février 2012

Jour 1739

Seuls contre tous

Le Monde, 14 février 2012 :

""En ce jour où l'attention est focalisée sur les gens en couple, nous voulions proposer un portrait plus fidèle de la situation de l'ensemble des Français", explique Pascale Breuil, responsable de l'unité des études démographiques et sociales à l'Insee. Et l'élément majeur de l'étude, c'est justement la forte progression des personnes vivant seules. Elles sont plus de 9 millions aujourd'hui en France, contre 6 millions en 1990. Soit une hausse de 50 % en à peine plus vingt ans. Le vieillissement démographique explique en partie cette évolution [...] Au-delà de la démographie, l'évolution des comportements est également à prendre en compte. Pour commencer, les jeunes âgés de 20 à 29 ans s'installent moins rapidement en couple après avoir quitté le cocon familial et sont 18 % à opter pour l'habitat en solo. Ensuite, c'est surtout en milieu de vie – entre 30 et 59 ans – qu'il devient de plus en plus fréquent de résider seul." Ce n'est pas la faute de Sarkozy bien sûr mais un pays où les gens sont de plus en plus isolés est le rêve de n'importe quel nain politique ambitieux.

lundi 13 février 2012

Jour 1738

Un bon toutou à Nogent

Le Monde, 13 février 2012 :

""Un petit morceau d'Italie." C'est ainsi que le maire UMP de Nogent-sur-Marne, Jacques J.P. Martin, décrit son nouveau projet de statue [...] Derrière cette douce et discrète expression se cache une figure bien plus concrète : celle de Carla Bruni, sculptée dans du bronze, sur deux mètres de hauteur et en plumassière – en hommage à l'usine de plume qui animait jadis la ville de Nogent-sur-Marne. D'aucuns trouvent l'association entre le milieu ouvrier et l'ex-mannequin, familière des hautes sphères comme de la haute couture, quelque peu déplacée, si ce n'est "grotesque", de l'avis d'un habitant cité par Le Parisien (qui n'est autre que le cofondateur de Charlie hebdo, Cavanna). L'effigie coûtera 80 000 euros, somme payée pour moitié par la ville et cofinancée par un promoteur immobilier, la Cogedim. "C'est une idée du maire", souligne cette dernière. Maire qui, rappelle l'élu divers droite local, Michel Gilles, avait inauguré l'année précédente un gymnase au nom de David Douillet."

dimanche 12 février 2012

Jours 1736 & 1737

On avait oublié ça

Le Monde, 12 décembre 2011 :

"Quel est vraiment le niveau des élèves français? A entendre le ministre lire les résultats des évaluations des élèves en CE1 et en CM2, il serait en progression. A lire les résultats internationaux, il serait plutôt en baisse… Deux nouvelles enquêtes, l'une comparant le niveau de maîtrise de la langue entre 2003 et de 2009, l'autre entre 1997 et 2007, montrent que les lacunes des plus faibles se sont aggravées. Mais ces deux travaux attendaient dans les tiroirs du ministère de l'éducation depuis le mois de juin. C'est l'Insee qui, le 16 novembre, les a divulgués dans son Portrait social. Le jour de la parution de l'ouvrage, les statisticiens de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) ont été priés de ne pas commenter ces résultats qui ne suivaient pas la "bonne" courbe. Dix jours plus tard, le cabinet de Luc Chatel publie l'une des enquêtes. La seconde qui compare le niveau des élèves entre 1997 et 2007 est toujours au fond d'un tiroir: "Ce qui s'est passé là est assez symptomatique. Nos enquêtes sont bienvenues lorsqu'elles accompagnent la communication du ministre. Sinon, elles attendent, rappelle un chercheur, sous couvert d'anonymat. Et plus encore si elles montrent une baisse de niveau." Comme tous les travaux ne collent pas au plan communication, les informations fournies au grand public sur l'école se réduisent comme peau de chagrin. Les "Notes d'information" en sont le meilleur exemple. "J'en publiais une cinquantaine par an", se souvient Claude Thélot qui, sept ans durant, a été à la tête de cette direction et développé la place de la statistique sur le sujet. 61 sont sorties en 2001, 62 en 2003… 37 en 2008, 18 en 2009 et 19 cette année. Sur un programme de 46 prévues. [...] Aujourd'hui, la retenue de certains résultats doublée de ce transfert de compétences jette une véritable suspicion sur tous les chiffres que le ministère laisse sortir. Au point que la communauté éducative s'appuie désormais sur les résultats internationaux. PISA (OCDE) pour la langue, les maths et les sciences à 15ans; PIRLS pour la lecture en fin de primaire. Deux enquêtes qui concluent, elles, à une baisse du niveau."

