jeudi 30 avril 2009

Jour 722

Le joueur de flûte

Le Monde, le 30 avril 2009 :

""Le principe que l'Etat n'a pas le droit de prélever plus de 50 % de l'argent gagné par un contribuable allemand, les Allemands y sont tellement attachés qu'ils l'ont inscrit dans la Constitution", a encore affirmé le président français, le 24 mars à Saint-Quentin [...] J'aimerais que ce que les socialistes allemands ont compris il y a 25 ans…", avait-il ironisé sans finir sa phrase. A tort. Les politiques allemands n'ont jamais rien inscrit dans la Constitution. Ils se sont soumis à la jurisprudence de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe. Dans un premier arrêt, rendu le 22 juin 1995 – il y a donc 14 ans et pas 25 ans _, celle-ci, saisie par un contribuable soumis à l'impôt sur la fortune, avait certes estimé illégale une imposition à plus de 50 %. Mais, dans leur arrêt, les juges avaient visé l'imposition du patrimoine, plus que celle du revenu.[...] A l'approche des élections générales de l'automne 2009, les sociaux-démocrates allemands, loués par M. Sarkozy, ont demandé que l'on réaugmente de 45 % à 47 % la tranche marginale de l'impôt sur le revenu."

mercredi 29 avril 2009

Jour 721

Futur imparfait

L'appel des auteurs de Science-Fiction concernant la Loi Hadopi :

Qui contrôlera le futur ?

Nous, le peuple de la science-fiction, auteurs, traducteurs, illustrateurs, critiques et chroniqueurs, essayistes, libraires, blogueurs, éditeurs et directeurs de collection, tenons à exprimer par ce texte notre opposition à la loi Création et Internet.

C'est un truisme de dire que la science-fiction se préoccupe de l'avenir et que nombre de ses acteurs ont dénoncé les dérives possibles, voire probables, des sociétés industrielles et technologiques ; le nom de George Orwell vient spontanément aux lèvres, mais aussi ceux de John Brunner, Norman Spinrad, Michel Jeury, J.-G. Ballard, Frederik Pohl & Cyril M. Kornbluth, et bien d'autres encore.

La science-fiction sait déceler les germes de ces dérives dans le présent, car c'est bien du présent que rayonnent les avenirs possibles, et c'est au présent que se décide chaque jour le monde de demain.

La méfiance face aux nouveaux développements technologiques et aux changements sociaux qui en résultent, la peur de l'avenir et le désir de contrôle d'une société obnubilée par un discours sécuritaire… tout cela a déjà été abordé par la science-fiction, et s'il est une chose dont elle a permis de prendre conscience, c'est que les technosciences et leurs développements sont la principale cause de changement dans nos sociétés modernes. De ces changements en cours ou en germe, nul ne peut prévoir les retombées mais on sait aussi qu'élever des barrières ou des murs n'amène qu'à les voir tomber un jour, de manière plus ou moins brutale. Aussi, plutôt qu'interdire, la sagesse, mais aussi le réalisme, devrait inciter à laisser libre cours à la liberté d'innover et de créer. Le futur qu'il nous faut inventer chaque jour ne doit pas être basé sur la peur, mais sur le partage et le respect.

La loi Création et Internet, rejetée le 9 avril dernier à l'Assemblée nationale, doit être de nouveau soumise à la fin du mois à la représentation nationale.

Cette loi, dont on nous affirme qu'elle défendra les droits des artistes et le droit d'auteur en général, nous apparaît surtout comme un cheval de Troie employé pour tenter d'établir un contrôle d'Internet, constituant par là même une menace pour la liberté d'expression dans notre pays.

Les artistes, les créateurs, tous ces acteurs de la culture sans qui ce mot serait vide de sens, se retrouvent instrumentalisés au profit d'une loi qui, rappelons-le, contient des mesures telles que le filtrage du Net, l'installation de mouchards sur les ordinateurs des particuliers, la suspension de l'abonnement à Internet sans intervention d'un juge et sur la base de relevés d'IP (dont le manque de fiabilité a depuis longtemps été démontré) effectués par des sociétés privées et l'extension de mesures prévues à l'origine pour les services de police luttant contre le terrorisme à l'échange non autorisé de fichiers entre particuliers.

Profondément attachés au droit d'auteur, qui représente l'unique ou la principale source de revenus pour nombre des travailleurs intellectuels précaires que nous comptons dans nos rangs, nous nous élevons contre ceux qui le brandissent à tout bout de champ pour justifier des mesures de toute façon techniquement inapplicables, certainement dangereuses, dont le potentiel d'atteinte aux libertés n'est que trop évident aux yeux de ceux qui, comme nous, pratiquent quotidiennement dans le cadre de leur travail l'expérience de pensée scientifique, politique et sociale qui est au cœur de la science-fiction.

Également conscients de l'intérêt et de la valeur des communautés créatives, nous nous élevons aussi contre les dangers que cette loi fait peser sur le monde de la culture diffusée et partagée sous licence libre, qui constitue une richesse accessible à tous.

Internet n'est pas le chaos, mais une œuvre collective, où aucun acteur ne peut exiger une position privilégiée, et c'est une aberration de légiférer sur des pratiques nées de la technologie du XXIe siècle en se basant sur des schémas issus du XIXe siècle, songez-y.

