Le péril jeune
La Tribune, 30 avril 2008 :
"La dégradation de leurs conditions de vie est le résultat pour l'essentiel de la mise en place d'un marché du travail dans lequel les jeunes sont devenus la principale variable d'ajustement. Un marché de dupes dans lequel ils mettent en moyenne de huit à onze ans pour trouver un emploi stable, soit toute une vie en pointillé.
Une vie au cours de laquelle ils sont ballottés entre le chômage, qui touche environ 20% des moins de 25 ans, contre 4% en 1968, le travail gratuit (près de 900.000 stagiaires par an apprennent qu'en France il est encore légalement possible d'occuper un poste pendant de longs mois sans être payé ni protégé par le Code du travail) et l'emploi précaire: en flux, 70% de ces embauches se font en CDD; en stock, en 2004, 20% des jeunes ayant un travail avaient un emploi temporaire contre 7% pour les 30-49 ans, dans le pire des cas. [...] le salaire au mérite apparaît comme un mirage: les salariés cinquantenaires gagnent aujourd'hui en moyenne 40% de plus que les trentenaires, alors que cet écart n'était que de 15% en 1975. S'est ainsi mis en place un système de rente fonctionnant à l'ancienneté, dans lequel le salaire croît avec l'âge, et est trop souvent déconnecté de la productivité et du mérite du travailleur. En conséquence, le pouvoir d'achat des jeunes générations s'est effondré, phénomène accentué par l'explosion des prix de l'immobilier. Le salaire annuel d'un cadre trentenaire ne permet plus d'acheter que 4 mètres carrés à Paris contre 9 en 1984. L'Insee constate par ailleurs qu'entre 1992 et 2004 le patrimoine des moins de 30 ans est passé de 7% à 4% du patrimoine médian des Français, celui des 30-40 ans de 85% à 70 %, tandis que celui des 60-70 ans a progressé de 120% à 140%."
La Tribune, 30 avril 2008 :
"La dégradation de leurs conditions de vie est le résultat pour l'essentiel de la mise en place d'un marché du travail dans lequel les jeunes sont devenus la principale variable d'ajustement. Un marché de dupes dans lequel ils mettent en moyenne de huit à onze ans pour trouver un emploi stable, soit toute une vie en pointillé.
Une vie au cours de laquelle ils sont ballottés entre le chômage, qui touche environ 20% des moins de 25 ans, contre 4% en 1968, le travail gratuit (près de 900.000 stagiaires par an apprennent qu'en France il est encore légalement possible d'occuper un poste pendant de longs mois sans être payé ni protégé par le Code du travail) et l'emploi précaire: en flux, 70% de ces embauches se font en CDD; en stock, en 2004, 20% des jeunes ayant un travail avaient un emploi temporaire contre 7% pour les 30-49 ans, dans le pire des cas. [...] le salaire au mérite apparaît comme un mirage: les salariés cinquantenaires gagnent aujourd'hui en moyenne 40% de plus que les trentenaires, alors que cet écart n'était que de 15% en 1975. S'est ainsi mis en place un système de rente fonctionnant à l'ancienneté, dans lequel le salaire croît avec l'âge, et est trop souvent déconnecté de la productivité et du mérite du travailleur. En conséquence, le pouvoir d'achat des jeunes générations s'est effondré, phénomène accentué par l'explosion des prix de l'immobilier. Le salaire annuel d'un cadre trentenaire ne permet plus d'acheter que 4 mètres carrés à Paris contre 9 en 1984. L'Insee constate par ailleurs qu'entre 1992 et 2004 le patrimoine des moins de 30 ans est passé de 7% à 4% du patrimoine médian des Français, celui des 30-40 ans de 85% à 70 %, tandis que celui des 60-70 ans a progressé de 120% à 140%."