mercredi 30 juin 2010

Jour 1146

Panier percé

Le Monde, 30 juin 2010 :

"la parution de la lettre envoyée, lundi 28 juin, par Nicolas Sarkozy à François Fillon pour lui demander de restreindre le train de vie de l'Etat [...] Que le chef de l'Etat ne touche pas à son salaire ou qu'il maintienne l'achat d'un nouvel Airbus à 180 millions d'euros étaient les éléments les plus critiqués. Mais outre-Manche, les mêmes défaillances sont pointées. "Ayez une pensée – et peut être un euro – pour les pauvres hommes politiques français", raille The Guardian. Outre le ton "humiliant et désagréable" de la lettre, qui donne l'impression que Nicolas Sarkozy s'adresse à ses ministres "comme un proviseur menaçant ses élèves avec une canne", la journaliste Kim Willsher ne manque pas de relever les mesures ostensiblement absentes de la lettre. "Nicolas Sarkozy ne va pas abandonner ses voyages en avion ou en hélicoptère, ni son Airbus A330 spécialement aménagé et acquis récemment pour 180 millions d'euros", écrit-elle. Pas question non plus d'abandonner les multiples résidences présidentielles, l'Elysée, La Lanterne – à Versailles, où le président se retire le week-end –, la maison estivale du fort de Brégançon ou le château de Rambouillet. "Il n'habite dans aucune de ses résidences", renchérit John Lichfield du journal The Independent qui rappelle que le président passe ses nuits, quand il est à Paris, dans l'appartement de Carla Bruni-Sarkozy, situé dans une résidence privée du 16e arrondissement. [...] Quant aux chasses présidentielles, "reliquat de l'époque royale où le gratin français et étranger venaient déguster vin et gibier aux frais du contribuable français", M. Lichfield souligne que "Nicolas Sarkozy a cependant oublié de mentionner que c'était lui qui avait récemment relancé ces parties de chasse dans un somptueux château de la Loire. Elles avaient été abolies il y a une dizaine d'années par Jacques Chirac"."

mardi 29 juin 2010

Jour 1145

Une famille en or

Le Syndicat de la Magistrature, le 29 juin 2010 :

"Le 29 octobre 2009, dans une « lettre ouverte à ceux qui feignent de croire en l’indépendance du parquet », le Syndicat de la magistrature s’interrogeait sur l’attitude du procureur de la République de Nanterre dans « l’affaire Bettencourt » : réquisitions d’irrecevabilité de la plainte de Françoise Bettencourt-Meyers pour des motifs surprenants, appel contre la décision contraire du tribunal… Bref, une activité procédurière peu banale en matière de citation directe entre parties, où le parquet reste généralement discret.

Il était déjà évident pour tout observateur que ce procureur dépensait une énergie peu commune au service d’une partie – au demeurant et sans doute par hasard - la femme la plus riche d’Europe.

Mais ce que donnent à voir de la Justice les récentes révélations de Médiapart, c’est la tragique confirmation des relations malsaines nouées entre justice et politique, à savoir :

* que, Patrick Ouart, conseiller justice de la présidence de la République, n’hésite pas, durant l’été 2009, à renseigner un individu, Patrice de Maistre, gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt, sur la décision que prendra, un mois plus tard, le procureur de la République de Nanterre, Philippe Courroye ;

* que le même Patrick Ouart indique à Patrice de Maistre, courant avril 2010, que le « président continue de suivre ça de très près (…). En première instance on ne peut rien faire de plus, mais on peut vous dire qu’en cour d’appel, si vous perdez, on connaît très très bien le procureur. Donc c’est bien ». Ce « procureur » n’est autre que Philippe Ingall-Montagnier, procureur général de Versailles, et, comme Patrick Ouart, figure de la droite judiciaire (ils appartenaient tous les deux à l’Association Professionnelle des Magistrats) ;

* que Liliane Bettencourt donne des sommes d’argent à des membres de l’UMP, ce qui peut permettre de comprendre l’intérêt porté par le propre conseiller justice du Président de la République à ses affaires.

On aurait pu imaginer, après la diffusion de ces enregistrements, un peu de friture sur la ligne directe qui semble relier le Palais de l’Elysée et le parquet de Nanterre.

Or, non seulement ledit procureur de la République n’a pas paru s’émouvoir du fait que « sa » décision soit parvenue, avec un mois d’avance, à la connaissance de Patrick Ouart, non seulement il n’a pas annoncé l’ouverture pourtant indispensable d’une enquête sur les conditions dans lesquelles trois chèques semblent avoir été signés par Liliane Bettencourt au profit de Valérie Pécresse, Nicolas Sarkozy et Eric Woerth, mais surtout, il a immédiatement fait placer en garde à vue ceux qui, afin de démontrer la prédation dont serait victime leur employeuse, ont permis la révélation de ces manœuvres...

Ce faisant, Philippe Courroye s’est montré à la hauteur de sa nomination contre l’avis du Conseil supérieur de la magistrature par un pouvoir exécutif empêtré depuis quelques semaines dans une série d’événements pour le moins embarrassants.

Les « affaires Bettencourt » dévoilent donc, s’il en était encore besoin, la domestication totale de la hiérarchie du parquet par le pouvoir exécutif dans les affaires sensibles.

Pendant ce temps, fidèle à sa propagande habituelle, ce pouvoir exécutif s’obstine à psalmodier le même discours autistique. Quelques jours après ces révélations, Jean-Marie Bockel n’a en effet pas hésité à affirmer : « l’indépendance du parquet se manifeste tous les jours, y compris sur des dossiers sensibles ». C’est officiel : M. Bockel est un secrétaire d’Etat sans compétence particulière...