Car l'avenir est notre métier.

mardi 28 avril 2009

Jour 720

Les poulets pris en grippe

Une dépêche de l'Associated Press, le 27 avril 2009 :

"Présidée par le magistrat Roger Beauvois, la CNDS, une autorité administrative indépendante chargée de veiller au respect des règles de déontologie par les personnels chargés de la sécurité, a traité 147 dossiers en 2008, dont 44 ont été jugés irrecevables. [...] Fait inhabituel, la CNDS a décidé en 2008 de publier deux rapports spéciaux au Journal officiel jugeant que les autorités saisies n'avaient pas suffisamment pris en compte ses recommandations. [...] Comme tous les ans, la plupart des dossiers transmis à la CNDS concernent la police nationale (106 sur 147) et plus particulièrement des gardes à vue. Dans ce contexte, "la Commission constate pour la sixième année consécutive, que le menottage continue à être la règle et non l'exception". Elle déplore également que de nombreux fonctionnaires "pratiquent de manière quasi-systématique des fouilles à nu" au détriment du "respect de la dignité de la personne". [...] La commission s'indigne de textes dérogatoires spécifiques pour l'outre-mer qui "ne font qu'accroître les inégalités de droits et de traitement entre les personnes retenues". Comme par ailleurs en France, la CNDS s'est dit "très préoccupée par la présence d'enfants en attente d'expulsion" à Mayotte. Elle "condamne l'organisation du centre" de rétention dans l'île "qui engendre une zone de non-droit, où le déni de dignité est accepté par la puissance publique à l'encontre de personnes en situation précaire"."

lundi 27 avril 2009

Jour 719

Un beau pays

Chroniques des abonnés du Monde, le 27 avril 2009 :

"je rumine mon humiliation des jours précédents au moment de renouveler ma carte d'identité (déjà sécurisée) : né à Paris en 1941 de parents polonais, je suis déclaré Français dès ma naissance selon le droit du sol, non abrogé par Pétain, en attente du nouveau code de la nationalité, alors que mes parents sont déjà pourchassés comme juifs et que nous échapperons à la rafle du Vel d'Hiv. "Il faut prouver que vous êtes Français" m'a-t-on dit à l'antenne de police puisque l'extrait d'acte de naissance indiquant la Pologne comme lieu de naissance pour mes parents (naturalisés en 1947), ne permet pas "d'établir mon appartenance à la nationalité française" et qu'importe si la République laïque m'a permis de devenir médecin français, si j'étais assez français pour mon service militaire et visiter l'Algérie, il m'a fallu exhumer ce papier jauni et fatigué de 1941 jamais ressorti pour que j'existe à 68 ans comme Français."

dimanche 26 avril 2009

Jours 717 & 718

Il parait que le Québec est joli

Libération, le 25 avril 2009 :

"Un sondage Ifop à paraître dans l'édition dominicale de Sud Ouest révèle que Nicolas Sarkozy (28%) devancerait ses adversaires si le premier tour des élections présidentielles devait avoir lieu dimanche, devant Ségolène Royal (20,5%) et François Bayrou (19%)."

vendredi 24 avril 2009

Jour 716

Rachida ne me fait pas rire

Un communiqué du Syndicat de la magistrature et de l’Union syndicale des magistrats :

"A l’approche de son départ, la Garde des sceaux confirme le style brutal avec lequel elle a dirigé, depuis deux ans, en tous domaines, le Ministère de la Justice.

Dans l’urgence, elle décide de remplacer les quelques procureurs généraux qui n’ont pas été nommés sous son ministère et d’imposer une ultime humiliation à ceux qui n’auraient pas marqué assez clairement leur déférente soumission.

C’est ainsi que le procureur général de Riom, Marc Robert - dont les qualités professionnelles ne peuvent être sérieusement mises en cause - se voit imposer par la Chancellerie une mutation « dans l’intérêt du service » à la Cour de cassation, dont l’importance institutionnelle est, au passage, une nouvelle fois méprisée.

Pour des motifs abscons, probablement en lien avec les analyses nuancées de Marc Robert sur le redécoupage judiciaire de son ressort (conformes à l’intérêt du territoire et de la population, mais contraires à la volonté du Garde) ou en raison d’un discours de rentrée plutôt réservé sur la suppression du juge d’instruction, le procureur Général est démis de ses fonctions.

A l’instar du procureur général d’Agen, expulsé sans ménagement de sa cour à l’automne 2007 pour laisser place à une personnalité plus docile, la Garde des Sceaux remercie sèchement un magistrat indépendant et compétent.

A l’heure où il est question de supprimer le juge d’instruction pour accorder au parquet, prétendument à l’abri des pressions, la pleine maîtrise des enquêtes pénales, l’Union syndicale des magistrats et le Syndicat de la magistrature dénoncent fermement cette conception autoritaire du lien entre le ministre de la Justice et les procureurs et s’inquiètent de la véritable mise sous tutelle du pouvoir exécutif des magistrats du parquet."

jeudi 23 avril 2009

Jour 715

Xavier "Pinnochio" Bertrand

Le Figaro, 23 avril 2009 :

"Alors que Xavier Bertrand a annoncé jeudi après-midi un caillassage du bus de l'UMP «par 200 jeunes cagoulés [dans un petit village près de Lyon]» [...] Pour la préfecture du Rhône, [...]«il s'agissait d'une manifestation autorisée d'étudiants contre la réforme universitaire (...) et d'une caravane de Jeunes UMP également autorisée à s'installer sur la même place. Il y a eu quelques échanges de noms d'oiseaux, mais aucun caillassage. Nous n'avons retrouvé que la trace de trois oeufs."

mercredi 22 avril 2009

Jour 714

Allo Bachelot bobo

Le Nouvel Observateur, le 21 avril 2008 :

"Les professeurs signataires de "l'appel des 25", qui dénoncent le projet de réforme de l'hôpital mené par Roselyne Bachelot, "s'étonnent" de la réponse de la ministre de la Santé à leur texte. [...] Loin des "suppressions massives de postes" que nous dénonçons la ministre parle d’embauches "massives". Ignore-t-elle la suppression, exigée par son ministère, de plus de 1.000 emplois à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), les 650 suppressions à Nancy, les 400 à Nantes, les 550 au Havre, les plus de 1.000 programmées à Marseille, les plus de 20.000 en France ? Pourquoi cache-t-elle cette réalité résultant non pas d’une réorganisation réfléchie du service public hospitalier, non pas d’un soucis d’efficience pour éviter le gaspillage des deniers publics mais d’une gestion purement comptable ? [...] la ministre affirme : "à prestation égale la différence entre le public et le privé est estimée à 30% en faveur du public". Pourquoi ne dit-elle pas que les cliniques privées commerciales concentrent 80% de leur activité sur les pathologies rentables essentiellement chirurgicales, pas sur la pédiatrie, pas sur les maladies coûteuses des sujets âgés, pas sur la réanimation lourde, pas sur la chirurgie complexe et les urgences graves qui bouleversent les programmes opératoires…? Pourquoi ne dit-elle pas que lorsqu’on inclut les honoraires médicaux (exclus aujourd’hui du calcul des tarifs des cliniques)[...] Et encore ne parle-t-on pas du coût engendré par l’obligation de repos des médecins du service public après une garde (repos dit de sécurité), obligation qui ne s’applique pas au secteur privé.[...] Ainsi, la loi veut imposer à l’hôpital une gouvernance calquée sur le code du commerce jusque dans sa terminologie : un directeur (qui rappelons le n’est pas un médecin) devenu président du directoire nommera et révoquera les médecins transformés en ingénieurs de production. La reconnaissance par la ministre de "la haute compétence des directeurs, ces professionnels de santé publique formés par l’Ecole des Hautes Etudes de Santé Publique" serait plus crédible si sa loi ne prévoyait pas dans le même temps le recrutement contractuel et sur simple analyse de leur CV de directeurs non formés dans cette école. On est loin de la Sante Publique ! [...] Une gestion mercantile de la santé est le pire ennemi de l’égalité de l’accès aux soins comme l’illustre le système actuel de santé américain. Le président Obama s’est engagé à le changer en s’inspirant… du système français… que le projet de loi de Madame Bachelot met en péril."

