vendredi 30 octobre 2009

Jour 904

Un nain de chaque côté des alpes

Le Libération, le 30 octobre 2009 :

"Les dirigeants européens ont décidé vendredi de lancer un projet de vols charters financés par l'UE pour l'expulsion vers les pays d'origine des migrants en situation irrégulière. Dans un document adopté à l'issue d'un sommet à Bruxelles, ils demandent «l'examen de la possibilité d'affréter régulièrement des vols de retour communs financés par l'agence Frontex», l'agence européenne chargée de la sécurité des frontières externes de l'UE. [...] La proposition de vols européens est directement inspirée par une demande française, soutenue par l'Italie. [...] «Ces accords soulèvent de nombreuses interrogations, du fait de leur opacité (peu d’informations données aux parlements nationaux et à la société civile) et de leurs conséquences au regard du respect des droits fondamentaux des migrants», a estimé pour sa part l'ONG Migreurop qui regroupe plusieurs dizaines d'associations européennes et africaines, dont la Cimade."

La France et l'Italie, toujours prêtes à collaborer...

jeudi 29 octobre 2009

Jour 903

mercredi 28 octobre 2009

Jour 902

MAM veut vos couilles

Le Syndicat de la Magistrature, le 23 octobre 2009 :

"Dans une interview à paraître demain dans le Figaro Magazine, le ministre de la Justice et des Libertés affirme que « la castration PHYSIQUE » des délinquants sexuels « mérite une analyse » et qu’elle peut « être débattue, y compris au Parlement ».

Prenant acte de cet hommage au Moyen Age, le Syndicat de la magistrature suggère une simplification de l’échelle des peines :

- l’amputation de la main pour les voleurs et de l’autre main pour les voleurs récidivistes (dans le respect des principes qui gouvernent la loi sur les « peines-planchers ») ;

- l’ablation de la langue pour les escrocs et le prélèvement du foie pour les conducteurs sous l’empire d’un état alcoolique ;

- le supplice dit du « croc de boucher » pour les auteurs de dénonciations calomnieuses ;

- la lapidation des casseurs…

S’agissant des infractions économiques et financières, un simple retrait des boutons de manchette en place publique devrait suffire.

La suggestion de Michèle Alliot-Marie pourrait prêter à la dérision si elle ne traduisait une conception caricaturale et abjecte du traitement de la délinquance sexuelle. La « réflexion » que propose d’engager le garde des Sceaux consiste rien moins qu’à évaluer l’opportunité de recourir à un traitement inhumain et dégradant dans une logique de « précaution ».

On retrouve ici le fantasme malsain d’une justice d’élimination qui tend progressivement à défigurer notre droit pénal. Il s’agit en somme, comme avec la « rétention de sûreté », de renoncer à l’effort de réinsertion en ciblant le corps du condamné. Ainsi, pour ceux qu’ils considèrent comme « irrécupérables », les idéologues de l’élimination n’ont d’autre projet que l’enfermement préventif, potentiellement perpétuel, ou la mutilation définitive.

Au fond, ces reculs de civilisation expriment la frustration de ceux qui n’ont jamais pu se résoudre à l’abolition de la peine de mort. Il est d’ailleurs significatif d’observer que Jean-Marie Le Pen n’a pas manqué cette occasion pour réclamer la « castration de la tête » des criminels les plus dangereux."

mardi 27 octobre 2009

Jour 901

La bonne nouvelle du mois

Le Monde, le 27 octobre 2009 :

"M. Pasqua, sénateur et ancien président du conseil général des Hauts-de-Seine, âgé de 82 ans, écope de trois ans de prison dont deux avec sursis et 100 000 euros d'amende pour "trafic d'influence". Le jugement va au-delà des réquisitions, le procureur n'ayant requis que trois ans avec sursis pour M. Pasqua."

lundi 26 octobre 2009

Jour 900

Et ça continue encore et encore...