"And if all others accepted the lie which the Party imposed -if all records told the same tale — then the lie passed into history and became truth. 'Who controls the past,' ran the Party slogan, 'controls the future: who controls the present controls the past.' And yet the past, though of its nature alterable, never had been altered. Whatever was true now was true from everlasting to everlasting. It was quite simple. All that was needed was an unending series of victories over your own memory. 'Reality control', they called it: in Newspeak, 'doublethink'."

George Orwell, 1984

vendredi 10 février 2012

Jour 1735

L'Histoire ? Inutile !

Le Monde, 27 janvier 2012 :

"Avant la réforme du lycée de 2010, les lycéens avaient tous l'épreuve d'histoire-géographie en terminale. Depuis la mise en place de la réforme Darcos-Chatel, les lycéens scientifiques passent l'épreuve en fin de 1re et la discipline devient facultative en terminale. Or la gent enseignante digère mal que la future élite de la nation ne soit pas nourrie une année de plus aux humanités."

Enseigner l'histoire correctement ? Non, c'est bien trop dangereux...

"Coupé de tout contact avec le monde extérieur et avec le passé, le citoyen d'Océania est comme un homme des espaces interstellaires qui n'a aucun moyen de savoir quelle direction monte et laquelle descend. Les dirigeants d'un tel État sont absolus, plus que n'ont jamais pu l'être les Pharaons ou les Césars.

 George Orwell, 1984, Chapitre 9

jeudi 9 février 2012

Jour 1734

Encore une victoire du nain

Le Monde, 8 février 2012 :

"Carton rouge. De la réforme de la mastérisation, qui a fait passer le niveau de recrutement des enseignants de bac+3 à bac+5, la Cour des comptes, qui publie son rapport annuel mercredi, propose de ne rien garder. Ni la date du concours, ni le mode d'affectation des enseignants, ni leur pseudo-formation. Pour les sages de la rue Cambon, cette réforme, adoptée en conseil des ministres en juin 2008, a manqué toutes ses cibles. [...] Un master d'enseignement souvent préparé pour… rien. "Le taux d'échec important aux concours de recrutement traduit du point de vue de la bonne gestion des finances publiques, une inefficience marquée, les étudiants recalés auront été coûteusement et spécifiquement formés à un métier qu'en définitive ils n'exerceront pas", note la Cour. La rue Cambon propose donc "d'organiser les concours avant ou au début des masters". Un peu comme avant la réforme… [...] "les enseignants stagiaires ont une charge horaire supérieure d'un tiers par rapport au temps de travail d'un professeur titulaire" puisqu'ils ont dû effectuer une formation express sur leur temps libre… Le tutorat promis "Sur le plan national, 23% des stagiaires n'étaient pas situés dans le même établissement que leur tuteur", relève la Cour. De plus, la mission du tuteur n'a pas été pensée: "Le ministère ne s'est pas doté d'instruments précis permettant de s'assurer de l'efficacité du tutorat." Et la Cour de regretter que, sur le sujet, le ministère "dispose de très peu d'éléments d'information, alors que son importance pour la formation des enseignants justifierait une capacité nettement accrue de suivi et d'évaluation de cette activité". Pourtant, 27 millions d'euros ont bien été versés aux tuteurs. [...] La Cour pointe un problème plus grave à moyen terme. "Le vivier de candidats s'est réduit de plus de 50 000 inscrits, soit une baisse des inscriptions d'un tiers sur une seule année" entre 2010 et 2011. Le vivier des mastérisés compte 300 000 étudiants de moins que celui des licenciés. De plus, le pourcentage des inscrits qui se présentent réellement au concours a encore décru entre 2010 et 2011."

