Un petit résumé pour le futur Président
Le Monde, 24 avril 2012 :
"Au 1er mars 2012, la France a battu un nouveau record : celui de la surpopulation carcérale.
On compte aujourd'hui 66 445 détenus pour 57 213 places opérationnelles en détention, 740 personnes dormant sur un matelas posé à même le sol.
Prétendant répondre au sentiment d'insécurité des français, la politique du "tout carcéral" menée depuis 2002 a fait croire qu'il suffisait de réprimer et d'incarcérer pour mettre fin à la délinquance et à la récidive. Les lois se sont accumulées sans évaluation des dispositifs existants et aux préconisations largement contradictoires.
Cette politique n'a pas été seulement inefficace ; elle s'est traduite également par une hypocrisie majeure.
Les juges correctionnels aujourd'hui se trouvent contraints d'incarcérer toujours plus (notamment du fait des peines planchers) tandis qu'il est demandé aux juges d'application des peines d'aménager les peines d'emprisonnement de moins de 2 ans et aux Procureurs d'opérer des libérations anticipées sans cohérence et sans projet personnalisé.
Le système français d'exécution des peines est enfermé dans une logique schizophrénique qui conduit ainsi à faire sortir discrètement par l'arrière cour ceux qu'on a prétendu faire rentrer massivement par la grande porte.
En outre, les peines alternatives à l'emprisonnement, lorsqu'elles sont prononcées, ne sont, dans de trop nombreux cas, pas exécutées ou trop tardivement.
La lutte contre la récidive est aujourd'hui uniquement pensée à partir de la peine d'emprisonnement alors même que toutes les études nationales et internationales établissent que, quelle que soit l'infraction commise, la récidive diminue lorsque la personne bénéficie d'un aménagement de peine.
Lutter contre la récidive implique une refonte globale de notre système pénal reposant en priorité sur la restauration du sens de la peine."