Le Syndicat de la magistrature déplore une nouvelle fois la perte de tous les repères éthiques d’une certaine hiérarchie parquetière.

Au-delà des investigations judiciaires qui s’imposent sur le volet financier de cette affaire, le Syndicat de la magistrature demande à la garde des Sceaux d’ordonner une inspection sur la façon dont ont été gérées, par le ministère public, en relation avec le conseiller justice de l’Elysée, les multiples ramifications de « l’affaire Bettencourt »."

lundi 28 juin 2010

Jour 1144

Un déficit d'explications

La Pompe à Phynance, le 26 mai 2010, de l'excellentissime Frédéric Lordon, à lire dans sa totalité sur son site, comme d'habitude :

"Ainsi, il y a un « problème de dette publique ». Mais au fait, d’où vient-il ?... [...] Les ennemis (amis) de la dette n’aiment rien tant que prendre le problème « des déficits » du côté de la dépense. Jamais des recettes. Ce serait pourtant bien intéressant. Car la défiscalisation systématique apparaît comme l’un des caractères structurels les plus robustes du néolibéralisme. [...] De la baisse de l’impôt sur les sociétés, ramené de 50 % à 33 % par le socialisme moderne (et, bien sûr, sans le moindre effet tangible autre que d’opportunité, sur l’investissement) aux larges défiscalisations des revenus du capital, en passant par les baisses massives et continues des cotisations sociales au nom tantôt de la baisse-du-coût-du-travail-pour-résorber-le-chômage (avec également la belle efficacité qu’on sait), tantôt au nom de l’« attractivité du territoire », jusqu’aux dernières diminutions des taux marginaux de l’impôt sur le revenu, « bouclier fiscal » inclus, et pour ne rien dire du maquis des exemptions en tout genre permettant aux plus riches de ne payer que des clopinettes au fisc, la colonne « recettes » du budget de l’État offre une cohérence d’orientation qui entre dans la cohérence plus vaste de la configuration néolibérale du capitalisme. [...] Sous la perspective présente, les plans d’ajustement budgétaire dramatiques décidés simultanément dans bon nombre de pays européens, perdent leur caractère de rectification gestionnaire (« une politique responsable dans une situation difficile » dixit l’inénarrable Christine Lagarde) pour prendre celui d’une gigantomachie politique. Car le déficit ne sera réduit que par annulation des défiscalisations ou par une régression inouïe de l’État social – et voilà l’os de la « situation difficile » : les possédants (inclus le capital) vs. le reste du corps social."

samedi 26 juin 2010

Jours 1142 & 1143

Justice pour tous (?)

Libération, le 26 juin 2010 :

"Le jeune homme, interpellé mercredi soir pour avoir insulté le président Nicolas Sarkozy qui effectuait une visite en Seine-Saint-Denis, a été condamné vendredi à 35 heures de travaux d'intérêt général (TIG) par le tribunal de grande instance de Bobigny. [...] Autre incident lors de la visite: un journaliste cameraman de France 3 a raconté vendredi avoir été giflé par un policier alors qu'il voulait filmer l'arrestation du jeune insulteur de Nicolas Sarkozy. Une partie de la scène a pu être filmé"

vendredi 25 juin 2010

Jour 1141

Au revoir Président

Libération, le 25 juin 2010 :

"Après huit ans de procédure, la cour de cassation a donné finalement raison à Hamé, rappeur du groupe La Rumeur, contre l’ex-Ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy. «Le vent a tourné, ça valait le coup d’être endurant, jubile l’avocat du rappeur, Dominique Tricaud. Pour la première fois, les plus hauts magistrats de ce pays viennent de reconnaître qu’il n’est pas diffamatoire de dire que "les rapports du ministère de l’Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces l’ordre sans que les assassins ne soient inquiétés".»

Son client, Mohamed Boroukba, dit Hamé, est moins enthousiaste : «Tout ça pour ça ? Cinq procès, huit ans de procédure… pour me dire que j’avais le droit d’écrire ce que j’ai écrit.»

C’est que l’affaire, somme toute banale d’un rappeur poursuivi pour diffamation envers la police nationale, avait pris une tournure politique. Elle se situait sur un autre cadre juridique, celui de la liberté de la presse, et pour la première fois dans une affaire de presse, l’Etat s’était pourvu une deuxième fois en cassation pour dénoncer la deuxième relaxe de la cour d’appel de Versailles.

En juillet 2002, c’est le ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, qui porte plainte pour «diffamation, atteinte à l’honneur et la considération de la police nationale» contre Hamé non pas pour une chanson mais pour un article publié dans un fanzine qui accompagne la sortie de leur album L’ombre sur la mesure."

jeudi 24 juin 2010

Jour 1140

Les bons toutous

La Ligue des Droits de l'Homme, le 24 juin 2010 :

"En limogeant les deux humoristes de la tranche matinale, et en privant Didier Porte de sa chronique dans le Fou du roi, la direction de Radio France fait preuve d’une allégeance sans précédent au pouvoir en place. Que les caricaturistes déplaisent, voilà qui est dans la grande tradition de la démocratie française. La Ligue de droits de l’Homme doit-elle rappeler à Jean-Luc Hees et à Philippe Val que le principe qui fonde la liberté de la presse n’est pas divisible, et qu’en limogeant, avec force insultes, deux trublions de l’antenne, ils se conduisent comme des « petits tyrans » d’une « grande pauvreté intellectuelle » ?"

