vendredi 28 octobre 2011

Jour 1630

La beauté de la presse

L'Acrimed, 27 octobre 2011 :

"Sur la question des dettes publiques il est difficile d’être plus sévère que Le Figaro et Le Figaro Magazine qui titrent jour après jour ou semaine après semaine sur la gabegie budgétaire, sur l’État dispendieux et sur « Les folles dépenses de nos élus » (Le Figaro, 15 octobre 2011). Et en bon patriote soucieux de l’intérêt général, Le Figaro Magazine du 21 octobre n’est pas avare de conseils lumineux pour rétablir la situation du pays : inciter les particuliers très particuliers qui lisent cet élégant hebdomadaire à payer moins d’impôts. [...] La menace principale pour Le Figaro Magazine, ce ne sont pas les réductions des dépenses publiques mais les augmentations d’impôts. L’urgence, c’est de « se protéger contre le matraquage fiscal » et de « faire fructifier son épargne ». « Matraquage », vraiment ? Mais de qui ? « Épargne » ? Soit. Mais laquelle ? [...] Le Figaro Magazine défend une orientation – réduire les dépenses publiques sans (trop ?) augmenter les impôts des plus fortunés –, et c’est sont droit. C’est sa conception de l’intérêt général. Mais Le Figaro Magazine défend une orientation éditoriale, et surtout des intérêts très particuliers : ce n’est pas une surprise, mais il est rare que cela s’expose avec une telle clarté et un tel cynisme. En pleine crise financière et alors que les dettes publiques sont menaçantes, Le Figaro Magazine, hebdomadaire patriotique, n’a rien trouvé de mieux à faire que de conseiller ses lecteurs afin qu’ils contribuent à accroître cette dette – des lecteurs qui ont les moyens de s’acheter le joli lingot d’or signé Jean-Paul Gaultier de la page 154. Alors, vous avez des amis riches ? Passez l’info. Qu’une revue comme Le Cri du contribuable conseille ses lecteurs en stratégie d’évitement fiscal, c’est sa raison d’être, même si on peut avoir peut-être – comment dire ? – des réserves sur sa vocation sociale. Mais Le Figaro Magazine se présente comme un hebdomadaire généraliste et agit comme une société de conseil en placements des plus fortunés. Or est-ce le rôle d’un média qui bénéfice des aides publiques à la presse ? Et puisque, selon Le Figaro Magazine, il convient de réduire les dépenses publiques, suggérons qu’il donne l’exemple en se privant de cette aide."