Nos amis les banquiers
Le Monde Diplomatique, 7 août 2009 :
"Onze milliards quatre cent millions de dollars provisionnés au premier semestre 2009 par la banque américaine Goldman Sachs pour récompenser ses courtiers ; 1 milliard d’euros épargné par BNP Paribas en prévision du versement de primes à ses acrobates financiers (selon Libération, 5 août 2009) ; 4 milliards de livres sterling de bonus attendus par les traders de la City, à Londres ; 32,6 milliards de dollars versés l’an dernier sous forme de primes par neuf établissements de Wall Street qui, dans le même temps, avaient perçu 175 milliards d’aides publiques, selon les conclusions de l’enquête menée par le procureur général de l’Etat de New York, M. Andrew Cuomo : la routine bancaire a repris son cours. [...] En l’espace de quelques mois, les banques d’affaires privées ont successivement démontré leur nullité (politique de prêts reposant sur l’idée que les prix de l’immobilier grimperaient éternellement, accumulation explosive de créances douteuses), leur nocivité (funambulisme spéculatif sur le pétrole, les produits alimentaires et les matières premières), leur fragilité (le naufrage de l’une déclenche une crise mondiale du crédit), leur inutilité (l’Etat les remplace sans dommage) et, enfin, l’insatiable cupidité de leurs dirigeants – sans qu’il en soit tiré aucune conséquence pratique. Nationaliser franchement, et durablement, l’ensemble du secteur aurait-il été plus coûteux ? [...] Dans la Grèce antique, l’hubris, cette aspiration violente à la démesure, appelait la némésis, le châtiment par la destruction. Mais quel gouvernement se risquerait à réprimer un secteur où se recrutent et se recyclent tant de cadres du pouvoir politique ?"
Le Monde Diplomatique, 7 août 2009 :
"Onze milliards quatre cent millions de dollars provisionnés au premier semestre 2009 par la banque américaine Goldman Sachs pour récompenser ses courtiers ; 1 milliard d’euros épargné par BNP Paribas en prévision du versement de primes à ses acrobates financiers (selon Libération, 5 août 2009) ; 4 milliards de livres sterling de bonus attendus par les traders de la City, à Londres ; 32,6 milliards de dollars versés l’an dernier sous forme de primes par neuf établissements de Wall Street qui, dans le même temps, avaient perçu 175 milliards d’aides publiques, selon les conclusions de l’enquête menée par le procureur général de l’Etat de New York, M. Andrew Cuomo : la routine bancaire a repris son cours. [...] En l’espace de quelques mois, les banques d’affaires privées ont successivement démontré leur nullité (politique de prêts reposant sur l’idée que les prix de l’immobilier grimperaient éternellement, accumulation explosive de créances douteuses), leur nocivité (funambulisme spéculatif sur le pétrole, les produits alimentaires et les matières premières), leur fragilité (le naufrage de l’une déclenche une crise mondiale du crédit), leur inutilité (l’Etat les remplace sans dommage) et, enfin, l’insatiable cupidité de leurs dirigeants – sans qu’il en soit tiré aucune conséquence pratique. Nationaliser franchement, et durablement, l’ensemble du secteur aurait-il été plus coûteux ? [...] Dans la Grèce antique, l’hubris, cette aspiration violente à la démesure, appelait la némésis, le châtiment par la destruction. Mais quel gouvernement se risquerait à réprimer un secteur où se recrutent et se recyclent tant de cadres du pouvoir politique ?"