mercredi 23 juin 2010

Jour 1139

Mieux vaut tard que Hulot

Acteurspublics.com, le 14 juin 2010 :

"Dominique Bourg est philosophe. Ancien professeur à l’université de technologie de Troyes (UTT) et à Sciences-Po Paris, il dirige depuis 2006 l’axe “Fondements et mise en œuvre de la durabilité” de l’Institut de politiques territoriales et d’environnement humain à l’université de Lausanne. Membre du comité de veille écologique de la Fondation Nicolas Hulot [sic], il imagine pour Acteurs publics l’avenir de nos territoires et notre société.[...] Arrêtons la farce du développement durable ! Nous allons devoir nous adapter à un monde profondément nouveau. Le récent rapport de la commission anglaise du développement durable signé Tim Jackson, Prosperity without Growth. The transition to a sustainable economy, est à cet égard clair : la décroissance n’est pas un choix idéologique, mais une nécessité."

mardi 22 juin 2010

Jour 1138

Petite leçon de choses

La Valise Diplomatique du Monde Diplo, le 22 juin 2010

"« Qui dirige – les gouvernements ou les marchés financiers ? » La question, posée par l’économiste Robert Skidelsky (Financial Times, 17 juin 2010), ne soulève pas un suspense insoutenable alors que, sous la pression des investisseurs, les pouvoirs publics européens imposent des politiques d’austérité à leurs populations. En l’espace de quelques semaines, Allemagne, Espagne, France, Grèce, Irlande, Italie, Portugal, Royaume-Uni, Roumanie, etc, ont annoncé des mesures de restriction budgétaire destinées à contenir l’endettement : report de l’âge de départ en retraite, baisse du salaire des fonctionnaires, rabotage des prestations sociales et suppression de certaines allocations, hausse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), privatisations. Un éventail complété comme il se doit – car il importe d’opposer le gramme au kilo sur l’autre plateau de la balance sociale – par une hausse insensible de la fiscalité sur les hauts revenus, bonus et stocks options. Pareil virage économique pris sous la pression des marchés ne figurait pas dans les programmes électoraux sur la foi desquels les dirigeants furent portés au pouvoir. Ces choix sont légaux ; sont-ils légitimes ? Leur orientation sociale apparaît tellement déséquilibrée que l’interprétation n’appelle nul recours à la « complexité » : sous la pression des riches, les gouvernements font payer aux pauvres la facture de la spéculation financière. Car pour les possédants, la crise semble passée. « En 2009, le nombre de foyers millionnaires en dollars a augmenté d’environ 14 % et atteint 11,2 millions, quasiment autant qu’en 2007 », jubile le Boston Consulting Group dans son rapport 2010 sur la richesse mondiale intitulé « Regagner le terrain perdu ». Au même moment, et comme si la leçon ne pouvait être administrée que par une forme de pédagogie du pire, se succèdent en France les révélations sur le train de vie des dirigeants et les conflits d’intérêts qu’engendrent leurs activités lucratives privées ou celle de leurs famille. Au-delà de la situation de M. Jean-François Copé, avocat d’affaires chez Gide-Loyrette-Nouel et président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, ou de Mme Florence Woerth, qui fut simultanément épouse du ministre du budget (et trésorier de l’UMP), administratrice du groupe de luxe Hermès et gestionnaire des actifs de la milliardaire Liliane Bettencourt, la confusion de la chose publique et des intérêts privés atteint un point inédit. Elle procède d’un double mouvement de « privatisation » des grands commis de l’Etat et de « nationalisation » des catégories de pensée en vigueur dans le privé. Bien connue sous l’appellation de « pantouflage », la première dynamique implique des hauts fonctionnaires plus disposés que jamais à vendre leurs services, leurs connaissances et leurs carnets d’adresse à de grandes entreprises. Deux cas exemplaires parmi tant d’autres : celui de M. François Pérol (ancien élève de l’Ecole nationale d’administration [ENA], de Sciences Po et de HEC, inspecteur des finances), passé en 2009 du secrétariat général adjoint de la présidence de la République à la présidence du groupe bancaire BPCE qu’il a lui-même contribué à fonder en tant que conseiller économique du chef de l’Etat ; celui de Mme Emmanuelle Mignon (ancienne élève de l’Ecole normale supérieure, de Sciences-Po, de l’ENA, de l’Essec), ancienne directrice de cabinet de M. Nicolas Sarkozy quittant en mai 2010 le Conseil d’Etat, son corps d’attache, pour prendre la direction stratégique du groupe Front Line, société du cinéaste Luc Besson. Les nouvelles vies de MM. Anthony Blair et Gerhard Schröder, chefs de gouvernements devenus respectivement administrateur de LVMH et responsable d’un groupe pétrolier russo-britannique, révèlent la dimension internationale du phénomène. Le second mouvement, moins souvent évoqué, consiste en une importation au sein de la sphère publique de l’idéologie de l’entreprise privée (où, faut-il le rappeler, l’excellence se jauge à la capacité de satisfaire les actionnaires plutôt que d’assurer le bien-être de la collectivité) : non seulement cette vision du monde domine l’enseignement des grandes écoles menant aux carrières administratives mais une part croissante des élites d’Etat sort à présent d’écoles de commerce. Le recrutement au gouvernement d’anciens dirigeants de cabinets de conseil (Mme Christine Lagarde : Baker & McKenzie ; M. Eric Woerth : Arthur Andersen ; M. Jean-Louis Borloo, etc.) accentue la tendance. "

lundi 21 juin 2010

Jour 1137

ça sent le gaz

Libération, le 21 juin 2010 :

