jeudi 18 septembre 2008

Jour 500

Toute ressemblance...

Lu sur le site de l'Acrimed :

"À paraître le 26 septembre aux éditions Agone : George Orwell, À ma guise. Chroniques (1943-1947) [...] On trouve dans ces chroniques quelques passages de critique des médias. En voici deux que nous reproduisons ici (sous des titres de notre choix) avec l’autorisation des éditions Agone."

La radio est par essence totalitaire, puisque seuls le gouvernement ou un gigantesque groupe privé peuvent en assurer le fonctionnement ; et, par sa nature même, elle est nécessairement très loin de pouvoir fournir des informations aussi exhaustives qu’un journal. Dans le cas de la BBC, ajoutons que, si elle ne dit pas de mensonges délibérés, elle évite simplement tous les sujets embarrassants. Même dans le plus imbécile et le plus réactionnaire des journaux, tous les sujets peuvent au moins être soulevés, ne serait-ce qu’au travers du courrier des lecteurs. Si vous ne pouvez écouter que la radio, il y aura des lacunes surprenantes dans votre information. De par sa nature, la presse est plus libérale, plus démocratique ; les patrons de presse qui ont sali sa réputation et les journalistes qui ont participé plus ou moins consciemment à ce processus portent une très lourde responsabilité.

[...]

L’une des choses les plus extraordinaires avec l’Angleterre, c’est qu’il n’y existe pratiquement pas de censure officielle et que, pourtant, rien de ce qui pourrait vraiment nuire à la classe dirigeante n’y est jamais publié, du moins dans les journaux à grand tirage. Si « cela ne se fait pas » de parler de tel ou tel sujet, eh bien, on n’en parle pas, tout simplement. Ce comportement est parfaitement résumé dans ces quelques vers signés (je crois) Hilaire Belloc [Ces vers sont en réalité extraits de The Uncelestial City de Humbert Wolfe (1885-1940), poète et satiriste. (note d’Acrimed)].

- Dieu soit loué ! Le journaliste anglais,
- Est incorruptible, on ne peut l’acheter.
- Mais vu ce qu’il fait sans être payé
- Il n’est nul besoin de le soudoyer.

[...]

Les chiens de cirque sautent quand le dresseur fait claquer son fouet, mais le chien vraiment bien dressé est celui qui exécute son saut périlleux sans avoir besoin du fouet. Voilà où nous en sommes arrivés dans ce pays grâce à trois siècles de vie commune sans guerre civile.