Le Monde, 26 octobre 2009 :

"Les pratiques à risque dans le secteur bancaire ayant entraîné la crise financière seraient en train de repartir à la hausse. "Selon certains signes, des éléments du secteur financier ont repris des pratiques de prises de risque qui rappellent celles ayant mené à la crise", a ainsi estimé, lundi 26 octobre, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, évoquant certaines rémunérations apparemment disproportionnées au regard des performances. [...] Selon Christian Noyer, les politiques publiques lancées pour combattre la crise ont permis aux banques d'amasser d'impressionnants bénéfices, qui ne signifient donc pas que le secteur est tiré d'affaire ou que le processus de réforme est achevé. "Rien ne serait plus éloigné de la vérité. En fait, le grand risque à craindre de la période à venir est l'apparition d'un sentiment selon lequel tout serait reparti comme avant""

samedi 24 octobre 2009

Jours 898 & 899

Surfez couvert

La quadrature du net, le 22 octobre 2009 :

"Après la décision forte du 10 juin dernier, dans laquelle le Conseil constitutionnel a sanctuarisé l'accès à Internet en le considérant comme essentiel pour l'exercice de la liberté d'expression et de communication, les sages semblent stoppés dans leur élan. Cette décision de laisser quasiment intacte la loi HADOPI 2 est incompréhensible, tant il est évident que le texte néglige les libertés fondamentales, notamment le droit à un procès équitable et la présomption d'innocence, pour un bénéfice nul. Il est inquiétant que le Conseil Constitutionnel, gardien des principes les plus essentiels de notre démocratie et de notre État de droit, se soit laissé berner par ce texte absurde tant juridiquement que techniquement. La protection des libertés fondamentales des citoyens, contre l'arbitraire des accusations sans preuve, est désormais entièrement aux mains des juges qui appliqueront le texte. À défaut d'être un échec du fait de son inconstitutionnalité, l'HADOPI 2 est donc destinée à être mise en œuvre pour devenir un échec technique, culturel et politique."

vendredi 23 octobre 2009

Jour 897

On en demandait pas tant

France Soir, le 22 octobre 2009 :

"Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP, a signé jeudi un protocole entre son parti et le Parti communiste chinois (PCC) lors d'une visite en Chine [...] "Ce protocole veut dire une meilleure compréhension, une meilleure connaissance et beaucoup plus d'échanges" entre le parti communiste au pouvoir en Chine et le parti de droite au pouvoir en France, a déclaré Xavier Bertrand à l'AFP."

Droits de l'Homme, Liberté d'expression... l'UMP est toujours en avance sur ses 100 ans de retard...

jeudi 22 octobre 2009

Jour 896

Pétoire électrique

Le Figaro, 21 octobre 2009 :

"Le 12 octobre dernier, Taser International a publié un bulletin d'information dans lequel il est conseillé aux forces de l'ordre utilisant ce pistolet à impulsions électriques de ne pas, dans la mesure du possible, viser la poitrine ou le cœur des suspects. [...] «Taser admet maintenant qu'il y a un souci potentiel et qu'ils ne savent pas avec quoi ils jouent», a déclaré Jarid Feuer, responsable d'Amnesty International, qui réclame que soit menée une étude médicale indépendante pour déterminer «pourquoi des gens meurent après un tir de Taser». Selon l'ONG, entre 2001 et décembre 2008, 351 personnes ont trouvé la mort après avoir subi une décharge de Taser. 90% de ces victimes n'étaient pas armées lorsqu'elles ont fait l'objet de l'impulsion électrique."

mercredi 21 octobre 2009

Jour 895

Indépendance ?

Le Figaro, 21 octobre 2009 :

"Préparé de longue date mais jusque-là paralysé par la tenue du procès Clearstream, un important mouvement doit renouveler une grande partie des hautes sphères de la magistrature parisienne. [...] Le premier mouvement attendu concerne le très sensible fauteuil de procureur de la République de Paris. Jean-Claude Marin, titulaire du poste depuis bientôt cinq ans, avait affiché sa volonté dès la signature de son réquisitoire, écrit à l'automne 2008, de soutenir en personne l'accusation lors du procès Clearstream. Après avoir tenu cet engagement mardi, il devrait désormais laisser sa place. [...] le deuxième changement attendu concerne le fauteuil de procureur général de la cour d'appel de Paris. Actuellement détenu par Laurent Le Mesle, il devrait revenir à… Jean-Claude Marin qui serait donc promu, toujours au parquet, à un niveau hiérarchique immédiatement supérieur. Le procureur général de Paris a compétence sur l'ensemble des tribunaux de la région parisienne et surtout sur la cour d'appel, où sera vraisemblablement rejugée l'affaire Clearstream. [...] Ces hommes clés, tout comme le futur procureur général de Paris, seront désignés par un décret signé en Conseil des ministres."