mercredi 8 février 2012

Jour 1733

Le petit était déjà nul en économie

Le Point, 8 février 2012 :

"la Cour des comptes s'intéresse à un épisode méconnu qui a coûté cher à la puissance publique. Nous sommes en 2004, Nicolas Sarkozy dirige le ministère de l'Économie. Déjà à l'époque, les budgets sont difficiles à boucler et le futur président de la République cherche activement à limiter le déficit public... Le 19 novembre 2004, il annonce dans un communiqué s'être mis d'accord avec le gouverneur de la Banque de France pour une "gestion plus active des réserves de change de l'État". Il s'agit en fait d'en finir avec la gestion de bon père de famille des réserves de change, grâce à la vente de 500 à 600 tonnes d'or sur les 3 000 tonnes détenues alors par la Banque de France. Le métal jaune, qui ne rapporte pas d'intérêts, doit être remplacé par un portefeuille en devises censé améliorer les rendements. [...] Sauf que l'opération est tout sauf une bonne affaire. Entre décembre 2004 et septembre 2009, la BDF se sépare d'un cinquième de son stock de métal fin (589 tonnes). Et empoche, en cumulé, un pactole de 4,67 milliards. Mais le cours de l'or, lui, continue de s'apprécier ! Depuis trois ans, il a pris 94 %. Au final, si le programme n'avait pas été exécuté, la valeur des réserves en or de la Banque de France aurait atteint 19,4 milliards d'euros à fin 2010, quand celle des réinvestissements en devises s'élevait à seulement 9,2 milliards d'euros ! Étonnant quand on sait que "le rythme de mise en oeuvre du programme de vente" devait dépendre du jugement du gouverneur de la BDF sur son opportunité, "en particulier au vu de l'évolution des cours observés sur le marché de l'or"."

mardi 7 février 2012

Jour 1732

Votre gouvernement vous aime

Le Monde, 7 février 2012 :

"La secrétaire d’État chargée de la santé, Nora Berra, a publié samedi sur son blog une série de recommandations aux "populations vulnérables", et notamment aux sans-abri, pour les aider à faire face à la vague de grand froid. Son principal conseil : "éviter de sortir" de chez eux...

Déconnectée du réel moi ? Jamais ! J'ai mon cerveau Damart imperméable à l'intelligence

lundi 6 février 2012

Jour 1731

Joyeux Noël en retard

Le Monde, 6 février 2012 : 

"La nouveauté concernerait cent mille à deux cent mille foyers, selon les estimations de la commission des finances de l'Assemblée nationale. Pour eux, qui étaient jusqu'ici dispensés d'impôt sur le revenu, il s'agira désormais de payer le fisc [...] En cause, une mesure glissée au beau milieu du plan de rigueur de novembre 2011 : le gel du barème de l'impôt sur le revenu pour deux années consécutives, 2012 et 2013, soit sa désindexation du taux de l'inflation. En d'autres termes, il n'y a plus d'ajustement de cet impôt à la hausse des prix, qui a pourtant atteint 2,1 % en 2011 selon le quotidien. Les familles non imposables, outre le fait de goûter pour la première fois aux joies de la feuille d'impôts, risquent ainsi de perdre les aides qui correspondaient à leur tranche – des tarifs de cantine aux réductions dans les transports. [...] Selon les calculs du Syndicat national unifié des impôts, la hausse atteindrait 12,5 % pour une personne seule."

dimanche 5 février 2012

Jours 1729 & 1730

Nos médias nous protègent... Ou pas

Acrimed, le 3 mars 2012 :

