Vie publique, débat privé
Bug Brother, le 3 janvier 2012 :
"Début décembre, le Monde publiait une enquête édifiante révélant comment la police a fait parler les "fadettes" du Monde, au point d'espionneridentifier, non seulement plusieurs de ses journalistes, mais également des membres de leurs familles, des enfants, et même leurs petits copains... Fin décembre, le procureur Philippe Courroye y répondait par deux lettres ouvertes révélant une partie de sa stratégie de défense. [...] Les axes privilégiés par son avocat révèlent aujourd'hui que si Philippe Courroye a certes espionné des journalistes du Monde, il n'aurait pas pour autant violé la loi : d'une part parce que s'il est interdit de violer le secret des sources des journalistes, ceux qui le font ne peuvent pas pour autant être reconnus comme auteurs d'infraction, mais également parce que le délit de "collecte illicite de données à caractère personnel" ne servirait selon lui qu'à protéger les internautes des méchants spammeurs... [...] Dans la même veine, les défenseurs d'Edvige avaient ainsi avancé qu'ils ne comprenaient pas le problème posé par ce fichier de renseignement policier puisque les internautes "balançaient tout sur Facebook", comme si les dealers, voleurs, espions et autres auteurs d'infractions s'en vantaient sur Facebook (cf Le problème, c’est la vie publique, pas la vie privée). En tout état de cause, ce n'est pas parce qu'on partage, sur le web, sa vie publique -et non sa vie privée, comme on l'entend hélas trop régulièrement, cf Les « petits cons » parlent aux « vieux cons »), que cela autoriserait pour autant un procureur à espionner les appels téléphoniques de journalistes, ou de leurs enfants."