"Quelques 300.000 consommateurs pourraient être privés de gaz cette année pour cause d’impayés, soit 30 fois plus qu’en 2008, a indiqué lundi à l’AFP la société GrDF qui gère le réseau de distribution de gaz naturel. «Le nombre de procédures de coupures devrait passer de 10.000 en 2008 à 300.000 en 2010 selon les prévisions», a expliqué une porte-parole de GrDF, confirmant des informations du Parisien."

dimanche 20 juin 2010

Jours 1135 & 1136

Les gardiens en roue libre

L'Observatoire International des Prisons :

"Casser le thermomètre n'est pas la meilleure façon de faire baisser la fièvre. Et pourtant, c'est ce que s'apprête à faire le Parlement en ne rejetant pas le projet gouvernemental qui, sous prétexte d'instituer un « Défenseur des droits », supprime d'un coup de plume la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS). Face à une disparition qui semble inéluctable, celle-ci a choisi de dire une dernière fois ce qu'elle constate des dysfonctionnements qu'elle tente de faire entendre, le plus souvent dans l'indifférence des pouvoirs publics, depuis dix ans.
Son impartialité, sa collégialité et la nature de ses prérogatives avaient pourtant permis à la Commission de s'imposer dans son rôle de contrôle indépendant des forces de sécurité. Comme en témoigne l'augmentation d'année en année du nombre de ses saisines (plus 50% entre 2008 et 2009), résultante de sa pugnacité à dénoncer les manquements à la déontologie qu'elle constate saluée par l'ensemble des instances européennes et internationales. Son rapport 2009, rendu public à l'aube du débat parlementaire sur le Défenseur des droits, montre qu'une fois de plus si les saisines concernant l'administration pénitentiaire restent relativement peu nombreuses en comparaison de celles relatives à la police nationale, les dysfonctionnements et manquements constatés restent les mêmes : « prolongation d'isolement injustifié », « usage disproportionné de la force », « utilisation de mesures de sécurité excessives lors des extractions médicales », « manque de dialogue », « procédures disciplinaires irrégulières et sanctions injustifiées », « fouilles à corps abusives ou contraire à la dignité » (...). [...] « si les recommandations d'ordre général ont pu être prises en compte par la hiérarchie des forces de sécurité et donner lieu à des circulaires ou des instructions, il n'en a malheureusement pas été de même pour les propositions de nature individuelle portant sur l'engagement de poursuites disciplinaires [ou pénales] à l'encontre des responsables des irrégularités constatées ». Et en effet, à quoi sert d'édicter des textes, si leur application n'est pas contrôlée et leur violation non sanctionnée. Il parait évident que même contraintes à prêcher dans le désert, certaines voix demeurent trop gênantes pour les pouvoirs publics. Laisser ce « trublion » continuer de dénoncer les manquements à la déontologie des forces de sécurité agace et dépasse les limites du supportable pour nos gouvernants."

vendredi 18 juin 2010

Jour 1134

Lords of War

Le blog du Monde Diplomatique, Défense en Ligne, le 14 juin 2010 :

"L’armement terrestre et aéroterrestre ne connaît pas la crise. Ou pas trop – pour le moment – si l’on en juge par le nombre record d’exposants (1300) au salon Eurosatory, qui se tient à Paris-Villepinte du 14 au 18 juin. [...] En dépit de la crise, les dépenses militaires mondiales – toutes spécialités – ont atteint un nouveau record pour 2009 [...] toujours les mêmes grands vendeurs : Etats-Unis (35 milliards, + 17 %), Allemagne (12 milliards, + 100 %), France (9,2 milliards, + 30 %) [...] L’ONG Oxfam considère que, pour atteindre ses taux de croissance actuels, « la France brade ses engagements européens sur le contrôle du commerce des armes », continuant d’exporter en direction de pays comme le Tchad, la Colombie ou Israël, notoirement impliqués dans de graves violations des droits humains ou dans des crimes de guerre. [...] Car, si les ventes augmentent, le contrôle effectif, lui, ne progresse pas. Oxfam estime que, « sans régulation, le commerce des armes n’est rien d’autre qu’un business de la mort »."

mercredi 16 juin 2010

Jour 1133

Même pas peur

Maitre Eolas, le 15 juin 2010 :

"En ce jour, c’est donc avec plaisir que l’Académie Busiris décerne à Madame Alliot-Marie, Garde des Sceaux, ministre de la justice et des libertés [...] Le ministre était interrogé sur la réforme de la procédure pénale [...] "aujourd’hui, avec le juge d’instruction, nous avons un juge qui à la fois mène l’enquête et est juge de l’enquête. Donc même si ça ne concerne aujourd’hui que 3 ou 4% des enquêtes, nous ne sommes pas en conformité avec le droit européen." [...] Et chers concitoyens, admirez avec quel cynisme le Gouvernement vous ment puisque voilà ce que le même Gouvernement [...] à soutenu devant la Cour [Européenne des Droits de l'Homme] une telle hypothèse ne correspond aucunement au juge d’instruction. [...] Le Gouvernement rappelle que la Cour a déjà jugé que le juge d’instruction remplit les conditions posée par l’article 5 § 3 [...] Devant la Cour, le Gouvernement sait, références jurisprudentielles à l’appui, que le juge d’instruction est conforme au droit européen. Au micro de France Inter, il vous dira exactement le contraire pour justifier sa réforme. Voilà qui établit la mauvaise foi, puisque Michèle Alliot Marie sait qu’elle ment, et l’opportunité politique, puisque la réalité juridique est foulée au pied pour prétendre qu’une réforme est une nécessité alors qu’il ne s’agit que d’un choix politique non assumé."

mardi 15 juin 2010

Jour 1132

Puisqu'on vous le dit...

