mercredi 31 décembre 2008

Jour 602

Vu d'Allemagne

Der Spiegel, 8 décembre 2008 :

"Suddenly, such fundamental historical achievements like the separation of powers, freedom of the press and the protection of minorities are at stake in France today. The old-fashioned concept of virtue, which the French political philosopher Charles de Montesquieu defined, almost 250 years ago, as the principle behind every republic, is now being called into question. Without virtue, Montesquieu writes, the state can fall prey to despotism. [...] To illustrate this point, let us consider four different scenes from today's France. Scene 1: Hervé Eon, a protestor who, during a Sarkozy visit to a rural area, carried a sign around his neck that read "Get lost, you imbecile," was brought to trial and found guilty of "insulting the head of state." Sarkozy, for his part, used the same words to reproach a citizen who had refused to shake his hand: "Get lost, you imbecile." Scene 2: The daily newspaper Le Figaro, owned by Serge Dassault, an arms merchant and friend of Sarkozy, published, on its front page, a retouched teaser photo of Justice Minister Rachida Dati. A €15,600 ($20,000) ring on the minister's hand was airbrushed out. Scene 3: After a demonstration by Corsican nationalists on the property of another friend of Sarkozy's, actor Christian Clavier, the region's police chief was sacked at the behest of Paris. Scene 4: A former managing editor of the leftwing daily Libération was taken away in handcuffs early one morning because of a letter to the editor published two years earlier, addressed as "scum" by police officers and subjected to multiple body searches. [...] Such unpleasant anecdotes abound in the France of 2008, year two of the Sarkozy administration. The country is now the subject of some news stories that could easily have originated in 1970s South America. After paying a visit to French prisons, EU Commissioner for Human Rights Thomas Hammarberg described conditions there as "unacceptable" and accused Paris of pursuing a justice policy that contradicts "fundamental human rights." In the summer, the organization Human Rights Watch gave a dark account, based on strong evidence, of the brutal approach taken by the French police, and of its even more brutal interrogation methods. Something is happening in France, and that something is utterly disconcerting. [...] under Sarkozy, a political style has quickly taken root that harms the country's great democratic culture. A brutalization of political discourse is underway, as if Sarkozy and his team had taken pointers from US President George W. Bush. Their creed, like Bush's, is simple: Whoever is not with us must be against us. Sarkozy even has his own version of Bush's axis of evil, except that his is inhabited by trade unionists, journalists, lawyers, students, scientists and immigrants. In the worst of cases, Sarkozy's enemies are given a vigorous taste of the new spirit in courtrooms and police stations. [...] The institutional reform recently adopted in France can only amplify this concern. The French constitution, originally drawn up to give the parliament more rights, has done just as much to strengthen the president's overwhelming role and trim the powers of the government. That government, elected by the people and independently of the president, now acts as a private cabinet at the Elysée Palace, a place almost as brimming with power as the Versailles of France's former kings. [...] In this intoxication of power, Sarkozy feels responsible for everything, giving speeches about Alzheimer's disease and psychiatry, automobile manufacturing, residential construction and urban development, presenting plans to promote sustainable growth and combat homelessness, unveiling his visions on Africa's future and Quebec's prospects, and airing his ideas on wind energy, Tibet and rugby. And when he has nothing better to do, he applies for French cuisine to be awarded UNESCO World Cultural Heritage status. His speeches and projects are rarely earth-shattering. An eternal campaigner, he is constantly searching for the next sudden crisis. As a result, the French political system lacks, in these uncertain times, an important calming influence, a reliable frame of reference, a neutral authority. [...] Nowadays no one in France doubts that Sarkozy has abandoned the principle of equal treatment of all citizens. Instead of acting as the "president of all Frenchmen," he is more like the head of a clan who has finally worked his way up to the big leagues. [...] The forces of disintegration are tearing away at France more sharply than elsewhere, because, even though its society is a diverse mix of ethnicities, religions and refreshingly progressive citizens, the glue that holds it all together is crumbling. Although this process did not begin under Sarkozy, the president has also done nothing to curb it, bring calm to the situation, or perhaps even find new common ground. On the contrary, he only undermines the cohesion of the nation with his policy of "division instead of reconciliation." And that policy, in its current form, provides a lesson on how democracy and the constitutional state cannot be taken for granted, but instead must be secured, carved out and developed, day in and day out, and filled with meaning, intent and virtue."

