jeudi 20 mars 2008

Jour 318

Le changement dans la continuité

Le Figaro, le 20 mars 2008 :

"Jean-Marie Bockel a beau affirmer qu'il est «extrêmement satisfait» de sa nouvelle position aux Anciens combattants [...] la question se pose : le secrétaire d'Etat a-t-il été privé de son poste à la Coopération à cause de ses positions sur la Françafrique ? Lui même, interrogé sur les raisons de sa réaffectation, répondait d'ailleurs dans un premier temps «ce n'est pas à moi de le dire». [...] Un ministre, interrogé sou couvert d'anonymat par l'AFP, mais aussi plusieurs sources au Quai d'Orsay, l'ont fait pour lui. Ils évoquent «des pressions, notamment d'Omar Bongo (président du Gabon), pour faire partir Bockel du Quai d'Orsay». [...] Le 15 janvier, le secrétaire d'Etat avait effectivement appelé le président Sarkozy à concrétiser ses promesses de «rupture» dans les relations franco-africaines en défendant la nécessité de signer «l'acte de décès de la Françafrique», ce système de liens privilégiés et de réseaux tissés entre les élites des anciennes colonies françaises sur le Continent Noir et des acteurs économiques et politiques français. Omar Bongo, le président du Gabon, est l'incarnation même de la Françafrique : chef de l'Etat depuis 1967, il muselle l'opposition et aurait amassé une fortune personnelle colossale. Il possède en outre des liens privilégiés avec une foule d'hommes politiques français, dont Nicolas Sarkozy. [...] Le départ de Jean-Marie Bockel a effectivement été très bien accueilli à Libreville. «Pour nous, c'est un signe intéressant», explique le porte-parole du gouvernement gabonais, tandis qu'une source anonyme, proche du pouvoir, confirme des pressions sur Paris : «Libreville a bien demandé un changement de tête à la Coopération»."