La démonstration par l'absurde
Bug Brother, le 20 décembre 2011 :
"Si les caméras de vidéosurveillance ne servent presque à rien et ne permettent que rarement d'identifier ou d'interpeller des suspects, elles n'en déportent pas moins la délinquance vers d'autres zones, non vidéosurveillées. Résultat : les habitants de ces zones non couvertes par les caméras développent un sentiment d'insécurité et… réclament des caméras. C'est le constat accablant effectué par la chambre régionale des comptes, qui s'est penchée sur la politique de sécurité de la ville de Toulon, où les 34 caméras n'ont pourtant permis que 15 interventions en flagrant délit, et une quarantaine de réquisitions, depuis 2005. [...] Le système, fort de 34 caméras, d'un mur de 19 écrans de visualisation et de 2 pupitres de commande pour télécommander les caméras, est piloté par trois "brigadiers chefs principaux" rémunérés 90 000 € ("hors charges patronales et salariale"). Entre 2003 et 2009, le système a d'ores et déjà coûté 1,3 million d'euros, hors frais de réparation, "dont le montant n’a pas été communiqué par la collectivité", à quoi il convient de rajouter les 129 000 € qu'ont coûté, l'an passé, le raccordement du système à la police nationale. [...] Résumons donc : 34 caméras, 15 flagrants délits, une quarantaine de réquisitions… les caméras ont donc, en moyenne, été utiles... (55/5/34=) 0,32 fois, par an. [...] A Nice, au moins, la police fait l'effort de comptabiliser le nombre de personnes arrêtées grâce à ses 624 caméras; ce qui a permis de découvrir qu'elles permettaient, en moyenne, 0,34 interpellations, par caméra, et par an. [...] en 2007, Michèle Alliot-Marie avait annoncé vouloir tripler, "en deux ans", le nombre de caméras sur la voie publique, objectif réitéré par Brice Hortefeux en 2009, mais récemment relativisé par la Cour des Comptes, qui a dénombré… trois fois moins de caméras que le chiffre avancé par le ministère de l'Intérieur qui, apparemment, a comptabilisé les caméras filmant l'entrée, ou le parking, des commissariats."