Régime de l'été
Alternatives économiques, juin 2010 :
"Nicolas [...] entend ramener les déficits publics sous la barre des 3% du produit intérieur brut (PIB) dès 2013, alors qu'ils se situeront à 8% cette année, soit un effort d'environ 100 milliards d'euros. Et cela sans augmenter les impôts. Le mot "rigueur" n'a pas été prononcé, mais la chose ne fait aucun doute. Il s'agit même d'une rigueur sans précédent. Ni Raymond Barre, l'inventeur de la formule en 1976, ni Alain Juppé, après la récession de 1993, ne s'étaient fixé des objectifs aussi ambitieux. Le gouvernement veut cette fois-ci faire beaucoup plus et à marche forcée. Est-ce justifié? Non. Ni sur le plan de la situation économique ni des bienfaits escomptés d'une baisse importante des dépenses publiques. [...] Et d'abord, la diminution des dépenses de fonctionnement de l'Etat. Or, en réalité, celles-ci baissent depuis un bon moment. L'Etat a supprimé déjà 85 000 postes depuis 2003. Salaires et consommations intermédiaires (*) de l'Etat représentaient 7,4% du PIB l'an dernier, contre 9,9% en 1986 (voir graphique page 12). Certes, pendant ce temps, les collectivités locales, auxquelles l'Etat a délégué de plus en plus de tâches, ont en partie pris le relais. Mais même en incluant leurs dépenses, le fonctionnement de l'ensemble de l'appareil d'Etat, qui avait mobilisé 14% du PIB en 1997, n'en coûtait plus que 12,6% en 2008. Même constat d'ailleurs si on prend en compte aussi les dépenses d'intervention (subventions à tel ou tel secteur d'activité, RSA, etc.): de 1997 à 2008, le total a baissé de 28,7% à 26,9% du PIB.
L'Etat est donc déjà devenu plus "maigre". La société et l'économie françaises en ont-elles tiré avantage? Cela ne s'est guère vu. La France dépense sensiblement moins pour l'éducation qu'il y a quinze ans, mais la Cour des comptes a rappelé le mois dernier l'ampleur des défaillances du système scolaire (voir page 14). La justice reste toujours aussi déplorable pour les justiciables et les prisons une honte pour la République. Malgré les incessantes gesticulations sur le sujet, la sécurité des personnes laisse toujours à désirer. La crise du logement s'est aggravée. Du côté de la protection de l'environnement, le retard français demeure toujours aussi considérable, comme le rappellent les condamnations régulières de la France pour non-respect des normes européennes. Et, au final, l'économie française s'est traînée tout au long de la décennie 2000."
Alternatives économiques, juin 2010 :
"Nicolas [...] entend ramener les déficits publics sous la barre des 3% du produit intérieur brut (PIB) dès 2013, alors qu'ils se situeront à 8% cette année, soit un effort d'environ 100 milliards d'euros. Et cela sans augmenter les impôts. Le mot "rigueur" n'a pas été prononcé, mais la chose ne fait aucun doute. Il s'agit même d'une rigueur sans précédent. Ni Raymond Barre, l'inventeur de la formule en 1976, ni Alain Juppé, après la récession de 1993, ne s'étaient fixé des objectifs aussi ambitieux. Le gouvernement veut cette fois-ci faire beaucoup plus et à marche forcée. Est-ce justifié? Non. Ni sur le plan de la situation économique ni des bienfaits escomptés d'une baisse importante des dépenses publiques. [...] Et d'abord, la diminution des dépenses de fonctionnement de l'Etat. Or, en réalité, celles-ci baissent depuis un bon moment. L'Etat a supprimé déjà 85 000 postes depuis 2003. Salaires et consommations intermédiaires (*) de l'Etat représentaient 7,4% du PIB l'an dernier, contre 9,9% en 1986 (voir graphique page 12). Certes, pendant ce temps, les collectivités locales, auxquelles l'Etat a délégué de plus en plus de tâches, ont en partie pris le relais. Mais même en incluant leurs dépenses, le fonctionnement de l'ensemble de l'appareil d'Etat, qui avait mobilisé 14% du PIB en 1997, n'en coûtait plus que 12,6% en 2008. Même constat d'ailleurs si on prend en compte aussi les dépenses d'intervention (subventions à tel ou tel secteur d'activité, RSA, etc.): de 1997 à 2008, le total a baissé de 28,7% à 26,9% du PIB.
L'Etat est donc déjà devenu plus "maigre". La société et l'économie françaises en ont-elles tiré avantage? Cela ne s'est guère vu. La France dépense sensiblement moins pour l'éducation qu'il y a quinze ans, mais la Cour des comptes a rappelé le mois dernier l'ampleur des défaillances du système scolaire (voir page 14). La justice reste toujours aussi déplorable pour les justiciables et les prisons une honte pour la République. Malgré les incessantes gesticulations sur le sujet, la sécurité des personnes laisse toujours à désirer. La crise du logement s'est aggravée. Du côté de la protection de l'environnement, le retard français demeure toujours aussi considérable, comme le rappellent les condamnations régulières de la France pour non-respect des normes européennes. Et, au final, l'économie française s'est traînée tout au long de la décennie 2000."