mardi 21 avril 2009

Jour 713

Sélection au faciès

Libération, le 20 avril 2009, une interview de l'historien Patrick Weil :

"Le ministre de l'Immigration Eric Besson l'a annoncé ce lundi: l'octroi de la naturalisation sera désormais confié aux préfectures et non plus au niveau national. Pour l'historien Patrick Weil, c'est la porte ouverte à l'arbitraire. [...] Jusqu'à présent, la demande de naturalisation se faisait à la préfecture, mais, pour que les décisions soient cohérentes, tous les dossiers étaient ensuite centralisés à la sous-direction des naturalisations (SDN), installée à Rezé (près de Nantes). La préfecture donnait un avis, mais la décision finale revenait aux fonctionnaires spécialisés de la SDN. L'avis de la préfecture n'engageant d'ailleurs pas la décision finale: il arrive qu'un candidat ayant reçu un avis négatif en préfecture voit finalement sa demande acceptée par la SDN. Ce n'est plus ce qui va se passer. Avec la réforme, ce sera aux préfectures de décider. Ce qui va créer une inégalité de traitement, selon le département où l'on habite. [...] En Seine-et-Marne, dans le Val-de-Marne ou en Seine-Saint-Denis, des départements à forte population immigrée, plus de 50% des demandes font l'objet d'une décision négative en préfecture. Dans les Landes ou l'Ariège, on a moins de 25% d'avis négatifs. On voit donc bien qu'avec cette réforme, on va aller vers plus d'arbitraire. C'est une atteinte au principe d'égalité. [...] Cette réforme est faite pour sélectionner qui on veut naturaliser ou non, suivant des critères qu'on n'ose pas évoquer aujourd'hui, comme l'origine nationale."

lundi 20 avril 2009

Jour 712

Crise de foi


Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, le 16 avril 2009 :

"La montée des inégalités est au cœur de la crise économique qui secoue les économies mondiales. L’une des raisons fondamentales de la dépression actuelle est la course en avant des plus riches vers la richesse. Ce « toujours plus » leur a fait perdre conscience, et prendre des risques financiers inconsidérés. Il s’est d’abord traduit par la recherche de rendements insensés pour les capitaux investis dans les entreprises (tirés des profits), très supérieurs à la croissance de l’économie globale, qui atteignait 3 ou 4 % dans le meilleur des cas au sein des pays riches. L’ajustement était fatal : pour partie, la crise actuelle remet à l’heure les pendules du capitalisme fou. Et les mêmes qui hier ne juraient que par la concurrence implorent la collectivité de venir à leur secours…

Il en a été de façon similaire pour les salaires : les échelles des revenus se sont étendues. Comme l’a montré l’économiste Camille Landais, en France entre 1998 et 2006, les salaires des 0,01 % les mieux payés ont progressé de 69 %. Un gain mensuel de… 2 800 euros ! A une moindre échelle, les salaires nets des cadres supérieurs ont augmenté de 630 euros mensuels en moyenne entre 1998 et 2006, contre 140 euros pour les employés et 200 pour les ouvriers.

Non contents de cette razzia sur les revenus, les plus aisés en ont demandé davantage encore à l’Etat, par le biais de réductions d’impôts, prétextant le risque de « fuite » à l’étranger – qu’aucune étude n’a d’ailleurs jamais démontré. En France, cette politique amorcée en 2000 par la gauche puis par la droite, à travers les réductions d’impôts sur le revenu a encore accru les écarts de niveaux de vie.

Cette situation a eu des conséquences économiques désastreuses. Une partie des commentateurs ont cru possible une sorte de « keynésianisme des riches » : la hausse des inégalités aurait tiré l’économie par le biais des dépenses des plus aisés, des emplois de personnel domestique aux investissements dans l’entreprise ou l’immobilier. Il n’en a rien été, pour une raison simple : le taux d’épargne s’élève avec le revenu. L’argent ainsi dégagé a largement alimenté le patrimoine financier des couches les plus aisées, participant au gonflement de la bulle spéculative. A la place de la fuite des personnes, on a orchestré une fuite des capitaux vers la recherche de gains toujours plus spéculatifs, quitte à se déplacer sur des produits très risqués ou s’offrir à de lointains investisseurs. On paie aujourd’hui l’addition de ce vaste gaspillage : les baisses d’impôt n’ont eu pour effet que d’enfoncer les comptes publics, sans avoir d’impact sur la croissance.

Il est difficile de dire combien a été gaspillé dans les entreprises, mais les dépenses salariales somptuaires ont pesé lourd dans les comptes. Malgré tout, le salaire minimum – si décrié hier – a limité l’ampleur des écarts. En revanche, on peut évaluer combien la collectivité a perdu. Philippe Marini, rapporteur UMP de la commission des finances au Sénat, a estimé à 60 milliards d’euros la diminution de recettes fiscales liée aux différentes baisses de prélèvements décidées de 1999 à 2008… Si rien ne s’était passé de ce côté-là, l’Etat aurait des comptes dans un état très différent. Et les moyens de répondre à la crise, alors que, comme la cigale, il a chanté tout l’été en distribuant des ristournes aux plus aisés.