mardi 20 octobre 2009

Jour 894

Dissonance

Le Monde, 20 octobre 2009 :

"Un "vol groupé" franco-britannique en partance de Londres et à destination de Kaboul, transportant des Afghans en situation irrégulière, pourrait faire escale à Lille-Lesquin mardi 20 octobre dans la soirée. [...] Au lendemain du démantèlement de la "jungle" de Calais, le 22 septembre, le président Nicolas Sarkozy avait annoncé l'organisation de retours forcés en Afghanistan en coopération avec le Royaume-Uni, conformément à un accord franco-britannique en date du 6 juillet 2009."

On peut lire sur le site du ministère des affaires étrangères :

"La situation de sécurité en Afghanistan s’est beaucoup dégradée depuis un an. La rébellion a étendu ses actions en province dans de nombreux districts du sud et de l’est du pays ainsi que dans ceux limitrophes de Kaboul. [...] Dans ces conditions, il est plus que jamais impérativement recommandé de différer tout projet de voyage en Afghanistan"

lundi 19 octobre 2009

Jour 893

L'Empire contre attaque

Ligue des Droits de l'Homme, le 19 octobre 2009 :

"Deux décrets signés le jour de la… sainte Edwige viennent empêcher le législateur de jouer son rôle constitutionnel de protection des libertés, alors que la commission des lois de l’Assemblée nationale avait adopté une proposition de loi encadrant la création des fichiers de police. Cette manœuvre en dit long sur le mépris des droits du Parlement que l’on disait vouloir revaloriser.

Sur le fond, ces deux décrets, même s’ils traduisent certains reculs face à la mobilisation de 2008 (renonciation au fichage de la vie sexuelle et au mélange des finalités dans un même fichier), sont entachés des mêmes violations des libertés fondamentales que leurs prédécesseurs.

Ils vont même plus loin dans la méconnaissance des libertés et de l’égalité en prévoyant le fichage de « l’origine géographique » de personnes suspectes aux yeux de la police : chacun comprend que cette notion indéfinissable, qui ne renvoie ni à la nationalité ni au domicile, est à l’origine « ethnique » ce que les « Auvergnats » sont aux Maghrébins dans le vocabulaire ministériel, et permet un fichage au faciès.

On retrouve de plus le fichage des enfants dès l’âge de 13 ans, alors que la Convention internationale sur les droits de l’enfant, ratifiée par la France, protège les mineurs de toute assimilation aux personnes majeures jusqu’à l’âge de 18 ans. Et une fois encore il s’agit de ficher non de jeunes délinquants mais des enfants que le « ressenti » d’un policier aura tenu pour « susceptibles » de le devenir, au mépris de toute présomption d’innocence.

Enfin, les deux décrets permettent le fichage des activités politiques, philosophiques, religieuses ou syndicales : est tenu pour dangereux ou incompatible avec la candidature à un emploi l’exercice même par les citoyens de leurs libertés constitutionnelles."

dimanche 18 octobre 2009

Jours 891 & 892

Derrière les barreaux

L'Observatoire International des Prisons, le 14 octobre 2009 :

