Des oreilles partout
Le Figaro, 11 juillet 2011 :
"Le marché des écoutes ordonnées par la justice n'a jamais été aussi florissant en France: Le Figaro est en mesure de révéler que les policiers et les gendarmes ont fait réaliser 43.000 interceptions sur des téléphones mobiles et des fixes, à la requête des magistrats et des juges d'instruction, en 2010. C'est 65% de plus qu'il y a quatre ans. La justice ne se contente pas d'épier les conversations des suspects. Certaines sociétés sont à même de géolocaliser en temps réel leur cellulaire pour les suivre à la trace. De quoi réussir de superbes arrestations en flagrant délit, comme celles d'un kidnappeur d'enfant, par exemple. Les écoutes sont devenues si précieuses à la manifestation de la vérité que la justice y recourt même pour les petits dossiers. Le mobile est devenu, avec Internet, le talon d'Achille du délinquant. Seulement voilà: les budgets des tribunaux n'ont pas augmenté au rythme des demandes d'interception. Et les sociétés sous-traitantes ont écrit à la plus haute hiérarchie policière, en juin dernier, pour se plaindre de retards de paiements. Une ardoise qui, selon nos informations, se chiffre déjà à 14 millions d'euros.
Concrètement, en effet, ce n'est pas la police qui place les suspects sur table d'écoutes. Les marchés sont attribués à des sociétés privées, comme Elektron, Foretec ou Deveryware (spécialiste de la géolocalisation), qui louent leur matériel, leurs techniciens et leur savoir-faire aux services de PJ pour dériver les lignes, puis stocker et traiter les conversations. Certains travaillent même dans les locaux de police depuis des années, comme de véritables auxiliaires de justice. Autant de prestations qu'il faut payer, par cour d'appel, sur une enveloppe allouée par la Chancellerie. En 2010, tous types d'actes inclus (de l'expert mandaté à la rémunération des jurys de cour d'assises, en passant par les analyses ADN), le garde des Sceaux disposait de 460 millions d'euros de frais de justice. Trop peu pour couvrir l'ensemble des dépenses d'une année. D'où les choix parfois douloureux à effectuer par les chefs de cour et les retards pour honorer les factures. Deveryware réclame à elle seule 5 millions d'euros."
Le Figaro, 11 juillet 2011 :
"Le marché des écoutes ordonnées par la justice n'a jamais été aussi florissant en France: Le Figaro est en mesure de révéler que les policiers et les gendarmes ont fait réaliser 43.000 interceptions sur des téléphones mobiles et des fixes, à la requête des magistrats et des juges d'instruction, en 2010. C'est 65% de plus qu'il y a quatre ans. La justice ne se contente pas d'épier les conversations des suspects. Certaines sociétés sont à même de géolocaliser en temps réel leur cellulaire pour les suivre à la trace. De quoi réussir de superbes arrestations en flagrant délit, comme celles d'un kidnappeur d'enfant, par exemple. Les écoutes sont devenues si précieuses à la manifestation de la vérité que la justice y recourt même pour les petits dossiers. Le mobile est devenu, avec Internet, le talon d'Achille du délinquant. Seulement voilà: les budgets des tribunaux n'ont pas augmenté au rythme des demandes d'interception. Et les sociétés sous-traitantes ont écrit à la plus haute hiérarchie policière, en juin dernier, pour se plaindre de retards de paiements. Une ardoise qui, selon nos informations, se chiffre déjà à 14 millions d'euros.
Concrètement, en effet, ce n'est pas la police qui place les suspects sur table d'écoutes. Les marchés sont attribués à des sociétés privées, comme Elektron, Foretec ou Deveryware (spécialiste de la géolocalisation), qui louent leur matériel, leurs techniciens et leur savoir-faire aux services de PJ pour dériver les lignes, puis stocker et traiter les conversations. Certains travaillent même dans les locaux de police depuis des années, comme de véritables auxiliaires de justice. Autant de prestations qu'il faut payer, par cour d'appel, sur une enveloppe allouée par la Chancellerie. En 2010, tous types d'actes inclus (de l'expert mandaté à la rémunération des jurys de cour d'assises, en passant par les analyses ADN), le garde des Sceaux disposait de 460 millions d'euros de frais de justice. Trop peu pour couvrir l'ensemble des dépenses d'une année. D'où les choix parfois douloureux à effectuer par les chefs de cour et les retards pour honorer les factures. Deveryware réclame à elle seule 5 millions d'euros."