Il est impossible de répondre à la crise économique sans un effort de solidarité nationale, sauf à aggraver de façon vertigineuse les déficits publics, qu’il faudra de toute façon payer un jour. Cet effort ne saurait être réalisé sans tenir compte des gains obtenus dans les années récentes par les plus aisés. La déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de indique que la contribution commune doit être « répartie entre les citoyens en fonction de leurs facultés ». C’est l’impôt sur le revenu, dont le taux augmente avec le niveau de vie, qui tient le mieux compte de ces facultés. Peu nombreux sont ceux qui osent le dire compte tenu de la démagogie fiscale régnant en France, mais il faut aujourd’hui augmenter l’impôt sur le revenu.

Pour éviter de pénaliser les catégories moyennes, on peut imaginer deux directions. Il faut d’abord réduire réellement les privilèges fiscaux, des journalistes à l’emploi de personnel domestique (qui ne concerne réellement qu’un dixième des foyers) jusqu’aux investissements immobiliers. Si l’on ne s’en tient pas à quelques exceptions pour les « ultra-riches », la suppression des niches fiscales peuvent apporter plusieurs milliards d’euros à l’Etat. Dans le même temps, on pourrait relever les taux des tranches supérieures du barème, et recréer une nouvelle tranche d’imposition supplémentaire à 50 % pour les revenus les plus élevés. Compte tenu des gains enregistrés, une telle mesure n’aurait pour effet que de faire revenir le niveau de vie des plus aisés quatre ou cinq ans en arrière.

Pour quoi faire ? Contrairement à une idée répandue à gauche, distribuer quelques dizaines d’euros de pouvoir d’achat n’a pas une grande utilité sinon à accroître les importations. Comme l’a compris le chef de l’Etat, face la crise, la collectivité doit « protéger », rendre l’avenir moins incertain. D’où des propositions présidentielles sur l’indemnisation du chômage partiel et la prime pour les jeunes ayant insuffisamment cotisé, ou l’idée d’un fonds d’investissement pour « coordonner les efforts en matière d’emploi et de formation professionnelle ». Mais la bise est venue : ayant gaspillé plus de 10 milliards en 2007 avec le paquet fiscal (rappelons-le, ces 10 milliards sont payés chaque année) essentiellement en direction des plus aisés, le président de la République n’a plus les moyens d’une réelle politique de protection. Il faut mieux indemniser ceux qui se retrouvent sans emploi, et en particulier les jeunes, premières victimes de la crise, réduire l’utilisation de contrats précaires et, surtout, offrir un effort de formation sans précédent de la main d’œuvre. Il faut mettre en œuvre les services publics de qualité qui tirent la croissance à long terme : éducation, transports, santé, logement, etc. Il est urgent d’agir pour rendre la vie moins incertaine, là où hier tout le monde ne jurait que par la flexibilité et le risque.

Au-delà de la crise, la situation actuelle appelle à une réflexion plus vaste. La « décroissance » est arrivée. Elle va mettre sur le carreau de l’emploi des centaines de milliers de salariés, souvent des jeunes. L’avenir de notre pays n’est pas dans le retour aux technologies anciennes pour créer de l’emploi. Mais, il faudrait être totalement aveugle pour soutenir que le niveau de croissance des trente glorieuses est économiquement et écologiquement soutenable. Que fera-t-on quand on aura rempli l’espace entourant les villes d’entrepôts et de magasins ouverts 24h/24 et sept jours sur sept, saturés le pays d’autoroutes et d’automobiles, bourrés les foyers d’appareils divers les plus inutiles les uns que les autres ? Il faudra bien, à terme, s’adapter à une croissance lente et propre, moins quantitative et plus qualitative.

La seule solution pour conjuguer ces deux impératifs est de partager de façon plus équitable les richesses. Cela n’implique en rien de changer de système, de sortir de l’économie de marché ou autre comme on l’entend parfois, mais de demander à chacun de contribuer en fonction de ses moyens, pour que tous puissent vivre dans des conditions dignes sans détruire l’environnement. « Oui mais, pour répartir, il faut d’abord produire » entend-on dire souvent. Un raisonnement insuffisant. Pour produire, on commence à comprendre qu’il faut en même temps répartir et que tout est question de dosage : qui imagine produire sans routes, sans main d’œuvre formée, avec des salariés malades ?...

D’un point de vue écologique, les moins égoïstes des plus aisés commencent à comprendre que cette politique est de l’intérêt de leurs propres descendants, s’ils veulent en assurer la survie. La crise actuelle y ajoute une urgence sociale : s’ils restent assis sur leurs niveaux de vie, ce n’est plus seulement de la survie des descendants des plus riches qu’il s’agit, mais de l’équilibre de l’ensemble du système."

samedi 18 avril 2009

Jours 710 & 711

Des lois à la pelle

Libération, le 17 avril 2009 :

"L’incontinence législative de Nicolas Sarkozy en matière de délinquance suscite des commentaires de plus en plus narquois chez les politiques, les syndicats de policiers ou de magistrats, la plupart soulignant que l’arsenal judiciaire est amplement suffisant pour réprimer les «bandes». [...] «La création d’Unités territoriales de quartiers (Uteq), constitue une réponse adaptée aux nouvelles formes de la délinquance violente […] Ce dispositif est aux antipodes de l’esprit qui était celui de la police de proximité», créée sous Jospin puis dissoute sous Sarkozy. Pour François Bayrou, «il y avait une manière de lutter contre les bandes, c’était la police de proximité ; et c’est lui qui l’a détruite»."

vendredi 17 avril 2009

Jour 709

Vos gueules

Sur le site du Syndicat de la Magistrature :

"Vendredi 17 avril à 18h30

Par notre participation au cercle de silence, nous voulons dénoncer les traitements inhumains réservés aux migrants du seul fait qu’ils n’ont pas de papiers en règle.

Nous n’acceptons pas que soient prises en notre nom des dispositions (lois, décrets, circulaires) qui brisent des vies humaines et font voler en éclat des couples et des familles.

