mardi 31 mai 2011

Jour 1481

Un discours qui s’essouffle

Le Monde, 30 mai 2011 :

"Après Paris, c'est Marseille, deuxième plus grande ville de France, qui a annoncé son plan "1 000 caméras". La question est à l'ordre du jour du conseil municipal extraordinaire qui a lieu le 30 mai dans la cité phocéenne. De fait, les municipalités de toute taille, de la grande métropole jusqu'au village de zone rural, sont de plus en plus nombreuses à s'équiper en vidéosurveillance. Elles répondent en cela à une "priorité" de la politique de sécurité depuis 2007. Et pourtant, l'efficacité de cette technologie est tout sauf démontrée du point de vue scientifique. [...] Ensuite, l'évaluation scientifique ne se situe pas sur le terrain philosophique mais sur celui des faits. Elle cherche en l'espèce à répondre aux questions suivantes : la vidéoprotection est-elle une technique efficace de lutte contre la délinquance ? Est-elle un investissement rationnel au regard de l'évaluation d'autres outils de prévention et de répression ? Enfin, une évaluation scientifique repose sur des études de terrain, des observations longues et répétées de fonctionnements ordinaires des dispositifs, des comptages et des calculs précis, des comparaisons rigoureuses et une connaissance de la littérature scientifique internationale.

Tout cela se distingue des arguments des promoteurs politiques et financiers du système, qui utilisent des exemples spectaculaires mais isolés, des faits divers réels mais décontextualisés, des arguments d'autorité au lieu de démonstrations vérifiables et des calculs budgétaires qui "oublient" de compter le coût salarial. Pour toutes ces raisons, beaucoup d'élus et de citoyens seront sans doute surpris d'apprendre que, premièrement, la vidéoprotection n'a qu'un impact marginal sur la délinquance ; deuxièmement, qu'augmenter cet impact supposerait des moyens policiers supplémentaires alors qu'ils se réduisent ; troisièmement, que le coût réel du système "assèche" tellement les budgets de prévention de la délinquance que l'on doit conclure à un usage très contestable de l'argent public. Développons un peu.

1. La vidéoprotection ne surveille par définition que l'espace public et elle est installée dans les centres-villes. Elle n'a donc aucun impact sur les violences physiques et sexuelles les plus graves et les plus répétées qui surviennent dans la sphère privée. Elle n'en a pas davantage sur les atteintes aux personnes, moins sérieuses, survenant sur la voie publique et qui relèvent le plus souvent d'actes impulsifs (bagarres, rixes entre automobilistes, querelles de sortie de bar, etc.).

Elle n'a ensuite qu'un impact dissuasif marginal sur des infractions fréquentes comme les vols de voiture, les cambriolages de résidences principales ou secondaires, et même sur toute la petite délinquance de voie publique des centres-villes où elle est installée. En réalité, la vidéo permet surtout de repérer et d'identifier a posteriori les auteurs de rixes et d'attroupements sur la voie publique, de dégradations de biens publics ou privés sur la voie publique, enfin, et plus rarement, de vols avec violence, de vols à l'étalage, de braquages de commerces ou encore de petits trafics de stupéfiants.

Tout cela à condition que les caméras soient positionnées sur les lieux de ces délits au bon moment, ce qui est loin d'être le cas, puisque la plupart des caméras effectuent des "parcours" prédéfinis laissant des zones sans surveillance pendant plusieurs minutes.

En définitive, l'impact en termes de détection d'infractions autres que routières se situe entre 1 % et 2 % du total des infractions sur la voie publique traitées en une année par les services de police ou de gendarmerie sur le territoire de la municipalité concernée."

lundi 30 mai 2011

Jour 1480

Il y a les leaders et il y a la France

Le Figaro, 2011 :

"L'onde de choc de Fukushima continue de balayer l'Europe de l'énergie. Tandis que la Suisse vient d'annoncer sa sortie progressive du nucléaire, l'Allemagne précise les modalités de l'arrêt définitif de ses 17 réacteurs, ses 7 plus anciens étant mis déjà hors tension depuis la volte-face d'Angela Merkel. C'est le 6 juin que la coalition au pouvoir à Berlin doit présenter son projet de loi sur la date de la sortie du nucléaire. La commission d'éthique missionnée par la chancelière a donné son avis : l'Allemagne doit sortir du nucléaire d'ici à dix ans."

samedi 28 mai 2011

Jours 1478 & 1479

Une petite remarque

Une rubrique désintox de Libé qui fait plaisir à lire, le 27 mai 2011 :

"Mercredi, le député Guy Delcourt (Pas-de-Calais) a tenu à mettre le ministre [Claude Guéant] en face de ses responsabilités devant l’Assemblée nationale : «Pour justifier vos propos, vous vous appuyez sur le rapport 2010 du Haut Conseil à l’intégration. Or, rien dans le rapport ne valide votre statistique. Monsieur le ministre, vous livrez des enfants à la haine de certains Français. Monsieur Guéant, ou vous apportez la preuve indiscutable de vos propos, ou vous devez être poursuivi pour propos mensongers de nature à créer la discrimination et à inciter à la haine raciale.»"

Claude Guéant a bien compris le message d'Hitler sur les mensonges et les socialistes ont au moins une paire de couilles à leur actif.

vendredi 27 mai 2011

Jour 1477

Think tank ou fosse septique ?

Le Monde, 27 mai 2011 :

"Le message est lancé par l'Institut Thomas More, un "laboratoire d'idées" libéral qui vient de réaliser une analyse comparative de la dépense publique en France et en Allemagne.

"Rapporté à son produit intérieur brut (PIB), la France consomme 163 milliards d'euros de plus de dépenses publiques par an que l'Allemagne, avec 18 millions d'habitants de moins", indique l'étude, qui, s'appuyant sur des chiffres datant d'avant la crise, souligne que l'Etat allemand ne rend pas pour autant "à ses concitoyens un service significativement moins bon" que celui délivré par l'Etat français.

[...]

Dans ce dernier domaine, le laboratoire d'idées estime possible des économies d'un peu plus de 10 milliards d'euros. Comment ? En se rapprochant des "standards allemands" en ce qui concerne "les dépenses publiques par établissement" et "les effectifs par établissement". C'est-à-dire en réduisant le nombre d'établissements scolaires, dans le primaire et le secondaire."

jeudi 26 mai 2011

Jour 1476

Une société géniale

Le Monde, 26 mai 2011 :

"Les produits financiers complexes de la Société générale ont constitué l'un des placements favoris du régime du colonel Kadhafi qui a confié 1,8 milliard de dollars (1,27 milliard d'euros) de la rente pétrolière à l'établissement français par le truchement de la Libyan Investment Authority (LIA), le fonds souverain libyen. Si la Société générale a agi en toute légalité en vendant ces produits structurés, en revanche, après l'imposition de sanctions internationales au régime libyen début 2011, la banque française s'est bien gardée de reconnaître publiquement l'existence de ces placements opaques lui offrant des marges importantes."

mercredi 25 mai 2011

Jour 1475

A quoi servent vos malus ?