Le Nouvel Observateur, le 15 juin 2010:

"Un rapport de la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (Ecri), un organe du Conseil de l'Europe, dénonce le climat de xénophobie qui entoure les questions d'immigration en France, a-t-on appris mardi 15 juin. En conséquences, l'Ecri "recommande vivement aux autorités françaises de réviser la législation sur l'immigration et le droit des non ressortissants", du 20 novembre 2007. La Commission estime en effet que la législation est de nature à "encourager un climat hostile aux non ressortissants". "Au-delà de la question des droits fondamentaux des non ressortissants", le collège d'experts issus des 47 états membres de l'organisation "s'inquiète de l'évolution du climat général à (leur) égard". [...] Dans le collimateur de la Commission : les politiques français et le débat sur l'identité nationale. "Plusieurs propos tenus notamment sur les questions d'immigration et d'intégration par les responsables politiques, y compris par des élus et des membres du gouvernement, ont été ressentis comme encourageant l'expression du racisme et particulièrement de la xénophobie", souligne l'Ecri. [...] Le ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale est particulièrement épinglé par le rapport pour sa "politique du chiffre" en matière de reconduites aux frontières. L'Ecri estime que ces objectifs "créent apparemment des tensions au sein de la société française et des administrations concernées". Ils "entraîneraient des excès" en matière d'interpellations et contribueraient à développer une "suspicion généralisée de fraude" à l'encontre des étrangers. [...] En outre, le rapport dénonce "la persistance d'allégations de comportements discriminatoires de la part des représentants de loi", notamment le "profilage racial" ou "contrôle au faciès"."

lundi 14 juin 2010

Jour 1131

Je me disais aussi

The Independent, 14 juin 2010 :

"A team of US geologists and Pentagon officials has discovered vast mineral wealth in Afghanistan, conceivably enough to turn the scarred and impoverished country into one of the world's most lucrative mining centres, The New York Times reports. [...] Americans discovered nearly $1 trillion in untapped mineral deposits in Afghanistan, including iron, copper, cobalt, gold and critical industrial metals like lithium, according to the report. The Times quoted a Pentagon memo as saying Afghanistan could become the "Saudi Arabia of lithium," a key raw material in the manufacture of batteries for laptops and mobile phones."

Ne reste plus qu'à suivre l'engagement de la France sur le terrain... Pour la paix et la démocratie bien sûr.

dimanche 13 juin 2010

Jours 1129 & 1130

Un bien petit homme

Ligue des Droits de l'Homme, le 11 juin :

"Vendredi 11 juin, Augustin Scalbert, journaliste à Rue 89, est convoqué pour se voir signifier sa mise en examen au motif de vol d’un document audiovisuel appartenant à la chaîne de télévision France 3

Cet objet juridique, qui ressemble bien à une vengeance du Président, n’a pas, pour une fois, pris le moyen du délit d’outrage pour tenter de contrer une représentation assez dévastatrice d’un Nicolas Sarkozy filmé tel qu’il est, mais celui du vol et du recel. Convoqué en avril 2009, prévenu que l’affaire serait suivie en septembre sous cette incrimination, Augustin Scalbert pouvait penser que le ridicule avait fait tomber la procédure dans l’oubli.

Ce n’est pas le cas. Alors que le journaliste n’a fait que son travail de transcription de faits avérés, puisque enregistrés, l’accusation de vol et de recel est maintenue. Il faut dire qu’un procès pour avoir révélé des mots réellement prononcés est plus difficile à mener jusqu’au bout ! Car la seule question qui vaille n’est pas de savoir si les phrases du Président n’auraient jamais dû être révélées, mais de constater qu’elles ont bien été prononcées.

La Ligue des droits de l’Homme soutient Augustin Scalbert et proteste contre le mauvais procès en délinquance qui lui est intenté."

vendredi 11 juin 2010

Jour 1128

La crise ? Quelle crise ?

Le Figaro, le 11 juin 2010 :

"Les riches font de la résistance. Malgré la crise, le nombre de millionnaires a augmenté de 14% en 2009, selon le rapport annuel «Global wealth 2010» publié jeudi à New York par le Boston Consulting Group (BCG). Cette hausse porte le nombre total de foyers millionnaires en dollars à 11,2 millions. Moins d'un pour cent des foyers de la planète possèdent ainsi 38% de la richesse privée mondiale"

jeudi 10 juin 2010

Jour 1127

100% des déchets nucléaires sont radioactifs

Le Monde, 10 juin 2010 :

"L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) va "obliger" le groupe nucléaire Areva à s'occuper de déchets radioactifs mal stockés près de son usine de retraitement de La Hague (Manche), a indiqué jeudi 10 juin le gendarme nucléaire. Le groupe promet de s'attaquer à ces déchets depuis vingt ans."

mercredi 9 juin 2010

Jour 1126

Proposition indécente

Libération, le 9 juin 2010 :

"Christine Boutin perçoit 9.500 euros mensuels depuis avril pour une mission sur la mondialisation confiée par l’Elysée, révèle Le Canard enchaîné à paraître mercredi, chiffre que l’ex ministre a confirmé à l’AFP [...] «Ce n’est pas une mission bidon, c’est une mission très importante, avec des rendez-vous au plus haut niveau», a justifié Christine Boutin, précisant qu’elle avait pour objectif de faire des propositions pour la présidence française du G20 (novembre 2010-novembre 2011)."

