mardi 28 août 2007

Jour 113

Aujourd'hui la France, demain, le Monde

Nicolas parle aux ambassadeurs et donne sa vision de la diplomatie :

"une globalisation qui, depuis 1990, a permis de multiplier par deux le PIB mondial et d'augmenter de 50% le niveau de vie moyen."

Aucun mot en revanche sur la répartition de toute cette richesse... Alors pour ceux du fond qui n'écoutent pas :

"L’écart qui sépare les gens riches des gens pauvres, dans les pays en développement tout comme dans les pays développés, se creuse lui aussi. Les 2 % les plus riches de la population adulte du monde possèdent aujourd’hui plus de la moitié de la richesse des ménages du monde alors que les 50 % les plus pauvres n’en possèdent qu’à peine 1 %. Les bénéfices de la croissance mondiale sont donc très inégalement répartis.[...] Durant les dernières décennies du XXe siècle, il était considéré, cette opinion étant largement répandue, qu’une marée montante d’intégration économique mondiale bénéficierait à tous. [...] Mais de nombreux autres pays pauvres n’ont pas été portés par la vague et ne sont toujours pas intégrés dans l’économie mondiale. On assiste de même à un phénomène analogue au sein de la plupart des pays, où de vastes segments de la population ne profitent pas des bienfaits de la croissance."
Rapport annuel 2007 du Programme des Nations-Unies pour le Développement.

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"confrontée aussi aux risques de ce début de XXIe siècle : des flux migratoires de moins en moins maîtrisés"

Une tribune de Peter Sutherland, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour les migrations dans le Figaro du 13 juin 2006 :

"Vous pourriez penser, à la lecture des titres de la presse ces jours-ci, que les flux migratoires sont une sorte de fléau. Les discussions sont en effet centrées sur les murs et bateaux qui pourraient servir à barrer la route aux migrants. C'est assez pour vous faire oublier que l'infirmière qui soigne votre mère vient du Ghana, que le cuisinier qui prépare votre dîner est originaire de Chine, et que l'inventeur de votre moteur de recherche préféré a été un réfugié de sept ans fuyant un État totalitaire. [...] Aujourd'hui, les immigrés sont non seulement capables d'apporter une contribution à leur nouveau pays, comme ils ont toujours fait, mais peuvent plus facilement aider également leurs pays d'origine. Les flux importants de transferts qui, l'année dernière, ont excédé 230 milliards de dollars et surpassent maintenant l'aide internationale [...] Les migrations sont mère du progrès et de l'innovation. La volonté et le courage nécessaires pour laisser derrière soi sa famille et son pays sont les mêmes qui ont toujours animé entrepreneurs et innovateurs au cours de l'Histoire. Aujourd'hui, notre monde est façonné par l'industrie des immigrés." (Mon emphase)

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"Premier défi : comment prévenir une confrontation entre l'Islam et l'Occident, voulue par les groupes extrémistes tels qu'Al Qaeda"

Il y a pourtant d'autres extrémistes que Nicolas ne nomme pas. Robert Fisk cite ainsi Pat Buchanan (conservateur, ancien conseiller de Ford, Nixon et Reagan, pas exactement un commie) qui disait déja en 2003 :

"Nous lancerons bientôt une guerre impériale contre l’Irak avec toute la bravoure des « en avant a Berlin ! » des poilus français et des tommies britanniques en marche en août 1914. Mais cette invasion ne sera pas la guerre fleur au fusil que les néoconservateurs prévoient... Cet Islam militant qui compte une masse de millions de vrais croyants n’acceptera jamais que George Bush dicte le destin du monde islamique... [...] L’effort particulier dans lequel les peuples islamiques excellent est celui d’expulser les puissances impériales par la terreur et la guérilla. Ils ont conduit les Britanniques hors de la Palestine et d’Aden, les Français hors de l’Algérie, les Russes hors de l’Afghanistan, les Américains hors de la Somalie et de Beyrouth, les Israéliens hors du Liban... Nous avons mis en marche la route vers l’empire et au-dela la prochaine colline nous rencontrerons ceux qui y étaient avant. " (traduction de monsieur K, lecteur du blog du Monde Diplomatique.)

Nicolas parviens même à parler de la "tragédie irakienne" sans citer UNE seule fois les Etats-Unis :

"La tragédie irakienne ne peut pas nous laisser indifférents. La France était et demeure hostile à cette guerre. Que l'histoire nous ait donné raison ne nous dispense pas d'en mesurer les conséquences : une nation qui se défait dans une guerre civile sans merci ; un affrontement entre chiites et sunnites qui peut embraser tout le Moyen-Orient"

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"comment intégrer dans le nouvel ordre global les géants émergents que sont la Chine, l'Inde ou le Brésil ? Moteurs de la croissance mondiale [...] ils veulent que leur nouveau statut soit reconnu, sans être toujours prêts à respecter des règles qui sont pourtant dans l'intérêt de tous."