The Independent, 20 mai 2011 :

"It was meant to be the office party of a lifetime and the insurance reps made cryptic boasts about it in their in-house magazine for months afterwards.[...] Years of dedication shown by the company's top 100 male sales representatives was rewarded on the so-called "Incentive Trip" with the services of dozens of hired prostitutes and a handful of higher-class call girls who were reserved for "best reps" and board members."

mardi 24 mai 2011

Jour 1474

Ami, entends-tu...

Ligue des Droits de l'Homme, le 23 mai 2011 :

"Il y a un peu plus d’un an, un homme est venu ici. Il avait déjà amené, trois ans plus tôt, sur ce plateau des Glières, bien des micros et des caméras, pour transformer les morts en bulletins de vote. Mais l’année dernière il a fait pire encore : c’est à l’endroit précis où la barbarie nazie a massacré ceux des Glières qu’il a osé répéter, comme en 2009 à la Chapelle-en-Vercors, ce discours insupportable sur l’« identité nationale », aux relents vichyssois. C’est ici même qu’on l’a entendu prononcer des phrases telles que celle-ci : « un Français reconnaît d’instinct une pensée française »…

Et trois mois plus tard, à Grenoble, un autre discours ouvrit les yeux et les oreilles des plus inattentifs : haro sur les Roms accusés de délits qu’ils n’avaient pas commis, haro sur les Gens du voyage, sur les Français naturalisés, et bien entendu sur les immigrés et leurs descendants. Oui, c’est le président de la République française qui a, en juillet 2010, accrédité le vieux mensonge lepéniste « immigration = insécurité ».

Alors, puisque nous, nous revenons aux Glières non pour récupérer, pour déformer, pour trahir la mémoire de la Résistance, mais pour la faire vivre, souvenons-nous.

Rappelons-nous que sans le fichier anthropométrique des tsiganes et des Gens du voyage institué par une loi de 1912, il aurait été infiniment plus difficile de les rafler dans les années 1940 et de les expédier dans les camps de la mort. Car c’est en amont que se prépare ce qui rend possible, ensuite, l’innommable.

Rappelons-nous que quand un chroniqueur raciste, sur une télévision hélas « de service public », énonce comme une évidence que la plupart des trafiquants de drogue sont noirs ou arabes, comme en d’autres temps on soulignait lourdement que la plupart des banquiers seraient juifs, le terrain où pousse cette ignominie a été déblayé par le ministre Hortefeux qui trouvait que c’est quand il y a beaucoup d’Arabes que « cela commence à poser des problèmes »… et qui expliqua ensuite aussi que seuls les droitsdel’hommistes pouvaient plaindre les Gens du voyage puisqu’ils avaient de grosses voitures… Et à son tour monsieur Eric Zemmour déblaya le terrain pour le ministre Guéant qui énonça, lui aussi comme une évidence, que du fait de la présence d’immigrés même légaux « les Français ne se sentent plus chez eux ».

Oui, nous en sommes là. Sus au Noir, à l’Arabe, au Rom, au nomade, au « différent ». Mais ne nous y trompons pas : Neuilly-sur-Seine, commune où il y a le plus grand pourcentage d’étrangers de France, n’est pas perçue comme une « banlieue à problèmes », ses « quartiers » ne sont pas « sensibles » (seraient-ils plutôt insensibles ?), son ancien maire n’est pas présenté comme un « immigré de la deuxième génération ». Le banquier Laffitte disait il y a deux siècles : « Un idiot pauvre est un idiot, un idiot riche est un riche. » Dans la France de Nicolas Sarkozy, un Arabe pauvre est un immigré, un émir arabe est un investisseur… Derrière le racisme, aujourd’hui comme hier ou avant-hier, l’injustice sociale. Derrière l’ethnicisation du politique, le mépris de classe, toujours aussi éclatant.

Voilà pourquoi, à quelques mois de choix décisifs pour notre avenir, le programme du Conseil national de la Résistance est plus que jamais d’actualité. Non pas bien sûr que le monde de 2011 soit identique à celui de 1944. Mais parce que le racisme, la xénophobie, la « politique du pilori » et de la peur, la stigmatisation hier des « fainéants », aujourd’hui des « assistés », nous tendent toujours le même piège : détourner la colère sur les boucs émissaires, parler des « grosses voitures » des nomades pour faire oublier le yacht de Bolloré et le « Premier cercle » des milliardaires réunis par le trésorier Eric Woerth ; exciter la peur, la haine de l’autre pour accentuer la fragmentation sociale, pour diviser le peuple, pour conjurer ce rassemblement de citoyens porteurs de liberté, de progrès et de justice sociale dont nous sommes aujourd’hui le symbole.

Non, nous ne sommes pas dans les années 1940, mais cette époque où les députés de l’actuelle majorité font un triomphe à un Eric Zemmour fleure vraiment les remugles des années 1930. Comme alors, une crise sociale profonde et durable provoque l’inquiétude non seulement des plus pauvres, toujours plus exclus, mais aussi des couches moyennes face à la précarisation et au déclassement. « La faute aux Juifs » il y a quatre-vingt ans ; aujourd’hui, « la faute aux immigrés, aux Roms voleurs et aux jeunes de banlieue ».

Nous le savons bien, « ceux qui ont oublié leur histoire sont condamnés à la revivre ». Nous savons bien qu’on ne sort d’une telle crise sociale et démocratique qu’à gauche, par la solidarité et par l’égalité, ou à l’extrême droite, par le chacun pour soi, par la concurrence à outrance, par le rejet des « inadaptés » et des « inassimilables ». Alors, n’attendons pas que l’histoire se répète, fût-ce sous d’autres formes et dans un autre contexte.

Parce que nous n’avons pas oublié, nous savons tous ici que nous ne pourrons préserver nos libertés, la démocratie, l’égalité de tous les citoyens quelles que soient leurs origines ou leurs croyances, sans garantir réellement les droits sociaux à tous, sans faire reculer réellement les inégalités, le cynisme des « porteurs de Rolex à 50 ans », la précarité et la peur de l’avenir pour tous les autres. Les droits sont indivisibles, l’égalité l’est elle aussi.

De même qu’en 1944 la Libération n’était pas seulement libération du nazisme et de Vichy, mais aussi libération de la misère et de l’injustice, de même aujourd’hui la lutte contre le racisme, contre la haine xénophobe, contre les idées contagieuses de l’extrême droite, cette lutte ne peut aboutir, ne peut devenir l’affaire du plus grand nombre que si elle est aussi, d’un même mouvement, la lutte contre la marchandisation universelle, contre la précarisation universelle, contre la compétition sans limites de tous contre tous.

Tel est le sens du Pacte pour les droits et la citoyenneté que cinquante organisations associatives et syndicales ont signé sur la proposition de la Ligue des droits de l’Homme, un Pacte qui lie, exactement comme le fait l’Appel de Thorens-Glières lancé hier, défense des libertés et reconstitution des services publics, démocratisation des institutions et respect des droits des étrangers, garantie des droits sociaux et avenir de la fraternité.