"L’allergie de Jean-Michel Aphatie aux « petits candidats » n’est pas nouvelle. C’est ainsi, par exemple, que, le 22 juin dernier, dans sa chronique quotidienne du « Grand journal », il s’emportait au sujet de la candidature de Christine Boutin [1] : « Très fort ! Quelles sont les chances de Christine Boutin d’être élue présidente de la République ? Nulles ! Zéro ! En 2002, elle a fait 1,9 % des voix ! Zéro chance d’être élue présidente de la République ! Mais elle s’en moque ! Parce que Christine Boutin, elle ne veut pas être présidente de la République, elle veut être candidate à la présidence de la République ». Et d’aligner, un à un, les « petits candidats », entre autres Philippe Poutou (« Je connais son score, lui : 0,0005 %, peut-être ! »), Nathalie Arthaud (« Ça va pas peser lourd, ça non plus, mais on s’en fout ! ») ou Frédéric Nihous (« Il s’en fout lui, d’être président de la République, c’est pas son problème ! »). Et de conclure : « C’est n’importe quoi. […] Ne devraient être candidats que ceux qui ont envie d’être président […], qui ont la possibilité de l’être ». Au moins c’est dit. Le pluralisme, c’est mieux à deux. Ou éventuellement à trois. Mais au-delà, c’est la gabegie. Heureusement, Aphatie veille. [...] le fougueux Aphatie s’en est pris, le 20 janvier dernier sur LCI, à la règle de l’égalité du temps de parole sur les médias audiovisuels entre les candidats lors de la campagne officielle, « une bêtise française incroyable » selon lui. [...] un intervieweur qui [...] est aussi inflexible avec les « petits » qu’il est souple avec les puissants. Comme lorsqu’il s’est récemment inquiété des « souffrances » de Claude Guéant, le jour où Libération l’avait comparé, en « une », aux Le Pen : « Vous souffrez de l’image qui est la vôtre dans le débat public ? Vous souffrez ? »"

vendredi 3 février 2012

Jour 1728

La girouette

Edito du Monde Diplo, février 2012 :

"En 1997, notre journal a popularisé l’idée d’une taxe sur les transactions financières. Celles-ci représentaient alors quinze fois la production annuelle mondiale. Aujourd’hui, c’est près de soixante-dix fois. Il y a quinze ans, on ne parlait guère de crédits subprime et nul n’imaginait une crise de la dette souveraine en Europe. La plupart des socialistes européens, envoûtés par le premier ministre britannique Anthony Blair, ne juraient que par l’« innovation financière ».[...] Quant à M. Nicolas Sarkozy, il se pâmait devant le modèle américain et rêvait de crédits subprime à la française… Autant dire qu’en 1997 la taxe Tobin n’eut pas bonne presse [...] M. Sarkozy trancha : « L’affaire de la taxe Tobin est une absurdité (...). Chaque fois que nous pénalisons la création de richesses sur notre territoire, nous favorisons la création de richesses chez les autres. » [...] On ne sera donc pas trop surpris que, quatre mois avant le terme de son mandat, M. Sarkozy prétende « faire participer la finance à la réparation des dégâts qu’elle a provoqués ». Oubliée, l’« absurdité » d’une taxe sur les transactions financières ; envolé, le danger de voir éclore à l’étranger les œufs d’or de la spéculation."

jeudi 2 février 2012

Jour 1727

Un peu de lucidité

Le Monde, 2 février 2012 :

"Il y a bien longtemps que le Syndicat de la magistrature a des idées pour réformer la justice. Mais les régressions de ces dernières années sont graves et la gauche gouvernementale n'a pas semblé penser suffisamment les questions judiciaires; la doxa sécuritaire qui s'est installée dès la fin des années 1990 a tué le débat sur la justice et les libertés, un terrain suroccupé par le pouvoir en place. L'autonomie du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), l'indépendance du parquet, la nécessité de repenser les prisons sont des thèmes que nous portons depuis longtemps et qu'il s'agit aujourd'hui de soumettre à tous les candidats. 

[...] 
 
Vous proposez notamment la dépénalisation de l'usage de toutes les drogues. N'est-ce pas une provocation? 

Vraiment pas. Le Syndicat de la magistrature a toujours été en lien avec le mouvement social, avec les réseaux de réduction des risques, les associations, la commission de l'ONU, qui ont une vraie expertise de la situation. Il faut changer de logique: elle est aujourd'hui très largement répressive et très marginalement sanitaire. Il ne s'agit pas de dépénaliser les trafics, les drogues sont dangereuses, mais envoyer en prison un consommateur d'héroïne n'a pas beaucoup de sens. Le débat est très pollué par la morale: qui peut penser par exemple aujourd'hui que la politique sécuritaire est efficace? Nous avons la liberté de réfléchir. Aux politiques de s'en saisir."

mercredi 1 février 2012

Jour 1726