Petit bonus entre amis
Le Monde Diplomatique, septembre 2009 :
"Un an après le krach du libéralisme, la (petite) panique des oligarchies s’est dissipée ; le jeu politique semble gelé à leur profit. De temps en temps, un opérateur plus véreux — ou plus malchanceux — qu’un autre atterrit derrière les barreaux ; on psalmodie alors les mots magiques : moralisation, éthique, réglementation, G20. Puis tout recommence. Interrogée sur les primes colossales des traders de BNP Paribas, Mme Christine Lagarde, ministre française de l’économie et ancienne avocate d’affaires à Chicago, a refusé de les condamner : «Si on dit “interdisons les bonus”, qu’est-ce qui va se passer : les meilleures équipes de traders iront simplement s’installer ailleurs. Nichés dans un système politique qui les protège — et qu’ils protègent —, profitant du cynisme général et du découragement populaire, les traders et les assureurs médicaux ne peuvent que persévérer dans leur fonction de parasites. L’«abus» n’est pas une déviation de leur commerce, mais son essence. Ce n’est donc pas une «réforme» à laquelle ils pourraient consentir qui s’impose, mais leur mise hors d’état de nuire.»
Le Monde Diplomatique, septembre 2009 :
"Un an après le krach du libéralisme, la (petite) panique des oligarchies s’est dissipée ; le jeu politique semble gelé à leur profit. De temps en temps, un opérateur plus véreux — ou plus malchanceux — qu’un autre atterrit derrière les barreaux ; on psalmodie alors les mots magiques : moralisation, éthique, réglementation, G20. Puis tout recommence. Interrogée sur les primes colossales des traders de BNP Paribas, Mme Christine Lagarde, ministre française de l’économie et ancienne avocate d’affaires à Chicago, a refusé de les condamner : «Si on dit “interdisons les bonus”, qu’est-ce qui va se passer : les meilleures équipes de traders iront simplement s’installer ailleurs. Nichés dans un système politique qui les protège — et qu’ils protègent —, profitant du cynisme général et du découragement populaire, les traders et les assureurs médicaux ne peuvent que persévérer dans leur fonction de parasites. L’«abus» n’est pas une déviation de leur commerce, mais son essence. Ce n’est donc pas une «réforme» à laquelle ils pourraient consentir qui s’impose, mais leur mise hors d’état de nuire.»