Et tout cela, nous allons le dire haut et fort le 14 juillet prochain, à la Bastille et dans de nombreuses villes de province, pour appeler, là aussi avec des dizaines d’organisations de la « société civile », à retrouver cette République « libre, égale et fraternelle » qui est la nôtre. C’est ainsi, chers amis et – car « c’est un joli nom » – chers camarades, que nous restons fidèles à ce que nous répétait chaque jour Lucie Aubrac, membre d’honneur du Comité central de la LDH : « N’oubliez jamais que résister se conjugue au présent. » Sans nous prendre, bien sûr, pour plus que ce que nous sommes, mais comme le dit très bien Robert Guédiguian lorsqu’il présente son superbe film L’Armée du crime : « Ne vous demandez pas ce que vous auriez fait à leur place, demandez-vous ce qu’ils feraient à la vôtre. »

Ici, aux Glières, aujourd’hui, ce n’est pas trop difficile de le savoir ! Quand nous entendons la force de l’engagement qui anime toujours ceux de la Résistance, quand nous sentons à quel point ils n’ont jamais renoncé à « s’indigner », nous ne pouvons pas hésiter un instant sur la route à suivre, celle qui pourra faire revenir « les jours heureux ». Car pour suivre Stéphane Hessel dans son goût de la poésie d’Hölderlin, nous n’oublierons pas ce viatique : « Là où croit le danger, croît aussi ce qui sauve »…

Chaque année, nous revenons ici plus nombreux. Que ce mouvement s’amplifie encore, que l’Appel de Thorens-Glières trouve demain tout l’écho qu’il mérite, et alors, j’en suis sûr, amis et camarades : « Les mauvais jours finiront ! »"

lundi 23 mai 2011

Jour 1473

Ménage de printemps

Le Monde, le 23 mai 2011 :

"Alors que Pôle emploi se trouve 'dans une situation financière complexe et difficile', le directeur général de l'établissement, Christian Charpy a estimé dans un entretien au quotidien économique les Echos, que les contrôles de recherche d'emploi aboutissent à 'environ deux mille radiations' des listes de demandeurs d'emploi par mois.

Ce système de radiation, mis en place en 2008, avait notamment créé l'ORE (offre raisonnable d'emploi), c'est-à-dire une offre qui se situe dans un périmètre de 30 km autour du domicile du demandeur et qui correspond globalement à ses qualifications. Le refus de deux ORE, mais aussi le refus de formation et le refus d'emploi conduisent désormais à une radiation des listes de demandeurs d'emploi.

[...]

Pôle emploi, créé il y a deux ans seulement, affiche déjà un déficit important. En 2010, "nous avons été en perte de 23 millions d'euros, hors provisions exceptionnelles constituées pour les congés des salariés", a affirmé Christian Charpy. L'établissement souhaite baisser de 8 % ses charges de fonctionnement en 2011, "et d'autant en 2012" a-t-il précisé. Une rigueur qui risque de provoquer la colère des syndicats, qui avaient déjà manifesté fin 2009 contre la baisse prévue des effectifs."

samedi 21 mai 2011

Jours 1471 & 1472

Internet fait peur au nain

Bug Brother, le 21 mai 2011, un excellent billet que je vous recommande (comme toujours) en totalité :

"La France aurait pu s’enorgueillir d’être le premier pays à avoir inscrit l’internet à l’agenda d’un G8. Mieux : la France aurait également pu prendre la tête d’une coalition internationale prenant expressément fait et cause pour la défense des libertés sur l’internet, et le soutien aux cyberdissidents qui luttent, sur le Net, pour la démocratisation de leurs pays et dictatures. Et ce, au moment même où le Printemps arabe, notamment, en démontre l’importance, et l’urgence. Au lieu de cela, Nicolas Sarkozy a délibérément décidé d’écarter les questions de droits de l’homme de son eG8."

vendredi 20 mai 2011

Jour 1470

Ce n'est que du nucléaire

Le Monde, 19 mai 2011 :

"L'usine de retraitement des déchets nucléaires d'Areva à Beaumont-Hague (Manche) a sous-estimé la gravité de plusieurs incidents intervenus sur le site en 2010, a indiqué jeudi 19 mai l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). [...] L'ASN est ainsi intervenue "à plusieurs reprises auprès de l'établissement pour exiger la déclaration en tant qu'événement significatif d'écarts internes ou pour modifier le niveau de classement proposé par Areva". "Il n'est pas normal que pour environ un quart d'entre eux, l'ASN soit quasiment obligée de se fâcher pour obtenir une déclaration", a déclaré Eric Zelnio, qui suit l'usine à l'ASN lors d'une conférence de presse à Caen. L'Autorité regrette d'avoir "découvert" certains événements au cours d'inspections."

jeudi 19 mai 2011

Jour 1469

Dites ce que je dis... euh faites ce que je dis pas... Oh et puis merde

Le Figaro, dépêche AFP du 19 mai 2011 :

"Le président Nicolas Sarkozy a demandé aux gendarmes et aux policiers d'avoir un comportement "exemplaire" et de "ne pas tutoyer" les personnes à qui elles avaient affaire, jeudi lors d'un déplacement dans le Var.

[...]

"Pas de familiarité, on ne tutoie pas", a-t-il insisté.

Selon le chef de l'Etat, "ce ne sont pas des détails. Si on veut être respecté des gens, il faut avoir un comportement respectueux""

Comme dans "Casse-toi pauvre con ?"

mercredi 18 mai 2011

Jour 1468

Seb, c'est bien

Le Monde, 17 mai 2011 :

"Les actionnaires du groupe de petit électroménager Seb ont rejeté, mardi 17 mai, deux résolutions qui autorisaient le groupe à verser en 2011 des stock-options ainsi que des actions gratuites à leur dirigeants.

Lors d'une assemblée générale extraordinaire à Paris, les actionnaires ont rejeté à plus de 40 % la onzième résolution qui permettait au conseil d'administration d'"attribuer à ses collaborateurs et aux mandataires sociaux du groupe des options d'achat d'actions" sous certaines conditions.

[...]

Les actionnaires de Seb ont également rejeté la douzième résolution qui permet à la société d'attribuer "des actions de performance à des collaborateurs et au mandataire social" sous certaines conditions. Le principal actionnaire de Seb, le holding familial Fédéractive, avait décidé de rejeter les résolutions sur les rémunérations, contestant notamment celle du PDG du groupe, la jugeant trop élevée.