"Dix ans après la mise en évidence, au travers des commissions d’enquête parlementaires et du rapport Canivet, de la nécessité d’une réforme radicale du droit de la prison inscrivant dans le marbre de la loi le respect des exigences de l’Etat de droit et des droits de l’Homme, force est de constater que la loi pénitentiaire votée hier par le Parlement a tout du « détournement d’objet social ». La tâche dévolue au législateur était pourtant sans ambigüité. Pour que la prison ne soit plus cette zone de « sous-droit » (pour ne pas dire de « non droit ») où travaillent des personnels pénitentiaires assimilés à des « sous-fonctionnaires » et où vivent des détenus considérés comme des « sous-citoyens », il lui revenait d’exercer pleinement sa responsabilité. En rétablissant une « hiérarchie des normes » totalement inversée en prison, qui autorise l’administration à faire son droit et faire sa loi à coups de décrets, de circulaires et de notes. En alignant le droit pénitentiaire sur le droit commun : par exemple, en dotant le détenu qui travaille d’un contrat en bonne et due forme et non un ersatz ; ou en affirmant en matière de procédure disciplinaire son droit d’être jugé par un juge indépendant et impartial, dans le cadre d’un procès équitable. En s’opposant aux velléités de cette administration d’opérer une classification des détenus selon leur supposée « dangerosité » et d’instaurer en conséquence une différenciation des régimes de détention que le Contrôleur général des lieux de privation de liberté qualifie de « pure et simple ségrégation ». Ou encore en bannissant les mesures et actes les plus attentatoires à la dignité humaine comme le placement contraint en cellule collective ou la fouille intégrale. Las, avec cette loi pénitentiaire « nous avons au mieux, du droit constant, au pire et en bien des points, des régressions manifestes », analyse la juriste Martine Herzog-Evans. Un comble tant la situation des prisons qualifiée d’ « humiliation pour la République » en 2000 par le Sénat n’a eu de cesse de se dégrader depuis lors, par les effets combinés d’une surenchère pénale permanente, d’une surpopulation carcérale endémique et d’une gestion sécuritaire de la détention. Et ce malgré les réelles avancées de la jurisprudence administrative et européenne.
Loin de respecter la lettre et l’esprit des préconisations du conseil de l’Europe caractérisés par une approche résolument réductionniste tant du recours à l’emprisonnement que des restrictions pouvant être imposées aux droits des détenus, le texte adopté par le Parlement ne règlera en rien les maux d’une institution que d’aucuns continuent à appréhender comme un « mal nécessaire » sans s’interroger ni sur son échec ni sur le sens qu’elle doit avoir dans une démocratie. Il faut toutefois noter et saluer l’attachement de plus en plus large au sein du monde politique au principe selon lequel « pour résoudre le paradoxe qui consiste à réinsérer une personne en la retirant de la société, il n’y a d’autre solution que de rapprocher autant que possible la vie en prison des conditions de vie à l’extérieur, la société carcérale de la société civile ». Un principe qui devait permettre à la réforme de s’affranchir d’une conception d’un autre âge de la peine privative de liberté. C’est dans cette perspective que les recours à venir - devant le Conseil constitutionnel d’abord puis devant le Conseil d’Etat - permettront, espérons-le, de neutraliser la portée d’un texte qui se révèle un remède pire que le mal."

vendredi 16 octobre 2009

Jour 890

Point final

Libération, le 15 octobre 2009 :

"Cela ne surprendra personne. Mais Sarkozy père a bien quelque chose à voir avec la future accession de Sarkozy fils à la tête de l’Epad. Comme le révélait mardi le Figaro, l’Elysée a bien retoqué un projet de décret sortant de Matignon et levant la limite des 65 ans pour présider à l’aménagement de la Défense. Ce texte aurait permis à Patrick Devedjian, frappé par la limite d’âge, de conserver sa place de président de l’Epad comme il le souhaitait… mais aurait obstrué la voie pour Jean Sarkozy. [...] Car ce qui a été refusé à Patrick Devedjian… a été accordé ailleurs par l’exécutif. [...] l’établissement public chargé de «la valorisation industrielle» des activités universitaires sur le plateau de Saclay [...] un nouvel établissement dont les missions sont les mêmes que celles de l’Epad. [...] un futur décret d’application précisera «qu’il sera dérogé à la loi du 13 septembre 1984 relative à la limite d’âge dans la fonction publique à 65 ans pour le président du conseil d’administration». Car l’exécutif aurait en tête un candidat qui n’est pas de première jeunesse."

jeudi 15 octobre 2009

Jour 889

Liberté d'expression

Le Monde, 15 octobre 2009 :

"Poursuivi pour "manquement grave à l'obligation de réserve", le chef d'escadron de la région Picardie Jean-Hugues Matelly, 44 ans, pourrait être radié des cadres, c'est-à-dire exclu de la gendarmerie. [...] La direction générale de la gendarmerie (DGGN) lui reproche d'avoir, le 30 décembre 2008, co-signé avec deux chercheurs du CNRS un article diffusé par le site Rue89, intitulé "La gendarmerie enterrée, à tort, dans l'indifférence générale". [...] Dans cet article, M. Matelly, par ailleurs chercheur associé au CNRS, critiquait le rapprochement de la police et de la gendarmerie. Le 16 juin, la DGGN décidait de son renvoi devant le conseil d'enquête pour avoir exprimé "une désapprobation claire vis-à-vis de la politique conduite par le gouvernement" et parce qu'il s'est soustrait à "l'exigence de loyalisme et de neutralité liée à son statut militaire". [...] L'avocat fait la comparaison avec l'absence de sanctions disciplinaires des gendarmes impliqués dans l'incendie d'une paillotte en Corse, en 1999."