Rappelons quelques interventions de Christine :

Elle considère l'avortement comme un geste « eugéniste et inhumain » (source)

Elle a affirmé être «scandalisée qu'on puisse envisager de donner la mort à cette femme parce qu'elle souffre et qu'elle est difforme», au sujet du cas de Chantal Sébire, atteinte d'une maladie incurable, qui demande à la justice le droit de mourir. (source)

« Qu’est-ce que l’homosexualité, sinon l’impossibilité d’un être à pouvoir atteindre l’autre dans sa différence sexuelle ? (…) Toutes ces acrobaties biologiques et sociales pour justifier l’accession d’un couple homosexuel à la paternité ou la maternité me semblent relever d’un fantasme narcissique d’auto-engendrement. » (source)

mardi 8 juin 2010

Jour 1125

Forteresse Europe

Un des blogs du Monde Diplomatique, Vision Cartographiques, le 1er juin 2010 :

"L’enfermement des indésirables n’est certes pas nouveau. Qu’on pense aux premiers camps de concentration, établis en Afrique du Sud pendant la guerre des Boers au début du XXe siècle, à l’internement des républicains espagnols en France après la victoire des troupes franquistes en Espagne à la fin des années 1930, ou encore à celui des Américains d’origine japonaise aux Etats-Unis au début des années 1940 après Pearl Harbour. Cependant, il est longtemps resté inscrit dans une logique de protection de la sécurité de l’Etat ou de surveillance de personnes présumées dangereuses. La mise en détention de ressortissants étrangers pour des motifs liés à leur seule condition de migrants ou de demandeurs d’asile est un phénomène plus récent.

[...]

Le plus souvent, les lieux d’enfermement des migrants sont situés dans des postes de police ; parfois, dans des prisons (Allemagne, Chypre, Irlande) ; et même — dans plusieurs pays d’Europe centrale — dans de vieilles casernes de l’armée soviétique. Plus au sud, des camps insulaires apparaissent, au gré des naufrages, faits de tentes ou de bâtiments de fortune (Espagne, Grèce, Italie, Malte). Là, les conditions matérielles sont très précaires. Ailleurs, certains établissements récemment construits offrent de meilleures conditions de logement, mais leur gestion sécurisée renforce leur aspect carcéral et participe de la criminalisation croissante des migrants.

Bien que les régimes administratifs et judiciaires diffèrent d’un Etat membre à l’autre, voire à l’intérieur d’un même pays, le fonctionnement de la machine à refouler les étrangers se ressemble. Partout, on constate un accroissement progressif de la durée légale de la détention administrative.

[...]

Depuis l’adoption, en décembre 2008, de la directive « retour » par l’Union européenne, qui en fixe la durée maximum à 18 mois, trois pays – l’Espagne, l’Italie et la Grèce – ont augmenté la durée légale de la détention des étrangers pour pouvoir mieux les expulser.

Selon les termes de cette directive, la détention des étrangers devrait rester d’un usage exceptionnel dans la procédure d’éloignement, et réservée aux cas où « il existe un risque de fuite, ou quand (l’intéressé) évite ou empêche la préparation du retour ». Les chiffres montrent que, en réalité, l’enfermement est un élément clé du dispositif. La multiplication des camps au cours des dix dernières années s’articule avec la rationalisation des modalités d’expulsion : cela se traduit notamment par leur installation à proximité de tous les grands aéroports et ports internationaux, afin de faciliter le tri dès l’arrivée et les départs par « vols groupés » (autrement dit par charter).

Nul n’est épargné : les malades, les familles avec de jeunes enfants, et plus généralement toutes les personnes dites « vulnérables » peuvent aujourd’hui être détenues, y compris, de plus en plus, les demandeurs d’asile que leur statut devrait pourtant protéger (lire l’article d’Alain Morice et Claire Rodier). Invisible, peu documenté et à peine encadré juridiquement, l’internement administratif des étrangers est tout à la fois symbolique et générateur de multiples violations des droits fondamentaux."

lundi 7 juin 2010

Jour 1124

La boulette

Ligue des Droits de l'Homme, le 7 juin 2010 :

"La Ligue des droits de l’Homme a pris acte de la condamnation de Brice Hortefeux pour « propos outrageants » envers les personnes d’origine arabe par la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris. Ainsi donc, les « Auvergnats » qui posent « des problèmes » parce qu’ils sont trop nombreux en France étaient bien, dans la bouche du ministre de l’Intérieur, ce que chacun avait compris : des Maghrébins. A l’évidence, l’exercice des fonctions de ministre de l’Intérieur par un citoyen raciste, le fût-il « en privé », n’est pas compatible avec le respect des devoirs constitutionnels du gouvernement. Nicolas Sarkozy lui-même, venant d’être élu président de la République, n’avait-il pas promis de « faire de la France une République irréprochable et une démocratie exemplaire » ? « Je ne tolèrerai jamais que des propos racistes ou discriminants soient tenus dans notre pays, d’autant plus par un représentant de l’Etat, quel qu’il soit. Ces comportements sont indignes des valeurs de la République ». Parce que la LDH approuve ce jugement sévère émis par Brice Hortefeux lui-même le 23 août 2009, elle ne doute pas que, si la condamnation du ministre pour injure raciste est confirmée en appel, il aura à cœur de ne pas attendre que les autorités constitutionnelles en tirent les conséquences qui s’imposent. Comme ce serait le cas dans tout autre pays démocratique."