"Nous n'avons absolument aucune divergence sur la stratégie. En revanche, nous souhaitons plus d'équité en matière de rémunération", avait expliqué aux Echos Philippe Girardot, président de Fédéractive, holding qui réunit la majorité des héritiers et détient 31 % des droits de vote de Seb."

mardi 17 mai 2011

Jour 1467

Les affaires continuent

Le Monde Diplomatique, 13 mai 2011 :

"Le Fonds monétaire international (FMI) vient de l’admettre : « Près de quatre ans après le début de la crise financière, la confiance dans la stabilité du système bancaire global doit toujours être entièrement restaurée. » Mais ce que le président de la Réserve fédérale américaine, M. Ben Bernanke, qualifie de « pire crise financière de l’histoire mondiale, Grande Dépression [de 1929] comprise) », n’a entraîné aucune sanction pénale aux Etats-Unis. Goldman Sachs, Morgan Stanley, JP Morgan avaient misé sur l’effondrement des placements à risque qu’ils recommandaient avec empressement à leurs clients... Ils s’en tirent au pis avec des amendes, plus souvent avec des bonus. [...] Ainsi, ce qui aurait dû être « la crise de trop » a été une crise pour rien. M. Andrew Cheng, principal conseiller de la Commission de régulation bancaire chinoise, suggère que cette passivité tient à un « problème de capture » des Etats par leur système financier. Autant dire que les responsables politiques se comportent trop souvent comme des marionnettes avant tout soucieuses de ne pas déranger le festin des banquiers."

lundi 16 mai 2011

Jour 1466

Impôts (suite)

Les Echos, le 12 mai 2011 :

"Tout cela conduit à un paradoxe relevé récemment par l'économiste Thomas Piketty : le taux moyen d'imposition sur le revenu diminue au sommet de la pyramide. Il culmine à 20,5 % pour les 0,1 % de contribuables déclarant les revenus les plus élevés, mais diminue ensuite à 17,5 % pour les 0,01 % (3.523 personnes) les plus aisés et à 15 % pour les derniers 0,001 %."

dimanche 15 mai 2011

Jours 1464 & 1465

Le blog C'est classe ! de Libération, le 15 mai 2011 :

"Et voilà le dispositif Eclair étendu à la rentrée malgré le tollé. Les syndicats crient à la remise en cause du service public, avec des profs désormais choisis par le chef d'établissement, des programmes nationaux plus ou moins suivis et une remise en cause du statut des enseignants.

L'idée a surgi lors des Etats généraux sur la sécurité à l'école organisés à Paris les 7 et 8 avril 2010. Pour le ministre de l'Education Luc Chatel, il s'agit d'inventer quelque chose de nouveau pour les établissements les plus exposés à la violence.

Le dispositif qu'il détaille alors est baptisé Clair (Collèges et lycées pour l'ambition, l'innovation et la réussite). Ses principales novations sont: des profs recrutés sur profil par le chef d'établissement, un "préfet des études" par niveau, essentiellement chargé de la vie scolaire, un encouragement aux expérimentations pédagogiques, une liberté d'adapter les programmes, etc.
A la rentrée 2010, 105 établissements - essentiellement des collèges et des lycées professionnels - entrent dans le programme Clair, issus des dix académies "les plus exposées aux faits de violences".

Cela a beau n'être qu'une expérimentation, d'emblée les syndicats se méfient. Ces temps-ci, le ministère a tendance à beaucoup expérimenter. Puis il évalue, parfois au bout d'à peine quelques mois comme pour Clair, et il généralise, sans demander l'avis de personne.

C'est ce qui est arrivé. En janvier 2011, Luc Chatel annonce que le dispositif "a vocation" à être étendu aux 254 établissements RAR (réseau ambition réussite), les Zep les plus en difficultés. Il est alors rebaptisé Eclair (Ecoles, collèges et lycées pour l'ambition...), les écoles étant dans les RAR.

A la rentrée 2011, le programme Eclair sera donc lancé. Certains établissements apprennent ces jours-ci qu'ils vont le rejoindre. "La plupart des enseignants, nous sommes contre. Sans doute est-ce pour cela qu'on nous l'a annoncé si tard. Car il est difficile de se mobiliser maintenant et de faire bouger les parents, explique un prof de Montreuil (Seine Saint Denis) dont le collège a été classé Zep, Rep, puis RAR et maintenant Eclair. Du coup, 80% des enseignants du collège demandent des mutations."

Pratiquement tous les syndicats sont contre - dès le 14 décembre 2010, une intersyndicale a demandé le retrait du dispositif. Ils se retrouvent sur deux grandes critiques:

- avec Eclair, le ministère procède à une refonte de l'éducation prioritaire, sans consulter les partentaires sociaux ni faire de bilan,

- il ouvre aussi la voie à une déréglementation, notamment du statut des enseignants. Les profs volontaires pour Eclair s'engagent par exemple pour 5 ans, et ont ensuite priorité pour le choix de leur affectation.

Sur le terrain, le dispositif rencontre pas mal de résistances. Les candidats au poste de préfet des études - plutôt destiné aux CPE - ne se bousculent pas. De nombreux conseils d'administration d'établissements votent contre l'entrée dans le dispositif. Dans l'académie d'Aix-Marseille très mobilisée, selon le Snes, 85% des personnels concernés y seraient hostiles.

Dernier en date, le Snalc vient d'annoncer dans un communiqué qu'il déposait un préavis de grève reconductible à partir de ce lundi, afin de "permettre aux personnes concernées de mener des actions pour obtenir l'abandon du projet".

Pour le Snalc, le dispositif Eclair "hypothèque la liberté pédagogique des professeurs, en renforçant le rôle du conseil pédagogique, en créant un échelon hiérarchique intermédiaire via le préfet des études et en soumettant le recrutement des personnels à l’avis du chef d’établissement". C'est aussi "une atteinte sans précédents au cadrage national de l’enseignement et au statut des professeurs". Enfin, le syndicat pointe le risque d'"accroître les disparités d’accès au savoir (...) par l’adaptation locale des contenus d’enseignement".


Certains y verront une nouvelle preuve d'"immobilisme" des enseignants - "il ne faut pas avoir peur du changement", avait lancé Nicolas Sarkozy le 14 avril, visitant l'ERS (établissement de réinsertion scolaire) de Bagnères-de-Luchon. Pour les protestataires, c'est une nouvelle preuve que l'on veut changer l'école en profondeur, et sans consulter."

vendredi 13 mai 2011

Jour 1463

Il ment encore (et toujours)

Libération, le 13 mai 2011 :

"Jean-François Copé a diffusé ces derniers jours un argumentaire en forme de comparatif des bilans de François Mitterrand et de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Cette comparaison souvent baroque - qui fait abstraction sans aucune gêne des contextes économiques totalement différents - porte notamment sur l’évolution du taux de prélèvements obligatoires pendant les mandats respectifs des deux présidents de la République. François Mitterrand est ainsi accusé d’avoir fait progresser ces derniers de 2 points quand Nicolas Sarkozy peut s’enorgueillir, selon l’UMP, d’une «baisse de 1,3 point entre 2007 et 2010».

DESINTOX

La baisse du taux de prélèvements obligatoires (TPO) a toujours été une marotte de campagne de Nicolas Sarkozy. Quitte à parler de bilan, l’UMP aurait pu d’ailleurs rappeler que le candidat Sarkozy s’était engagé à faire baisser ce taux (qui traduit le rapport des impôts et des cotisations sociales sur le produit intérieur brut) de 4 points en dix ans. On ne peut pas dire qu’on en prend le chemin. En 2007, le taux de prélèvements obligatoires était de 43,3 % du PIB. Il est tombé à 42,8 % en 2008, et à 41,6 % du PIB en 2009 avant de remonter à 42,2 % en 2010. La baisse est donc de 1,1 point, un peu inférieure à ce qu’avance l’UMP dans son tract.