mercredi 14 octobre 2009

Jour 888

Bouclier mon cul

Il faut croire qu'on avait du nez pour le message d'hier, en dernière minute sur le site du Monde, le 14 octobre 2009 :

"Dans un rapport présenté mercredi à la présidence de l'Assemblée nationale, le président UMP de la commission des lois, Jean-Luc Warsmann, demande de retirer la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) des impositions prises en compte dans le bouclier fiscal. Assurer le financement de la dette sociale est "un devoir moral", estime le rapport."

mardi 13 octobre 2009

Jour 887

Bouclier mesquin

L'Observatoire des inégalités, 22 septembre 2009 :

"le bouclier fiscal favorise surtout les très hauts revenus et les grandes fortunes. Un petit nombre de contribuables ont reçu des montants considérables. 3 894 foyers au revenu annuel supérieur à 42 507 euros ont touché 105 907 euros de ristourne en moyenne par foyer. Pour eux seuls, le coût pour la collectivité est de plus de 412 millions d’euros au total. Pour les plus gros patrimoines, c’est une vraie aubaine. Ainsi, 834 foyers au patrimoine supérieur à 15,6 millions d’euros ont touché 368 261 euros en moyenne par foyer. La collectivité a dépensé plus de 307 millions d’euros pour eux. On peut tirer plusieurs enseignements de ces données :

[...]
- La maîtrise de la communication est un élément essentiel des politiques publiques de baisse d’impôts. Officiellement, l’impôt sur la fortune n’est pas remis en cause. Comme souvent, on utilise un paravent - la veuve de l’île de Ré - au profit d’autres causes. C’est de la même façon que l’on utilise les intérêts des petits agriculteurs pour défendre ceux des grosses exploitations.

- Lors de la présentation du texte en 2007, la ministre de l’économie avait reconnu à l’Assemblée nationale la véritable portée du texte : "On entend souvent dire que cette mesure (le bouclier fiscal, ndlr) ne concernerait que la partie la plus riche de la population, mais n’est-ce pas celle qui fait tourner l’économie ?", avait-elle déclaré. Il faut aider les plus riches parce qu’ils créent la valeur. Les salariés les moins qualifiés qui travaillent souvent dans les conditions les plus pénibles pour les plus bas salaires apprécieront d’apprendre leur faible apport à l’économie.

- Le décalage est considérable entre l’intérêt des mesures et les montants dépensés pour les mettre en œuvre. De la dette publique aux commissariats de police, en passant par l’école, les besoins sont criants. Le coût de la modification du bouclier fiscal est équivalent à la franchise de soins (montant minimum non remboursé) qui porte sur l’ensemble des ménages, quels que soient leurs revenus."

lundi 12 octobre 2009

Jour 886

La bonne nouvelle du lundi

Actualités de la Recherche en Histoire Visuelle, le 9 octobre 2009 :

"BHL, Hortefeux ou Polanski, hier, Mitterrand aujourd'hui: on peut le vérifier grâce à l'éditorial du Monde, l'accusation de lynchage suit un schéma précis. Rarement initiée par un blogueur anonyme, cette accusation émane plus régulièrement d'une star de la politique ou des médias, qui défend un autre membre de l'élite momentanément mis en difficulté. Derrière l'épouvantail de la foule sans visage ou de la "planète internet", la figure du lynchage vise à stigmatiser l'adversaire et à ôter toute légitimité à l'expression de la critique – celle-ci étant implicitement décrite comme un phénomène d'emballement grégaire et irrationnel. Revenons sur Terre. Frédéric Mitterrand n'a pas été pendu à un arbre par la populace. Il est difficile de le décrire comme un proscrit au ban de la société. A l'abri des ors de la rue de Valois, soutenu par l'Elysée, le ministre de Nicolas Sarkozy a bénéficié hier de la tribune du JT le plus regardé de France, et aura l'occasion de réitérer dès dimanche son plaidoyer dans l'émission sur canapé de Michel Drucker. On connait des victimes au sort moins enviable. [...] Si l'accusation de lynchage est une tactique de défense privilégiée de l'élite, sa prolifération trahit la montée de l'exaspération, du côté de ceux qui s'estiment propriétaires de la parole. Face à un parasitage sans précédent de leur droit exclusif à dicter la glose, le recours à cette violence verbale est un vrai signe de désespoir – et la confirmation d'un désaisissement qui s'accélère. Plutôt que d'accabler Mitterrand ou Finkielkraut, préparons-leur un thé et une bouillotte, et réjouissons-nous de l'aveu que leurs tourments nous dévoilent."