dimanche 6 juin 2010

Jour 1123

Un peu de réel dans un monde d'infos

Le Monde Diplomatique, juin 2010 :

"Le 10 mai 2010, rassurés par une nouvelle injection de 750 milliards d’euros dans la fournaise de la spéculation, les détenteurs de titres de la Société générale gagnèrent 23,89 %. Ce même jour, le président français Nicolas Sarkozy annonça que, par souci de rigueur budgétaire, une aide exceptionnelle de 150 euros aux familles en difficulté ne serait pas reconduite. Ainsi, crise financière après crise financière, chemine la conviction que le pouvoir politique aligne sa conduite sur les volontés des actionnaires. Périodiquement, démocratie oblige, les élus convoquent la population à privilégier des partis que les « marchés » ont présélectionnés en raison de leur innocuité. [...] quand M. Sarkozy supprime la publicité sur les chaînes publiques, chacun subodore le profit que les télévisions privées pilotées par ses amis Vincent Bolloré, Martin Bouygues, etc., tireront d’une situation les affranchissant de toute concurrence pour le partage du butin des annonceurs. Ce genre de soupçon remonte loin dans l’histoire. Or, nombre de réalités qui devraient scandaliser mais auxquelles on se résigne se voient minorées d’un « Ça a toujours existé ». [...] Instruit par le krach boursier de 1929, le New Deal avait proscrit aux banques de dépôt de risquer inconsidérément l’argent de leurs clients, ce qui obligeait ensuite l’Etat à renflouer ces institutions par crainte que leur éventuelle faillite ne provoquât la ruine de leurs nombreux déposants. Signée par le président Franklin Roosevelt en 1933, la réglementation, toujours en place en 1996 (loi Glass-Steagall), déplaisait fort aux banquiers, soucieux de profiter eux aussi des miracles de la « nouvelle économie ». [...] L’abolition de la loi Glass-Steagall fut signée en 1999 par un président Clinton réélu trois ans plus tôt, en partie grâce à son trésor de guerre électoral (4). Elle attisa l’orgie spéculative des années 2000 (sophistication toujours plus poussée des produits financiers, du type des crédits hypothécaires subprime, etc.) et précipita le krach économique de septembre 2008.[...] Pourquoi une population qui n’est pas composée en majorité de riches accepte-t-elle que ses élus satisfassent en priorité les demandes des industriels, des avocats d’affaires, des banquiers, au point que la politique en vienne à consolider les rapports de forces économiques au lieu de leur opposer la légitimité démocratique ? Pourquoi, lorsqu’ils sont eux-mêmes élus, ces riches se sentent-ils autorisés à étaler leur fortune ? Et à clamer que l’intérêt général impose de satisfaire les intérêts particuliers des classes privilégiées, seules dotées du pouvoir de faire (investissements) ou d’empêcher (délocalisations), et qu’il faut donc constamment séduire (« rassurer les marchés ») ou retenir (logique du « bouclier fiscal ») ? [...] Les postes d’administrateur dans le privé ou de conseiller des banques remplacent avantageusement un mandat populaire dont le terme vient d’échoir. Or, comme gouverner, c’est prévoir...[...] M. Yves Galland, ancien ministre français du commerce, devenu président-directeur général de Boeing France, une entreprise concurrente d’Airbus. [...] Conscience tranquille également pour Mme Christine Albanel qui, durant trois ans, occupa le ministère de la culture et de la communication. Depuis avril 2010, elle dirige toujours la communication... mais celle de France Télécom. [...] « Asservis à la finance depuis deux décennies, les gouvernements ne se retourneront d’eux-mêmes contre celle-ci que si elle en vient à les agresser directement à un point qui leur semble intolérable », annonçait le mois dernier l’économiste Frédéric Lordon. La portée des mesures que l’Allemagne, la France, les Etats-Unis, le G20 prendront contre la spéculation dans les semaines qui viennent nous dira si l’humiliation quotidienne que « les marchés » infligent aux Etats et la colère populaire qu’attise le cynisme des banques, auront réveillé chez nos gouvernants, lassés d’être pris pour des valets, le peu de dignité qui leur reste."

vendredi 4 juin 2010

Jour 1122

C'est pour votre bien

La Ligue des Droits de l'Homme, le 1er juin 2010 :

"Le Sénat examinera les 2 et 3 juin prochains le projet de loi organique relatif au Défenseur des droits, créé par la loi constitutionnelle du 23 juillet 2008 de modernisation des institutions de la Ve République. Alors qu’il devait renforcer la protection des droits et libertés des citoyens, le texte soumis au Parlement marque un recul dangereux du dispositif français.

Moins lisible pour le citoyen… La disparition forcée de la Commission nationale de déontologie de la sécurité , de la Défenseure des enfants et de la Halde serait un très mauvais coup porté aux causes que défendent ces instances spécialisées, manifestement dérangeantes. En plus de celles du médiateur de la République, ce dispositif tentaculaire absorberait, seulement en partie, les compétences de ces autorités administratives reconnues, qui ont prouvé leur utilité pour aider les victimes et interpeller les pouvoirs publics sur les atteintes, constatées, aux droits.

