Myopie volontaire
Allocution du petit Nicolas à l'occasion du dîner d'Etat offert en l'honneur du Cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani, Emir du Qatar, le 22 juin 2009 :
"Altesse, C’est pour nous un grand plaisir, un honneur de vous accueillir, avec votre épouse. [...] Aujourd’hui, le Qatar symbolise à la fois la fidélité aux traditions et une formidable aspiration à la modernité, au cœur d’une région parmi les plus dynamiques du monde. Une région devenue, en l'espace d'une génération, un laboratoire de la mondialisation. [...] Vous êtes, l’économie arabe la plus compétitive. C’est bien le résultat Altesse, de votre vision qui repose sur un développement harmonieux, à la fois humain, social, économique et environnemental."
Rue89, le 7 juillet 2008, par Tristan Bruslé, chercheur au CNRS :
" L'émirat du Qatar est l'un des pays les plus riches du monde [...] sur ces chantiers sont exploités des migrants qui touchent entre 60 et 120 euros par mois. Les inégalités entre Qataris et non-Qataris fractionnent la population en deux groupes distincts si bien qu'il est difficile de parler de société à propos du 1,5 million d'habitants, dont 75 % d'hommes, qui peuplent l'émirat. Les étrangers représenteraient au moins 80 % de la population totale [...] 90 % de la population active et 100 % des ouvriers. [...] Dès leur arrivée au Qatar, une nouvelle vie commence pour les migrants [qui]voient leur passeport confisqué par le patron dès la sortie de l'aéroport. Exit la liberté individuelle. Le système du parrainage (sponsorship), qui fait de l'employeur (le sponsor) le responsable de son employé, est notamment remis en cause par la commission qatarie des droits de l'homme. Qualifié par Amnesty international de quasi-esclavagiste, il interdit de démissionner, de changer de travail et de quitter le pays sans autorisation de l'employeur [...] Les étrangers sont donc sous la complète dépendance d'un patron qui, souvent, abuse de la situation. Acquérir la nationalité qatarie est en outre totalement impossible pour des non-Arabes ou non-sportifs de haut niveau, même après des années de résidence. Quant au droit du travail, il est plus que limité, malgré une nouvelle loi votée en 2004. Le salaire minimum n'existe pas. La durée hebdomadaire de 48 heures (6 jours de 8 heures) et l'interdiction de travailler de 11h30 à 15h00 de juin à août sont rarement respectées. Les heures supplémentaires sont souvent payées avec retard. Le droit de grève existe, mais les restrictions sont telles (dans les secteurs dits vitaux notamment) qu'il est concrètement inapplicable. Quant aux syndicats, ils peuvent exister mais doivent être composés de Qataris exclusivement. Comme ceux-ci sont uniquement présents dans les hautes sphères du secteur privé et dans le secteur public, les travailleurs étrangers sont de facto exclus de ces dispositions. Alors, de plus en plus régulièrement, des révoltes éclatent, dont l'issue pour les travailleurs est l'expulsion du pays."
Un beau laboratoire de la mondialisation effectivement...
Allocution du petit Nicolas à l'occasion du dîner d'Etat offert en l'honneur du Cheikh Hamad Bin Khalifa Al Thani, Emir du Qatar, le 22 juin 2009 :
"Altesse, C’est pour nous un grand plaisir, un honneur de vous accueillir, avec votre épouse. [...] Aujourd’hui, le Qatar symbolise à la fois la fidélité aux traditions et une formidable aspiration à la modernité, au cœur d’une région parmi les plus dynamiques du monde. Une région devenue, en l'espace d'une génération, un laboratoire de la mondialisation. [...] Vous êtes, l’économie arabe la plus compétitive. C’est bien le résultat Altesse, de votre vision qui repose sur un développement harmonieux, à la fois humain, social, économique et environnemental."
Rue89, le 7 juillet 2008, par Tristan Bruslé, chercheur au CNRS :
" L'émirat du Qatar est l'un des pays les plus riches du monde [...] sur ces chantiers sont exploités des migrants qui touchent entre 60 et 120 euros par mois. Les inégalités entre Qataris et non-Qataris fractionnent la population en deux groupes distincts si bien qu'il est difficile de parler de société à propos du 1,5 million d'habitants, dont 75 % d'hommes, qui peuplent l'émirat. Les étrangers représenteraient au moins 80 % de la population totale [...] 90 % de la population active et 100 % des ouvriers. [...] Dès leur arrivée au Qatar, une nouvelle vie commence pour les migrants [qui]voient leur passeport confisqué par le patron dès la sortie de l'aéroport. Exit la liberté individuelle. Le système du parrainage (sponsorship), qui fait de l'employeur (le sponsor) le responsable de son employé, est notamment remis en cause par la commission qatarie des droits de l'homme. Qualifié par Amnesty international de quasi-esclavagiste, il interdit de démissionner, de changer de travail et de quitter le pays sans autorisation de l'employeur [...] Les étrangers sont donc sous la complète dépendance d'un patron qui, souvent, abuse de la situation. Acquérir la nationalité qatarie est en outre totalement impossible pour des non-Arabes ou non-sportifs de haut niveau, même après des années de résidence. Quant au droit du travail, il est plus que limité, malgré une nouvelle loi votée en 2004. Le salaire minimum n'existe pas. La durée hebdomadaire de 48 heures (6 jours de 8 heures) et l'interdiction de travailler de 11h30 à 15h00 de juin à août sont rarement respectées. Les heures supplémentaires sont souvent payées avec retard. Le droit de grève existe, mais les restrictions sont telles (dans les secteurs dits vitaux notamment) qu'il est concrètement inapplicable. Quant aux syndicats, ils peuvent exister mais doivent être composés de Qataris exclusivement. Comme ceux-ci sont uniquement présents dans les hautes sphères du secteur privé et dans le secteur public, les travailleurs étrangers sont de facto exclus de ces dispositions. Alors, de plus en plus régulièrement, des révoltes éclatent, dont l'issue pour les travailleurs est l'expulsion du pays."
Un beau laboratoire de la mondialisation effectivement...