mardi 30 décembre 2008

Jour 601

En de bonnes mains

La Tribune, 19 décembre 2008 :

""La crise n'a pas commencé en août 2007 comme je l'entends souvent mais bien le 15 septembre 2008, date de la faillite de Lehman Brothers." Cette phrase, le président en exercice du Conseil européen, Nicolas Sarkozy, l'a répétée plus d'une fois. Et pas plus tard que lors de sa dernière intervention au parlement européen, le 16 décembre dernier. "C'est une totale stupidité. Avec tout le respect que l'on doit au chef de l'Etat, il aurait eu une mauvaise note à un examen", note Michel Aglietta, professeur d'économie à l'université Paris-X Nanterre, interrogé par EurActiv.fr. Car c'est bien en août 2007 que la crise a commencé à s'étendre, provoquant une récession aux Etats-Unis dès janvier 2008 et un mauvais second semestre en France."

lundi 29 décembre 2008

Jour 600

Sévice public

Le Monde, 29 décembre 2008 :

""La sécurité des patients n'est plus assurée dans les hôpitaux en Ile-de-France, pendant cette période de fêtes", s'est exclamée dimanche l'Association des médecins urgentistes (AMUF).[...] Les urgentistes, en grève depuis le 1er décembre, dénoncent la situation de leurs services en France et s'alertent de la "surdité" et de l'"irresponsabilité" de la ministre de la santé. Pour le secrétaire général du syndicat de l'AMUF, Bruno Fagganielli, de nombreux lits de réanimation ont été fermés pendant la période des fêtes, faute de personnel, "puisque les hôpitaux n'ont plus les moyens de prendre des remplaçants" des médecins et soignants en congé. [...] Pour l'AMUF, présidée par le docteur Patrice Pelloux, "la sécurité des patients n'est plus assurée dans les hôpitaux en Ile-de-France pendant cette période de fêtes". Dans son communiqué, elle "demande aux plus hautes autorités de l'Etat de prendre immédiatement des mesures énergiques avant qu'une catastrophe sanitaire ne se produise" [...] En prévision du plan pour l'hôpital qui doit être présenté par Roselyne Bachelot en 2009, les présidents de Comités consultatifs médicaux (CCM) des hôpitaux de l'Assistance publique -Hôpitaux de Paris avaient adressé, le 5 novembre, à la ministre de la santé une lettre ouverte intitulée "Sauver l'hôpital public". Ils dénonçaient des "restrictions budgétaires sans objectifs médicaux ni de santé publique clairement identifiés" et les "économies à très court terme et à tout prix", jugeant que la "qualité" et l'"accès aux soins pour tous" allaient "pâtir" de cette réduction des dépenses."

samedi 27 décembre 2008

Jours 598 & 599

Enfermés dehors

La Cimade, le 22 décembre 2008 :

"Dès l’annulation du précédent appel d’offres, la Cimade a proposé au ministère de l’Immigration la mise en œuvre d’une action conjointe de plusieurs associations et organisations syndicales pour rendre effectif l’exercice des droits des étrangers en rétention. Cette proposition n’a reçu, des pouvoirs publics, ni réponse, ni début de dialogue, ni même accusé de réception. [...] le ministère de l’Immigration a diffusé vendredi 19 décembre un nouvel appel d’offres sans qu’aucune modification sérieuse ne soit apportée à la version précédente, annulée le 30 octobre par le tribunal administratif de Paris. [...] En outre, au lendemain de la révélation du scandale de Mayotte, l’appel d’offres « oublie » ce centre de rétention d'outre-mer. [...] La « transparence » affichée par le ministère de l’Immigration n’est qu’un simulacre : cette réforme vise à fragiliser l’exercice effectif des droits des étrangers et à gêner la société civile dans sa capacité de témoignage."

vendredi 26 décembre 2008

Jour 597

Justice pour tous ?