dimanche 11 octobre 2009

Jours 884 & 885

Papa m'a dit

Libération, le 10 octobre 2009 :

"Le 4 décembre, Jean Sarkozy, 23 ans, fils cadet du chef de l’Etat, devrait prendre les rênes de l’Etablissement public d’aménagement de la Défense (Epad). Une structure chargée de la gestion et de l’urbanisation d’un des plus importants quartiers d’affaires d’Europe avec pas moins de 2 500 sièges sociaux, situé à l’ouest de Paris. Et qui représente une véritable manne pour le département des Hauts-de-Seine, l’un des plus riches du pays. [...] «L’hyperprésident nous a refilé le superfiston», ironise un conseiller général UMP, inquiet de voir «le conseil général se transformer en chambre d’enregistrement des décisions du Château». Numéro 2 du Modem, Marielle de Sarnez se dit «suffoquée» : «Tout est fait pour favoriser son irrésistible ascension dans les Hauts-de-Seine. C’est très grave. Cela montre que le chef de l’Etat ne connaît aucune limite. Nous assistons à une caricature du fait du prince. Tout cela est absolument contraire aux principes de la République.»"

vendredi 9 octobre 2009

Jour 883

Home front

Sur le site de Paris-Normandie, le 6 octobre 2009 :

"Pour ses supérieurs du 1er régiment de hussards parachutistes (RHP) de Tarbes, Ounoussou Guissé est un brigadier exemplaire. Qui devrait même bientôt devenir brigadier-chef. Pour le ministère de la Justice, le même homme ne mérite plus la nationalité française.[...] Le privant du même coup de la possibilité de servir dans l'armée française. Un cauchemar pour ce soldat de 29 ans, engagé depuis 2002, et qui a participé à des campagnes au Tchad et plus récemment en Afghanistan, à l'Est de Kaboul, une région où dix militaires français ont perdu la vie en août 2008. [...] Le ministère de la Justice remet en cause les conditions dans lesquelles le père - et donc ses enfants - a obtenu sa nationalité française. Comme l'explique l'avocate Cécile Madeline, qui suit le dossier depuis ses débuts, « à l'indépendance du Sénégal, les Sénégalais qui résidaient en France ont pu choisir de devenir Français. C'est le cas du père d'Ounoussou. Mais sa femme et ses enfants étant restés sur le sol africain, le ministère conteste la validité de la procédure de naturalisation »."

jeudi 8 octobre 2009

Jour 882

Terre d'écueils

La Ligue des Droits de l'Homme, le 7 octobre 2009 :

"José Chidlovsky, réalisateur et producteur de nombreux films, tourne depuis plusieurs mois entre Toulouse et Paris avec sa co-réalisatrice Rabeha El Bouati le documentaire Journal de sans-papiers, produit par Zadig Productions. La protagoniste du film, S. F., est hébergée par le réalisateur à la suite d’une tentative de suicide qui découle de sa situation familiale très difficile. Comme le répète à l’envi le Ministre Eric Besson dans les journaux et sur les ondes : le délit de solidarité « est un mythe ». Et pourtant José Chidlovsky, convoqué en qualité d’« aidant » encoure une peine de 5 ans de prison et de 30 000€ d’amende. La Ligue des droits de l’Homme, RESF et la SRF s’inquiètent des dérives potentielles de cette convocation sur la liberté nécessaire au métier de documentariste. La Ligue des droits de l’Homme, RESF et la SRF demandent instamment à la justice française d’arrêter toutes les poursuites contre José Chidlovsky en suivant les bonnes paroles de notre ministre de l’Immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire : « Le délit de solidarité n’existe pas »."