Nous refusons les interpellations au faciès, l’enfermement d’hommes, de femmes et même d’enfants dans des centres de rétention administrative et leur expulsion.

Nous dénonçons les conditions de détention inhumaines dans les centres de rétention administrative et les zones d’attente des aéroports et, avant tout, leur existence.

Nous n’acceptons pas que la France, en vertu de lois de plus en plus contraignantes, refuse sa protection aux demandeurs d’asile qui sont exposés à de très graves dangers en cas de retour dans leur pays d’origine.

Nous dénonçons les obstacles administratifs qui visent à rendre de plus en plus difficile l’obtention d’un titre de séjour et contraignent des hommes, des femmes, des familles entières à vivre et à travailler dans la clandestinité et la peur, privés de tout projet et de conditions de vie simplement décentes.

Nous refusons cette chasse aux étrangers qui inflige aussi des traumatismes profonds à ceux qui en sont les témoins, à la société toute entière, aux enfants particulièrement. Les atteintes à la dignité de quelques- uns blessent tous les hommes dans leur humanité.

Nous voulons que la France redevienne un pays d’accueil, sans cesse enrichi et transformé par des êtres humains venus du monde entier.

Nous en appelons à la conscience de tous et vous invitons à rejoindre le cercle de silence place du Palais-Royal, 75001 Paris M° Palais-Royal Musée du Louvre le 3e vendredi de chaque mois de 18h30 à 19h30

Cercle de silence du printemps 2009 :

vendredi 15 mai 09 à 18h30 mardi 26 mai 09 à 18h30 vendredi 19 juin 09 à 18h30 place du Palais-Royal Nous invitons les citoyens à s’associer par ailleurs au « Cercle de résistance » chaque dernier jeudi du mois, devant le RER de Denfert-Rochereau de 18h30 à 19h30

Le cercle de silence est composé de citoyen(ne)s dont certain(e)s sont membres de : AARAO les Messagers, CCFD-Terre Solidaire-délégation de Paris, CGT, Cimade, Fédération de l’Entraide Protestante www.fep.asso.fr/, Ligue des Droits de l’Homme, MAN (Mouvement pour une Alternative Non-violente), MIR France (Mouvement international de réconciliation) www.mirfrance.org, Mission Populaire Evangélique www.missionpopulaire.org/, Pastorale des Migrants, Réseau Chrétiens-Immigrés, RESF (Réseau Education Sans Frontières) Paris www.educationsansfrontieres.org/, Réseau franciscain Gubbio www.franciscain.net, Secours Catholique - délégation de Paris, Syndicat de la magistrature…"

jeudi 16 avril 2009

Jour 708

Mort aux vaches III

Le Monde, le 16 avril 2009 :

"Une délibération du concours interne 2007 des officiers de police a été invalidée par le Conseil d'Etat sur plainte d'un candidat dénonçant une discrimination raciale, indique la juridiction. [...] Le candidat d'origine maghrébine recalé, Abdeljalel El Haddioui, faisait partie à l'automne 2007 des cinquante candidats encore en lice pour 27 postes d'officiers à pourvoir et qui devaient être départagés dans une épreuve orale. Il a affirmé sur France Bleu Ile-de-France que cette ultime épreuve avait tourné pour lui à la supercherie avec des questions comme : "Faites-vous le ramadan ?", "votre femme porte-t-elle le voile ?" ou "votre avis sur la corruption des fonctionnaires de police marocains ?". [...] Pour le Conseil d'Etat, les questions posées "dont il n'est pas sérieusement contesté par l'administration qu'elles aient été posées", révèlent "une méconnaissance du principe d'égal accès aux emplois publics.""

mercredi 15 avril 2009

Jour 707

Mort aux vaches II

Ligue des Droits de l'Homme, le 9 avril 2009 :

"Le TGI d’Avignon vient de condamner Patrick Mohr à une amende de cinq cents euros avec sursis et un euro de dommages et intérêts pour chacun des CRS interpellateur pour « préjudice moral ».

Même s’il s’agit d’une peine de principe, assortie d’une relaxe partielle concernant les délits « d’outrage et d’incitation à l’émeute », il est difficilement compréhensible que celui qui a déjà subi, moralement et physiquement, devant dix-neuf témoins, le 21 juillet 2008, une interpellation abusive et marquée par des violences policières que rien ne justifiait, subisse en plus une condamnation que la Ligue des droits de l’Homme estime profondément injuste.

Cette affaire vient confirmer l’inquiétude de la LDH face à la multiplication des procédures de délit d’outrages et rébellion le plus souvent sans fondement. Elle ne peut manquer de rapprocher cette décision du dernier rapport d’Amnesty International faisant état de l’aggravation des faits de violences policières et de la relative impunité des auteurs de celles-ci."

mardi 14 avril 2009

Jour 706

C'est pour leur bien

Le syndicat de la Magistrature, le 9 avril 2009 :

"Directrices, directeurs d’écoles , nous ne mettons pas et nous ne mettrons pas en place l’application dite « Base élèves », Directrices, directeurs d’écoles, ayant renseigné « Base élèves » par nécessité de service, nous bloquerons dès à présent les remontées de données de nos écoles dans Base élèves. TOUTES ET TOUS, NOUS DEMANDONS L’ARRET DE L’APPLICATION « BASE ELEVES » ainsi que la destruction de toutes les données déjà collectées

En tant qu’enseignants, nous ne sommes pas réfractaires par principe aux technologies nouvelles de la communication. En revanche, lorsque nous les utilisons c’est à titre pédagogique ou à titre administratif, en utilisant des outils de gestion informatique dont les données sont internes à l’établissement et sont détruites régulièrement pas nos soins. Nous refusons d’utiliser un fichier national centralisé et partageable dont nous ne pouvons prévoir l’évolution future.

En tant que responsables d’enfants et fonctionnaires d’Etat, nous ne voulons pas être instrumentalisés par le ministre de l’Education nationale afin d’attribuer un identifiant national (INE) à chaque élève sans l’autorisation de leurs parents et sans aucun débat démocratique. Nous refusons de participer à l’établissement d’un répertoire national d’immatriculations des élèves permettant de conserver des données pendant 35 ans.