Mais ce n’est pas l’essentiel. Le vrai problème est que le Président, comme le gouvernement, n’a que peu de raison de s’en vanter : la baisse du taux de prélèvements obligatoire sur la période est majoritairement imputable à la crise financière, qui a plombé les recettes fiscales françaises. Prenons l’exemple de 2009, année où la baisse a été historique (-1,2 point).

Ce plongeon s’explique marginalement par certaines mesures politiques (baisse de la TVA sur la restauration, entrée en vigueur de la loi Tepa), mais surtout par la violente contraction des recettes fiscales, notamment au titre de l’impôt sur les sociétés (21 milliards seulement perçus contre près de 50 milliards en 2008) du fait des résultats dégradés des entreprises et des mesures d’urgence prises pour soulager leur trésorerie.

D’autres mesures du plan de relance sont aussi venues tirer le TPO vers le bas. Ainsi, la suppression - pour une année - des deux tiers provisionnels au titre de l’impôt sur le revenu. En clair, la baisse a surtout été conjoncturelle. La preuve en est que, logiquement, l’effet s’est inversé depuis 2010 avec la fin de la crise et le semblant de reprise économique : les recettes fiscales revenant, le TPO remonte mécaniquement. De 41,6 en 2009, il est passé à 42,2 % en 2010 (les recettes au titre de l’impôt sur les sociétés ont cette année-là progressé de 13 milliards d’euros). Selon les projections de Bercy, le TPO dépassera les 43 % en 2011 (43,1 %). Il sera alors presque au niveau de 2007.

Et ce n’est pas fini. Le programme de stabilité 2011-2014, envoyé à Bruxelles, est riche d’enseignements sur cette question. Ce document, qui fait office de feuille de route des finances publiques, indique que la hausse se poursuivra jusqu’à 2014. Dès 2012, le TPO devrait ainsi s’établir à 43,4 %, soit un niveau plus haut qu’en 2007. Par la suite, peut-on lire, «le taux de prélèvements obligatoires continuerait à augmenter jusqu’en 2013 et se stabiliserait ensuite en 2014, s’établissant à 43,9 % du PIB». Les deux causes principales sont «la poursuite du rattrapage spontané des recettes en sortie de crise», mais aussi des mesures nouvelles, essentiellement les «réductions de dépenses fiscales et de niches sociales programmées sur la période». Des hausses d’impôts qui ne disent pas leur nom. Il est loin, le temps de la baisse des prélèvements obligatoires."

jeudi 12 mai 2011

Jour 1462

Un espace rétrécit

Le Figaro, 12 mai 2011 :

"Pour la France, l'heure est à la pédagogie. Jeudi à Bruxelles, les ministres européens de l'Intérieur ont approuvé l'idée d'un rétablissement provisoire des contrôles aux frontières internes, dans le cas exceptionnel d'un afflux migratoire massif. Les détails restent à définir. Mais c'est une victoire symbolique pour Paris"

mercredi 11 mai 2011

Jour 1461

Sans consentement

Le Monde, 11 mai 2011 :

"Pour quelles raisons vous opposez-vous aux soins en ambulatoire sans consentement qui, a priori, semblent poursuivre le mouvement de désinstitutionnalisation entamé à la fin des années 1960, et qui, de fait, existent déjà sous la forme des sorties d'essai ?

Angelo Poli : Le projet de loi sur les soins psychiatriques actuellement débattu au Sénat est critiqué par les magistrats et par les psychiatres. Sur ce point, mais pas seulement.

Effectivement, comme vous le dites, les sorties d'essai existent et lorsque l'on se contente de lire le texte au premier degré, on peut avoir l'impression que les soins ambulatoires sans consentement sont au fond une nouvelle manière de formuler les sorties d'essai.

Le problème, c'est qu'effectivement, à un deuxième degré, les psychiatres et les magistrats s'interrogent sur le rôle que l'on veut leur faire jouer. En effet, rappelons que cette réforme de la loi de 1990 devait se faire dans les cinq ans. Il y a eu plusieurs groupes de travail qui ont fait des propositions, mais il y avait déjà eu une première tentative en 2007 d'introduire la réforme de la loi de 1990 dans un texte émanant du ministère de l'intérieur qui avait attiré l'opposition de l'ensemble des professionnels.

Entre-temps aussi, il y a eu le discours du président de la République à Antony, le 2 décembre 2008, qui a insisté sur l'aspect sécuritaire qu'il souhaitait donner à ce texte. Entre-temps également, il y a eu une circulaire du 6 janvier 2010, cosignée ministère de l'intérieur-ministère de la santé, qui donnait pouvoir aux préfets de s'opposer aux sorties d'essai.

Ce qui fait qu'aujourd'hui, les professionnels – il s'agit donc d'une lecture au deuxième degré du texte – redoutent que ce qui était quelque chose d'exceptionnel, une sortie d'essai, devienne quelque chose de banal et de banalisé à travers les soins ambulatoires sans consentement, que cela devienne une règle, et que cela nous amène à devenir des contrôleurs sociaux.

Marion : Que recouvre concrètement cette nouvelle procédure de "soins sans consentement" ? Pourquoi se distingue-t-elle de "la sortie d'essai" ?

Rappelons que lorsque quelqu'un va mal, présente une pathologie mentale aiguë, il est hospitalisé sous contrainte. Ce qui veut dire que le psychiatre et l'équipe soignante ont la possibilité d'obliger le patient à recevoir un traitement.

Lorsqu'il va mieux, lorsqu'il est stabilisé et a mieux compris ses difficultés, on peut utiliser une possibilité, la sortie d'essai : il va pouvoir aller à son domicile, dans sa famille, pour quelques jours, mais reste sous la responsabilité de l'hôpital.

Quand il s'agit d'une hospitalisation sur demande d'un tiers (HDT), cette sortie d'essai se fait simplement sur proposition du médecin traitant. Lorsqu'il s'agit d'une hospitalition d'office (HO), le médecin traitant fait une demande au préfet, qui accepte ou n'accepte pas cette sortie d'essai et précise la durée de celle-ci. L'usage jusqu'à il y a deux ans était que pratiquement à 99 %, les préfets suivaient les propositions des médecins.

Depuis dix-huit mois environ, il y a beaucoup plus de difficultés à obtenir des sorties d'essai, car le préfet sent sa responsabilité engagée, rappelée par le président de la République, et nous demande des garanties.

Les soins ambulatoires sans consentement auraient pu être une prise en charge qui se fasse sans passer par l'hospitalisation, le but étant de contraindre un malade à prendre un traitement et à accepter un suivi.

Le choix du gouvernement a été de passer systématiquement par au minimum une période d'hospitalisation de 72 heures, au terme de laquelle peuvent être mis en place des soins ambulatoires sans consentement.

La différence fondamentale entre les deux systèmes est que la sortie d'essai permettait de vérifier que le patient allait effectivement mieux dans son milieu familial. Les soins ambulatoires sans consentement sont plutôt un engagement de l'équipe soignante à faire que le patient reste stable pendant longtemps. Or le but des soignants est effectivement de sortir du système de contrainte, pour passer à celui de convaincre le patient, où l'on prend le temps d'entrer en relation avec celui-ci, de créer une relation de confiance avec lui, pour l'amener à accepter l'idée qu'il est effectivement malade, qu'il a besoin d'un traitement et d'un suivi, d'un accompagnement.

