Tobin powa
Le Figaro, dépêche AFP du 10 janvier 2012 :
"Le Canard enchaîné a déniché la taxe Tobin, ardemment souhaitée par le président Nicolas Sarkozy, au fin fond du code des impôts où elle dormait, jamais appliquée depuis son vote à l'initiative du gouvernement de Lionel Jospin, le 13 décembre 2001.
Dans son édition à paraître mercredi, l'hebdomadaire satirique raconte comment cette taxe frappant "les transactions sur devises" et inspirée des travaux du prix Nobel d'économie américain James Tobin avait été votée par la gauche, avec la "neutralité débonnaire du président" Jacques Chirac. [...] Ce texte a même été modifié par une ordonnance du 15 juillet 2009. Il fixe un taux maximum de 0,1% applicable aux transactions de plus de 75.000 euros. Le taux précis doit être fixé par décret.
Mais son dernier alinéa le rend inapplicable. Il prévoit que le texte ne prendra effet qu'à "la date à laquelle les Etats membres de la Communauté européenne" auront intégré dans leur législation interne une taxe sur les transactions sur devises, ce qui n'est jamais advenu.
Selon le Canard enchaîné, il suffirait de supprimer ce dernier alinéa pour que le texte entre en vigueur."
La dépêche précise en suite :
"Toutefois, le projet sur lequel planche actuellement le gouvernement, à l'instar de la Commission européenne, vise à taxer plutôt les actions, obligations et autres produits financiers."
Ce qui est intéressant car dans un article du magazine Challenges (brûlot gauchiste bien connu) :
"taxer toutes les transactions financières…sauf les opérations de change. Intrigué, il regarderait les rapports de la Banque des Règlements Internationaux (BRI) pour constater que ces opérations de change représentent pourtant un volume de 4.000 milliards de dollars par jour. Se plongeant ensuite rapport de cette même BRI, sorti le 27 septembre, et intitulé "High Frequency Trading on the Foreign Exchange Market", il apprendrait que 25% des transactions sur ce marché sont fait par des automates bourrés d’algorithmes qui passent des dizaines de milliers d’ordre à la seconde….sans aucune utilité économique. [...] Pourquoi donc taxer les transactions sur les actions, les obligations, les swaps, les options, les CDS et pas les opérations de change ? se demanderait Tobin. D'autant que cet objectif apparaît bien trop ambitieux pour être appliqué. Alors qu'il serait nettement plus facile d’imposer les opérations de change. Car sous l'océan des montants traités, il existe un système hypercentralisé et très bien organisé. [...] Enfin, Tobin apprendrait que cette taxe, à laquelle on associe son nom, pourrait rapporter 55 milliards d’euros par an. "Comment est fait ce calcul" demanderait-il ? "Sur un coin de table" lui répondraient les honnêtes gens. Cela n’étonnerait guère l’économiste qui avait écrit lui-même que "collecter des ressources n’a jamais été ma première motivation". Car si la taxe marche bien, elle doit ralentir les flux financiers et cela ferai baisser les recettes... L’idée de Tobin était bien de casser la spéculation, pas de trouver une nouvelle source de financement."
Merci à Antoine de m'avoir signaler l'article de Challenges