En tant que directeurs d’école, nous ne pouvons cautionner la mise en place opaque d’une base de données ne prenant jamais en compte l’information aux parents d’élèves et les objections citoyennes des directeurs d’école. Nous refusons que le fichage de mineurs soit considéré comme une formalité administrative.

En tant que citoyens, nous ne pouvons accepter que pour appuyer l’implantation puis le passage en force de cette application informatique, l’administration n’hésite pas à user de menaces de sanction ou de sanctions effectives (retrait de salaire) à l’encontre de directeurs. La publication d’un arrêté ministériel sur Base Elèves le 1er novembre 2008, soit quatre ans, après le début de l’expérimentation, alors que la majorité des élèves se trouvaient déjà répertoriés, n’affaiblira pas notre position. Nous refusons la pression administrative sur les directeurs d’école dont les missions ne peuvent être orientées vers une saisie de données qui les rendrait acteurs d’un contrôle social de la population.

La demande d’immatriculer nos élèves et d’utiliser Base-Elèves entre profondément en conflit avec notre éthique professionnelle et notre morale personnelle. Nos objectifs, comme enseignants, sont d’aider des individus à se construire à travers leurs apprentissages, de les aider à devenir des personnes autonomes et responsables. Nous demandons l’application d’un principe de précaution et la reconnaissance d’un droit à l’objection de conscience.

Vu la menace d’une altération de la confiance entre les familles et les enseignants,

Nous, directrices, directeurs, dont la vigilance avait permis de rester en retrait de l’application Base élèves, Nous, directrices, directeurs, abusés par des arguments fallacieux de l’administration ou contraints par des pressions de tout ordre,

Nous avons décidé de sortir de l’anonymat pour demander solennellement et d’une seule voix l’abrogation totale et définitive de toutes les mesures liées à Base élèves et l’effacement, sous couvert d’une autorité indépendante, de toutes les données déjà enregistrées."

lundi 13 avril 2009

Jour 705

Mort aux vaches

Syndicat de la Magistrature, le 9 avril 2009:

"Les rapports particulièrement alarmants sur la situation des libertés publiques et l’état des droits de l’homme en France s’accumulent dans l’indifférence coupable des pouvoirs publics et du gouvernement en particulier. Après les alertes de la CNIL sur la prolifération incontrôlée du fichier de police STIC, après le rapport annuel d’Amnesty International sur l’impunité des forces de l’ordre en France, c’est au tour du Contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, de remettre ses conclusions annuelles. Le constat est sans appel. Il dénonce pêle-mêle l’état indigne des locaux de garde à vue, les atteintes à l’intimité des personnes privées de liberté, le déséquilibre entre les exigences de sécurité des lieux de rétention et celles tenant à la dignité des étrangers retenus, l’empilement de législations pénales qui entraînent un surpeuplement des établissement pénitentiaires… Comme s’il était à l’avance convaincu de l’inutilité de sa démarche, le très sérieux Jean-Marie Delarue n’hésite pas à adopter un ton ironique et imagé pour alerter les pouvoirs publics sur le caractère dégradant de certains usages (obligation de retirer le soutien-gorge des femmes gardées à vue notamment). [...] Le Syndicat de la magistrature dénonce fermement l’attitude du gouvernement, toujours soucieux de vanter les mérites de rapports déposés par d’obscures commissions taillées sur mesure (Léger, Varinard…), mais volontairement silencieux lorsque des autorités indépendantes mettent en lumière des violations massives et persistantes des droits de l’homme en France."

dimanche 12 avril 2009

Jours 703 & 704

Petites médailles entre amis

Le Monde
, le 12 avril 2009 :

"De grands noms des affaires [...] figurent dans la promotion de l'Ordre national de la Légion d'Honneur publiée, dimanche 12 avril, au Journal officiel, à l'occasion de la promotion de Pâques. Plusieurs personnalités qui ont affiché leur soutien à Nicolas Sarkozy pendant la campagne de 2007 sont distinguées : Vincent Bolloré, promu commandeur, a notamment prêté son yacht au président de la République juste après son élection."

vendredi 10 avril 2009

Jour 702

Sarkozy, c'est la droite qui en parle toujours le mieux

Le Monde, 10 avril 2004 :

"Par 21 voix contre 15, l'Assemblée nationale vient de rejeter le projet de loi sur la création et Internet qui prévoit de sanctionner le téléchargement illégal. [...] Certaines réticences se sont exprimées juste avant le vote, à l'image de Marc Le Fur (UMP, Côtes-d'Armor) qui, faisant part de ses réserves, s'est exclamé: "Il y a les “people”, et puis il y a le peuple. Et on a un peu oublié le peuple. Pardonnez-moi de défendre le peuple dans cette enceinte.""

jeudi 9 avril 2009

Jour 701

N'importe quoi, suite

Le Point, le 8 avril 2009 :

"Michèle Alliot-Marie a annoncé mercredi son intention d'étudier la possibilité de mettre en place des mesures, éventuellement législatives, pour empêcher quiconque de participer à des manifestations en dissimulant son visage, notamment à l'aide de cagoules"

mercredi 8 avril 2009

Jour 700

Luttes

Le Blog Sciences2 :

"Lors de son voyage en Provence, hier, Nicolas Sarkozy s’est exprimé sur les universités et la recherche. [...] Voici la réponse que vient de lui faire la Coordination nationale des universités :

«Quoique moins méprisantes dans la forme que son discours du 22 janvier, les déclarations de Nicolas Sarkozy du 7 avril 2009 révèlent la même conception mercantile de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Si, pour Nicolas Sarkozy, les études ne servent qu’à «créer de la valeur ajoutée», les universitaires en lutte continuent d’affirmer que l’université n’est pas une entreprise et que le savoir n’est pas une marchandise. Là où Nicolas Sarkozy parle de «valeur ajoutée», nous parlons de valeurs républicaines : droit à la connaissance pour tous, droit de choisir sa filière sans discrimination financière ni territoriale, droit de s’engager dans des études qui n’ont aucune rentabilité immédiate mais qui sont d’une valeur essentielle pour la société. Là où Nicolas Sarkozy parle «d’accélérer la commercialisation des brevets», nous lui opposons la nécessité, pour les générations futures, de préserver une recherche fondamentale forte et libre des dictats du marché. Quand Nicolas Sarkozy estime que l’autonomie des universités est préférable au fait de «se retrouver au ministère pour qu'on vous dise d'un bureau parisien ce qu'on doit faire », nous tenons à rappeler que les universités n’ont jamais autant reçu de directives émanant des Ministères que depuis le vote de la loi LRU (sigle qui signifie pourtant «liberté et responsabilité»).

