La boulette
Sur le blog de Jean Gadrey (Professeur émérite d'économie à l'Université Lille 1, membre du CNIS (Conseil National de l'Information Statistique). Il publie régulièrement des articles ou tribunes dans Alternatives économiques, Les Cahiers français, Politis, et Le Monde.) :
"La déontologie statistique vient d’en prendre un coup. [...] L’Insee vient d’inaugurer un autre procédé, sans que l’on sache encore s’il s’agit d’une simple défaillance de l’organisation ou d’une manœuvre délibérée décidée en haut lieu (ce qui, dans les deux cas, n’est pas rassurant) : changer subrepticement, sans consulter l’instance habilitée (le CNIS, Conseil national de l’information statistique, auquel j’ai l’honneur d’appartenir) une question importante posée dans une enquête majeure. Cela peut être d’une redoutable « efficacité ». [...] Il s’agit de la mesure de ce qu’on appelle le sous-emploi, une catégorie qui se situe dans la zone grise, de plus en plus énorme, entre chômage et emploi. [...] Le gros du sous-emploi, c’est le temps partiel « subi », et c’est peut-être la raison d’une éventuelle manipulation, car il est important et surtout il progresse. Le taux de sous-emploi, proportion de personnes concernées dans l’emploi total, est passé de 4,8 % en 2002 à 5,2 % en 2005, puis 5,6 % en 2007. Cela fait désordre au regard de la propagande du « travailler plus pour gagner plus ». Ce qui progresse en France depuis 2002 c’est le « travailler très peu ». [...] Pour mesurer le sous-emploi et notamment le temps partiel subi, on demande directement aux salariés à temps partiel, dans l’enquête emploi (70 000 personnes enquêtées chaque trimestre), s’ils souhaitent travailler davantage et sont disponibles à cet effet. [...] Et bien figurez-vous que, pour l’enquête emploi de 2008 (premier trimestre), « on » a décidé de modifier la question et de demander aux salariés à temps partiel s’ils auraient souhaité travailler plus d’heures AU COURS DE LA SEMAINE PRECEDANT L’ENQUETE. C’est apparemment anodin, mais cela suffit à faire baisser de 5,6 % à 4,4 % le taux de sous-emploi entre fin 2007 et début 2008. "
Merci à Etienne de m'avoir fait passer l'information.
Sur le blog de Jean Gadrey (Professeur émérite d'économie à l'Université Lille 1, membre du CNIS (Conseil National de l'Information Statistique). Il publie régulièrement des articles ou tribunes dans Alternatives économiques, Les Cahiers français, Politis, et Le Monde.) :
"La déontologie statistique vient d’en prendre un coup. [...] L’Insee vient d’inaugurer un autre procédé, sans que l’on sache encore s’il s’agit d’une simple défaillance de l’organisation ou d’une manœuvre délibérée décidée en haut lieu (ce qui, dans les deux cas, n’est pas rassurant) : changer subrepticement, sans consulter l’instance habilitée (le CNIS, Conseil national de l’information statistique, auquel j’ai l’honneur d’appartenir) une question importante posée dans une enquête majeure. Cela peut être d’une redoutable « efficacité ». [...] Il s’agit de la mesure de ce qu’on appelle le sous-emploi, une catégorie qui se situe dans la zone grise, de plus en plus énorme, entre chômage et emploi. [...] Le gros du sous-emploi, c’est le temps partiel « subi », et c’est peut-être la raison d’une éventuelle manipulation, car il est important et surtout il progresse. Le taux de sous-emploi, proportion de personnes concernées dans l’emploi total, est passé de 4,8 % en 2002 à 5,2 % en 2005, puis 5,6 % en 2007. Cela fait désordre au regard de la propagande du « travailler plus pour gagner plus ». Ce qui progresse en France depuis 2002 c’est le « travailler très peu ». [...] Pour mesurer le sous-emploi et notamment le temps partiel subi, on demande directement aux salariés à temps partiel, dans l’enquête emploi (70 000 personnes enquêtées chaque trimestre), s’ils souhaitent travailler davantage et sont disponibles à cet effet. [...] Et bien figurez-vous que, pour l’enquête emploi de 2008 (premier trimestre), « on » a décidé de modifier la question et de demander aux salariés à temps partiel s’ils auraient souhaité travailler plus d’heures AU COURS DE LA SEMAINE PRECEDANT L’ENQUETE. C’est apparemment anodin, mais cela suffit à faire baisser de 5,6 % à 4,4 % le taux de sous-emploi entre fin 2007 et début 2008. "
Merci à Etienne de m'avoir fait passer l'information.