L’AFP a subi jeudi soir une pression intolérable de la part du cabinet du ministre de l’Education nationale à laquelle la rédaction en chef au plus haut niveau a finalement cédé.
L’ensemble de la rédaction de l’AFP est indignée de cette conduite d’un autre temps et d’autres lieux.
Notre dignité de journalistes et la crédibilité de l’Agence en France et à l’étranger sont incompatibles avec une telle attitude qui laisse penser que nous deviendrions une vulgaire agence de com’ du gouvernement.
Jeudi au cours de l’émission de Bourdin sur RMC, répondant à une question, le ministre de l’Education Xavier Darcos évoque pour la première fois de manière précise des pistes d’une réforme du baccalauréat. Il reprenait ainsi une déclaration de la semaine précédente où il parlait d’une "réforme" du lycée.
Cette information, repiquée sous forme de factuel a ensuite fait l’objet d’un papier général d’éclairage, relu et validé à 19H00.
A publication, le directeur de cabinet du ministre a appelé Jean-François Vignolle, directeur-général de l’AFP qui n’est pas concerné par les questions rédactionnelles, pour lui demander de modifier le titre de la dépêche. Message transmis à la rédaction en chef France qui, après lecture de la dépêche incriminée, estime cette requête infondée, contacte l’auteure de la dépêche, puis compte tenu de l’insistance du ministère, renvoie plus haut dans la hiérarchie.
On attendrait de cette dernière qu’elle propose au ministère d’envoyer un démenti ou une mise au point.
Mais non et peu avant 22H00, le papier réapparaît, de l’origine de la rédaction en chef, avec la mention CORRECTION et pour seule explication "revoici avec titre corrigé", sans initiales de validation de la RDC. La version modifiée sans explication ni raison est diffusée, l’auteure, prévenue, ayant jeté l’éponge.
C’est inadmissible et pour tout dire honteux ! Pour l’Agence, ses journalistes et sa hiérarchie.
Nous attendons de cette dernière qu’elle assume avec courage ses responsabilités et défende avec plus de conviction le travail de ses journalistes pour que de tels errements ne se reproduisent pas."
Pour ceux qui souhaiterait écrire un rapport pour le gouvernement, cet excellent article de Michel Husson vous donnera quelques pistes :
"Il faut d’abord choisir un rapporteur, et la mode est aujourd’hui à le prendre un peu « à gauche » mais pas trop. [...] c’est habile : en faisant endosser à « la gauche » les projets néo-libéraux on crée à bon compte du consensus [...] Il est recommandé de s’inspirer de ce qui marche dans les autres pays, en prenant soin d’extraire ce qui va dans le sens des intentions du commanditaire : parler par exemple de la flexibilité au Danemark (mais pas de l’indemnisation des chômeurs), de la déréglementation au Royaume-Uni (mais pas des créations d’emplois publics). [...] Le rapport devra conclure sur un répertoire d’exhortations aussi solennelles que vides et destinées à créer un choc salutaire. Il faudra déployer pour ce faire des trésors d’imagination sémantique. Quelques suggestions : « dynamiser la synergie entre compétitivité et innovation », « renforcer le tissu industriel français », « mieux concilier efficacité et équité », « clairement identifier les objectifs prioritaires »"
Et la petite Rachida continue à se faire des amis :
"C'est à l'un des dossiers phares de Rachida Dati que viennent de s'attaquer les avocats. Le Conseil national des barreaux (CNB), qui représente l'ensemble des 46 000 conseils parisiens et provinciaux, s'oppose à la création d'un « juge des victimes ». « C'est une hérésie », assène Bruno Galy, avocat à Chartres et membre du CNB. « Le garde des Sceaux a évoqué un rôle de conseil aux victimes... Mais un juge n'est pas là pour conseiller, mais pour juger, et son rôle n'est pas de se ranger d'un côté ou de l'autre », poursuit l'avocat. [...] «Le juge délégué va-t-il lui-même défendre la victime à l'audience ou aller saisir un canapé chez le condamné qui n'indemnise pas ? »"(le Figaro, 19 septembre 2007).