La différence fondamentale est donc que pour nous, les sorties d'essai étaient quelque chose de provisoire – le temps d'arriver à construire quelque chose avec le patient – et nous redoutons que les soins ambulatoires sans consentement soient quelque chose de durable, dans la mesure où il y aura, entre le médecin et son patient, un tiers qui sera le préfet et/ou le juge.

Ces derniers auront le droit, chacun de leur côté, de dire : nous estimons que cette personne a encore besoin de soins sans consentement.

Franck : Je suis en sortie d'essai depuis maintenant quatre ans. Que puis-je espérer ou regretter de cette loi ?

Vous devez être considéré par votre médecin traitant comme encore fragile. La loi ne changera rien pour vous. On vous annonce dans ce texte que vous pouvez avoir recours au juge, mais cette procédure existait déjà dans le texte antérieur. Même si elle est davantage marquée cette fois-ci.

Thomas : Pouvez-vous nous détailler les autres éléments qui, dans le projet de loi sur les soins psychiatriques débattu actuellement au Sénat, vous inquiètent le plus ?

Il faut d'abord rappeler que le projet de réforme fait suite à la loi de 1990, qui elle-même réformait la loi du 30 juin 1838. Ce que nous attendions du texte au fond, c'était : à l'époque de la loi de 1990, ce qui était redouté était l'internement arbitraire. D'où l'introduction pour pouvoir être hospitalisé, de la nécessité de deux certificats. Nous attendions de la réforme actuelle qu'elle supprime ce deuxième certificat, dont les études montrent qu'il n'a pas d'intérêt.

Le deuxième élément que nous attendions, c'était le remplacement du trouble à l'ordre public par une formulation du style "mise en danger d'autrui". Les autres éléments étaient de savoir s'il fallait rester avec comme interlocuteur le préfet, comme depuis 1838, ou le juge, comme c'est le cas dans la plupart des pays européens.

Nous attendions aussi de ce texte qu'il redéfinisse les missions de la psychiatrie publique, et donc qu'il évoque les moyens nécessaires à ces missions.

Ce qui pose problème dans ce projet, c'est d'abord la regrettable absence de concertation, et l'urgence actuelle.

L'autre point, c'est ce que nous ressentons comme un almagame entre malades mentaux et délinquants en puissance, qui se révèle dans le fait que dans ce texte est repérée une catégorie particulière de patients considérés comme dangereux : les patients d'UMD (unités pour malades difficiles), ceux sortant de prison étant jugés non responsables de leurs actes.

On a l'impression que dans ce texte, le but est qu'il n'y ait plus de drames liés aux malades mentaux. Or nous n'arrêtons pas de le répéter : le risque zéro n'existe pas. Donc toutes les procédures mises en place dans ce texte, dans notre perception, visent à faciliter l'entrée – ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose –, mais visent aussi à compliquer le processus de sortie.

Or une loi nouvelle devrait toujours tendre à simplifier et clarifier les règles, poser des principes, tout en veillant à leur applicabilité par les professionnels et à leur compréhension par le citoyen. Le présent projet est loin de cet objectif.

Marlène : Quelle solution préconisez vous aujourd'hui pour protéger les malades mentaux, à la fois face à l'institution judiciaire et face à l'institution psychiatrique ?

Je suis surpris de la formulation de la question, car notre but, que ce soit les soignants ou les magistrats, est plutôt d'aider les personnes en souffrance. Il n'y a donc pas de raison de les protéger des soignants et des magistrats.

Il faut rappeler que le but des psychiatres est d'abord de soigner une personne qui n'a pas conscience de ses difficultés, de l'aider à prendre conscience de son problème et de voir avec elle quels moyens sont nécessaires et possibles pour qu'elle puisse vivre mieux dans la société.

Nous avons donc un rôle thérapeutique à double titre : d'une part, en proposant un traitement médicamenteux, et d'autre part, en proposant un suivi psychothérapeutique.

Nous avons aussi une mission éducative vis-à-vis du patient pour lui rappeler que dans la société, il y a des règles qu'il doit respecter s'il veut vivre à sa manière.

Notre souhait est que l'on fasse confiance aux soignants, qui essaient de faire ce travail de leur mieux. Et dans ces conditions, nous essayons de limiter au minimum nécessaire l'hospitalisation sans consentement, les soins ambulatoires sans consentement afin d'aboutir à ce but : que la personne puisse retrouver une place pleine et entière dans la société, donc au milieu des autres.

Marie : Le virage sécuritaire n'a-t-il pas été entamé depuis longtemps dans le domaine de la psychiatrie ?

La logique sécuritaire a, d'une certaine manière, toujours existé en psychiatrie, puisque ce sont les fondements de la psychiatrie publique. Nous avons, nous, psychiatres, une mission de garants du bon fonctionnement social des personnes.

Au sens où, dans les personnes présentant des troubles, il est reconnu depuis 1838 qu'il y a des malades et que ceux-ci doivent être traités non pas en fonction de leurs actes, mais en fonction de leur maladie.

Donc tous les psychiatres publics ont le souci que les personnes qui sortent de l'hôpital soient en capacité de vivre dans la société sans poser de problème à eux-mêmes, aux autres et à la société.

Simplement, jusqu'à présent, c'était notre expertise qui faisait foi et qui était attestée par des certificats que nous adressions aux préfets, qui suivaient notre avis en se positionnant davantage sur la forme que sur le fond. Et quand il y avait un questionnement, il y avait un dialogue entre la préfecture et le médecin traitant.

Ce dialogue permettait d'aboutir à la meilleure solution pour tous.

C'est la rupture de ce dialogue et la méfiance vis-à-vis des soignants qui nous font entrer dans cette logique sécuritaire.

Doudi : Quels sont les moyens des préfets pour faire pression sur vous, les professionnels de la psychiatrie ?

Dominique : Quels éléments sont fournis au préfet lors de la demande ?

Les préfets peuvent intervenir uniquement sur les hospitalisations d'office. Nous les informons régulièrement de l'évolution de l'état de santé du patient, et lorsque celui-ci va mieux, nous proposons aux préfets soit la levée de l'hospitalisation d'office, la poursuite des soins en libre, soit la sortie d'essai. Ce qui a changé, c'est qu'effectivement, aujourd'hui, le préfet nous demande de plus en plus d'information sur : le lieu où va le patient, les liens qui le lient à la personne chez qui il va, les conditions de prise en charge à la sortie. Au fond, il nous demande d'engager notre responsabilité sur le fait que le patient ne posera plus de problème. Ce qui nous pose problème...

Donc il existe une possibilité pour le préfet de refuser nos demandes lorsqu'il estime ne pas avoir suffisamment de garanties.

Dom : Comment faire prendre un traitement par voie orale sans consentement ? Le texte ne fait-il référence qu'à des traitements injectables sous contrainte ?

