En cours
Le Blog du Monde "Libertés surveillées", le 15 octobre 2011 :
"Le président de l’USM a fait part au ministre de son « agacement » à le voir « sans cesse présenter le budget de la justice en hausse alors qu’il stagne ou même diminue ». Pour l’USM, la baisse en autorisation d’engagement de « la justice judiciaire » est de 600 millions d’euros en 2012, soit 15%, le budget de fonctionnement des services civils est amputé de 20%, celui des services pénaux de 23%, même l’aide aux victimes, « que sur les ondes, on continue à nous dire prioritaire » est de en baisse de 2,74%. « En mettant tous les moyens sur les établissements pénitentiaires, on oriente toute la politique pénale sur l’enfermement et non sur la préparation de la sortie et au suivi en milieu ouvert », a regretté Christophe Régnard. Il a aussi fait part de son « inquiétude » sur les réformes mal préparées de la garde à vue et de l’hospitalisation sans consentement, de son « incompréhension » sur celle des jurés populaires, « une folie qui va considérablement allonger les temps d’audience » et de « la honte » à voir comment sont gérées les affaires sensibles. A Paris d’abord, où les réquisitions du parquet au procès Chirac, « pour le moins surprenantes, dont toute la presse s’est gaussée », à Nanterre surtout, où l’USM défend Isabelle Prévost-Desprez, « une femme courageuse, à l’indépendance chevillée au corps », en guerre ouverte avec son procureur, Philippe Courroye.
« A-t-on jamais vu un procureur adresser à un président de juridiction un courrier fondé sur des rumeurs de couloir pour demander l’ouverture d’une procédure disciplinaire contre un magistrat du siège, comme on l’a vu en décembre 2009 ? s’est inquiété Christophe Régnard. A-t-on jamais vu un procureur faire vérifier, malgré la loi sur le secret des sources, les fadettes de journalistes dans le seul objectif de démontrer l’existence de communication entre la juge en question et un journaliste ? A-t-on jamais vu un procureur, cité dans des enregistrements (de l’affaire Bettencourt) conserver le contrôle de l’enquête, sans que ni lui, ni sa hiérarchie s’en émeuvent ? A-t-on jamais lu qu’un ancien conseiller du ministre de la justice explique que le procureur n’en faisait qu’à sa tête, préférant transmettre les informations directement à l’Elysée ? A-t-on jamais pu imaginer qu’un témoin essentiel (Claire Thibout, la comptable de Mme Bettencourt) relaterait qu’avant toute signature, les procès-verbaux de ses déclarations étaient transmises par fax, notamment au parquet, et que celui rappelait pour faire changer tel ou tel mot ? »
Le président de l’USM a en tous cas chaudement remercié Philippe Courroye d’avoir aussi bien montré la nécessité de ne pas supprimer les juges d’instruction sans avoir réformé le statut du parquet. « Quand je vois, dans cet état, la justice de mon pays, j’ai honte, a conclu Christophe Régnard, ces dérives détruisent notre crédibilité et nous ridiculisent à l’étranger »."