mercredi 7 octobre 2009

Jour 881

C'est la droite qui en parle le mieux

Le Figaro, 7 octobre 2009 :

"L'élu local Alain Juppé laisse éclater sa colère. [...] dans la réforme de la taxe professionnelle et ses conséquences en terme de perte de fonds pour les communes. Pour Alain Juppé, dans ce dossier, «le gouvernement cherche la provocation», rien de moins. Selon lui, «le président Sarkozy avait promis une compensation euro par euro mais il avait oublié de dire pendant un an». Donc, dès la deuxième année de la réforme, la communauté urbaine de Bordeaux devrait perdre plusieurs millions. «C'est tout de même se foutre du monde», assène même Alain Juppé."

mardi 6 octobre 2009

Jour 880

Retour à Kaboul

La Cimade, 5 octobre 2009 :

"Un "charter" franco-britannique serait prévu pour le 6 octobre à destination de Kaboul. Alors que les conditions humanitaires et de sécurité ne cessent de se dégrader en Afghanistan, que les ONG comme le Secrétaire général des Nations unies se déclarent particulièrement préoccupés par la situation, la France et la Grande-Bretagne tentent, comme au mois de novembre 2008, une opération conjointe. [...] En France, le ministère de l'Immigration se moque des décisions des tribunaux de différentes régions qui ont remis en liberté 130 des 138 Afghans qui avaient été interpellés le 22 septembre, en vue de leur éloignement, lors de la "fermeture" spectaculaire de la plus grande "jungle" de Calais. Ces juridictions ont mis en évidence l'inanité de cette opération médiatique et ont rappelé le respect du droit et des libertés fondamentales des personnes. Plusieurs tribunaux administratifs ont par ailleurs annulé des arrêtés de reconduite à la frontière au motif du non-respect du droit de demander l'asile. Le gouvernement n'en a cure et reste enfermé dans sa rhétorique de l'"appel d'air", selon laquelle Afghans, Erythréens, Irakiens, Iraniens, Soudanais, etc. ne viendraient pas en Europe pour sauver leur vie et leurs libertés, mais pour des raisons d'agrément et de confort : les rafles actuelles seraient supposées porter des messages dissuasifs dans les pays d'origine. C'est ainsi que sont pris en otages des Afghans du Calaisis pour tenter de dissuader leurs compatriotes victimes des violences au pays. Les "opérations de nettoyage" se poursuivent et plus d'une cinquantaine d'Afghans ont été à nouveau placés en rétention la semaine dernière. Les "charters conjoints", qui sont contraires au principe d'interdiction des expulsions collectives, conduisent à des pratiques arbitraires, discriminatoires et inhumaines, au mépris des droits fondamentaux des personnes. Nous appelons instamment les autorités françaises et britanniques à renoncer à tout projet d'expulsion vers l'Afghanistan et insistons sur la nécessaire mobilisation de tous pour empêcher cette expulsion collective qui mettrait sérieusement en danger la vie de ces exilés."

lundi 5 octobre 2009

Jour 879

Démocratie spontanée

Libération, le 3 octobre 2009 :

"«Plus de deux millions» de personnes ont participé à la votation citoyenne sur l'avenir de La Poste achevée ce week-end, a indiqué dimanche le comité organisateur [...] Le comité national travaillait dimanche à dessiner la carte des zones les plus votantes tout en constatant d'ores et déjà «une forte concentration dans les quartiers populaires et les zones rurales où le problème est le plus cuisant», selon Nicolas Galepides, élu syndical Sud-PTT et membre du conseil d'administration de La Poste depuis 2000. [...] Une large majorité de Français (59%) souhaite que le gouvernement organise un référendum sur le changement de statut de La Poste, selon un sondage Ifop à paraître dimanche dans Sud Ouest Dimanche."

dimanche 4 octobre 2009

Jours 877 & 878

Ne juges point...

Le Syndicat de la Magistrature, le 2 octobre 2009 :

"Madame le garde des Sceaux,

Cette semaine, deux ministres du gouvernement auquel vous appartenez ont publiquement mis en cause l’institution judiciaire dans des termes inacceptables.

