mercredi 11 juillet 2007

Jour 66

Arbeit Macht Frei

Christine Lagarde le 10 juillet à l'assemblée nationale, dans une logorrhée digne des pires passages de 1984 :

"La loi des trente-cinq heures est l’ultime expression de cette tendance historique à considérer le travail comme une servitude. Comment ne pas voir quels préjugés aristocratiques recouvre une telle conception ?"

J'ouvre le Robert: "Travail: n.m [...] (seul sens courant du XIIe au XVIe) Etat d'une personne qui souffre, qui est tourmentée; activité pénible."

Puis plus loin "(valeur développée au XIXe siècle) Activité laborieuse professionnelle et rétribuée." et d'ajouter ensuite une citation de Charles Fourier :

"Aimez le travail, nous dit la morale: c'est un conseil ironique et ridicule [...] car il est odieux en civilisation par l'insuffisance du salaire, l'inquiétude d'en manquer, l'injustice des maitres, la tristesse des ateliers..."

Le XIXe siècle d'ailleurs, une bien belle époque:

"Les conditions de travail sont les plus dures qui soient, en l'absence de toute limitation de durée. On travaille aussi longtemps que l'éclairage ou la lumière du jour le permet, soit jusqu'à quinze ou seize heures par jour. jamais de repos, pas même le dimanche. Il n'y a pas davantage de limitation d'âge. les enfants astreints à travailler dès leur plus jeune âge et les plus âgés n'ont pas de retraite. Ces conditions de travail sont aggravées par les conditions d'habitat. Les travailleurs en sont réduits à se contenter des locaux que leur abandonne la population, dont l'équivalent actuel serait les bidonvilles. Enfin les salaires sont d'autant plus bas qu'il n'y a aucune réglementation et qu'il y a à la porte des usines une masse sans travail, prête à accepter n'importe quelles conditions." Le XIX ème siècle.R.Raymond. 1974. Le seuil.

Mais tout cela est un point de vue "aristocratique" sur la question à en croire Christine.

Après avoir fait une impasse sur le programme d'histoire de terminale, la petite Christine poursuit son oral:

"le travail [...] met l’ensemble des professions sur un pied d’égalité : le grand patron comme le petit employé savent ce que cela signifie, « une journée de boulot »."

Un beau syllogisme tout raté, selon le même principe: "la guerre met l'ensemble des protagonistes sur un pied d'égalité: le soldat américain et le civil irakien savent ce que cela signifie, "une journée de combat".

Après un zéro pointé en logique, Christine s'attaque ensuite à la biologie:

"Oui, le travail est une chose naturelle [...] Ce n’est ni une aliénation ni un simple pis-aller uniquement destiné à subvenir aux nécessités du quotidien."

Chacun confronteras ici son expérience personnelle à cette déclaration. La variété des réponses montrera à elle seule qu'une affirmation de ce genre est , au mieux, présomptueuse, au pire, absurde.

Et si vous pensez que "Son travail n'est donc pas volontaire, mais contraint, c'est du travail forcé. Il n'est donc pas la satisfaction d'un besoin, mais seulement un moyen de satisfaire des besoins en dehors du travail." vous êtes sans doute un dangereux marxiste (page 59 des Manuscrits de 1844).

Et pour finir on peut toujours noter qu' "Il meurt 661 [travailleurs] (près de deux par jour) en France. Toujours en France, 2 370 000 personnes sont exposées à des produits cancérigènes sur leur lieu de travail.(Sources : Eurostat 2006, Cnam 2006.)" (source: Monde Diplomatique mars 2006)

Ensuite Christine s'en prend à la philosophie:

"le travail fait de l'individu le seul responsable de son propre parcours."

Salarié de Michelin, de Renault, de Peugeot, de Danone, de Moulinex, d'Airbus, d'Alcatel, etc... tout ça c'est de ta faute.

Vu que ça ne va pas fort, Christine tente le rattrapage:

"dans des rapports de travail, le plus fort communique de la force au plus faible."

Dans le Monde Diplomatique de Mars 2006: "L’espérance de vie d’un ouvrier de 35 ans est de 37,5 ans ; celle d’un cadre supérieur, de 43,5 ans. (Sources : Eurostat 2006, Cnam 2006.)"

"Le contrat social, aujourd’hui, il se décline en contrats de travail."

