Éternel financier
Encore un excellent article de l'économiste Frédéric Lordon sur son blog le 26 mars 2009 :
"C’est qu’il en fallait du travail de rationalisation pour rendre socialement tolérables des polarisations de revenus et de fortunes incompréhensibles, comme sorties des congélateurs de l’histoire puisque la répartition secondaire dans les années 2000 a retrouvé presque à l’identique sa structure… des années 1920, sorte de « retour vers le futur » qui en dit long sur la prétention générale du capitalisme au progrès social. [...] là où le revenu fiscal déclaré de 90 % de la population française a augmenté de 4,6 % entre 1998 et 2006, celui du 1 % supérieur a augmenté de 19,4 %, celui du 0,1 % de 32%... et celui du 0,01% de 42,6 %! [...] Comme on sait, à la fin des fins, ces flots de discours ne sont jamais que l’infinie déclinaison d’une seule « idée » : le mérite. Il fallait déjà un travail idéologique intense pour faire accepter que le rapport entre le salaire ouvrier moyen et le salaire patronal soit passé de 1 pour 30 à 1 pour 300, variation qui, dans les équations morales-libérales du mérite, ne peut avoir d’autre signification que la soudaine multiplication par dix du mérite relatif patronal. On notera au passage la nécessité d’en appeler à de subtils arguments qualitatifs, car en termes purement extensif de temps travaillé et en faisant l’hypothèse maximale que les patrons ne dorment plus du tout, ils ne pourraient jamais travailler que trois fois plus qu’un ouvrier faisant ses huit heures quotidiennes, du moins tant que la journée astronomique refuse la rupture sarkozyste et demeure stupidement bloquée à 24 heures. [...] C’est qu’il est temps de prendre acte du naufrage définitif de la régulation du capitalisme par la vertu qui, pour ramener les enrichis à la raison, n’a jamais eu d’autre ressource que leur bonne conscience et leur bon-vouloir, avec les brillants résultats que l’on sait – et que l’on pouvait imaginer dès le début"
Encore un excellent article de l'économiste Frédéric Lordon sur son blog le 26 mars 2009 :
"C’est qu’il en fallait du travail de rationalisation pour rendre socialement tolérables des polarisations de revenus et de fortunes incompréhensibles, comme sorties des congélateurs de l’histoire puisque la répartition secondaire dans les années 2000 a retrouvé presque à l’identique sa structure… des années 1920, sorte de « retour vers le futur » qui en dit long sur la prétention générale du capitalisme au progrès social. [...] là où le revenu fiscal déclaré de 90 % de la population française a augmenté de 4,6 % entre 1998 et 2006, celui du 1 % supérieur a augmenté de 19,4 %, celui du 0,1 % de 32%... et celui du 0,01% de 42,6 %! [...] Comme on sait, à la fin des fins, ces flots de discours ne sont jamais que l’infinie déclinaison d’une seule « idée » : le mérite. Il fallait déjà un travail idéologique intense pour faire accepter que le rapport entre le salaire ouvrier moyen et le salaire patronal soit passé de 1 pour 30 à 1 pour 300, variation qui, dans les équations morales-libérales du mérite, ne peut avoir d’autre signification que la soudaine multiplication par dix du mérite relatif patronal. On notera au passage la nécessité d’en appeler à de subtils arguments qualitatifs, car en termes purement extensif de temps travaillé et en faisant l’hypothèse maximale que les patrons ne dorment plus du tout, ils ne pourraient jamais travailler que trois fois plus qu’un ouvrier faisant ses huit heures quotidiennes, du moins tant que la journée astronomique refuse la rupture sarkozyste et demeure stupidement bloquée à 24 heures. [...] C’est qu’il est temps de prendre acte du naufrage définitif de la régulation du capitalisme par la vertu qui, pour ramener les enrichis à la raison, n’a jamais eu d’autre ressource que leur bonne conscience et leur bon-vouloir, avec les brillants résultats que l’on sait – et que l’on pouvait imaginer dès le début"