Vous ne pouvez en effet ignorer que, suite à l’opération dite de « démantèlement » de la « jungle » à Calais, Monsieur Eric Besson, ministre de l’Immigration et de « l’Identité nationale », s’est cru autorisé à faire le commentaire suivant :

« 129 (étrangers en situation irrégulière) ont été placés en centre de rétention. Parmi eux, à ce jour : (…) 89 ont été remis en liberté. [...] Tout en restant parfaitement respectueux de l’indépendance des juridictions, il n’est pas interdit de constater que certaines d’entre elles libèrent quasi systématiquement les étrangers en situation irrégulière qui leur sont présentés. » (communiqué de presse du 28 septembre 2009) Cette présentation idéologique, qui tente de masquer l’échec d’une entreprise de pure communication, est proprement scandaleuse. Elle est d’abord contraire à la vérité. Il n’est en effet pas inutile de rappeler que :

[...]

- si le taux de remise en liberté a été beaucoup plus important en l’espèce, c’est en raison des nombreuses violations des droits des étrangers que n’a pas manqué d’occasionner une opération aussi spectaculaire que brutale (séparation des conjoints, arrestation de nombreux mineurs, mépris des règles protectrices du droit d’asile…) ;

- en particulier, les conditions de transfert souvent lointain des étrangers interpellés se sont logiquement révélées incompatibles avec l’exercice effectif de leurs droits élémentaires (accès à un avocat, à un interprète, aux autorités consulaires et aux conseils de la CIMADE) ;

- dans la très grande majorité des cas, les décisions de remise en liberté stigmatisées par monsieur Besson ont été confirmées en appel.

Cette description fallacieuse constitue surtout une grave atteinte au principe de la séparation des pouvoirs, en ce qu’elle met en cause l’impartialité des nombreux magistrats qui ont veillé au respect du droit, conformément à leur mission constitutionnelle de sauvegarde des libertés individuelles."

vendredi 2 octobre 2009

Jour 876

Sous presse

Encore une fois, lisez l'édito du Monde Diplomatique d'octobre 2009 dont je propose ici un (très) court extrait :

"« Imaginez, lance l’universitaire américain Robert McChesney, que le gouvernement prenne un décret exigeant une réduction brutale de la place accordée aux affaires internationales dans la presse, qu’il impose la fermeture des bureaux de correspondants locaux, ou la réduction sévère de leurs effectifs et de leurs budgets. Imaginez que le chef de l’Etat donne l’ordre aux médias de concentrer leur attention sur les célébrités et les broutilles plutôt que d’enquêter sur les scandales associés au pouvoir exécutif. Dans une telle hypothèse, les professeurs de journalisme auraient déclenché des grèves de la faim, des universités entières auraient fermé à cause des protestations. Pourtant, quand ce sont des intérêts privés en position de quasi-monopole qui décident à peu près la même chose, on n’enregistre pas de réaction notable. »"

jeudi 1 octobre 2009

Jour 875

Le retour de Pinnochio

Amusons nous avec l'Acrimed, le 1er octobre 2009 :

"Une fois de plus dans l’histoire de la Vème République, l’interview a donné des apparences de dialogue à un monologue. Une fois de plus, le Président de la République a pu, quand il le voulait, contourner les questions qui lui étaient posées ou les timides objections qui lui étaient soumises. Une fois de plus, il a pu proférer des énormités sans être contredit. [...] « Pardon de le dire, enfin si vous me permettez c’est pas tout à fait exact. […] Il n’y a plus de paradis fiscaux » [...] « Il n’y a plus de paradis fiscaux », puisque des sanctions à leur encontre sont… envisagées ! [...] « Quelle est la situation ? (…) Le monde va à sa perte si on continue à émettre du carbone, qui crée un trou dans la couche d’ozone et qui brise les équilibres de la planète. Ça c’est un constat. » Un « constat » qui a fait rire beaucoup de monde, ceux qui ne confondent pas le carbone et les gaz CFC (responsables du trou dans la couche d’ozone)[...] « Ce que je peux dire, c’est que ça fait deux trimestres que la France a une croissance positive. » [...] un communiqué de l’AOF publié le 25 septembre indique que « Le PIB français a progressé de 0,3% après quatre trimestres consécutifs de baisse, a annoncé l’Insee »."

Ad nauseam...