Une presse sélective
L'Acrimed, le 21 mars 2012 :
"La presse est en crise ? Certains ne semblent pas vouloir le croire. Peu importent finalement la désaffection du lectorat populaire et la défiance généralisée envers les médias : l’essentiel est que les quelques personnes qui lisent encore la presse écrite nationale aient les moyens d’acheter ce que ses annonceurs vendent.
La romance ne semble pas devoir finir. La presse veille à ne pas froisser ses amants fortunés. D’abord par son prix, qui la rend inaccessible aux pauvres. Ensuite par ses orientations qui ne remettent en question l’économie de marché qu’à la marge - et encore, seulement quand il y a une crise. S’il devait un jour être question, par exemple, de taxer les riches, l’idée ne ferait son chemin qu’à condition que les riches l’aient eue eux-mêmes, ou qu’un candidat donné gagnant de l’élection présidentielle par les sondages la fasse sienne… et encore, dans ce cas-là, les grands journaux ne manquent-ils pas de faire planer la menace d’un exil fiscal des intéressés.
L’idée que le « peuple » serait plus soumis à l’influence des grands médias que les classes éduquées est une idée répandue, particulièrement chez lesdites classes éduquées. Cette étude d’Audipresse montre-t-elle involontairement le contraire ? On pourrait croire en effet que la passion des catégories les plus aisées pour l’information en fait un public particulièrement réceptif aux dogmes que diffuse la presse dominante..."