vendredi 2 septembre 2011

Jour 1574

Rentre Avec Tes Policiers

Le Monde, 1er septembre 2011 :

"C'est une évacuation d'un camp de Roms qui nourrit la polémique. Vers 6 h 30, ce mercredi 31 août, des CRS débarquent dans le campement de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), près de l'hôpital Delafontaine, où sont installés 150 Bulgares et Roumains. Munis de gaz lacrymogènes, selon les associations, les forces de l'ordre détruisent les baraques et font sortir les familles. Motif : le tribunal de grande instance de Bobigny a délivré, le 18 juillet, une ordonnance d'expulsion de ce terrain, qui appartient à l'Etat. [...] Mais la situation devient plus exceptionnelle lorsque les CRS forcent une centaine de Roms à se rendre à la station Cosmonautes toute proche, sur la ligne 1 du tramway. Par groupes de cinq ou dix, la police les fait entrer dans les rames, avec des bagages, des vélos et des caddies, aux côtés d'autres usagers. Direction la gare RER de Noisy-le-Sec, toujours en Seine-Saint-Denis. [...] Le personnel de la régie des transports parisiens et les forces de l'ordre décident alors, d'un commun accord, d'affréter une rame spécialement pour les familles, en dehors du service commercial, depuis le centre de dépôt de Pavillons-sous-Bois. [...] Le tramway finira par quitter la station Cosmonautes à 10 h 40. Pendant quarante minutes, jusqu'à 11 h 20, il circule sous haute surveillance policière : une dizaine de policiers et de CRS encadrent les Roms à l'intérieur des wagons, en plus de quatre employés de la RATP, tandis que neuf cars de CRS suivent le convoi sur l'ensemble du trajet. Enfin, à chaque arrêt, des policiers se tiennent sur les quais pour empêcher les Roms de sortir. Et ce, jusqu'à l'arrivée à Noisy-le-Sec, où les familles sont encore escortées jusque dans le RER E, en direction de Chelles ou de Tournan, selon un agent RATP. Où ces familles sont-elles allées ? Ont-elles quitté le train en cours de route ? Sont-elles retournées à Saint-Denis ? C'est ce que cherche à savoir l'association Médecins du monde, qui se dit "inquiète" de l'état de santé de ces populations. "Des familles nous ont appelés pour avoir des nouvelles de leurs enfants mineurs dont ils avaient été séparés, avant l'entrée dans le tram, assure Livia Otal, coordinatrice du programme Roms au sein de l'ONG. Cette façon de perdre les gens dans la nature pour les décourager de revenir est choquante." [...] "C'est clairement un dérapage, lâche Philippe Touzet, délégué central SUD-RATP. On est un service commercial, et non un service de transport pour les opérations de police. Sans compter que cela a rappelé à nombre d'agents les convois de déportation de juifs, depuis la gare de Bobigny, pendant la Seconde Guerre mondiale.""