Qui édicte ces règles ? Le FMI et la Banque Mondiale. Joseph Eugène Stiglitz, prix nobel d'économie en 2001 et ancien économiste en chef de la Banque Mondiale donne son avis (résumé) sur le sujet :

"Les pays récalcitrants aux recettes ultra-libérales du FMI se voient opposer l'arme de la conditionnalité pour l'obtention de prêts. [...] Le FMI peut recourir au chantage, en fractionnant le versement du prêt qu'il octroie à chaque degré supplémentaire de libéralisation [...] Dans de nombreux cas, cette méthode est contre-productive, suicidaire [...] et ne réduit en rien la pauvreté (le pays s'endette encore plus et les élites continuent de s'enrichir)."

Selon Stiglitz lui-même : "l'Occident a organisé la mise en place de la mondialisation de façon à recevoir une part disproportionnée de ses bénéfices, aux dépens du monde en développement."

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"Je suis de ceux qui pensent que les liens anciens et de tous ordres qui nous unissent aux peuples de la Méditerranée et, au-delà, de l'Afrique sont un atout, une chance pour peu que nous ayons l'ambition et la volonté de les organiser et de les renforcer, en rompant définitivement avec d'anciennes pratiques"
Comme le démontre en long, en large et en travers la Cellule Françafrique via cet article d'Achille Mbembe chercheur camerounais et professeur d’histoire et de science politique à Johannesburg :

"Dans sa « franchise » et sa « sincérité », Nicolas Sarkozy révèle au grand jour ce qui, jusqu’à présent, relevait du non-dit, à savoir qu’aussi bien dans la forme que dans le fond, l’armature intellectuelle qui sous-tend la politique africaine de la France date littéralement de la fin du XIXe siècle. Voici donc une politique qui, pour sa mise en cohérence, dépend d’un héritage intellectuel obsolète, vieux de près d’un siècle, malgré les rafistolages. [...] Ainsi, pour s’adresser à « l’élite de la jeunesse africaine », Henri Guaino [auteur du discours] se contente de reprendre, presque mot à mot, des passages du chapitre consacré par Hegel à l’Afrique dans son ouvrage La raison dans l’histoire [...] Pour l’heure, et s’agissant de l’Afrique, il manque tout simplement à la France le crédit moral qui lui permettrait de parler avec certitude et autorité. Voilà pourquoi le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar ne sera, ni écouté, encore moins pris au sérieux par ceux à qui il était supposé s’adresser."

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"Nous devons progresser avec pragmatisme, avec ambition, sans a priori idéologique, avec pour principal souci la sécurité du monde occidental."
(mon emphase)
Le Darfour, l'Irak... et le monde occidental. On voit bien les priorités de Nicolas.

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"Prévenir une confrontation entre l'Islam et l'Occident, c'est encore aider, comme la France le propose, les pays musulmans à accéder à l'énergie du futur : l'électricité nucléaire" (mon emphase)"

Irlande : Malgré une décision de construction en 1974, aucune centrale n'a vu le jour.

Grande-Bretagne : Elle a gelé tout développement de programme.

Danemark : Les 5 réacteurs nucléaires prévus en 1976 n'ont jamais vu le jour En 1985, le gouvernement a pris définitivement position contre l'énergie nucléaire.

Pays-Bas : Le dernier réacteur nucléaire en activité devrait être arrête d'ici 2003.

Belgique : Fermeture des réacteurs nucléaires au fur et à mesure de leur vieillissement.

Luxembourg : Pas de réacteurs nucléaires.

Allemagne : Fermeture des 19 centrales prévue dans le contrat de gouvernement SPD -Grünen.

Autriche : Abandon du nucléaire après référendum en 1978. La seule centrale du pays, construite, n'a jamais fonctionné.

Suisse : Le Conseil Fédéral a décidé en 1998 d'abandonner progressivement le nucléaire.

Espagne : Aucune centrale en construction ou en projet depuis 1981.

Portugal : Les plans prévus dès 1971 furent définitivement abandonnés en 1995.

Norvège : Les plans de construction prévus furent définitivement abandonnés en 1986.

Suède : La Suède qui comptait 12 réacteurs nucléaires a décidé en 1997 la fermeture progressive de l'ensemble de ceux-ci.

Italie : Après Tchernobyl, les 4 réacteurs en fonction furent fermés. L'abandon définitif du nucléaire fut prononcé en 1988 après référendum.

Grèce : Les différents plans de construction prévus n'ont jamais été menés. En 1982, le gouvernement a décidé qu'aucun réacteur nucléaire ne serait construit.

Ailleurs dans le monde : Aux Etats-Unis, aucune centrale nucléaire n'a été commandée depuis 1973. Le Canada a décidé en 1997, suite à différents incidents, la fermeture de 7 centrales nucléaires. (source : Sortir du nucléaire).

L'énergie du futur, assurément...

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"Nous connaissons enfin les parrains de la paix : les membres du Quartet, désormais représentés par une personnalité de premier plan : Tony Blair"


Là je ne peux que répéter les propos de Robert Fisk sur le sujet :

"Voici un homme totalement discrédité dans la région - un politicien qui toujours échoué dans tout ce qu'il a tenté au Moyen-Orient - qui croit maintenant qu'il est la bonne personne pour diriger le Quartet et aider la Palestine"

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