lundi 10 mars 2008

Jour 308

Un peu de lecture

Vous avez eu des petits soucis pour comprendre la récente crise financière ? La lecture de cet article de Frédéric Lordon devrait vous éclairer :

"C’est qu’il faut tout de même avoir la foi chevillée au corps pour continuer de chanter, contre toute évidence, les vertus de la financiarisation qui répand la prospérité générale, contribue à la stabilité économique et au progrès du genre humain."

Concernant le traité européen, un autre article, de Serge Halimi cette fois :

"M. Valéry Giscard d’Estaing concède sans effort que « dans le traité de Lisbonne, rédigé exclusivement à partir du projet de traité constitutionnel [mort en 2005], les outils sont exactement les mêmes. Seul l’ordre a été changé dans la boîte à outils (3) ». « Il n’y a pas de différence substantielle », a également observé la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes, pourtant dominée par le Parti travailliste. Bref, seuls les Irlandais auront droit, en mai ou en juin, à un référendum..."

Extraits d'une tribune du président de la Ligue des Droits de l'Homme, Pierre Dubois :

"Nicolas Sarkozy, élu il y a moins de dix mois, « veille au respect de la Constitution » et « assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ». Comment lire aujourd’hui l’article 5 de la Constitution sans ressentir une impression de totale irréalité ? [...] le plus grave n’est pas que Nicolas Sarkozy publicise la vie privée mais qu’il privatise la vie publique. [...] Dès les premières heures, là où était promise une retraite monacale, on vit comme sorti d’un roman de Balzac un tourbillon de Fouquet’s, de jets privés et de yachts, étalant la réussite d’une aventure personnelle. Et l’entourage de s’étonner : « et alors ? il a bien le droit, comme tout le monde, d’être heureux… » Ce « comme tout le monde », financièrement sidérant, désignait surtout l’homme privé jouissant de ses bonnes fortunes sans s’arrêter à la fonction qu’il exerçait. [...] celui qui s’est dit « enfant de la télé » se révèle surtout enfant de l’individualisme, auquel institutions et contraintes du lien social sont insupportables une fois atteinte la plus haute marche du podium. Ni la politesse qu’il voulait faire enseigner aux « voyous » ni la conscience de la dignité de sa charge ne le retiennent d’écarts de langage répétés et affligeants. [...] Evoquer la séparation des pouvoirs ferait rire l’Elysée : dès septembre 2007 la Garde des Sceaux invitait les magistrats du parquet à requérir non plus l’application de la loi mais celle de la politique pour laquelle ont voté 53% des Français. [...] L’idée qu’étant Président de la République il aurait à exprimer autre chose que ses préférences individuelles, qu’il ne parlerait pas en son seul nom, lui est étrangère [...] Chacun sent bien, moins d’un an après le début du quinquennat, que le crédit de la représentation politique ne sort pas grandi de la pratique présidentielle. Au-delà même des affrontements partisans, c’est le respect des règles, des valeurs et des principes démocratiques que compromettent ces égarements."