lundi 16 février 2009

Jour 649

QFT 2

Le blog de Frédéric Lordon :

"C’est le mode d’emploi de la bombe à hydrogène politique, il n’est nul besoin d’aller en chercher les composants chimiques dans un obscur recoin de l’internet, tous sont là, exposés sous nos yeux, il suffit de les observer et d’attendre leur précipité. Petite recette de chimie détonante : 1) la tragique désorientation des décideurs ; 2) la (remarquable) persévérance dans l’obscénité des hommes de la finance, même aux tréfonds de la déconfiture ; 3) l’état de rage qui gagne une part croissante de la population ; 4) la cécité, par atermoiement ou simple incapacité, de la quasi-totalité des médiateurs, gouvernants, partisans et syndicaux, incapables de saisir l’enjeu véritable de la situation, qui ne réclame pas le retrait d’une réforme, ou même d’une politique, mais une nouvelle donne d’une ampleur semblable à celle qui eut lieu au sortir de la deuxième guerre. [...] Comme M. Sarkozy, tous les sbires de l’UMP et la valetaille sondagière, M. Brunhes « a entendu » – mais quoi au juste ? Il a entendu « l’angoisse et les inquiétudes ». Mais M. Brunhes et tous ses semblables doivent être un peu durs d’oreille. Car bien plus encore qu’« angoissé », le corps social est en proie à une terrible colère – version socialiste, M. Fabius : « des mécontentements ». Non, non, non M. Fabius, les gens ne sont pas « mécontents » : ils sont fous de rage. La crise, à laquelle ils n’ont aucune part, est payée à leurs frais, les jette hors de leurs emplois, ou lamine leurs revenus, pendant que la banque continue de rouler carrosse et persévère dans une inoxydable arrogance qui forcerait presque l’admiration [...] Car pour tous ses renseignements généraux, sa flicaille omniprésente et son terrorisme « anti-terroriste », ce gouvernement n’a visiblement pas la moindre idée du nombre de tous ces gens ordinairement très paisibles et sans aucune inclination à la violence, mais qui ont passé les bornes de l’indignation privative, c’est-à-dire silencieuse, et ont maintenant au cœur « l’envie de tout casser »."