Le Guéant de Fer
Le Monde, 23 janvier 2012 :
"elles ont suivi un parcours d'excellence dans les domaines de la biologie, de la linguistique et de l'ingénierie informatique, qui devait les mener sur la voie de la professionnalisation. Sans jamais rencontrer de difficultés administratives. Jusqu'à la circulaire Guéant du 31 mai 2011 qui, en imposant des critères plus restrictifs à l'accueil des étudiants étrangers en France [...] elle quitte l'Algérie à 17 ans pour poursuivre ses études à Paris. Un parcours d'excellence qui la mène jusqu'à la soutenance d'un doctorat en microbiologie en juillet 2011.[...] Chaque année, elle obtient son titre de séjour sans aucun problème.[...] Sans problème, jusqu'à la rentrée 2011. Pour compléter sa formation, elle postule à un master II de management de la santé, ouvert aux professionnels et aux chercheurs. Elle est sélectionnée parmi quatre cents personnes. Une formation qui devrait lui ouvrir les portes du monde de l'entreprise. Au moment de renouveler son titre de séjour en septembre, l'accueil à la préfecture est différent. "Cette année, il n'y a plus de réelle communication. Il y a un mur côté administration", s'étonne-t-elle. Les lettres de soutien des responsables de formation n'y font rien. "Votre parcours est complexe et chaotique", lui rétorque-t-on. Elle attend une réponse pendant trois mois, sans être régularisée, même temporairement. Elle continue quand même à aller en cours, passe ses examens, mais ne peut pas suivre le stage. Le 2 décembre [...] Elle reçoit une obligation de quitter le territoire français (OQTF) sous trente jours. "Une lettre très rude. Un résumé de ma vie où l'on conclut par : 'Malheureusement, cette année vous présentez une régression'."