Lorsque le patient est hospitalisé, la plupart du temps, il est opposé – puisqu'il ne se reconnaît pas malade – à prendre un traitement. Il est donc souvent nécessaire d'utiliser des traitements injectables.

Notre but est très vite de passer à une forme orale et journalière de médicaments. Nous avons à notre disposition des traitements dits "retard" qui se font tous les quinze jours ou tous les mois, que nous proposons à nos patients soit quand ils nous le demandent par commodité – ils ont peur d'oublier leur traitement journalier –, soit parce que, en accord avec eux, nous savons que le patient, au bout d'un moment, va interrompre ce traitement oral.

Bien évidemment, cette pratique se fait avec l'accord du patient. L'idée du législateur, qui n'est pas écrite dans le texte, est peut-être de nous inciter à avoir recours plus souvent aux traitements dits "neuroleptiques retard" en espérant qu'à travers cette prise en charge, cela réduira les troubles du comportement de ces personnes.

Le risque pour nous est que le préfet nous "suggère" de mettre en place un traitement retard pour donner son accord à une sortie.

Bien évidemment, il ne nous est pas possible d'imposer à un patient qui refuserait de venir nous voir, qui déciderait d'interrompre les soins, la prise d'un traitement si c'est par choix, sans qu'il y ait rechute. Après tout, une personne peut choisir de vivre de manière originale, même si c'est peut-être marginal, mais je ne vois pas à quel titre les psychiatres devraient lui imposer un traitement au prétexte de cette originalité de vie.

Donc il est difficile d'imposer un traitement à quelqu'un qui ne collabore pas à son soin.

Marlène : Quelles dispositions manquent à cette loi ?

Plus que "quelles dispositions", je pense que ce qui manque est surtout un véritable temps de réflexion et de concertation. Il est nécessaire que les professionnels du soin, les magistrats et les politiques, y compris les maires, réfléchissent ensemble pour aboutir à un texte de compromis qui ne prête pas le flanc aux interprétations et aux procès d'intention.

Par exemple, une proposition serait de faire disparaître la notion de "trouble à l'ordre public" et de la remplacer par le risque de mise en danger d'autrui, ce qui amènerait probablement à ce qu'il n'y ait plus qu'une seule forme d'hospitalisation sous contrainte au lieu de deux actuellement.

Ce qui améliorerait le texte aussi, c'est qu'il n'y ait qu'un seul interlocuteur, soit le juge, d'après le Conseil constitutionnel. Et enfin, il serait important de redéfinir les missions de la psychiatrie publique, de garantir le mode d'organisation français de la psychiatrie publique, le secteur, qui est la base même du travail de proximité et de continuité de la prise en charge.

Il faudrait aussi mettre les moyens nécessaires à ces missions, car on demande beaucoup à la psychiatrie publique, on lui demande d'intervenir sur de multiples lieux et dans de multiples situations, alors que nos moyens ont été réduits très largement. Même s'il y a eu une petite amélioration à travers le dernier plan "santé mentale", qui a surtout permis un rattrapage plus qu'une véritable amélioration des moyens."

mardi 10 mai 2011

Jour 1460

Flashball musette

Libération, le 7 mai 2011 :

"La Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) vient d’émettre deux nouveaux avis très critiques sur l’usage du flashball par les forces de sécurité, dont un préconise des poursuites disciplinaires contre un policier.

Révélés dans l’édition du Monde datée de dimanche-lundi et consultés par l’AFP, ces avis n’ont pas été publiés par la CNDS mais transmis à une parlementaire qui l’avait saisie en juillet 2009, Delphine Batho, députée PS des Deux-Sèvres.

L’un concerne les circonstances dans lesquelles un jeune a été blessé à la tête le 1er mai 2009 à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), l’autre une manifestation à Toulouse le 19 mars 2009, au cours de laquelle un jeune avait été blessé à un oeil.

A propos de Neuilly-sur-Marne, la commission estime que «la situation était sereine à l’arrivée des premiers fonctionnaires de police», intervenus à la suite du déclenchement d’une alarme et qui s’étaient trouvés face à un «nombre important de personnes, notamment des jeunes».

Selon des témoignages, «les jets de projectiles (provenant du groupe de jeunes) ont fait suite au premier tir de flashball, contrairement à ce que soutiennent les policiers», indique l’avis.

Tout en admettant que le gardien de la paix auteur du tir «ait pu se sentir en situation de vulnérabilité», la CNDS estime que «l’usage d’un flashball, arme qui a déjà montré sa dangerosité et qui en l’espèce a causé une blessure grave (à un jeune homme, qui ne) manifestait pas d’agressivité à l’égard des fonctionnaires de police, était disproportionné».

La Commission considère en outre que le procès-verbal établi par le policier contenait des «informations mensongères», le gardien de la paix ayant manifestement tenté de justifier d’un état de «légitime défense».

Pour ces raisons, la commission recommande que le fonctionnaire «fasse l’objet de poursuites disciplinaires».

Concernant Toulouse, la commission n’a pu établir avec certitude que la blessure était imputable à un tir de flashball. Elle réitère néanmoins les fortes réserves déjà formulées quant à l’usage de telles armes, «compte tenu de (leur) imprécision», et recommande de ne pas les utiliser «lors de manifestations sur la voie publique».

Depuis sa création en 2000, la CNDS a été saisie une dizaine de fois d’affaires liées à l’usage par la police de lanceurs de balles de défense. La commission a cessé d’exister en tant qu’entité autonome fin avril, pour être intégrée dans le «Défenseur des droits»."

lundi 9 mai 2011

Jour 1459

Démago

Le Monde, 8 mai 2011 :

"Laurent Wauquiez, a indiqué dimanche 8 mai au cours de l'émission BFM TV 2012-Le Point-RMC que son groupe "la Droite sociale" déposerait "dans les 10 jours" à l'Assemblée une proposition de loi pour contraindre les bénéficiaires du RSA à "assumer" cinq heures hebdomadaires de "service social". [...] Dénonçant les "dérives de l'assistanat", qu'il qualifie de "cancer de la société française", il a émis l'hypothèse "de plafonner le cumul de tous les minima sociaux à 75 % du Smic, pas plus"."

dimanche 8 mai 2011

Jours 1457 & 1458

Bon 8 mai

Lu sur Yahoo, le 8 mai 2011 :

"Qualifiant d''insulte' la politique du chef de l'Etat, un homme qui perturbait un discours de Nicolas Sarkozy dimanche 8 mai à Port-Louis, près de Lorient, a été évacué par son service d'ordre. Alors que le chef de l'Etat venait de commencer son discours à l'occasion du 66e anniversaire de la victoire des Alliés, le 8 mai 1945, et de la fin de la seconde guerre mondiale, cet homme a lancé d'une voix forte : 'votre politique est une insulte, c'est la mort de la liberté, de l'égalité et de la fraternité !'." [...] Selon l'Elysée, le fauteur de trouble est un conseiller municipal communiste de la ville voisine de Lanester, Vladimir Bizet-Sefani, également militant CGT."

vendredi 6 mai 2011

Jour 1456

De la Justice en dictature

Syndicat de la Magistrature, le 29 avril 2011 :

"Ce quinquennat nous aura décidément habitués aux réformes inspirées par une volonté présidentielle qui ne peut souffrir de délais, singulièrement dans le domaine de la justice. L’urgence avec laquelle il faut, chaque année ou presque, ajouter une nouvelle couche au mille-feuille pénal peut difficilement convaincre qu’il s’agit de donner corps à des orientations mûrement réfléchies. Pour un Président qui ne conçoit l’adaptation de la justice qu’au prisme d’une cause des victimes totalement sacralisée, il y a toujours un fait divers pour venir justifier l’urgente nécessité de nouvelles mesures de prévention de la récidive ou d’aggravation de la répression, au point que la réactivité finit par se substituer à l’analyse et l’opportunisme à tenir lieu de réflexion.