Si Nicolas Sarkozy est de bonne foi en annonçant que «donner l'autonomie aux universités, c'est leur faire confiance», alors qu’il fasse enfin confiance à la communauté universitaire qui dénonce, dans un mouvement inédit par sa durée et son intensité, les conséquences désastreuses de ces projets de réforme. Or, la politique actuelle a conjugué, jusqu’à présent, irresponsabilité et inefficacité, autoritarisme et ignorance des problèmes posés.

Le monde de l’enseignement et de la recherche n’est pas hostile à toute réforme. Mais il conteste une logique d’économie budgétaire et de mise en concurrence systématique des institutions, des équipes et des individus, qui met en péril la création et la transmission des savoirs. A la concurrence et à la rentabilité à court terme, il préfère l’émulation, la coopération et la liberté de recherche. A l’autoritarisme et à la concentration des pouvoirs, il préfère la collégialité et le gouvernement par les pairs. Aux nommés, il préfère les élus. L’Education Nationale, de la Maternelle à l’Université, doit continuer à transmettre connaissances et culture gratuitement, sur tout le territoire, pour garantir la traduction dans les faits de nos idéaux républicains. Ce printemps 2009, pour défendre ces valeurs, le monde de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche est dans la rue.»"

La Cimade, le 25 mars 2009 :

"Objectif chiffré de reconduites à la frontière pour 2010 : 28 000
Objectif chiffré d’interpellations d’aidants pour 2010 : 5 500
(source : Loi de finances 2009)

Aujourd’hui, en France, il est devenu criminel d’accueillir, d’accompagner, ou seulement d’aider une personne en situation irrégulière…..

Le 18 février 2009, à 7 h 45 du matin, la police frappe à la porte une bénévole aux Restos du cœur et à l’association Terre d’errance. Depuis deux ans et demi, cette femme organise les dons de nourriture et d’habits pour les migrants qui errent autour de Calais dans l’espoir de passer en Angleterre. Elle recharge aussi leurs portables. Les policiers lui on dit : "on vient vous chercher pour vous mettre en garde à vue, pour flagrant délit d’aide aux personnes en situation irrégulière".

L'interpellation le 16 février 2009 d'Hamid, un sans-papier accueilli par la communauté Emmaüs de Marseille Pointe-Rouge, s'est transformée le 17 février 2009, en opération policière dans cette communauté. Ainsi, sur décision du parquet de Marseille une perquisition a eu lieu dans la dite communauté Emmaüs aux fins de recenser la présence d'éventuels compagnons sans papiers. Dans le même cadre, Kamel un responsable de la communauté a été mis en garde à vue pendant 6 heures le 17 février.

Ces faits s’ajoutent à une liste déjà longue de militants associatifs ou de citoyens ordinaires poursuivis pour avoir manifesté leur solidarité ou agi avec humanité à l’égard de migrants privés du droit au séjour. Alors demain, quels gestes du quotidien seront punis pour remplir les objectifs du Ministère de l’immigration ? Votre médecin sera-t-il interpelé pour avoir soigné un sans-papier malade, ou votre facteur pour lui avoir distribué son courrier ? L’instituteur de vos enfants sera-t-il inquiété pour avoir appris à lire à un enfant dont les parents sont en situation irrégulière ?

Nous sommes tous concernés : parce qu’ avant d’être « sans-papiers », ces hommes, ces femmes et ces enfants sont des personnes en difficulté, isolées et démunies et il est de notre devoir de citoyen de les aider dans la dignité et le respect dû à chaque être humain.

Alors si la solidarité devient un délit, nous demandons à être poursuivis pour ce délit !

Mercredi 8 avril 2009 devant les palais de Justice (voir sur le lieu précis pour chaque ville) de Paris, Lille, Marseille, Strasbourg, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Rennes et ailleurs en France, nous serons 5 500 à nous présenter comme prisonniers volontaires, affirmant avoir, un jour, aidé un homme ou une femme sans-papiers en difficulté. Nous serons 5 500 citoyens décidés à rester des « aidants » !"

mardi 7 avril 2009

Jour 699

Orwell lives

Et voici le résultat des Big Brother Awards (pour la France), une petite sélection :

"Le ministre du budget, Eric Woerth, prix « Orwell Etat, Elus », accusé de vouloir, sous couvert de lutte contre la fraude aux allocations, créer un "répertoire commun" de la protection sociale (RNCPS), fichier central qui remet au goût du jour le funeste "projet Safari" des années 70, menant à l’interconnexion massive des bases de données avec le NIR comme identifiant unique.

Le jury a également été sensible au cas du fichier RIM-Psy, qui recense toutes les personnes allant consulter dans des établissements de santé privés et publics ayant une activité en psychiatrie. Un fichage obligatoire qui remet en cause le secret professionnel des personnels de services socio-médicaux.

Bertrand Delanoë et Christophe Caresche, son ex- adjoint à la sécurité, lauréats du Prix « Orwell Localités », pour avoir succombé aux sirènes de la vidéosurveillance, faisant allégeance à la surenchère sécuritaire du gouvernement, faisant fi des études démontrant son inefficacité.

Frédéric Lefebvre, député des Hauts de Seine et porte-parole de l’UMP, nominé pour vouloir à museler le Net, à détecter la délinquance dans les maternités, et bien d’autres choses. Si son mentor Nicolas Sarkozy avait eu l’honneur d’être exclu « pour dopage et exhibitionnisme » ces dernières années, le jury, unanime, a tenu à le distinguer par une mention spéciale « bâton merdeux », qui lui va si bien pour son côté "petit caniche". Cette haute distinction s’applique à des personnages qui parviennent à occuper le débat public avec une profonde inconsistance, ne méritant comme trophée qu’un échantillon anonyme de déjection canine.

Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, enfin décorée « pour l’ensemble de son oeuvre », pour avoir augmenter le nombre de fichiers policiers de 70% en seulement trois ans, pour sa « novlangue » en matière de promotion de la vidéosurveillance, et de fabrication d’un « ennemi intérieur ». Elle a devancé un autre multirécidiviste, Xavier Darcos, avec qui MAM annonçait, le matin même de la cérémonie, un renforcement de la vidéosurveillance en milieu scolaire.

Le jury a par ailleurs tenu à décerner une mention spéciale au « zélateur anonyme », au vu du nombre de cas répertoriés, cette année, de fonctionnaires ou d’agents de services publics confondant leurs missions avec celle d’auxiliaire de police, ayant dénoncé aux autorités un certain nombre de personnes sur simples suspicions, trahissant leur secret professionnel et mettant en danger de la vie d’autrui."

lundi 6 avril 2009

Jour 698

Encore un coup pour rien

Les Echos, 6 avril 2009 :

"Promulguée en décembre dernier, la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2009 prévoyait des pénalités substantielles - une cotisation de 1 % de la masse salariale -, pour les sociétés qui ne trouveraient pas un accord sur l'emploi des salariés âgés d'ici au 1er janvier 2010, l'accord devant notamment comprendre des objectifs chiffrés.Les décrets d'application, nécessaires pour que la mesure puisse entrer en vigueur (ils fixaient la procédure à suivre par les entreprises), étaient prêts depuis janvier. Mais avec la montée en flèche du chômage, le gouvernement a renoncé à les publier. Faute de décret paru à temps, les entreprises ne pourront pas négocier avec les syndicats d'ici au 31 décembre. Ce qui rend les sanctions inapplicables."

dimanche 5 avril 2009

Jours 696 & 697

Eh, je suis là ! Je suis là !

Sur le site des Actualités de la Recherche en histoire visuelle, le 3 avril 2009 :

"l'arrivée d'Obama ôte à peu près tout espace à Nicolas Sarkozy sur la scène internationale. Ce qui le met évidemment dans tous ses états. Avant-hier, le voilà obligé de menacer de claquer la porte du G20 pour qu'on s'aperçoive de sa présence. Aujourd'hui, à Strasbourg, il faisait pitié à force de vouloir être sur la photo – rappelant la blague du type à côté du pape. Plus difficile à dire qu'à faire. Même les journalistes ne marchent plus dans la combine. Et à côté d'Obama, peine perdue, ses sourires sont autant de grimaces.

Notre président fait tout à l'envers. Comme une lavandière, il croit que ce qui compte, c'est d'être à la une. Mais pour un personnage politique, figurer en couverture résulte de l'action qu'on mène ou de l'image dont on dispose. Quand plus personne ne vous fait crédit, apparaître sur la photo suscite plutôt la gêne ou le sarcasme."

vendredi 3 avril 2009

Jour 695

Par derrière

Sur le site Numerama, le 3 avril 2009 :

"On peine à en croire la démocratie dans laquelle on prétend vivre et écrire. Après 41 heures et 40 minutes d'une discussion passionnée sur le texte, il ne restait qu'une poignée de courageux députés autour de 22H45 jeudi soir lorsque l'Assemblée Nationale a décidé, sur instruction du secrétaire d'Etat Roger Karoutchi, de passer immédiatement au vote de la loi Création et Internet, qui n'était pas attendu avant la semaine prochaine. Un fait exceptionnel, qui permet de masquer le nombre important de députés UMP qui se seraient abstenus si le vote s'était fait, comme le veut la tradition, après les questions au gouvernment mardi soir. Ainsi l'a voulu Nicolas Sarkozy. [...] Les protestations du centriste Jean Dionis du Séjour n'y ont rien changé. "On est 2,5 % du Parlement", constatait-il pourtant d'un rapide calcul désolé"

jeudi 2 avril 2009

Jour 694

La croissance reprend en prison

L'Observatoire International des Prisons, le 2 avril 2009 :

"Pour ce qui est de la période comprise entre le 1er janvier et le 31 mars 2009, 36 suicides ont été dénombrés dans les prisons françaises. Ce nombre révèle une augmentation de 71 % entre le premier trimestre 2008 (21 suicides) et le premier trimestre 2009 (36). Dans ce contexte, prenant connaissance de la déclaration (sur France Info) du Docteur Louis Albrand selon laquelle la commission qu’il présidait ne se reconnaît pas dans le rapport final rédigé par l'administration pénitentiaire, l’OIP demande la constitution d’une commission l’enquête indépendante placée sous l’égide du Contrôleur général des lieux de privation de liberté."

mercredi 1 avril 2009

Jour 693

C'est moi ou... ?

L'Observatoire des inégalités, le 25 mars 2009 :

"Les dirigeants de sociétés anonymes ont perçu un salaire annuel de 79 200 euros en 2006. Par rapport à 1998, celui-ci a augmenté de 27,5 % après inflation, soit 17 000 euros ou 1 400 euros par mois, l’équivalent du salaire annuel d’un ouvrier. Et encore, cette hausse ne prend pas en compte d’autres éléments de rémunération (primes, intéressement, participation, etc.) ou certaines aides en nature (du portable à la voiture de fonction). La progression des revenus est donc sous-estimée."

Dans cet autre article :

"La moitié des salariés à temps plein touchent un salaire net inférieur à 1 555 euros mensuels et 90 % moins de 3 084 euros. Si l’on prend les 40 % des salariés du milieu de la répartition (au-dessus des 30 % les moins bien payés et au-dessous des 30 % les mieux payés), on obtient des salaires nets compris entre 1 300 et 1 900 euros pour des temps complets. C’est à ce niveau que se situent les "classes moyennes" du point de vue des salaires. [...] il s’agit de données pour des temps pleins, dans le secteur privé. Si l’on intègre les salaires à temps partiel et les indemnités chômage, les revenus perçus par les actifs salariés sont très inférieurs."