Moins de moyens… Au lieu de renforcer les moyens nécessaires dans chacun de ces domaines, cette « mutualisation » s’inscrit clairement dans une logique d’économies budgétaires qui limiteront en pratique toute capacité d’actions supplémentaires. Rappelons encore qu’en juin 2009, le Comité des droits de l’enfant de l’Onu a explicitement demandé que soient augmentés les moyens spécifiques de la Défenseure des enfants.

Moins de pouvoirs… Dans son rôle de contrôle des pratiques policières, les pouvoirs du Défenseur ne sont pas clairement précisés et laissent planer de sérieux doutes sur le maintien de capacités réelles d’investigation sur les conditions dans lesquelles se sont déroulés les faits reprochés.

Moins indépendante… Le mode de nomination du Défenseur présente une faible garantie d’indépendance, restant soumis à la seule approbation du parti dominant, au lieu d’une désignation à la majorité qualifiée permettant de dépasser les clivages partisans. Les collèges associés seraient réduits à un rôle purement consultatif, alors que la collégialité, tant à la CNDS qu’à la Halde, offre au contraire des délibérations fortes d’un croisement d’expertises diverses. La société civile serait totalement exclue du dispositif de lutte contre les discriminations, le comité consultatif de la Halde qui regroupe de nombreuses associations thématiques n’étant pas repris dans le projet de loi."

jeudi 3 juin 2010

Jour 1121

"J'ai pas reçu mon colis"

Libération, le 3 juin 2010 :

"Taux d’absentéisme sans précédent, épuisement physique ou psychique et très forte augmentation des accidents du travail: un rapport au vitriol, non officiel, du syndicat des médecins de la Poste dresse un constat alarmant sur la santé des 300.000 postiers français.

La Poste a subi plusieurs vagues de restructurations depuis 2006, pour préparer l’ouverture à la concurrence des plis de moins de 50 grammes prévue le 1er janvier 2011. [...] le texte égrène une série de clignotants au rouge: absentéisme, accidents du travail, maladies professionnelles, épuisement physique et psychique à la distribution.

Le texte évoque aussi «des suicides ou tentatives de suicide dont on peut penser qu’ils sont exclusivement liés à des situations de vie professionnelle», dans «toutes les régions», «tous les métiers» et aux «différents niveaux de l’entreprise».

Le rapport constate aussi une explosion des congés non accordés et les pressions exercées sur certains salariés pour qu’ils quittent l’entreprise.

Selon le syndicat de médecins, «il faut engager des actions concrètes pour enrayer ce qui pourrait vite devenir un processus morbide connu aujourd’hui par d’autres entreprises», comme France Télécom.

«Nous avons loyalement alerté nos directions» de cette «situation alarmante» et «sommes déçus par le peu de considération apportée, voire le déni manifeste», souligne la lettre, signée de tout le bureau du syndicat."

mercredi 2 juin 2010

Jour 1120

Droit au Logement de Fonction

"c'est au tour de Fadela Amara de se retrouver dans le viseur du Canard enchainé, daté de mercredi. [...] la secrétaire d'Etat à la Ville est pointée du doigt par l'hebdomadaire satirique pour héberger occasionnellement des proches dans son appartement de fonction situé place Fontenoy, dans le VIIème arrondissement de Paris. Un logement de 120 m² qu'elle n'habite pas elle-même. [...] Fadela Amara a immédiatement reconnu les révélations du Canard. «Personne n'habite à plein temps dans cet appartement de fonction, mais certaines chambres sont utilisées de temps en temps. Fadela Amara y héberge parfois sa famille», a ainsi indiqué une porte-parole de son cabinet. Avant de préciser: «La ministre a préféré garder l'appartement qu'elle occupe depuis plusieurs années dans le XIIIème». Pour pouvoir occuper ce deux pièces de 50 m², propriété de la Régie immobilière de la Ville de Paris, la secrétaire d'Etat s'acquitte chaque mois d'un loyer de 700 euros, charges comprises, révèle également le Canard enchaîné. Et Fadela Amara d'expliquer son refus d'occuper les 120 m² mis gracieusement à sa disposition par l'Etat par son désir de «défendre la mixité sociale»."

700 euros pour 50 m² ? A Paris ? C'est pas de la mixité sociale, c'est du foutage de gueule.

mardi 1 juin 2010

Jour 1119

Une ambiance du tonnerre

Libération, le 1er juin 2010 :

"Le député (UMP) de la Creuse, Jean Auclair, a poussé un coup de gueule mardi contre l’éventuelle fermeture d’un centre de radiothérapie à Guéret et raconté à ses collègues UMP avoir campé une nuit au ministère de la Santé pour tenter d’être entendu par Roselyne Bachelot.

Selon des participants à la réunion à huis clos du groupe UMP à l’Assemblée, il a accusé, en son absence, la ministre de la Santé de pratiquer «la politique de l’autruche» sur ce dossier.

Il y a une quinzaine de jours, il s’est rendu au ministère pour demander, en vain, à s’entretenir avec Roselyne Bachelot. Reçu par «un pseudo-conseiller», il a décidé de passer la nuit sur place. «J’ai un chien et il dort dans une panière. Moi, j’ai dormi par terre, sur la moquette, entouré de quatre personnes de la sécurité», a-t-il raconté à ses collègues, selon plusieurs témoins."