Si l'on en croit Rousseau (un penseur certes moins pertinent que Christine sur la question) l'essence du contrat social c'est qu'il "substitue au contraire une égalité morale et légitime à ce que la nature avait pu mettre d'inégalité physique entre les hommes, et que, pouvant être inégaux en force ou en génie, ils deviennent tous égaux par convention et de droit"

On constate en fait que: "Les femmes gagnent, en moyenne, 80,1 % de ce que perçoivent les hommes. 23,6 % d’entre elles travaillent à temps partiel en 2004 (4,8 % des hommes), sans l’avoir toujours choisi [...] Un jeune ayant un nom à consonance étrangère et habitant la banlieue a six fois moins de chances d’obtenir un entretien d’embauche qu’un jeune « Français de souche » habitant Paris. (Sources : Insee 2005, OCDE 2005, Observatoire des discriminations 2005.)

Beau contrat social en vérité... Mais inutile de perdre notre temps avec ces pseudo-philosophes car:

"Nous possédons dans nos bibliothèques de quoi discuter pour les siècles à venir. C’est pourquoi j’aimerais vous dire : assez pensé maintenant. Retroussons nos manches."

Petit rattrappage en géographie ?

"Les femmes et les hommes de l’Inde, de la Chine, du Brésil ou de l’Afrique du Sud ne ménagent pas leur peine."

Leurs enfants non plus Christine, merci pour eux.

"Ainsi le patron sera récompensé comme l’employé, sur les résultats de son travail." (mon emphase)

C'est à dire qu'il sera licencié ? Je ne te suis plus Christine... Tu dois surement être troublé par ton dernier repas au resto chinois :

"Ainsi que le dit Confucius : « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie »."

Confucius a également dit: "Je ne vois ni phénix arriver, ni dessin sortir du fleuve. C'en est fait de moi."

Pour ceux qui doute encore de la culture de blague carambar de la Ministre des finances on terminera en beauté avec:

"Cet état d’esprit est bien reflété par la nouvelle tendance du rap et du R’n’B contemporains. Je vous invite à disséquer ces paroles. Vous y trouverez une vision de la société qui ne renierait pas notre gouvernement"

Comme l'avais d'ailleurs souligné un des penseurs de l'UMP:

"tous on veut quéma la musique le cinéma" Doc Gynéco dans "On lâcheras pas l'affaire"

Patrick Devedjian a certainement bien disséqué les paroles de Doc Gyneco, à quand un: "Christine ma salope à moi" ?

Et forcément un passage du discours a retenu mon attention:

"notre doctrine républicaine. Permettez-moi de la résumer en trois mots : l’égalité des chances, qui nous offre à tous les mêmes outils pour réussir ; le travail, qui nous départage ; et le mérite, qui nous récompense."

Pourquoi Christine cite Tocqueville à n'en plus pouvoir, alors qu'un autre grand intellectuel français partage sa vision des choses:

"Ma première idée lorsque j'arrivais au gouvernement [...] était de remettre la France au travail."*

"Nous leur dirons ensuite que l’ « Égalité » est une belle chose, sur certains plans et dans certaines limites ; [...] ces diverses sortes d’égalités doivent s’encadrer dans une hiérarchie rationnelle, fondée sur la diversité des fonctions et des mérites"**

Alors ce grand homme ? Encore un indice alors:

"Nous nous attacherons à détruire le funeste prestige d’une pseudo-culture purement livresque, conseillère de paresse et génératrice d’inutilités." ***

Ce grand penseur n'est autre que Philippe Pétain.

Vu le niveau général du discours de Christine, il suffit généralement de faire les poubelles de l'Histoire pour voir quels restes elle a accomodé à sa sauce.

Pas mal pour la rupture encore une fois...


* Allocution du 2 février 1943

** discours du 15 semptembre 1940

*** discours du 15 août 1940



Et au fait, qui a dit "Il n'y a qu'une seule noblesse: celle du travail" ?

Hein ?

Et oui...

Adolf Hitler



Pour déprimer un peu moins deux bonnes nouvelles:

Site du Nouvel Observateur le 11 juillet:

"Les représentants du personnel du comité central d'entreprise d'Air France ont voté mardi soir à l'unanimité une motion demandant l'arrêt des expulsions des immigrés clandestins sur les vols de la compagnie."

Les Echos du 11 juillet:

"La cour d'appel de Bordeaux a jugé le licenciement d'un salarié employé en contrat nouvelles embauches (CNE) [...] L'arrêt mentionne qu'il est « intolérable pour un salarié ayant travaillé deux années dans une entreprise de se voir licencier sans motif »."