Un petit peu d'économie
Le blog de l'économiste Frédéric Lordon, un article à lire en totalité :
"l’immense habileté du néolibéralisme a précisément consisté en l’installation d’une configuration structurelle qui fait objectivement obstacle à un rebasculement massif de la part salariale. Les 71 % de la part salariale de 1970 n’avaient en effet pas sur le dos la contrainte actionnariale ni celle de la concurrence européenne et mondiale. C’est pourquoi retransplanter à l’identique un certain niveau de répartition dans un monde qui a changé du tout au tout est un exercice des plus hasardeux. [...] Oui, dans les structures financières et concurrentielles qui sont les nôtres, il est exact que les entreprises sous pressurisation actionnariale ne laisseront pas le profit régresser – il n’est que de voir l’incroyable obstination des grandes entreprises cotées à maintenir les dividendes (ou à les couper aussi peu que possible) au moment où elles entrent dans une récession historique –, oui, il est exact qu’elles useront de tous les moyens, c’est-à-dire de toutes les latitudes stratégiques que leur offre la présente configuration des structures, pour maintenir les coûts salariaux aussi bas que possible : plans sociaux, délocalisations, mise en concurrence forcenée des fournisseurs, flexibilisation organisationnelle à outrance, formes variées de chantage à l’emploi, etc. Elles le feront car, à leur tête, des patrons sous surveillance actionnariale constante jouent leur carrière, et jouent aussi leur fortune puisque, par stock-options et bonus interposés, leurs intérêts ont été alignés sur les objectifs de la rentabilité financière. Elles le feront également car les autres autour d’elles l’auront déjà fait et, les unes et les autres s’influençant mutuellement, toutes ensemble sont irrésistiblement poussées vers le pire (social) par des forces inscrites dans les structures mêmes, en l’espèce celles de la concurrence."
Le blog de l'économiste Frédéric Lordon, un article à lire en totalité :
"l’immense habileté du néolibéralisme a précisément consisté en l’installation d’une configuration structurelle qui fait objectivement obstacle à un rebasculement massif de la part salariale. Les 71 % de la part salariale de 1970 n’avaient en effet pas sur le dos la contrainte actionnariale ni celle de la concurrence européenne et mondiale. C’est pourquoi retransplanter à l’identique un certain niveau de répartition dans un monde qui a changé du tout au tout est un exercice des plus hasardeux. [...] Oui, dans les structures financières et concurrentielles qui sont les nôtres, il est exact que les entreprises sous pressurisation actionnariale ne laisseront pas le profit régresser – il n’est que de voir l’incroyable obstination des grandes entreprises cotées à maintenir les dividendes (ou à les couper aussi peu que possible) au moment où elles entrent dans une récession historique –, oui, il est exact qu’elles useront de tous les moyens, c’est-à-dire de toutes les latitudes stratégiques que leur offre la présente configuration des structures, pour maintenir les coûts salariaux aussi bas que possible : plans sociaux, délocalisations, mise en concurrence forcenée des fournisseurs, flexibilisation organisationnelle à outrance, formes variées de chantage à l’emploi, etc. Elles le feront car, à leur tête, des patrons sous surveillance actionnariale constante jouent leur carrière, et jouent aussi leur fortune puisque, par stock-options et bonus interposés, leurs intérêts ont été alignés sur les objectifs de la rentabilité financière. Elles le feront également car les autres autour d’elles l’auront déjà fait et, les unes et les autres s’influençant mutuellement, toutes ensemble sont irrésistiblement poussées vers le pire (social) par des forces inscrites dans les structures mêmes, en l’espèce celles de la concurrence."