vendredi 27 juillet 2007

Jour 82

Attentat suicide

Humanité du 23 juillet :

"Indicateur indiscutable du mal-être généralisé depuis l’annonce du transfert des salariés vers les sous-traitants, le nombre d’arrêts maladie dans les trois centres d’appels de SFR a de quoi donner le vertige : à Toulouse, où 724 salariés travaillent, on a comptabilisé 540 arrêts maladie pour le seul mois de juin ; à Poitiers, sur moins de soixante jours depuis le 23 mai, le CHSCT a dénombré 790 arrêts maladie pour un effectif total de 570 employés. [...] Début juillet, le PDG de SFR service clients nous a lancés dans une réunion interne : "Je ne suis pas Mère Thérésa, donc je fais ce que je veux !" (mon emphase)

Puis dans un autre article :

"1,6 C’est en milliard d’euros le montant des dividendes versés par SFR à ses actionnaires en 2007."

Ce qui nous amène à cet article trouvé sur le site du CNRS :

"300 à 400 salariés se suicideraient en France chaque année sur leur lieu de travail. Impossible de ne pas faire le rapprochement entre souffrance et situation professionnelle. Tout en explorant cette piste, les cliniciens font part de leurs inquiétudes sur ce phénomène dangereusement banalisé.[...]ce phénomène est récent, cliniquement nouveau. Il est apparu il y a une huitaine d'années.[...]Un des éléments déclencheurs est la dégradation profonde du « vivre ensemble », les gens sont très seuls face à l'arbitraire. Il y a toujours eu de l'injustice ou du harcèlement dans l'entreprise, mais autrefois, les syndicats, entre autres, scellaient les solidarités. Aujourd'hui, avec l'effritement de ces solidarités et la peur de la perte d'emploi, la convivialité ordinaire elle-même est contaminée par des jeux stratégiques qui ruinent les relations de confiance et colonisent l'espace privé. [...]
Quels sont les indices qui mettent en évidence la responsabilité de l'entreprise dans ce type de suicides ?

C.D. [Christophe Dejours, psychiatre et directeur du Laboratoire de psychologie du travail et de l'action]: Certaines victimes laissent une lettre, un journal, d'autres se suicident devant leurs collègues. Leurs mots accusent l'entreprise et désignent des coupables. Le ton est celui de la colère, de la honte, de la défaite. N'arrivant plus à gérer le conflit qui les opposait à une hiérarchie ou à des collègues, elles ont perdu confiance en elles et retourné cette violence contre elles. Soulignons que ces personnes étaient souvent zélées, brillantes, sociables. Elles avaient beaucoup investi dans l'entreprise et n'ont pas supporté d'être injustement déconsidérées, rétrogradées. [...] Le fait que l'entreprise ne réagisse pas pourrait signifier que la personne décédée ne représentait rien, que même un suicide n'arrête pas le travail. Et dans ces cas, il n'est pas rare qu'un suicide soit suivi par un autre suicide." (mon emphase)

L'article date de mai 2005...