Pendant que certains sont libérés (voir jour 595) d'autres n'ont pas la chance d'être les amis de M. Pasqua :

"La cour d'appel de Paris a décidé, vendredi 26 décembre, le maintien en détention de Julien Coupat, incarcéré depuis la mi-novembre dans le cadre de l'enquête sur des dégradations contre des lignes TGV. [...] "Le parquet a instrumentalisé une fois de plus cette procédure en faisant un référé-détention, ce qui est anormal, et en précipitant l'audiencement entre les fêtes devant une chambre de vacation et devant des juges qui ne connaissent pas le dossier", a dénoncé Me Terrel après le jugement. Cette décision n'est pas conforme aux exigences légales du droit français en premier lieu desquelles figurent le respect de la présomption d'innocence et son corollaire, la liberté, qui doit être la règle, et la détention provisoire, l'exception", a-t-elle ajouté. [...] Le père de Julien Coupat, Gérard, s'est à nouveau élevé contre ce maintien en détention. "C'est clair, on veut casser mon fils ainsi que sa compagne Yldune, il y a une volonté de les humilier", a-t-il affirmé à l'AFP. Il se dit "pessimiste", estimant qu'"on veut se servir de ces deux jeunes pour intimider la jeunesse dans son ensemble en la dissuadant de manifester, au risque de subir le même sort"." (Le Monde, 26 décembre 2008)

jeudi 25 décembre 2008

Jour 596

Joyeux noël spécial enfants

L'Union Syndicale des Magistrats, le 3 décembre 2008 :

"L’USM et l’UNSA PJJ entendent rappeler qu’elles défendent fermement, conformément aux standards internationaux unanimement reconnus le principe d’un droit spécifique des mineurs mettant en avant la priorité de l’action éducative sur la répression. [...] Le rapport des travaux de la commission présidée par Monsieur Varinard [...] comporte certains points inacceptables qui mettent en cause les principes fondamentaux de l’ordonnance de 1945 et portent atteinte au primat de l’éducatif sur le répressif, pourtant affiché. L’USM et l’UNSA PJJ dénoncent la fixation de la majorité pénale à 12 ans, avec possibilité d’incarcération en matière criminelle, alors que dans la quasi totalité des pays européens, elle est de 14 ans, ainsi que l’a rappelée la défenseur des enfants lors de son audition par la commission Varinard. Elles s’insurgent par ailleurs contre un certain nombre de mesures, dont on ne comprend nullement l’utilité mais qui marquent une véritable défiance à l’égard du Tribunal pour Enfants, actuellement composé d’un Juge des Enfants et de deux assesseurs citoyens, spécialisés dans les questions de l’enfance. Il en va ainsi de l’idée de faire juger certains mineurs, soit par le Juge des enfants seul, hors la présence des assesseurs, soit, comme des adultes, par le Tribunal Correctionnel, ce qui est douteux sur le plan constitutionnel, et contraire à tous les engagements internationaux de la France. L’USM et l’UNSA-PJJ, rappellent que pendant que le gouvernement communique sur la remise du présent rapport et affiche officiellement vis-à-vis de l’opinion publique, une plus grande fermeté à l’égard des mineurs et la nécessité de moyens supplémentaires, il opère en toute discrétion une diminution significative des moyens de la Protection judiciaire de la Jeunesse, tant en terme budgétaires qu’en terme d’emplois. [...] L’USM et l’UNSA-PJJ rappellent enfin que l’extension des possibilités d’incarcération des mineurs dès 14 ans en matière correctionnelle et dès 12 ans en matière criminelle, ne saurait constituer à elle seule le remède miracle contre la délinquance des mineurs. Elle ne peut être combattue de façon utile que par le développement effectif des mesures alternatives à l’incarcération et la mise en place effective de mesures éducatives."

mercredi 24 décembre 2008

Jour 595

Joyeux noël

Le Figaro, 23 décembre 2008 :

"Joli cadeau de Noël pour Jean-Charles Marchiani. L'ancien préfet du Var, proche de Charles Pasqua, qui purge une peine de trois ans de prison pour plusieurs affaires de corruption, a finalement bénéficié d'une grâce partielle de Nicolas Sarkozy. Sa peine sera réduite de six mois, ce qui devrait lui permettre de bénéficier d'une libération conditionnelle ou d'une remise de peine dans les prochaines semaines. [...] La CGT-Pénitentiaire avait notamment estimé, dans un communiqué, que «les critères de méritocratie du pouvoir sont bien particuliers : «Quel acte de bravoure que de séjourner dans le quartier VIP de la prison de Paris-la-Santé», dénonçait le syndicat, parlant de «pratiques scandaleuses»."