Le projet de loi sur la participation des citoyens au fonctionnement de la justice pénale n’échappe pas à la règle : à peine évoquée à l’automne 2010, cette réforme, qui vient pourtant bouleverser en profondeur - et selon des procédures fort complexes - les conditions de jugement des délits et des crimes, doit « évidemment » être adoptée avant l’été 2011 … Quitte à bousculer un Ministre de la justice sommé d’en faire sa priorité puis, dans la foulée, le Parlement : on peinera à comprendre quelles considérations tenant à l’objet de ce texte justifient que l’examen en soit soumis à la procédure parlementaire accélérée ne permettant qu’une lecture devant chaque assemblée. Chacun aura compris que s’il ne peut évidemment justifier ce choix d’un travail parlementaire « au rabais », le calendrier présidentiel l’explique exclusivement.

Dans le même mouvement, on aura d’ailleurs passé par pertes et profits la concertation avec les organisations professionnelles représentatives du monde judiciaire. Il faut savoir à cet égard qu’à aucun moment le Syndicat de la magistrature n’a été consulté avant que le projet de loi ne soit adopté en Conseil des ministres, si l’on excepte le fait qu’il a été reçu une heure le 16 décembre 2010 par un conseiller du Garde des sceaux qui s’est, à l’époque, montré dans l’incapacité totale de tracer la moindre perspective sur le contenu du projet.

Telle est donc la conception qui prévaut en matière d’adaptation de la justice : des réformes « presse-bouton » et une défiance constante à l’égard des magistrats, défiance qui, au cas particulier, imprègne tant le contenu du texte que les modalités de son élaboration."

jeudi 5 mai 2011

Jour 1455

Rions un peu avec le nain

Le Monde, 5 mai 2011 :

"Alors que le chef de l’État et le parti présidentiel s'emploient à "vendre" le bilan de leurs quatre ans au pouvoir, un sondage BVA pour BFM, Challenges et Avanquest risque de doucher leurs espoirs. Selon cette enquête, 73 % des personnes interrogées jugent "mauvais" le bilan de Nicolas Sarkozy en tant que président. Un chiffre en hausse de 6 points par rapport à mai 2010. Parmi les sondés, 36 % jugent le bilan "très mauvais", 37 % "assez mauvais". Seuls 27 % des sondés jugent le bilan du président "bon", soit 4 points de moins qu'il y a un an. Une infime minorité (2 %) le juge "très bon"."

On notera avec un peu de malice que 2% c'est le pourcentage de la population française soumise à l'ISF.

mercredi 4 mai 2011

Jour 1454

Des progrès à faire

Le Figaro, 4 mai 2011 :

"En 2008, un salarié français gagnait 18.800 euros net, en moyenne, par an. Il a vu son salaire progresser de 1% en moyenne chaque année depuis 2004. Les femmes ont un revenu inférieur de 27% à celui des hommes"

mardi 3 mai 2011

Jour 1453

A table !

Le Figaro, le 6 avril 2011 :

"Face à l'envolée des prix courants, le gouvernement conclut ce mercredi un partenariat avec les acteurs de la grande distribution pour proposer chaque semaine une dizaine de produits frais à moindre coût. Une «amère déception» pour l'UFC-Que Choisir. [...] si la convention mentionne un prix «attractif» et des produits «de qualité», ces termes seront laissés à la seule appréciation des distributeurs. «Nous souhaitons pour les fruits et légumes privilégier des produits de saison. D'une semaine à l'autre, les prix varieront donc selon que l'on trouve des pommes, des poires et des abricots», justifie le secrétaire d'Etat à la Consommation. Ce dernier compte sur la libre-concurrence pour pousser les prix à la baisse.

Pour cette raison notamment, l'association de consommateurs UFC-Que Choisir accueille avec une «amère déception» le lancement de cette opération. «En lieu et place d'une régulation pour juguler les marges (ndlr : des distributeurs), le secrétaire d'Etat à la consommation présente aujourd'hui une mesure qui a tout du gadget. [...] Ce panier a tout de l'effet d'annonce pour faire oublier la hausse actuelle des prix et la mauvaise qualité de l'offre alimentaire», s'indigne-t-elle.

[...]

En moyenne, les produits alimentaires devraient se vendre 2% à 4% plus cher dans les prochaines semaines. Mais sur certaines denrées, telles le café ou le pain, la hausse pourrait atteindre 20%.

Ce facteur, ajouté à la hausse des prix de l'énergie, réduit de façon conséquente le budget des ménages. Conséquence : selon un sondage réalisé pour 20minutes et publié lundi, un tiers des Français envisagent de diminuer leurs dépenses alimentaires. Un chiffre préoccupant pour la santé publique, si l'on songe que les produits les moins chers (conserves, pizzas surgelées…) sont également ceux dont les qualités nutritionnelles sont les plus pauvres."

lundi 2 mai 2011

Jour 1452

Souffre et tais-toi

Libération, le 2 mai 2011 :

"C’est aujourd’hui qu’intervient la baisse de 35% à 30% du taux de remboursement par l’assurance-maladie des médicaments à vignette bleue. [...] Ces médicaments - qui se distinguent par une vignette bleue sur leur emballage - sont ceux dont l’intérêt thérapeutique est jugé «modéré» par la Haute Autorité de santé (HAS). [...] Il s’agit la plupart du temps de traitements symptomatiques, ou de ceux dits de confort."

dimanche 1 mai 2011

Jours 1450 & 1451

Films pirates

Bug Brother, le 29 avril 2011 :

"Combien y a-t-il de caméras de vidéosurveillance en France ? On ne sait pas. Combien sont déclarées ? On ne sait pas. Combien, dès lors, sont illégales ? On ne sait pas. Le ministère de l’intérieur, lui, le sait. Mais ne communique jamais à ce sujet.

En 2001, pour ma toute première enquête sur la vidéosurveillance, j’avais découvert, quelque peu effaré, que les 3/4 des systèmes de vidéosurveillance étaient illégaux. L’information émanait d’un certain Alain Bauer, qui n’était pas encore le monsieur insécurité de Nicolas Sarkozy, mais un simple “spécialiste des problèmes de sécurité urbaine, pourvoyeur de diagnostics rémunérés pour villes en manque de tranquillité, et qui avait alors déclaré :

On estime à 150 000 le nombre de systèmes installés dans des lieux ouverts au public, mais seuls 40 000 ont été déclarés. Tous les autres sont donc illégaux."