lundi 23 mars 2009

Jour 684

La Chute

André Gunthert sur le site de l'Actualité de la Recherche en Histoire Visuelle, le 22 mars 2009 :

"Ces derniers temps, j'ai été sollicité par divers journalistes pour "réagir" sur «l'humour face à la crise sur internet» (Le Figaro Magazine, RFI) ou encore «le divertissement en temps de crise» (TF1, Europe 1). [...] Sur un sujet qui n'en est pas un (vous connaissez beaucoup de gens que la crise fait se gondoler?), le recours à l'universitaire est un réflexe qui trahit la besace vide. Mais la répétition de cette question indique aussi que, dans certaines rédactions, il existe une pression pour dessiner des moustaches sur le visage d'une actualité désespérément grisâtre. Il me paraît donc pratique d'envisager ici une réponse groupée: non, la crise ne me fait pas rire"

Et dans cet autre billet :

"Face à un mouvement social d'une ampleur inédite depuis 1968, le gouvernement a montré hier l'étendue de son désarroi. Foin de manipulations médiatiques, de réponses dilatoires, de stratégies de contournement. Sarkozy en Belgique, Pécresse aux abonnés absents, restait Fillon pour assurer le service minimum, façon Madame la marquise. En d'autres termes, nos édiles n'ont plus de solution politique – et à peine un réflexe politicien. [...] Comment réagir devant l'aveu de cette impuissance? Il peut être utile de rappeler le processus qui a mis fin, sans la moindre violence, à la dictature est-allemande. En 1989, le retrait d'Afghanistan de l'URSS, puis l'évolution politique de la Hongrie et de la Pologne produisent un changement de contexte géopolitique. En septembre commencent les "manifestations du lundi": chaque semaine, dans toutes les grandes villes de RDA, les rassemblements populaires enflent inexorablement. En quelques mois, sous le regard des observateurs incrédules, le mur puis le pouvoir tombent comme un fruit blet. Vingt ans après, la crise financière produit un autre changement de contexte idéologique, tout aussi brutal. Les fondements de la rationalité politique, modèle OCDE, se dispersent comme sable sous les pieds des dirigeants. Les manifestations grossissent, les slogans s'amplifient, la mobilisation se renforce. Le scénario qui attend un pouvoir autiste est déjà écrit. Nul besoin de radicalisation. Il suffit de retourner dans la rue."